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Informations générales

Événement : 87e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 400 - Sciences sociales

Description :

Plusieurs auteurs parlent d’un virage punitif dans les politiques et discours à l’égard des criminels. Or, l’existence d’un tel virage dans les pratiques pénales demeure à ce jour assez méconnue, et ce, particulièrement au Canada. En effet, si les tendances dans les taux d’incarcération ont assez bien été documentées, on connaît très peu les tendances touchant les autres dimensions de la pénalité (les mises en accusation, les verdicts de culpabilité, le recours aux autres peines, le suivi des peines, la surveillance, etc.). De plus, ces grandes tendances ont souvent pour effet de masquer les différences qui peuvent exister selon les provinces, les contrevenants, les types de délits, etc. En effet, Garland (2011) développe le concept de « culture pénale locale » pour justifier l’intérêt de regarder, dans différentes communautés, comment les lois et les politiques sont réellement mises en pratique. Plusieurs proposent que les acteurs judiciaires demeurent les plus grands responsables des transformations pénales, et que c’est à leurs pratiques quotidiennes que l’on doive porter une attention particulière si on veut comprendre le sens de la pénalité aujourd’hui.

L’objectif de ce colloque est de faire place aux étudiants et aux chercheurs qui s’intéressent aux pratiques qui entourent la pénalité. Il vise à faire dialoguer les chercheurs qui travaillent sur les tendances de la pénalité (à l’aide de statistiques sur les tribunaux) et ceux travaillant sur les pratiques pénales, telles qu’observées à travers le travail quotidien des acteurs judiciaires (par des entrevues, des observations ou des analyses de la jurisprudence). En nous intéressant à différentes étapes du processus judiciaire et à différentes clientèles (détenu, sursitaire, mineur, personne présentant des troubles mentaux, etc.), nous espérons pouvoir entrecroiser les conclusions et offrir une réflexion plus générale sur le sens de la peine aujourd’hui.

Date :
Responsables :

Programme

Communications orales

Les tendances et pratiques entourant la pénalité au Canada

Salle : E0218 — Bâtiment : UQO A.-Taché
  • Communication orale
    L’Efficacité dans les tribunaux canadiens : Variations entre provinces
    Brendyn Johnson (UdeM - Université de Montréal), Cheryl Webster (Université d'Ottawa)

    Le délai est un problème qui touche les systèmes de justice occidentaux depuis des centaines d’années. Au Canada, la Cour Suprême a récemment statué dans le cas de R. c. Jordan (2016) qu’il y avait une culture de complaisance dans le système de justice criminelle et que pour être considérés raisonnables et ne pas mettre en péril les droits des accusés, les délais dans les tribunaux provinciaux ne devaient pas durer plus que 18 mois et que ceux dans les tribunaux supérieurs ne devraient pas dépasser 30 mois. La présente communication vise à décrire comment les tribunaux canadiens, dans chacune des provinces et territoires «gèrent» les cas qui se trouvent devant eux. À l’aide des données quantitatives de Statistiques Canada de 2004/2005 jusqu’à 2016/2017, la présentation dresse un portrait des différentes dimensions liées à la gestion des cas et à l’efficacité des tribunaux canadiens.

  • Communication orale
    Virage punitif dans les décisions juridiques criminelles : Tendances et changements dans l’utilisation des différents types de peines au Canada, 2005-2016.
    Jean-Denis David (Université McGill)

    L’étude a pour objectif d’examiner la thèse du virage punitif en ce qui a trait aux décisions des tribunaux canadiens de juridiction criminelle pour adulte à la suite des changements législatifs amenés par le gouvernement conservateur de Stephen Harper. Ceci est accompli par une exploration de données administratives recueillies par Statistique Canada en ce qui a trait à la peine la plus sévère (c.-à-d. peine principale) ordonnée dans les causes avec condamnation. Les résultats suggèrent qu’à partir de 2009-2010 l’utilisation de la probation comme peine principale diminua considérablement en faveur d’une plus grande utilisation de l’incarcération. Cette utilisation grandissante de l’incarcération fut observée pour tous les types d’infractions. Toutefois, ces changements ne furent observés que dans certaines régions au pays. L’étude explore également les tendances au niveau des taux d’incarcérations, la durée des peines ordonnées, ainsi que le montant imposé dans le cas de l’amende.

  • Communication orale
    L’engagement de ne pas troubler l’ordre public dans un contexte de violence conjugale : son utilisation et son efficacité
    Valérie Charette (UdeM - Université de Montréal)

    Compte tenu de la complexité entourant le phénomène de la violence conjugale et le manque de preuve tangible fréquent, plus de la moitié des dossiers sont abandonnés en cours de procédure. L’engagement de ne pas troubler l’ordre public est donc une alternative intéressante puisqu’elle se pose souvent comme un compromis entre la condamnation et l’acquittement. La communication présente les caractéristiques (de la victime, de l’agresseur, de leur relation ainsi que les caractéristiques de l’infraction) menant à un engagement de ne pas troubler l’ordre public (article 810 du Code criminel) dans les cas de violence conjugale. Les données utilisées concernent des dossiers de voies de fait entre partenaire et ex-partenaire enregistrés par la police dans une grande ville de la province du Québec en 2008. Elles proviennent de la banque de données policière et ont été couplées aux dossiers obtenus auprès de la Cour municipale et de la Cour du Québec, chambre criminelle et pénale.


Communications orales

Les tendances et pratiques entourant la pénalité au Canada

Salle : E0218 — Bâtiment : UQO A.-Taché
  • Communication orale
    Comprendre la comptabilisation du temps de détention présentencielle au Québec, entre 2010 et 2016, suite à l’entrée en vigueur de la Loi sur l’adéquation de la peine et du crime.
    Pier-Anne Poitras-Labonte (UdeM - Université de Montréal)

    La législation actuelle permet la prise en compte du temps de détention présentencielle dans la détermination de la peine. Le paragraphe 719(3) du Code criminel encadre la comptabilisation du crédit sur la peine de ce type de détention. Depuis l’entrée en vigueur de la Loi sur l’adéquation de la peine et le crime en 2010, le C.cr. stipule que le juge doit appliquer un crédit de un jour sur le temps de la peine pour chaque jour passé en détention présentencielle. Le paragraphe 719(3.1) ajoute qu’un maximum d’un jour et demi pour chaque jour de détention présentencielle peut être accordé lorsque les circonstances le justifient. Cette loi apporta un resserrement législatif en circonscrivant le pouvoir judiciaire dans la décision quant à la prise en considération du temps passé en détention présentencielle. L’objectif de l’étude est de comprendre l’application et l’interprétation de la Loi sur l’adéquation de la peine et du crime par les acteurs judiciaires entre 2010 et 2016. Pour se faire, les critères sur lesquels se basent les juges pour appliquer le par. 719(3) seront mis en lumière par une analyse de la jurisprudence de la Cour Suprême. Ensuite, un portrait de la façon dont est calculé le crédit au temps de détention présentencielle au Québec sera tracé par une étude de décision de première instance. À partir de ces dernières, les motifs qui sous-tendent les décisions des juges quant à la comptabilisation du temps de détention présentencielle seront analysés.

  • Communication orale
    La peine carcérale discontinue à l’épreuve de la rationalité pénale moderne : Une analyse des motifs juridiques évoqués dans le processus de détermination de la peine
    Audrey Monette (Université d’Ottawa)

    En 1972, l’article 732 du Code criminel canadien a été introduit, permettant aux personnes condamnées à un emprisonnement maximal de 90 jours de purger leur peine de façon discontinue. Cette sentence revêt un statut particulier puisqu’elle s’inscrit à la fois dans deux types de mesures prévues par le système pénal, soit les peines carcérales et alternatives. À partir du cadre conceptuel de la rationalité pénale moderne (RPM), la présente étude vise à identifier, au-delà des considérations législatives prévues à l’article 732 du Code criminel, de quelle façon le système judiciaire motive l’octroi de la peine de prison discontinue. Par l’analyse de contenu, 77 décisions de la Cour d’appel du Québec ont été codifiées pour faire ressortir les motifs juridiques se rapportant à la rationalité pénale moderne et ceux qui, au contraire, présentent des innovations cognitives. Les vocabulaires de motifs présents dans les arrêts peuvent être classés en quatre grandes catégories, soit ceux qui se situent explicitement dans la RPM, ceux qui s’appuient sur les principes et objectifs de détermination de la peine, ceux qui sortent du cadre conceptuel de la RPM et qui constituent des innovations cognitives et, finalement, les cas non usuels dans lesquels les juges s’appuient sur des considérations législatives ou constitutionnelles qui ne traduisent ni des idées de la RPM, ni des innovations cognitives.

  • Communication orale
    Les programmes sociaux au sein des tribunaux : des mesures alternatives en rupture avec la tradition ? Réflexion sur l’innovation en matière d’idées et de pratiques pénales.
    Sabrina Labrecque (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    En partant du verbe « condamner » nous pouvons nous représenter toute l’activité de l’administration du droit pénal orienté par cette possibilité conférée au système de justice. Bien que « condamner » peut aussi renvoyer à d’autres domaines que celui du droit, dans la rationalité juridique moderne et son imaginaire collectif le terme façonne l’activité pénale; « condamner » c’est infliger une peine afflictive. Pour être innovante, les alternatives aux peines traditionnelles doivent s’extirper suffisamment du carcan afflictif pour être réellement en rupture avec le modèle classique tout en s’assurant de maintenir suffisamment de cohésion dans l’administration de la peine pour assurer la pérennité et la légitimé du système de justice pénale. Alors, comment ce système mandaté à « condamner » à travers l’infliction de peines afflictives traduit-il des mesures alternatives dites « non punitives » tout en préservant ses dimensions normatives et cognitives ? C’est à travers l’analyse des intersections spécifiques entre pratiques pénales traditionnelles et mesures alternatives que nous sommes à même de voir si les embarras que posent la rationalité et la structure normative du droit pénal limitent le recours à ce type de mesures et étouffent l’innovation sur le plan des idées et sur le plan des pratiques en droit pénal. Nous fondons nos réflexions sur l’analyse des programmes sociaux au sein des tribunaux qui proposent des mesures alternatives aux peines afflictives classiques.


Dîner

Dîner

Salle : E0218 — Bâtiment : UQO A.-Taché

Communications orales

Les tendances et pratiques entourant la pénalité au Canada

Salle : E0218 — Bâtiment : UQO A.-Taché
Discutant·e·s : Emilie D'amours De Courberon (Université Laval), Chloé Robitaille (UdeM - Université de Montréal), Marie-Pierre Villeneuve (Université Laval)
  • Communication orale
    Les répresentations sociales des acteurs judiciaires de la chambre de la jeunesse du Québec dans un contexte de changements pénaux
    Chloé Robitaille (UdeM - Université de Montréal)

    Depuis la création de la première loi criminelle pour mineurs en 1908, celle-ci fut remplacer à deux reprises soit par la Loi sur le jeune contrevenant en 1984 puis par la Loi sur le système de justice pénale pour adolescents en 2003. Ces changements législatifs ont découlé de modifications de mentalités et d’approche concernant la prise en charge de la criminalité juvénile. Passant d’une loi paternaliste désirant protéger le jeune de son environnement, la loi actuelle vise principalement la protection de la société par la gestion du risque que comporte les adolescents. Si on reconnait assez facilement un changement de mentalité dans les politiques pénales, on connait assez peu l’évolution des représentations des acteurs qui œuvrent quotidiennement auprès des jeunes. La présente communication discutera des résultats d’entrevues réalisées auprès de procureurs de la couronne et de juges travaillant à la Chambre de la jeunesse sur leurs représentations des délinquants mineurs et leur prise en charge par le système de justice.

  • Communication orale
    Les interventions les plus prometteuses dans le cadre de l’ordonnance différée de placement et de surveillance (ODP) de membres de gangs de rue
    Emilie D'amours De Courberon (Université Laval)

    La présente communication s’intéresse aux interventions effectuées auprès d’une quinzaine d’adolescents, membres de gangs de rues au Québec qui ont été soumis à une ordonnance différée de placement et de surveillance (ODP). Les interventions mises en place dans le cadre de cette sanction auprès des sujets étudiés seront discutées et comparées aux mesures identifiées comme prometteuses dans la littérature, afin d’en dégager leur efficacité relative auprès des jeunes membres de gangs. Il est espéré que les résultats de cette analyse et leur interprétation contribueront à la bonification des interventions d’ODP auprès des adolescents identifiés comme membres d’un gang de rue.

  • Communication orale
    Différer la mise sous garde des jeunes contrevenants : une alternative prometteuse, sous certaines conditions
    Isabelle Fortin-Dufour (Université de Laval), Marie-Pierre Villeneuve (Université Laval)

    En matière de justice pénale pour adolescents, le principal défi est de déterminer la peine qui permettra d’assurer la protection du public, tout en punissant le comportement criminel et en favorisant la réadaptation de l’adolescent. Au plan clinique, le défi est d’intervenir adéquatement auprès des jeunes contrevenants, afin de favoriser leur reprise en main et limiter la durée, l’intensité et la gravité des délits commis, tout en mettant en place les conditions optimales pour favoriser la transition vers un mode de vie exempt de criminalité. Depuis 2003, l’ordonnance différée de placement sous garde et de surveillance (ODP) permet à de jeunes contrevenants de purger leur peine dans la communauté, moyennant le respect de différentes conditions. Une étude montre que près de 60% des ODP se terminent soit par des manquements aux conditions, par la révocation de la liberté, ou par la commission d’un nouveau délit dans l’année suivant la peine. Cette communication vise à présenter la façon dont les pratiques d’intervention peuvent contribuer à initier et soutenir la transition vers le désistement du crime d’adolescents engagés dans une trajectoire de délinquance grave et persistante qui sont soumis à l’ODP. Une attention particulière est portée sur les pratiques d’intervention les plus prometteuses. Cette communication examine également les implications pour les politiques et les recherches futures concernant les meilleures pratiques en matière de justice pour mineurs.


Communications orales

Discussion

Salle : E0218 — Bâtiment : UQO A.-Taché