Comme toute science, la géographie a su prétendre à la valeur universelle du savoir qu’elle a forgé. D’autant qu’elle s’est doublée d’une domination de la langue anglaise sur le monde scientifique, cette universalité revendiquée a toutefois nui à l’affirmation de connaissances géographiques pour leur part plus ancrées dans des contextes culturels et linguistiques précis. Par ailleurs, on ne saurait défendre la légitimité de la scientificité géographique sans rechercher un équilibre afin que s’exprime une nécessaire diversité épistémologique. Cela commande que puisse s’épanouir, au sein de la communauté des géographes, une véritable diversité culturelle et linguistique. Ce besoin exige que chaque foyer culturel et linguistique prenne la mesure des défis auxquels il est confronté en cette matière et adopte des mesures en conséquence. Chez les géographes francophones, une telle démarche s’est récemment enclenchée. Il en est résulté, parmi d’autres avancées, un rapport du Comité national français de géographie sur les langues scientifiques dans la mondialisation (2015). Divers aspects y sont traités relativement à la place et à l’utilité du français dans l’épanouissement du savoir géographique, que ce soit sous l’angle de la recherche, de la formation ou de la diffusion (érudite ou grand public). Or, l’une des recommandations de ce rapport est de « créer une association de géographes francophones (non thématique) ou une fédération des associations de géographes francophones » (p. 19). L’idée est assurément engageante. Encore faut-il convenir de l’intérêt et du potentiel que cela représente, de même que des conditions de réalisation d’un tel organisme voué au développement de la vocation internationale de la géographie. Dans cette perspective, le colloque entend répondre à la question suivante : pourquoi et comment mettre sur pied une association de langue française vouée au développement de la géographie à l’échelle internationale? À cette fin, le débat s’y engagera autour de trois objectifs spécifiques :
1. Réfléchir aux défis de la portée internationale de la publication scientifique en français au sein de la géographie. Dans la foulée, s’interroger sur le rôle du français dans l’évaluation scientifique à des fins de publication et de financement de la recherche.
2. Examiner quelques modèles de sociétés savantes francophones à vocation internationale. De même, vérifier si une société de ce genre peut offrir une valeur aux géographes dont le français n’est ni la langue maternelle ni la langue de travail usuelle.
3. Vérifier si des thèmes en particulier ou des champs de préoccupation présentent un avantage comparatif pour développer la vocation internationale de la géographie, par exemple la géopolitique, l’aménagement et le développement territorial, les enjeux climatiques et environnementaux, la perspective culturelle (patrimonialisation, imaginaire, littérature).