Informations générales
Événement : 87e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 400 - Sciences sociales
Description :Tout en procurant de nombreux bénéfices, les migrations internationales contemporaines posent des défis importants aux migrants et aux sociétés d’accueil. Ces défis, lorsqu’ils ne sont pas surmontés, entraînent de nombreux coûts sociaux allant du capital humain inutilisé et sous-utilisé à une fragmentation et à une aliénation sociales grandissantes. Les contextes urbains locaux influencent considérablement les besoins en matière d’établissement et les problèmes auxquels sont confrontées les personnes immigrantes. Il est nécessaire d’explorer comment les problèmes d’établissement, l’accès aux services sociaux et le vécu des personnes immigrantes sont façonnés par les dynamiques locales de migration et les tendances en matière d’installation, en particulier dans des centres urbains de tailles différentes.
La notion de résilience correspond à la capacité de récupérer à la suite d’une perturbation. Elle conçoit l’adaptation comme un phénomène dynamique où chaque défi surmonté entraîne une amélioration des capacités à relever les défis à venir. Plusieurs des questions qui se posent dans le domaine de l’établissement des migrants font référence à la notion de résilience. Pourquoi certains migrants réussissent-ils leur insertion sur le marché du travail, alors que d’autres peinent à y arriver? Pourquoi certaines personnes immigrantes se sentent-elles socialement isolées même lorsqu’elles ont bien réussi sur le plan économique?
La résilience s’expérimente et s’exprime à de multiples échelles. Elle se vit chez l’individu, dans les familles, les quartiers, les communautés, les villes, etc. Quoique la résilience à chacune de ces échelles est distincte, elles sont toutes interreliées à divers degrés. Avec le dévoilement de résultats de diverses recherches et la mise en commun d’expertises complémentaires, l’objectif du colloque est de cerner les caractéristiques locales, propres à différents contextes urbains, qui contribuent et nuisent à la résilience des migrants à ces quatre échelles, et de mettre en lumière les interactions qui interviennent entre les différentes échelles.
L’échelle de la ville permet d’explorer les rôles que peuvent jouer les municipalités dans l’établissement des migrants, notamment dans l’assistance officielle aux personnes immigrantes. À l’échelle du quartier, nous pouvons voir comment l’environnement social et spatial (services offerts, composition démographique, parc immobilier, etc.) influence l’expérience d’établissement et d’intégration de migrants. À l’échelle de la famille, nous examinons comment la famille peut favoriser ou entraver la résilience de ses membres et quel rôle peut jouer le contexte urbain à cet égard. Finalement, nous analysons comment se vit la résilience à l’échelle communautaire et institutionnelle.
Remerciements :Le comité organisateur remercie sincèrement le Partenariat CRSH Immigration et résilience en milieu urbain (IRMU) pour son soutien financier à la fois au colloque et à plusieurs des projets de recherches qui feront l’objet d’une communication. Nous remercions aussi chaleureusement tous les participants qui ont généreusement accepté notre invitation, notamment ceux issus du milieu de la pratique.
Date :Programme
Introduction et bienvenue
-
Communication orale
Allocution d’ouverture au colloqueMaude Marquis-Bissonnette (Ville de Gatineau)
Séance 1 : Résilience à l’échelle de la ville
-
Communication orale
Immigration et résilience au niveau municipal : analyse comparative des discours politiques et des structures de gouvernance à Ottawa et à GatineauVirginie Mesana (Université d’Ottawa), Luisa Veronis (Université d’Ottawa)
La notion de « résilience urbaine » est de plus en plus adoptée en tant que cadre politique pour traiter de nombreux défis auxquels sont confrontées les villes contemporaines. L’établissement de la majorité des immigrants dans les centres urbains, et leur diversité croissante, constituent un enjeu de taille pour les villes. Il y a alors lieu de s'interroger sur la gestion des municipalités pour faire face aux défis liés à l’immigration, l’établissement et l’intégration de divers groupes de migrants. Dans quelle mesure la notion de résilience est-elle utile pour les aider et comment est-elle mobilisée dans les discours municipaux?
Tirée d’une étude plus large comparant les discours politiques et la gouvernance des trois niveaux de gouvernement canadien ciblant l’Ontario et le Québec, notre but est d’examiner le cas des villes d’Ottawa et de Gatineau. Nous présentons d'abord la méthodologie pour analyser divers documents municipaux, puis la carte conceptuelle développée à partir de la dynamique discursive sur la notion de résilience. Nous discutons ensuite de la manière dont les acteurs municipaux à Ottawa et Gatineau comprennent la résilience des populations immigrantes et sur quels aspects ils mettent l'accent. Notre objectif est de comparer les usages de la notion de résilience qui tendent à privilégier certains programmes, intérêts et approches à l’échelle municipale, tout en comprenant les dynamiques entre chaque ville et sa province autour de la gestion de la diversité.
-
Communication orale
Résilience et diversité : une alliance émergente en matière de gestion des migrationsMarie-Claude Haince (UdeM - Université de Montréal), Phillip Rousseau (CEETUM)
Aujourd’hui, les enjeux liés à la gestion des migrations sont de plus en plus pris en charge par les villes qui en sont venues à être des acteurs incontournables en la manière. À la Ville de Montréal, l’accueil et l’intégration des nouveaux arrivants s’inscrivent dans une démarche qui vise à allier résilience, inclusion et développement social. En effet, l’adoption récente d’une politique-cadre – Politique de développement social (2017) – sert désormais de pierre d’assise à partir de laquelle se déploient les efforts de divers services de la Ville. Ces instances sont par ailleurs chargées de mettre en œuvre tant la politique de développement social que le récent plan d’action, Montréal inclusive (2018). À ces efforts s’ajoute également le développement tout aussi récent d’une Stratégie montréalaise pour une ville résiliente (2018) et d’un service ayant pour mandat de la mettre en œuvre. Notre attention portera donc sur cette nouvelle armature normative, administrative, mais aussi conceptuelle tel qu’elle tend aujourd’hui à se déployer à la Ville de Montréal. Il s’agira de cerner à la fois le contexte plus large dans laquelle ces ajustements émergent et d’entamer une réflexion sur l’appréhension des enjeux migratoires qu’ils sous-tendent. Il s’agira surtout d’interroger cette configuration émergente de la ville résiliente et inclusive afin de mieux saisir la particularité du modèle qui tend à s’imposer.
Séance 2 : Résilience à l’échelle du quartier
-
Communication orale
Comment les espaces du quartier influencent la résilience des immigrants: une étude comparative de trois quartiers à Ottawa-GatineauAnyck Dauphin (UQO), Lina El Bakir (Université d'Ottawa), Brian Ray (Université d’Ottawa), Jen Ridgley (Carleton Universtiy), Luisa Veronis (Université d’Ottawa), Lily Xia (Université d'Ottawa)
Le but de cette étude est d'examiner le rôle des quartiers dans la détermination de la résilience des immigrants. Notre attention se porte en particulier sur la manière dont l'environnement social et spatial du quartier (par exemple, les services disponibles, la composition démographique, la situation du logement, le transport, les opportunités d'emploi, la présence d’organismes communautaires, les enjeux d’équité et d’inclusion, la sécurité) influence l'établissement et les expériences d'intégration de la population issue de l’immigration. Nous adoptons une approche de recherche communautaire et collaborative, intégrant des méthodes qualitatives (ethnographie critique, entretiens photovoice, rencontres communautaires). La nature comparative de notre étude sera essentielle pour fournir de nouvelles informations sur le rôle de facteurs à plusieurs échelles (locale, municipale, provinciale), permettant ainsi de mieux comprendre comment le contexte structurel et institutionnel façonne la résilience des immigrants à plus petite échelle (au niveau du voisinage, de la communauté, des familles et des individus). Outre sa contribution à faire avancer les connaissances sur la résilience des immigrants et des « quartiers résilients », l'étude vise à fournir des recommandations concrètes sur les politiques et des pratiques susceptibles d'intéresser les partenaires communautaires et les praticiens de divers secteurs, ainsi que les décideurs politiques aux trois niveaux du gouvernement.
-
Communication orale
Vivons nos quartiers: accompagner et soutenir les intervenants qui accueillent les nouveaux arrivants dans les quartiers de MontréalFlorence Boudreau (TCRI), Gabrielle Désilets (Université Concordia), Anna Goudet (INRS - UCS - Institut national de la recherche scientifique - Urbanisation Culture Société), Myriam Richard (TCRI)
L’arrivée nombreuse de personnes réfugiées et demandant l’asile dans le Grand Montréal en 2016-2017 a suscité une sensation de débordement, voire de «crise», au sein des organismes d’accueil. C’est dans ce contexte que l’initiative Vivons nos quartiers a été développée (TCRI et Centraide) pour favoriser la mise en place et le partage des pratiques d’inclusion à l’échelle des quartiers de Montréal. Notre recherche ethnographique documente le déploiement de cette initiative dans différents quartiers. Par l’observation directe ou participante d’activités de formations et de rencontres de comités de quartier, l’objectif est de saisir la résilience des acteurs de l’accueil face aux défis apportés par cette immigration. Nous mobilisons le concept de « collectivité accueillante » (Esses et al. 2010) afin d’identifier les pratiques inclusives qui favorisent l’accueil dans les quartiers. Cette communication présente les résultats de la phase 1 du projet, qui montrent l’effet double de la « crise migratoire » sur les intervenants : la paralysie et la mobilisation. En informant et en suscitant des interactions, les formations Vivons nos quartiers contribuent à rassurer et à mobiliser les intervenants, et à encourager in fine leur résilience.
-
Communication orale
Réflexions d'une conseillère municipaleMaude Marquis-Bissonnette (Ville de Gatineau)
Dîner
Séance 3 : Résilience à l’échelle de la famille
-
Communication orale
Réunification des familles (élargies) et la réinstallation des réfugiés au CanadaPatti Lenard (Université d'Ottawa), Stefanie Morris (Université d’Ottawa)
L’augmentation en 2015 de l’appui du public à la réinstallation des réfugiés syriens marque un moment clé dans l’histoire des stratégies de réinstallation du Canada. Cette étude présente les résultats d'entretiens semi-structurés menés avec 34 réfugiés parrainés par le secteur privé (RSP), 17 réfugiés parrainés par le gouvernement (RPG) et 53 parrains. Nos conclusions démontrent les nombreux défis auxquels font face les réfugiés en matière d'intégration et, en particulier, nous affirmons que la séparation des familles (élargies) contribue de manière significative à ces défis. Les réfugiés réinstallés sont visiblement moins résilients aux pressions de l'intégration lorsqu'ils sont séparés de leurs proches. Dans le contexte de ces défis, nous examinons également les stratégies actuelles (explicites et implicites) du gouvernement canadien et celles employées par les réfugiés et les parrains en matière de réunification des familles. Nous formulons des recommandations pour mieux aligner les politiques et les pratiques sur les obligations internationales, nationales et morales pour la réunification des familles réfugiées.
-
Communication orale
Dynamique intrafamiliale de la résilience chez les réfugiés syriens accueillis en OutaouaisAnyck Dauphin (UQO - Université du Québec en Outaouais), Maxime Drolet (UQO), Fadoumo Farah <farah.fadoumo@gmail.com> (UQO), Siham Shoubaky (UQO)
L’adaptation des réfugiés à leur pays d’accueil est souvent envisagée comme un processus vécu individuellement. Or elle se vit également en famille. La famille peut faciliter ou, au contraire, exacerber les défis d’acclimatation de ses membres. La résilience peut en effet varier d’un membre à l’autre au sein d’une même famille en fonction de facteurs individuels tels que l’âge, le sexe, l’éducation, l’aisance en français, l’état de santé, etc. Ces différents degrés de résilience au niveau individuel peuvent causer des tensions entre les membres de la famille et nuire à la résilience de la famille dans son ensemble. Inversement, la résilience de la famille peut encourager la résilience de chacun de ses membres. Notre recherche examine la résilience des réfugiés et de leurs familles en tant qu'entités distinctes, mais fortement liées. Nous tentons de caractériser les divergences intrafamiliales de résilience, d’en déterminer les facteurs individuels et familiaux et de cerner la composante familiale de la résilience. Pour ce faire, nous étudions le cas des réfugiés syriens accueillis en Outaouais à partir d’une approche quantitative et qualitative.
-
Communication orale
Réflexions d'une praticienne : Bettyna Bélizaire (Association des femmes immigrantes de l'Outaouais)Bettyna Bélizaire (AFIO)
Séance 4 : Résilience à l’échelle communautaire
-
Communication orale
Collaborations intersectorielles et convergence des services au profit des nouvelles arrivantes mal logées ou en situation d’itinéranceSonia Ben Soltane (Université d’Ottawa), David Este (University of Calgary), Jill Hanley (Université McGill), Nicole Ives (Université McGill), Christine Walsh (University of Calgary)
Dans cette contribution, nous nous proposons de présenter les résultats d’une recherche portant sur la collaboration entre les organismes offrant des services d’aide à l’établissement et du soutien aux nouveaux arrivants, et les organismes offrant des services de logement (information, références, places en résidence et/ou en refuge d’urgence) à Montréal et à Calgary. Les résultats de la recherche révèlent d’importants défis rencontrés par ces organismes en réponse aux besoins des nouveaux arrivants mal logés ou en situation d’itinérance, notamment quand il s’agit d’accompagner des femmes immigrantes. Ceci dit, la recherche documente également des pratiques innovantes et porteuses de changements, de la part des organismes que nous avons approchés. En mettant en avant les lignes de tensions et les pratiques innovantes développées dans certains milieux de pratique, notre perspective est à la fois d’identifier les défis reliés au fait d’accueillir et de loger les nouveaux arrivants, mais aussi de mettre en avant certaines formes de résilience à l’intérieur des secteurs concernés.
-
Communication orale
Réflexions d'une praticienneFernanda Gutierrez (USP - Université Saint-Paul)