Informations générales
Événement : 87e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 400 - Sciences sociales
Description :Beaucoup d’efforts ont été faits dans les dernières années pour rendre plus visibles les violences dont sont victimes les femmes. Les différentes vagues de dénonciation, y compris le mouvement #MoiAussi, #balancetonporc, #agressionsnondénoncées, ont grandement contribué à rendre publiques les violences que vivent les femmes. Les militant.e.s et les intervenant.e.s féministes font entendre leur voix depuis les années 1970, mais aujourd’hui tant le milieu de la recherche que les médias s’intéressent à ce problème.
Le colloque vise à diffuser et à partager les connaissances sur les violences faites aux femmes et les pratiques innovantes qui visent à prévenir les violences, à les dénoncer ou à assurer la sécurité et le mieux-être des femmes et de leurs enfants qui en sont victimes. Il propose également de réfléchir collectivement, chercheurs ou chercheuses, étudiant.e.s, intervenant.e.s, miliant.e.s et décideurs ou décideuses, aux défis et aux enjeux de la recherche féministe dans le champ des violences faites aux femmes. Toutes les formes de violences faites aux femmes peuvent être abordées, qu’il s’agisse des violences structurelles, des violences conjugales, des violences exercées par un partenaire intime, des violences dans les relations amoureuses des jeunes, des violences à caractère sexuel, des violences dites basées sur l’honneur, des violences obstétricales, etc. Cette activité de mobilisation des connaissances réunit à la fois la communauté scientifique et la communauté de pratique afin que l’une et l’autre puissent alimenter leurs réflexions au sujet des violences faites aux femmes.
Remerciements :Ce colloque a été rendu possible grâce au soutien financier du Partenariat de recherche et d’action Trajectoires de violence, de recherche d’aide et de recours aux services des femmes victimes de violence conjugale (Trajetvi – CRSH Partenariat) et par le Collectif de recherche féministe anti-violence (FemAnvi) de l’Université d’Ottawa.
Dates :- Marie-Marthe Cousineau (UdeM - Université de Montréal)
- Simon Lapierre (Université d’Ottawa)
- Annie Bernier (UdeM - Université de Montréal)
- Laura Désilets (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Programme
Bloc 1 : Les trajectoires de violence conjugale
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Communication orale
Trajectoires des violences en contexte conjugalFrédéric Ouellet (Université de Montréal), Guisela Patard (UdeM - Université de Montréal)
Les violences au sein du couple peuvent s’exercer sous différentes formes : physiques, sexuelles, verbales et psychologiques ou encore économiques. Ces violences peuvent varier en fréquence, en intensité (Humphreys et Thiara, 2003), s’exercer simultanément ou indépendamment et évoluer dans le temps. Cette étude, financée par un CRSH affilié au regroupement Trajetvi, a pour objectif la compréhension des trajectoires des violences en s’appuyant sur la méthode des calendriers d’histoire de vie. Les données ont été collectées auprès de 75 femmes majeures, victimes d’au moins une des formes de violence au cours des trois dernières années. Une description en fonction de la gravité, la fréquence, la durée ainsi que des circonstances associées va permettre de dégager des points communs et des différences entre les trajectoires des violences permettant de distinguer des « portraits types ». L’analyse descriptive montre une répartition en trois classes : les trajectoires « continues », les « intermittentes » et les « épisodiques ». En fonction du type de violence, la distribution dans chacune de ces classes varie : les trajectoires sont plus souvent « continues » pour les violences psychologiques et économiques et « intermittentes » pour les violences physiques et sexuelles. Les apports de ces résultats pourront aider aux discussions pour la mise en place de stratégies de prise en charge adaptée aux besoins spécifiques des femmes ayant vécu de la violence au sein du couple.
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Communication orale
L’évolution de l’autonomie relationnelle des femmes victimes de violence conjugaleMarie-Marthe Cousineau (Université de Montréal), Carlo Morselli (Université de Montréal), Anne-Marie Nolet (UdeM - Université de Montréal)
Partant de l’idée selon laquelle l’autonomie comme le contrôle des femmes se construit à l’intérieur d’un contexte relationnel global, l’objectif de cette présentation est de discuter le processus d’autonomisation des femmes victimes de violence conjugale tel qu’il se produit dans leurs relations sociales. L’atteinte de cet objectif se fait à partir du concept d’autonomie relationnelle, définie comme la liberté de saisir une diversité d’options, et à partir d’une méthodologie mixte mariant l’analyse de réseau et l’analyse qualitative. La rupture et le passage des femmes en maison d’hébergement leur permettent de devenir plus autonomes au sein de leurs relations, mais un défi de taille les guette pour le post-suivi, soit celui du manque de diversité dans les options relationnelles disponibles. Ce résultat est discuté à la lumière des actions des membres du réseau des femmes, qui peuvent certes soutenir leur autonomie en prenant leur juste part du problème, mais peuvent aussi lui faire entrave, en refusant le problème ou en prenant la charge complète de la situation. Alors que les femmes s’ajustent à leur contexte et agissent de sorte à préserver leur autonomie, leur accès à des options diversifiées diminue le poids des actions contraignantes d’autrui.
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Communication orale
Réfléchir collectivement aux intersections entre le VIH et les violences exercées par un partenaire intime vécues chez les femmes : quelles actions privilégier ?Marie-Marthe Cousineau (Université de Montréal), Alexandra De Pokomandy (Université McGill), Laura Désilets (UQAM - Université du Québec à Montréal), Lyne Massie (Université du Québec à Montréal), Maria Nengeh Mensah (Université du Québec à Montréal), Fernet Mylène (Université du Québec à Montréal), Joanne Otis (Université du Québec à Montréal)
Les violences exercées par un partenaire intime (VPI) sont largement répandues chez les femmes vivant avec le VIH (FVVIH) au Canada (Siemieniuk et al., 2013; Logie et al., 2017). Toutefois, les FVVIH qui expriment le besoin de recevoir un accompagnement complémentaire pour le VIH et les VPI doivent généralement solliciter du soutien auprès de ressources indépendantes (DiStefano et Hubach, 2011). L’objectif de cette étude est d’identifier les besoins et les priorités d’actions en matière de VIH, de VPI et de leurs intersections vécues chez les femmes. Le forum communautaire, qui vise notamment à réfléchir collectivement à des pistes de solution, a été privilégié (Tétrault et al., 2013). Dans ce cadre, deux journées d’activités ont réuni 12 prestataires de services communautaires spécialisés en VIH et en VPI et 7 femmes utilisatrices de services. À partir des échanges, trois priorités d’action ont été identifiées : 1) mettre en place une entente de collaboration entre les organisations de lutte contre le VIH et les ressources pour femmes victimes de VPI; 2) développer des outils de prévention, de dépistage et d’accompagnement des femmes vivant aux intersections entre le VIH et les VPI; et 3) former et sensibiliser les prestataires de services communautaires en la matière. Ces résultats mettent en lumière le besoin de consolider les partenariats entre ces deux secteurs d’intervention dans le but d’offrir des services concertés en matière de VIH et de VPI.
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Communication orale
Manifestations et dynamique de la violence conjugale en période de périnatalité : ce que les victimes nous apprennent. Résultats préliminairesMylène Bigaouette (Fédération des maisons d'hébergement pour femmes), Rémi Bilodeau (À cœur d'homme), Carole Boulebsol (Université de Montréal), Mylène Fernet (Université du Québec à Montréal), Geneviève Lessard (Université Laval), Sylvie Lévesque (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Au Québec, 7 % des mères sondées rapportent avoir vécu de la violence conjugale pendant leur grossesse (Flores et al, 2017). La violence conjugale en période périnatale (VCPP) affecte grandement l’exercice de la parentalité et ses impacts négatifs répertoriés sur la santé et le bien-être sont importants. L’absence d’études s’intéressant aux expériences de VCPP limite notre compréhension de sa prévalence et des différents contextes d’occurrence. Depuis 2017, nous menons une recherche sur cette problématique avec plusieurs cochercheuses et une dizaine de partenaires institutionnels et communautaires. Cette présentation fait état des résultats préliminaires de la collecte de données auprès de mères victimes de VCPP. Nous présentons l’analyse des entretiens en ciblant l’évolution de la violence conjugale à partir de la grossesse jusqu’aux deux ans de l’enfant. Les résultats indiquent que la grossesse marque un changement dans la dynamique de couple et les manifestations de VC : soit elle s’accompagne d’une accalmie au niveau de la violence, soit au contraire elle marque l’arrivée ou le renforcement de comportements violents de tous types. Dans tous les cas, on a observé différentes formes de VC dans les mois qui ont suivi la naissance de l’enfant ainsi que leurs différents impacts sur la parentalité. La présence de comportements violents ou négligents envers l’enfant constitue un point tournant pour un certain nombre de mères qui décident alors de quitter leur conjoint.
Dîner
Bloc 2 : Les enfants en contexte de violence conjugale
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Communication orale
Violence conjugale : le point de vue des enfants, des adolescentes et des adolescents sur les services reçusSimon Lapierre (Université d’Ottawa)
Cette présentation exposera les résultats d’une étude documentant l’expérience et le point de vue d’enfants, d’adolescentes et d’adolescents vivant dans un contexte de violence conjugale. Cette étude, financée par le Conseil de recherche en sciences humaines du Canada, a privilégié une méthodologie qualitative et participative, impliquant 59 jeunes québécois et franco-ontariens dans les différentes étapes du processus de recherche. Plus spécifiquement, cette présentation se penchera sur le point de vue des participants sur les services reçus, notamment dans le secteur de la protection de la jeunesse. Les résultats de cette étude permettront de mettre en lumière les aspects les moins appréciés ainsi que les aspects les plus appréciés par les jeunes dans ces circonstances.
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Communication orale
Le traitement des situations de violence conjugale dans les expertises psychosociales et psycholégales en matière de garde d’enfant et de droit d’accès au QuébecIsabelle Côté (Université Laurentienne), Simon Lapierre (Université d'Ottawa), Alexandra Vincent (Université d’Ottawa)
Lors de cette communication, nous présenterons les résultats préliminaires d’une étude portant sur les points de vue des femmes concernant le traitement des situations de violence conjugale dans les expertises psychosociales en matière familiale. En effet, une proportion importante des litiges de garde d'enfants implique des antécédents de violence conjugale, qui persistent souvent après la séparation (Haselschwerdt, 2011). Dans ces situations, une expertise psychosociale peut être ordonnée afin d’évaluer les capacités parentales des parents et d’éclairer le juge dans sa décision. Pour la majorité des experts, la violence conjugale n’est toutefois pas un facteur influençant les recommandations relatives aux arrangements en matière de garde et d'accès (Jeffries, 2016). D’ailleurs, il serait courant que les experts dissocient les capacités parentales des pères de leurs comportements de violence et de contrôle et ne tiennent pas compte de l'impact de la violence sur les capacités parentales des mères victimes (Jeffries, 2016). Ceci compromet la sécurité et le bien-être des femmes et des enfants. Cette présentation se penchera sur une étude qualitative actuellement en cours qui repose sur des entretiens semi-dirigés menés avec 12 femmes victimes de violence conjugale et sur une analyse documentaire de 15 rapports d’évaluations d’experts. Dans l'ensemble, les résultats de cette étude soulignent les lacunes dans l'expertise et les impacts de cette pratique.
Bloc 3 : La violence dans les relations amoureuses
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Communication orale
Analyse thématique des effets du programme Les couloirs de la violence amoureuseVirginie Attard (Université du Québec à Chicoutimi), Marie-Marthe Cousineau (Université de Montréal), Jacinthe Dion (Université du Québec à Chicoutimi), Mylène Fernet (Université du Québec à Montréal), Sara Martel (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi)
Selon l’Enquête québécoise sur la santé des jeunes du secondaire 2016-2017, environ 36 % des élèves ayant vécu une relation amoureuse au cours des 12 derniers mois (43 % des jeunes) ont subi au moins une forme de violence de la part de leur partenaire, alors qu’environ le quart en ont infligé. Afin de sensibiliser les élèves à cette problématique, le programme Les couloirs de la violence amoureuse a été créé et expérimenté en 2008 par plusieurs organismes dont la maison d’hébergement La Passerelle. Malgré une satisfaction élevée manifestée par les élèves et les adultes face au programme, ses effets à court terme seraient modestes au plan des connaissances. Afin de mieux comprendre ces résultats, des groupes de discussion sont actuellement réalisés auprès d’adolescent.e.s. L’objectif de cette démarche est de recueillir le point de vue des jeunes quant aux effets perçus de ce programme. Les résultats préliminaires obtenus après avoir réalisé un premier groupe de discussion suggèrent que les élèves semblent avoir acquis des connaissances sur la violence dans les relations amoureuses. Toutefois, ils montrent une confusion dans la spécificité des types de violence et indiquent une difficulté à distinguer un comportement violent d’un autre qui ne l’est pas. Ils rapportent également qu’un retour en groupe avec le corps enseignant suite au programme pourrait les amener à mieux comprendre cette problématique. Ces données seront précisées et discutées dans la présentation.
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Communication orale
Campagne socionumérique de sensibilisation aux violences sexuelles à l’intention des adolescent.e.s : Une initiative AVEC, PAR et POUR les jeunesGeneviève Brodeur (Université du Québec à Montréal), Stéphanie Couture (Université du Québec à Montréal), Mylène Fernet (UQAM - Université du Québec à Montréal), Martine Hébert (Université du Québec à Montréal)
À l’adolescence, plus qu’à n’importe quel autre moment de la vie, le risque de subir des violences sexuelles dans les relations intimes (VSRI) est élevé, surtout chez les filles. Le consentement sexuel en contexte intime s’avère un concept flou pour plusieurs jeunes qui entretiennent des idées préconçues en ce qui a trait à la sexualité. Dans le cadre d’une démarche participative AVEC, PAR et POUR les jeunes, notre équipe a développé et diffusé sur les réseaux sociaux 26 courtes capsules vidéo qui visent à : 1) sensibiliser aux différentes manifestations de VSRI; 2) informer sur le consentement sexuel valide; 3) défaire certaines idées préconçues entourant la sexualité et; 4) mobiliser les adolescents dans une initiative de prévention des VSRI. Cette démarche novatrice a permis de mobiliser plus de 30 adolescent.e.s et des intervenants jeunesse. Ces acteurs.ices ont participé activement à la formulation des messages clés, à l’élaboration des scripts afin de s’assurer de leur pertinence et de leur crédibilité. Au terme de cette démarche, les adolescent.e.s se considèrent davantage sensibilisé.e.s aux VSRI et se perçoivent comme des acteur.ices de changement. En somme, cette démarche innovante considère la voix des adolescent.e.s qui est souvent ignoré.e.s dans le développement des pratiques préventives et mobilise la participation des garçons, sans qui la transformation des normes sociales en matière de VSRI n’est pas possible.
Bloc 4 : Réponses sociales aux violences sexuelles
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Communication orale
Le respect de la dignité des femmes dévoilant une agression sexuelle : perspectives d’intervenantes sociales et communautaires montréalaisesJanie Dolan (Université de Montréal), Kharoll-Ann Souffrant (Université McGill)
En travail social, le respect de la dignité des individus, des familles et des collectivités est un concept phare placé au premier plan des codes déontologiques aux niveaux national et international. Or, peu de recherches existent sur la manière dont la dignité est actualisée en intervention auprès des femmes ayant été agressées sexuellement. De quelle façon les intervenants définissent-ils des interventions dignes? De quelle manière ces interventions se matérialisent-elles? Quels sont les enjeux (facilitateurs et obstacles) perçus dans la mise en place de telles interventions? Quelles sont les recommandations à faire afin de respecter la dignité des femmes qui dévoilent avoir vécu une agression sexuelle, et ce, indépendamment du contexte du dévoilement? Afin de répondre à ces interrogations, une dizaine d’intervenantes sociales montréalaises des milieux institutionnel, communautaire et/ou de la pratique privée ont été rencontrées au courant de l’automne 2018. Elles ont eu à adopter une pratique réflexive sur leurs propres interventions et les impacts (positifs et négatifs) de celles-ci pour la clientèle visée. Puis, elles ont énoncé des recommandations afin de favoriser une meilleure collaboration avec les divers partenaires avec lesquelles elles sont appelées à travailler. Cette recherche qui a été soutenue par le CRSH et le FRQSC dans le cadre de mes études de maîtrise.
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Communication orale
Rendre justice aux victimes de violences à caractère sexuel par-delà le système de justice pénale : quelques éléments pour discuter d’une lutte féministeLaurence Ingenito (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Cette communication abordera les résultats d’une étude empirique sur la signification du sentiment de justice menée auprès des femmes racisées ou immigrantes vivant à Montréal et ayant vécu des violences à caractère sexuel (VCS) ainsi que leurs intervenantes. Nous remettons en question l’omniprésence du système de justice pénale comme mécanisme d’accès au sentiment de justice et aborde les bienfaits de la valorisation d’une multitude d’approches en justice pour les victimes. Ancrée dans une approche féministe intersectionnelle et critique de l’État (Davis, 1988 ; Bumiller, 1987, 2008; McGlynn, 2011; INC!TE, 2006), cette communication soutient que les réformes du système de justice ne peuvent pas constituer la stratégie ultime de l’agenda féministe comme réponse aux VCS. En plus, celles-ci ne répondent pas à la majorité des besoins des victimes en termes de justice. Les biais de la justice étatique telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui ont tendance à marginaliser les femmes les plus vulnérables face aux VCS. Je propose donc de recentrer la réponse sociale face aux violences sexuelles autour de la réparation pour les victimes, de l’augmentation du pouvoir des femmes les plus vulnérables dans la société et de la responsabilisation des institutions relevant de l’État à assurer des conditions de vie, d’éducation et de travail qui soient exempts de violences à caractères sexuels, racistes, colonialiste et économique.
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Communication orale
Les médias canadiens et la violence à caractère sexuel commise par des athlètes masculinsKim Dubé (Université d’Ottawa)
Cette recherche a pour objectif de comprendre comment les médias canadiens représentent la violence sexuelle commise par des athlètes masculins envers les femmes. Sous l’angle de l’analyse critique et féministe du discours, cette recherche vise à déterminer la façon dont les relations entre les genres sont représentées dans les médias portant sur l’agression sexuelle ainsi que la représentation des victimes/agresseurs par lesdits médias. Elle tente également à comprendre les mesures dans lesquelles les caractéristiques sociales de l’agresseur et de la victime jouent un rôle dans les médias sur les agressions sexuelles. Enfin, cette recherche vise à comprendre comment les agressions sexuelles commises par des athlètes masculins, représentés dans les médias, imitent les mythes de la société à l’égard de la violence sexuelle. Les résultats préliminaires indiquent que les médias parlent rarement des victimes et que s’ils le font, c’est pour remettre en question la réputation de la victime. D'autre part, les médias se concentrent principalement à louer les prouesses sportives des agresseurs, leur réputation de bon garçon ou la manière dont les accusations présumées peuvent affecter leur carrière. La recherche servira en tant qu’outils pour les médias lors de la couverture médiatique d’agressions sexuelles, à sensibiliser les gens sur la façon dont les médias parlent des agressions sexuelles et à prévenir la revictimisation des survivantes d’agressions sexuelles par les médias.
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Communication orale
Démarche partenariale visant la production et la diffusion d’un outil de prévention de la violence sexuelle dans une communauté de jeu de rôle au QuébecIsabelle Côté (Université Laurentienne de Sudbury), Alexis Hieu Truong (Université d’Ottawa)
Au Québec, plus d’une centaine d’évènements sont organisés chaque année par la communauté de jeux de rôles « Grandeur nature » (GN). Ce type d’évènement s’organise autour d’univers fictifs souvent médiévaux ou fantastiques où les participant-es incarnent différents personnages liés à ces univers de sens. La prévalence de la violence sexuelle demeure difficile à mesurer dans ce type d’évènement et peu d’études sur des pratiques similaires ont jusqu’ici permis d’en saisir l’ampleur. Cependant, une analyse préliminaire de données obtenues à travers des entretiens et de l’observation participante en 2016 et 2017 (Truong et Côté, 2018) nous a permis d’identifier les formes que peuvent prendre la violence sexuelle et le harcèlement dans ces évènements, ainsi que les mécanismes utilisés pour occulter cette violence lorsqu’elle est dénoncée (Romito, 2006; 2018). Afin d’attirer l’attention sur cette problématique, ainsi que pour déconstruire les justifications des agresseurs, nous nous sommes joints à des partenaires de cette communauté afin de produire un outil de prévention s’adressant spécifiquement à celles et ceux qui participent à ces évènements. Nous présenterons la démarche menant à la production de cet outil dans le cadre de cet atelier, ainsi qu’une réflexion sur l’utilisation des médias sociaux dans les processus de transfert des connaissances.
Dîner
Bloc 5 : Pratiques pour contrer les violences faites aux femmes
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Communication orale
Le phénomène du repassage des seins et ses motivationsNérita Douvi (UQO - Université du Québec en Outaouais)
La question des violences faites aux femmes porte sur des violences structurelles, des violences conjugales, des violences exercées par un partenaire intime, des violences à caractères sexuels, des violences dites basées sur l’honneur, etc. Pourtant, les mutilations corporelles sont aussi le lot des pratiques qui portent préjudice aux femmes. Toutefois, certaines pratiques sont encore peu connues ou restent encore discrètes. C’est le cas du repassage des seins. D’après les rares études qui se sont intéressées à cette pratique, elle consiste à freiner le développement des seins des jeunes filles par divers moyens. Le repassage des seins est pratiqué sur les jeunes filles âgées de 8 à 12 ans au début de la croissance de leur poitrine. Il est le plus souvent pratiqué au sein de la sphère familiale par la mère de la jeune fille. Le phénomène est plus observé en Afrique de l’Ouest et en Afrique Centrale surtout au Cameroun où actuellement une fille sur quatre en est victime. L’objectif de cette communication est de faire un portrait de cette pratique en s’intéressant spécifiquement aux motivations telles qu’elles ressortent de la littérature. En cernant cette problématique à partir d’une perspective féministe décoloniale, il ressort que le repassage des seins est une pratique qui s’est construite avec l’évolution des rapports entre les femmes et les hommes. Elle serait au départ esthétique avant de devenir un motif vil de protection des jeunes filles contre le regard des hommes.
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Communication orale
La mutilation génitale féminine/excision (MGF/E) au Québec : pratiques innovantes pour mieux soutenir et protéger les femmes et les filles affectéesJennifer LYS GRENIER (Action travail des femmes)
Les mutilations génitales féminines/Excision (MGF/E) au Québec sont souvent comprises et conceptualisées comme une forme de violence basée sur l'honneur (VBH). Bien que les VBH soient aujourd'hui un peu mieux connues, aucune attention particulière n’avait été consacrée jusqu’à maintenant à comprendre le phénomène des MGF/E tel qu’il est vécu et traité au Québec. En l’occurrence, la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI) a initié un projet visant à : 1) produire un état de situation sur les MGF/E au Québec ; 2) développer une collaboration durable entre les différents secteurs concernés ; 3) soutenir le développement de pratiques nouvelles et prometteuses pour assurer une meilleure collaboration entre les différents secteurs et assurer un meilleur continuum de services pour les femmes ; et 4) améliorer les pratiques destinées aux femmes et aux filles ayant subi ou étant à risque de subir les MGF/E. Cette communication fait état de la démarche, des résultats et des pratiques innovantes qui ont été développées dans le cadre du projet pour répondre aux lacunes informationnelles et structurelles qui inhibent une prise en charge adéquate des cas de MGF/E lorsqu’ils émergent dans les différents secteurs. Ce projet innovant et unique au Canada, est l’occasion d’une mise de place de pratiques concertées, novatrices et adaptées pour répondre à cette problématique complexe, encore largement méconnue et sous-estimée au Québec.
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Communication orale
Étude exploratoire de carrières et pratiques d’engagement de femmes indigènes boliviennes au regard des violences faites aux femmesElizabeth Harper (Université du Québec à Montréal), Sylvie Jochems (Université du Québec à Montréal), Jessica Labrie (UQAM - Université du Québec à Montréal)
En Bolivie, plusieurs organisations de femmes s’engagent dans la lutte contre les violences faites aux femmes. L’étude du processus de l’Assemblée constituante démontre que plutôt que de manifester un désintérêt envers les enjeux de genre, les femmes indigènes se mobilisent face à des enjeux prenant compte de leur double position. À cet effet, je propose d’explorer cet engagement grâce à cette question: quelles sont les carrières et pratiques d'engagement dévoilées dans les récits des femmes indigènes dans le domaine des violences faites aux femmes en Bolivie ? Un séjour en Bolivie m’a permis d’observer diverses pratiques d’engagement et de réaliser sept entretiens auprès de femmes engagées contre la violence. Les données récoltées ont été analysées à partir du dispositif d’analyse proposé par Mathieu (2011). Ces approches m’ont permis de déployer les carrières et les pratiques d’engagement des actrices interrogées en plus d’en dégager les dispositions, les compétences et les difficultés racontées ou observées. Ma posture épistémologique s’inscrit au confluent des perspectives poststructuralistes, féministes postcolonialistes décoloniales et fait appel à deux méthodes de collecte de données: l’observation participante et le récit de vie. Cette approche suggère l’exploration de l’engagement en situation des femmes indigènes boliviennes. La discussion engage une réflexion sur ma posture et l’idée d’indigénéité.
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Communication orale
Lutter contre les violences envers les femmes : les pratiques féministes des centres de femmes de L’ROdile Boisclair (L'R des centres de femmes du Québec), Ksenia Burobina (Université de Montréal)
Cette communication fera état des résultats préliminaires d’une recherche partenariale en cours dont l’objectif est de documenter les pratiques et les compétences au sein des organismes membres de l’R des centres de femmes du Québec dans le travail que ceux-ci font pour lutter contre les violences envers les femmes. Ces résultats proviennent des données d’un sondage effectué auprès d’environ 90 membres du regroupement, qui seront complétées par des données qualitatives issues des groupes de discussion. Les centres membres du regroupement, répartis sur tout le territoire du Québec, sont rassemblés autour d’un projet féministe basé sur le respect des choix des femmes et la solidarité entre elles. Selon leur base d’unité politique, ils adoptent une approche globale qui tient compte de l’ensemble du vécu des femmes. Tous les centres qui ont répondu au sondage ont rapporté que leurs participantes vivent de multiples violences. Les centres sont ainsi emmenés à soutenir ces femmes, souvent en les aidant à prendre conscience des violences, les dépistant de façon formelle ou informelle. Après avoir brièvement dressé un portrait des multiples réalités des centres de femmes qui se dégage des résultats, la communication donnera un aperçu de leurs pratiques dans la lutte contre les violences, ainsi que de quelques compétences qu’ils ont développées dans ce domaine et qui sont documentées par la recherche en cours.