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Informations générales

Événement : 87e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 400 - Sciences sociales

Description :

La sociologie du risque est l’un des champs les plus innovants en sociologie contemporaine. Dans le contexte de la crise des années 1920, les économistes Frank H. Knight et John M. Keynes furent parmi les premiers à développer des réflexions sur le risque en sciences sociales. Il est donc étonnant de voir émerger, six décennies plus tard, la sociologie du risque, une spécialisation sociologique peinant toujours à jouir d’une reconnaissance institutionnelle dans le monde universitaire francophone. Dans son allocution présidentielle à l’American Sociological Association, James F. Short (1984) s’inquiétait de la fragmentation grandissante de la sociologie et de son incapacité à offrir un contrepoids au discours hyperspécialisé de la gestion technoscientifique du risque. Or, tant le risque comme objet que la sociologie du risque comme champ de connaissances croisent un nombre impressionnant de sous-disciplines sociologiques : sciences et technologies, environnement, mouvements sociaux, travail, individuation, organisations, santé, crime, sports et loisirs, marchés et finance. Cela tient notamment à l’ambiguïté de la notion de risque, renvoyant tant au danger qu’au possible. À l’origine de la sociologie du risque, l’anthropologie culturelle (Douglas et Wildavsky, 1982) et la théorie de la société du risque (Beck, 1986) développèrent des théories générales de la perception et de l’expérience du risque, réduit au danger. À la suite de la publication de sa traduction anglophone en 1992, ce n’est qu’en 2001 que le célèbre ouvrage d’Ulrich Beck, La société du risque, fut accessible au public francophone. Malgré la publication d’ouvrages de référence (Peretti-Watel, 2001) et de synthèses circonscrites (Chateauraynaud et Torny, 1999), la sociologie francophone tarde à investir systématiquement la sociologie du risque, mais également certains des sous-champs les plus fertiles défrichés par cette sociologie contemporaine, tels que l’assurance, la surveillance et la catastrophe. En contribuant à la synthèse des connaissances, ce colloque vise d’abord à clarifier les grands axes de recherche en sociologie du risque actuelle afin de favoriser l’innovation théorique et empirique, tout en mettant en lumière « l’enflure discursive » du risque et les limites du concept sociologique de risque. La sociologie du risque s’inscrit par ailleurs elle-même dans le contexte de la « question sociale du risque », émergeant dans les années 1950 et 1960 avec les mouvements d’opposition à l’énergie nucléaire, se déployant dans les années 1970 autour de la question environnementale mondiale et des mouvements écologistes, et se renforçant enfin autour des controverses sur les innovations biotechnologiques. Ce colloque vise ainsi également à réfléchir à la position et aux orientations de la sociologie du risque face au monopole de la gestion technoscientifique et probabiliste ainsi que des sciences économiques sur la connaissance et les politiques publiques de gestion du risque.

Date :
Responsables :

Programme

Communications orales

Risque, capitalisme de plateforme, travail et (in)sécurité

Salle : B1008 — Bâtiment : UQO L.-Brault
Présidence : Jean-François Filion (UQAM - Université du Québec à Montréal)
  • Communication orale
    Fabrique urbaine et modes de régulation face à l’économie des plateformes de services. Les risques de la « plateformisation » de la société : le cas de la mobilité urbaine.
    Lyne Nantel (INRS - Institut national de la recherche scientifique)

    À l’heure de l’économie numérique et de la ville « intelligente », l’apparition de multiples plateformes, notamment celles dont les activités ajoutent, complémentent et concurrencent l’offre des services urbains, comme Uber, Eva, Netlift, vient transformer les manières de produire, consommer et fabriquer la ville. À travers cet investissement de la ville par les technologies numériques, celle-ci s’expérimente de plus en plus au moyen d’applications et de plateformes de services. La mobilité illustre cette réalité. L’économie des plateformes alimente des flux considérables de données qui interagissent de multiples manières avec le flux urbain. Fortes de leurs données, quels sont les risques que ces plateformes de services deviennent les acteurs principaux de l’évolution des villes? Et quelles seraient les conséquences de ces transformations sur les modèles économiques et politiques urbains? La « plateformisation » des services soulèvent de nombreux risques quant à la gestion des données, à leur appropriation ainsi que qu’à la régulation. Il s’agit donc d’explorer dans quelle mesure les plateformes de services, en tant que « nouveaux assemblages sociotechniques », induisent de nouveaux modes de régulation se répercutant sur la fabrique de la ville. Réfléchir à ces transformations à travers une sociologie de la donnée (Courmont, 2018) oblige de tenir compte des risques qui entourent la tendance à la plateformisation de la société (van Dijck et al., 2018). - Lyne Nantel, INRS

  • Communication orale
    De volontaires à techniciens du risque.
La professionnalisation de la sécurité incendie du Québec
    Karine St-Denis (Collège Lionel-Groulx)

    Depuis la Loi sur la sécurité incendie (2000), l’implication communautaire volontaire des pompiers - caractérisée pour plusieurs comme un « serious leisures » - s’est graduellement transformée en une profession axée sur la gestion de risques. Les schémas de couverture de risques, les formations spécialisées et la demande de reconnaissance à titre de professionnel marquent aujourd’hui le milieu de la sécurité incendie du Québec. La sociologie du risque est incontournable pour saisir à la fois l’élaboration des politiques publiques ayant engendré cette professionnalisation et pour en saisir les conséquences dans la pratique de la sécurité incendie. Par contre, nos recherches empiriques démontrent que la sociologie du risque est insuffisante pour faire sens de ce nouveau rôle professionnel. Cette insuffisance se révèle tant dans les problématiques de recrutement de main-d’œuvre que dans les efforts de redéfinition de l’identité professionnelle. Cette conférence présentera premièrement les objectifs et retombées de la réforme de la sécurité incendie du Québec afin de montrer son ancrage dans la sociologie du risque. Deuxièmement, nos travaux ethnographiques auprès des pompiers québécois (2012-2019) illustreront les limites de la sociologie du risque pour donner sens aux divers rôles et implications des pompiers québécois qui demeurent à près de 80 % membres de services à temps partiel ou sur appels.

  • Communication orale
    De la sociologie du risque à la sociologie de l’assurance : l’assurance comme gouvernance, marchandise fictive et mutualisation solidaire
    Mathieu Charbonneau (Université Concordia)

Communications orales

Risque, nature et (in)certitudes environnementales

Salle : B1008 — Bâtiment : UQO L.-Brault
  • Communication orale
    Le conflit à l’ère de l’Anthropocène : enjeux épistémologiques et politiques rattachés à la problématisation du risque
    Martin Samson (USP - Université Saint-Paul)

    La communication proposée a pour but d’explorer le registre épistémologique et politique catastrophiste qui domine la problématisation du noyau climat-conflit à l’ère de l’Anthropocène. Il sera donc argué que ce registre effectue un glissement normatif dans la problématisation du conflit causé par la dégradation écologique et la raréfaction des ressources, du risque calculable à une prophétie autoréalisatrice. Ainsi, au-delà de sa conceptualisation en tant qu’ère géologique, l’Anthropocène se développe dans un contexte sociopolitique précis : il met l’accent sur la sévérité des répercutions de l’action humaine sur le « monde de la vie », or par le fait même, afin de comprendre ce risque, il est nécessaire de comprendre de développement sociopolitique et historique de cette ère. Par le biais d’une approche réaliste dialectique inspirée de la pensée sociologique et philosophique de Michel Freitag, la communication soulèvera deux enjeux. Le premier enjeu porte sur le glissement épistémologique et normatif du risque de conflit social à celui d’inévitabilité de conflit qu’on retrouve généralement dans les approches néomalthusiennes. Le deuxième enjeu mettra au jour en quoi les approches catastrophistes ont pour effet de mettre de l’avant une problématisation qui, par l’abstraction des causes de conflits, dépolitise les enjeux et met de l’avant une conception technocratique de la gestion des enjeux socioécologiques de l’Anthropocène.

  • Communication orale
    Le réenchantement du risque à l'ère de la crise écologique: critique du voile d'ignorance de la rupture métabolique dans la théorie du précautionnisme de la sociologie de Bronner
    Jean-François Filion (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Jean-François Filion, UQAM

  • Communication orale
    Risque, catastrophe : deux rapports anthropologiques au monde
    Frederick Lemarchand (Université de Caen Normandie)

    Au sens commun, la notion de risque a fait flores depuis l’émergence des crises environnementales des années 80. Elle s’est tellement répandu dans les usages sociaux (discours, catégorisation, dispositifs) que nous pourrions l’appréhender comme une nouvelle catégorie de perception du réel, une nouvelle catégorie esthétique. Le premier sociologue à instituerle risque comme déterminant des sociétés contemporaine, aussi nommées postindustrielles, fut le sociologue allemand Ulrich Beck dans l’ouvrage intitulé La Société du risque (1986) pour qui « la production sociale de richesses est systématiquement corrélée à la production sociale de risques » (p. 36). Partant du constat de ce que les risques sont désormais produits par la même société industrielle qui devait, via le progrès technique et le progrès social (Etat Providence), engendrer de nouveaux régimes de protection. Les risques sont également désormaiscollectifset s’appliquent à des populationsprises dans leur ensemble, voire à l’humanité entière (le changement climatique, la bombe atomique). Enfin, les risques technologiques sont différés et donc pas immédiatement perceptibles par nos sens, ils sont donc, pour reprendre la formulation de Beck, des « passagers clandestins » de notre monde. L’impossibilité de les sentir et de les caractériser immédiatement leur confère enfin un caractère politique [...] et appellent donc des formes de mise en débat qui dépassent le stricte cadre de la science.


Dîner

Repas sur place

Salle : B1008 — Bâtiment : UQO L.-Brault

Communications orales

Risque, santé, crime et politiques

Salle : B1008 — Bâtiment : UQO L.-Brault
Présidence : Annie-Claude Savard (Université Laval)
  • Communication orale
    Quand un risque en cache un autre ou le paradoxe de politiques publiques amplifiant les menaces des pesticides pour la santé, l’environnement et les systèmes agro-alimentaires
    Louise Vandelac (UQAM - Université du Québec à Montréal)
  • Communication orale
    L’anxiété généralisée à l’ère de l’anxiété
    Valérie De Courville Nicol (Université Concordia)

    Dans le cadre d’une analyse de 21 manuels populaires (1970-2010) qui visent à aider le lecteur à composer avec un problème d’anxiété, j’ai identifié 6 modes de souffrance socioémotionnelle. Ces assemblages affectifs (Wetherell) de pratiques et d’expériences à la fois individuelles et collectives sont générés de façon dynamique et stratégique par les membres d’une collectivité (les auteurs comme les lecteurs, les experts comme les non-spécialistes). Je présenterai un bref survol de chaque mode, après quoi je m’attarderai à l’un d’entre eux, soit l’anxiété généralisée. Cet assemblage affectif émerge dans un processus de modernisation réflexive. Il se rapporte aux défis cognitifs engendrés par la complexification du savoir dans une ‘société du risque’ (Beck, Giddens) et dans une ‘culture de la peur’ (Gerbner, Glassner, Altheide). Quel que soit le point de vue thérapeutique de l’auteur (humaniste, systémique, biomédical, cognitif-behavioral, psychodynamique, neuroscientifique), dans cet assemblage la réalité est comprise comme construite, puisque conceptualisée, médiatisée, anticipée et simulée. Le lecteur est invité à cultiver le contrôle mental afin de contrer un manque de réflexivité personnelle, voire de transformer ses schémas cognitifs pour départager les perceptions aidantes et positives des perceptions qui ne le sont pas. - Valérie De Courville Nicol, Université Concordia

  • Communication orale
    Des jeunes délinquants cotés en risque. Usages et effets des outils d’évaluation dans le suivi de jeunes délinquants à Montréal et dans les Laurentides
    Nicolas Sallée (UdeM - Université de Montréal)

    Cette communication portera sur les usages d’outils actuariels d’évaluation des « risques et des besoins » par les agents – dits « délégués jeunesse » – des Centres jeunesse de Montréal et des Laurentides (Québec, Canada), chargés de l’exécution de peines de suivi de jeunes délinquants dans la collectivité (libération conditionnelle, probation, sursis, etc.).


Communications orales

Risque, consommation et enjeux du jeu de hasard

Salle : B1008 — Bâtiment : UQO L.-Brault

Communications orales

Mot de clôture

Salle : B1008 — Bâtiment : UQO L.-Brault