452 - L’accès aux collections et le respect de la vie privée : un défi permanent pour les institutions de mémoire

Communications orales 08 h 30 → 12 h 00

Accès : perspectives réglementaires, éthiques et technologiques

• Communication orale 08 h 45
  La puissance de l'information et son impact sur la vie privée
  Gregory Smolynec (Agence du Parlement du Canada)

  Dans son discours, Gregory Smolynec, sous-commissaire au Commissariat à la protection de la vie privée du Canada (CPVP), discutera de l'impact social et politique des changements dans la manière dont les gens acquièrent des informations et des connaissances, et comment les informations personnelles sont utilisées pour filtrer le flux d'informations. Il examinera également le rôle joué par les institutions mémorielles en tant qu'arbitres neutres des données.

• Communication orale 09 h 30
  Gestion de la vie privée au 21ième siècle : Perspectives archivistiques
  Kristina Lillico (Bibliothèque et Archives Canada)

  Le mandat de Bibliothèque et Archives Canada (BAC) est d'acquérir, de préserver et de rendre accessible le patrimoine documentaire et les documents publiés représentatifs de « l’expérience canadienne ». Le patrimoine documentaire de BAC possède une quantité incroyable de renseignements personnels. Un défi pour BAC est de rendre le plus de ses documents disponibles, accessibles et utilisables, tout en établissant un équilibre entre l'accès général et le respect de la vie privée, les restrictions d'accès à l'information et la protection du droit d'auteur.

• Communication orale 10 h 30
  Collections numériques et leurs données : accès et protection à l’ère des données liées (Linked Data)
  Lyne Da Sylva (UdeM - Université de Montréal)

  La mise en ligne de documents leur assure normalement une plus grande visibilité; l’accès y est donc facilité. Dans le cas de collections dont une partie est confidentielle cependant, des précautions sont à prendre pour au contraire en limiter l’accès. La problématique risque de se complexifier avec certains outils technologiques émergents.

  L’accès aux collections numériques se fera, dans un avenir rapproché, de plus en plus par le biais non seulement des métadonnées de description (outillage déjà bien connu), mais plus spécifiquement par le maillage des données liées (Linked Data). Ces dernières constituent un des éléments du web sémantique, qui permet aux agents logiciels de traiter les documents grâce à des représentations de leur sens. Ces données peuvent être liées à des référentiels de description et à d’autres jeux de données ou de documents. Les collections s’en trouvent davantage ouvertes à la découverte, ce qui se révèle un atout autant qu’un défi. Nous examinerons diverses options pour maximiser l’accès tout en limitant les effets négatifs.

  L’exposé abordera plus globalement la question actuelle des données dans la gestion de collections numériques et les outils appropriés pour les gérer, en contrastant les tensions entre l’ouverture des données et la protection de la confidentialité.

• Communication orale 11 h 00
  Respect de la vie privée et problématiques éthiques à l’ère des données massives
  Sébastien Gambs (UQAM - Université du Québec à Montréal)

  Dans notre Société de l’Information, le profilage des utilisateurs à des fins de personnalisation et de recommandation est devenu la norme, ce qui a permis le développement de services qui sont ciblés sur les besoins spécifiques des individus, mais soulèvent aussi d’importantes questions éthiques et en termes de protection de la vie privée. En particulier, l’absence de transparence sur le processus de profilage et de personnalisation a conduit à une perte de contrôle des individus sur la collecte et l’usage qui est fait de leurs données personnelles tout en rendant impossible la possibilité pour un individu de questionner la décision prise par l’algorithme et de le rendre « imputable » par rapport à cette décision. De plus, la transparence est un prérequis afin de pouvoir analyser les biais possibles que les algorithmes de personnalisation pourraient avoir (par exemple en discriminant contre un groupe sensible de la population) dans le but de pouvoir ensuite les corriger.

  Dans cette présentation, je passerai en revue les principaux défis en termes de problématiques éthiques et de respect de la vie privée qui sont apparus récemment avant de présenter les principales approches qui ont été proposées pour répondre à ces défis.

• Communication orale 11 h 30
  Optimisation des collections numériques par Bibliothèque et Archives Canada, défis et possibilités de la préservation numérique
  Sylvain Bélanger (Bibliothèque et Archives Canada)

  Bibliothèque et Archives Canada a acquis et met en œuvre un système de gestion des collections numériques pour remédier à ses lacunes en matière de gestion du numérique, de l'ingestion à la préservation numérique, tout en répondant aux besoins d'optimisation du numérique pour une bibliothèque et des archives nationales modernes. Le parcours de ces différentes activités sera partagé avec les participants.

Dîner 12 h 00 → 13 h 30

Dîner libre

Communications orales 13 h 30 → 16 h 30

Accès : perspectives des historiens et des archivistes

• Communication orale 13 h 30
  De l’intime et du privé au public. La correspondance secrète de Marcelle Gauvreau et du frère Marie-Victorin
  Cédric Champagne (UQAM - Université du Québec à Montréal)

  Les centres d’archives ont pour mandat de préserver la mémoire collective en procédant notamment à l’acquisition d’archives privées, mais cette mémoire collective est elle-même constituée d’un ensemble d’histoires personnelles, relevant de la sphère privée et parfois même intime. Les centres d’archives ont un important rôle de diffusion en tant qu’institution de mémoire et il serait stérile de conserver pour dissimuler, d’acquérir sans communiquer. Cependant, ce rôle de mémoire s’accompagne de la responsabilité de protéger. Protéger les archives, mais également les personnes qu’elles concernent afin de respecter le cadre légal et de préserver la relation de confiance qui unit les centres d’archives à leurs donateurs ou leurs ayants droit.

  De 1935 à 1944, Marcelle Gauvreau et le frère Marie-Victorin échangent une correspondance secrète explorant la sexualité humaine. Les propos évoqués sont saisissants et démontrent le caractère profondément progressiste de ces deux scientifiques à une époque où la sexualité est encore taboue. Acquise en 1990 par le Service des archives et de gestion des documents de l’UQAM, cette correspondance demeure fermée à la consultation jusqu’à la publication des lettres 28 ans plus tard. La présentation traitera de ce cas d’étude qui encore aujourd’hui suscite la réflexion relativement à l’accessibilité et à l’éthique.

• Communication orale 14 h 00
  Histoires de vie et archives privées dans l’histoire de l’aide humanitaire: questions d’éthique et de droits de l’homme
  Dominique Marshall (Université Carleton)

  La communication fait le tour d’horizon de questionnements pratiques, éthiques et pédagogiques rencontrés dans mon travail d’historienne. Dans le cadre des travaux du Réseau canadien sur l’histoire de l’humanitaire, j’ai présidé à une opération pilote de “SAUVETAGE D’ARCHIVES CANADIENNES DU DÉVELOPPEMENT INTERNATIONAL ET DE L’AIDE HUMANITAIRE”. Dans le cadre de mes recherches sur Oxfam Canada et Oxfam International, j’ai mené des entrevues approfondies avec des travailleurs humanitaires. Et dans le cadre de mes travaux sur l’histoire de l’aide humanitaire, j’ai visité de multiples fonds d’archives étatiques, humanitaires et privées. La nature parfois dangereuse et compliquée du travail humanitaire ajoute des questions d’éthique et de respect des droits de l’homme aux questions associées d’emblée aux méthodes d’entrevue d’histoire orale, d’usage mémoriel de photographies de personnes en situation de vulnérabilité, ou encore de préservation de la confidentialité des archives d’institutions publiques et privées.

• Communication orale 14 h 30
  Archivistes sous pression : Entre les désirs des chercheurs et les droits des donateurs d’archives privées à l’ère du numérique
  Stéphane Lang (Bibliothèque et Archives Canada)

  Tout comme d’autres centres d’archives provinciales, universitaires, régionales et locales, BAC conserve des archives d’origine privée gérées en dehors du cadre des demandes d’accès à l’information et la protection des renseignements personnels. Par contre, l’archiviste appelé à documenter la société canadienne par l’acquisition d’archives culturelles, sociales, économiques et politiques d’origine privée doit reconnaître la nécessité de restreindre l’accès aux documents contenant de l’information de nature délicate, et ce, afin de protéger l’intimité, le droit à la réputation et à la vie privée. Une attention particulière doit être accordée aux archives de personnes et d’organisations privées qui ont été créées dans le cadre de leur travail ou dans leurs activités personnelles, dans le développement de réseaux personnels ou tout simplement dans l’autodocumentation de leur vie sans avoir l’intention de les rendre publics. L’archiviste du privé doit donc constamment se poser la question suivante : « Quelles étaient les attentes en matière de protection de l’intimité et de la vie privée au moment de la création des documents et quelles devraient être des attentes raisonnables au moment de l’acquisition, de la description et de la communication de ces documents ? » À l’aide d’exemples tirés de son expérience professionnelle, l’archiviste expliquera pourquoi et comment sont établies des restrictions à certains dossiers et à certains fonds d’archives privées de BAC.

• Communication orale 15 h 30
  L'application difficile de la protection légale de la vie privée dans le contexte numérique
  Ndiaga Loum (UQO - Université du Québec en Outaouais)

  Le Québec accorde une importance capitale à la protection de la vie privée. En droit comparé national (contexte fédéral) et international, on ne trouve nulle part ailleurs dans le monde un tel attachement à la notion de vie privée. L’importance accordée à la vie privée au Québec se manifeste par ce que l’on nomme « la double protection ». Précisément, il y la protection offerte par la Charte des droits et libertés et celle plus précise et détaillée du code civil à travers les dispositions affichées aux articles 35 et 36; ce dernier article nous interpellant particulièrement ici, parce qu’il régit la vie privée dans le domaine des communications en général et des médias en particulier, y compris donc les nouvelles technologies de l’Information et de la communication. Cette présentation fera la démonstration de l’application difficile dans le contexte numérique de toutes ces dispositions qui précédent l’avènement de l’Internet. Comment le virtuel pourrait-il favoriser le développement exponentiel des atteintes à la vie privée des individus? Comment les lois existantes offrent-elles une réponse insuffisante aux nouveaux défis que pose le cyberspace? Le nouvel environnement électronique exigerait-il des règles de protection de la vie privée plus adaptées au contexte numérique? L’éthique pourrait-elle être un mécanisme de substitution à l’inefficacité probable du droit dans le cyberespace? Telles sont les questions qui structurent la présente réflexion.

• Communication orale 16 h 00
  Le « gibier » de l’historien : les archives, la vie privée et l’histoire des relations internationales
  Martin Laberge (UQO - Université du Québec en Outaouais)

  L’historien Marc Bloch considérait que « [l]e bon historien […] ressemble à l’ogre de la légende. Là où il flaire la chair humaine, il sait que là est son gibier »[1]. La remarque de Bloch exprime, dans toute sa poésie, les tensions, inhérentes à l’analyse historique, qui existent entre les structures politiques, sociales, économiques et les individus. L’analyse de l’histoire des relations internationales, par les mécanismes qu’elle analyse et les individus qu’elle mobilise, est jalonnée par ces tensions. Dès lors, la vie privée n’échappe pas aux forces à l’œuvre dans les relations internationales alors, qu’en contrepartie, la part intime des individus façonne leur perception des phénomènes internationaux.

  L’accès aux documents associés à la vie privée est nécessaire à cette perspective analytique. Cette communication souhaite donc, par le truchement de l’histoire des relations internationales, analyser l’importance des informations issues « de la vie privée » dans l’analyse historique. La vie privée des acteurs historiques permet de jeter un regard particulier sur les phénomènes internationaux, de tisser les liens entre les niveaux d’analyse tout en établissant la perception des phénomènes internationaux. Autant d’aspects du travail de l’historien qui exigent un accès aux sources de la vie privée.

  [1] Marc Bloch, Apologie pour l’histoire ou métier d’historien, dans Marc Bloch, L’Histoire, la guerre, la Résistance, Paris, Gallimard, 2006 [1949], p. 866.

Panel / Atelier 16 h 45 → 17 h 00

Signature d’un protocole d’entente entre Bibliothèque et Archives Canada et l’Université de Sherbrooke