Au Québec, la pratique de l’organisation communautaire a produit dans les 50 dernières années tout un corpus de connaissances (Bourque et al., 2007; Lavoie et Panet-Raymond, 2014). Celles-ci ont largement été influencées par certaines réalités historiques nationales liées à la formation et à la transformation de l’État social et à l’évolution de ses rapports avec les mouvements sociaux, en particulier avec les groupes communautaires. Cette imbrication a procuré une certaine vitalité aux savoirs dans le domaine, qui conserve malgré tout quelques zones d’ombre importantes. La réflexion sur la place du conflit dans l’intervention, notamment, a été en grande partie délaissée, alors que depuis plusieurs décennies l’accent est mis sur les liens de partenariat qui devraient unir les acteurs sociaux et politiques (Gaudreau, 2013). D’autres formes de mobilisation, concernant entre autres la critique anticapitaliste ou la reconnaissance de la diversité sexuelle et de genre, tardent également à être pleinement intégrées aux analyses. Le sens même des termes employés pour définir la pratique, tels que « organisation » ou « communauté », demeure aussi peu problématisé. Enfin, les comparaisons internationales se font encore trop peu nombreuses, la littérature restant très attachée à la singularité de l’expérience québécoise, surtout francophone.
Partant de ces constats, ce colloque propose de contribuer au renouvellement des connaissances sur l’organisation communautaire en travail social, en abordant cette pratique à la lumière de perspectives théoriques et d’objets empiriques nouveaux et revisités. La réflexion se structurera en trois blocs : 1) regards critiques et épistémologiques; 2) récits de pratiques en marge; et 3) outils méthodologiques et théoriques. D’un point de vue transversal, cette journée permettra d’interroger les frontières de l’organisation communautaire en tant que pratique professionnelle et militante.