Informations générales
Événement : 87e Congrès de l'Acfas
Type : Domaine
Section : Section 300 - Lettres, arts et sciences humaines
Description :Dans cette session, différentes questions de linguistique sont abordées par l’étude de cas bien ancrés dans leur communauté, de la création lexicale dans les manuels scolaires de tamazight (Algérie) jusqu’à l’usage du il explétif dans le français parlé à Montréal. On examine aussi différentes variables (expertise musicale, cécité, trouble développemental du langage) susceptibles d’influencer l’acquisition des structures de la langue ainsi que le traitement d’un cas particulier dans la construction du lexique, celui du suffixe -ier.
Dates :Programme
Session d’affiches
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Communication par affiche
La compréhension des pronoms réflexifs et transitifs des enfants francophonesEmeryse Emond (UQAM - Université du Québec à Montréal), Rushen Shi (Université du Québec à Montréal)
Parmi les nombreux apprentissages que doit faire l’enfant au cours de son développement langagier, ce dernier doit distinguer des structures grammaticales différentes mais qui semblent similaires en surface. Un exemple d'un tel apprentissage est la forme réflexive (par ex. il se lave) et la forme transitive (par ex. il le lave), dont le sens est différent mais qui sont identiques dans l'ordre des mots. Puisqu’aucune étude en français ne s’est encore intéressée à ces connaissances grammaticales, dans le cadre de cette recherche, nous avons examiné si les jeunes enfants de 30 mois comprennent la différence entre ces deux structures. Un logiciel a présenté deux images côte à côte, une montrant une scène transitive et l’autre réfléchie, et cela tout en présentant un discours préenregistré décrivant l’une des deux scènes (par ex., il se lave). Les données ont été recueillies avec un système de suivi oculaire (eye-tracker). Les résultats (36 enfants) indiquent que lorsque les enfants ont entendu la phrase, ils ont regardé l’image cible significativement plus que le hasard et qu’avant la phrase, ce qui démontre que les enfants comprennent la différence entre pronoms réflexifs et transitifs.
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Communication par affiche
La connaissance grammaticale et l’effet du traitement chez les enfants de 30 moisEmeryse Emond (UQAM - Université du Québec à Montréal), Camille Legrand (Université du Québec à Montréal), Rushen Shi (Université du Québec à Montréal)
Lorsque les adultes utilisent le langage, la connaissance grammaticale et l’effet du traitement peuvent tous les deux influencer la performance. Par exemple, sous certaines conditions, les adultes peuvent occasionnellement produire des dans leur langue maternelle (par ex. « les élèves du professeur est … » plutôt que « les élèves du professeur sont … »). Ces erreurs sont dues à l’interférence des éléments qui s’interposent plutôt qu’à un manque de connaissances grammaticales. Certaines études (Melançon & Shi, 2014, 2016) montrent que les nourrissons de 24 mois ont une connaissance de l’accord de genre entre le nom-sujet ainsi que le pronom-sujet (par ex. «les N, Pron V… »), et ce, même lorsque les deux sont séparés par un nom non-familier (par ex. «les N en congé, Pron V … »). Dans la présente étude, nous avons examiné l’effet d’un nom familier qui interfère. Dans une procédure de préférence visuelle, des phrases ont été présentées à des enfants francophones de 30 mois. Certaines de ces phrases étaient d’accord grammatical (par ex. « La banane dans le chapeau, elle V… ») alors que d’autres étaient d’accord non-grammatical (par ex. « La banane dans le chapeau, il V… »). Les résultats démontrent que la connaissance grammaticale et l’effet du traitement ont tous les deux influencé les réponses des enfants.
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Communication par affiche
Distinction de locuteurs dans une langue étrangère chez des nourrissons et des adultesMathieu Grenier (UQAM - Université du Québec à Montréal), Rushen Shi (Université du Québec à Montréal)
Il a déjà été démontré que les nourrissons de 7 à 8 mois sont capables de faire la distinction entre deux locuteurs dans leur langue maternelle, mais pas dans une langue étrangère. Ces résultats suggèrent que c’est l’expérience d’une langue qui détermine cette capacité et non les propriétés accoustiques de la parole. Toutefois, les stimuli sonores utilisés dans de telles études sont des voix dites destinées aux adultes. Il a été démontré que les nourrissons sont significativement plus attentifs aux voix dites destinées aux nourrissons. Cette étude a donc tenté de vérifier si un groupe de 40 bébés ayant entre 4 et 13 mois pouvaient associer des voix de mères suisses-allemandes à des personnages en dessin-animés. Pour ce faire, une procédure de la préférence du regard a été utilisée. La mesure était le temps de fixation de chaque personnage à chaque essai. Pour chaque groupe, les analyses statistiques ont montré que les nourrissons ne performaient pas mieux que la chance pour identifier les locuteurs. Suite à ces résultats, un groupe de 40 adultes a été testé avec les mêmes stimuli pour vérifier si la faisabilité de la tâche. Les analyses montrent que la moyenne des adultes était significativement différente du hasard. Pour l’instant, ces résultats suggèrent que l’utilisation de voix destinées aux nourrissons plutôt que des voix destinées aux adultes ne semble pas être un élément assez saillant pour que les groupes de nourrissons puissent réussir à identifier les locuteurs.
Questions de linguistique
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Communication orale
Alger années 90: Un bilinguisme précoce.Nacima Benfardjallah (Université de Franche-Comté, Besançon, France)
Professeure de français en Lycée, nous avons constaté que les jeunes Algériens, même au terme d’une longue scolarité, avaient du mal à débattre en français. A partir de ce constat, nous préparons une thèse portant sur la Compétence à l’oral en français de jeunes algérois pour ainsi dégager une vraie pédagogie de l’oral dans la formation universitaire des professeurs de français.
Notre recherche, intitulée « Usage, Formes et Représentations du français chez de jeunes algérois de 15 à 25 ans. », repose sur un échantillon de 132 locuteurs et comporte 4 enquêtes de terrain, fondées sur l’Ethnographie de la communication de HYMES. Ici, nous ne nous référons qu’au 1er volet de notre recherche, soit le questionnaire ethnolangagier.
Celui-ci a révélé que le français faisait presque « jeu égal » avec le kabyle, comme langue 1ère acquise dès le plus jeune âge.
Cette communication analyse les facteurs majeurs qui ont pu inciter des parents algérois, dans les années 90, à faire acquérir le français à leurs enfants dès leur plus jeune âge, instaurant ainsi un bilinguisme précoce.
L’ultime objet de cet exposé est de démontrer qu’un phénomène relatif à l’usage et à la transmission d’une langue en contexte plurilingue doit être étudié, suivant en cela l’ethnographie de la communication, en se référant à l’ensemble des paramètres, passés et présents, constitutifs de la communauté langagière et de la société dans laquelle elle se situe.
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Communication orale
La place de la création lexicale dans les manuels scolaires de tamazight en Algérie. Domaines et procédés de créationArezki Aoudia (Université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou)
Le manuel scolaire est un outil de mise en œuvre des programmes d’enseignement. Parmi ses fonctions, on retient les aspects didactiques et pédagogiques, accompagnés des dimensions théoriques et pragmatiques dont l’objectif est le développement des connaissances linguistiques, culturelles, interculturelles et l’acquisition du savoir. En Algérie, l’introduction de l’enseignement de tamazight s’est faite d’une manière facultative dans le système éducatif depuis 1995. Les enseignants de tamazight n’avaient aucun support pédagogique, à part tajeṛṛumt et l’amawal de Mammeri. Par la suite, le manuel scolaire de tamazight a vu le jour en 1998, ces dernières années il touche tous les niveaux d’enseignement. Au début, la terminologie scolaire utilisée dans ces manuels est puisée en sa majorité dans les deux ouvrages : tajeṛṛumt de Mammeri, le lexique scolaire de l’I.R.C.A.M. Cette terminologie reste insuffisante pour les besoins pédagogiques et didactiques et c’est ce qui a motivé la voie de la création lexicale (la dérivation et la composition) que nous abordons dans le détail dans l’analyse des données. Dans ce papier, nous analysons l’ensemble de la terminologie utilisée dans les textes support et les unités d’enseignement telles que : la grammaire, l’orthographe et l’expression écrite des différents manuels scolaires de tamazight, en abordant l’étymologie ou d’où parviennent ces termes, les procédés (morphologiques et sémantiques), et les domaines de création de cette terminologie.
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Communication orale
Expertise musicale et reconnaissance tonaleIsabelle Boyer (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Zatorre et Gandour (2008) montrent que le traitement des variations de pitch dans la langue est latéralisé dans l'hémisphère droit du cerveau chez les locuteurs de langues non-tonales (LNT, ex. français, anglais), et dans le gauche chez les locuteurs de langues tonales (ex. chinois). Avec les théories de Patel (2003, 2011) sur les liens musique-langage, on peut se demander si l’expertise musicale influence la capacité à percevoir les variations de pitch du mandarin chez les locuteurs de LNT. Plusieurs études appuient cette hypothèse (Marie et al., 2011; etc.) mais négligent 2 aspects: le temps de réaction et le traitement sémantique par les sujets chinois. Ces études utilisent la syllabe comme support pour les tons. Or, toute syllabe C+V+ton pouvant avoir un sens en mandarin, les sujets chinois risquent d’être plus lents et de faire plus d’erreurs, parce qu’ils tenteraient d’extraire un sens de chaque stimulus.
Pour cette étude, nos sujets (musiciens, non-musiciens, chinois) ont effectué une tâche pareil/différent, consistant en 28 paires de suites de 4 tons purs (i.e. sans support C+V) du mandarin. Nos résultats montrent que les musiciens et les chinois ont en moyenne un nombre de bonnes réponses et un temps de réaction similaires, alors que les non-musiciens ont moins bien performé. Ces résultats corroborent les conclusions de la littérature existante à ce sujet. Effectuer l’étude avec plus de stimuli et plus de participants pourrait offrir des résultats plus significatifs.
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Communication orale
Phénomène de convergence phonétique chez les aveugles congénitaux locuteurs du français québécoisAmanda Fleming (UQAM - Université du Québec à Montréal), Lucie Ménard (UQAM)
Le projet de recherche vise essentiellement à vérifier si l’effet de convergence phonétique est présent chez les aveugles congénitaux locuteurs du français québécois. Il est généralement admis que la parole est multimodale, c’est-à-dire que l’on encode en mémoire des informations auditives, visuelles et somatosensorielles, mais est-il possible que le fait d’avoir toujours été privés d'informations visuelles est un impact sur la convergence phonétique chez les aveugles congénitaux? Aucune information concernant la possible relation entre l’effet de convergence et la manière dont les locuteurs sont exposés à l'information ou sur la convergence phonétique chez les aveugles n’a été trouvée à travers les recherches effectuées. Pour répondre à ce questionnement, des sujets voyants et non-voyants ont effectués une tâche de répétition à la suite de deux modèles avec chacun une variété de français différente. Ces répétitions ont été présentées à des juges naïfs locuteurs du français québécois pour un test de perception, à savoir si les productions ressemblaient davantage à la variété de français québécois ou de français européen afin de vérifier si l’effet de convergence est présent ou non chez les aveugles. L'analyse des résultats révèlent que l'effet de convergence est présent chez les aveugles congénitaux.
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Communication orale
L’expression de la conséquence en français québécois formel et semi-formelDavy Bigot (Université Concordia), Catherine Turcotte (Université Concordia), Anne-José Villeneuve (University of Alberta)
Dans les 40 dernières années, l’alternance entre les marqueurs de conséquence (ça) fait que/donc/alors a fait l’objet de nombreuses études basées sur des corpus de français laurentien (entre autres Dessureault-Dober 1974, Thibault et Daveluy 1989, Mougeon et Beniak 1991, Blondeau et al. 2018). Néanmoins, aucune ne s’est penchée sur ces marqueurs en discours plus soutenu.
Dans cette communication, nous présentons une analyse variationniste évaluant l’impact du degré de formalité sur les marqueurs de conséquences. Les données proviennent d’entrevues avec 32 personnalités publiques québécoises, diffusées dans le cadre de deux émissions télévisuelles. Les résultats montrent que la distribution des formes en discours plus soutenu se distingue des tendances relevées dans les études antérieures: les trois formes sont employées dans des proportions égales dans les entrevues semi-formelles (N=341), mais (ça) fait que, connecteur majoritaire dans les vernaculaires québécois, est très peu employé par les locuteurs qui sont vouvoyés. De plus, l’analyse comparative de 8 locuteurs ayant participé aux deux émissions révèle une différence significative entre les contextes, en particulier chez deux hommes qui emploient alors comme marqueur de formalité.
En mesurant l’influence de la formalité sur les productions réelles des locuteurs, la présente étude sociolinguistique offre des pistes didactiques pertinentes pour l’enseignement du français en contexte nord-américain.
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Communication orale
L’usage variable du il explétif : une étude du français parlé à Montréal.Claire Djuikui Dountsop (UdeM - Université de Montréal)
Dans cette communication, nous analysons la variation liée à l’emploi du il explétif non argumental (Auger 1994, Rizzi 1986) avec les verbes falloir, sembler et rester en français montréalais. À l’oral, cette variation se manifeste par l’alternance observée dans les énoncés (1) et (2).
(1) Il faut qu’elle fasse sonner le cadran à huit heures. (Loc. 34, Montréal 84)
(2) Ø faut que tu les connaisses pour conter des histoires. (Loc. 44, Montréal 84)
L’usage variable de il n’a pas encore fait l’objet d’une étude variationniste à Montréal, d’où l’importance de notre étude. En plus d’une étude préliminaire qui a révélé un changement vers l’omission à Orléans (Widera 2017), les études antérieures sur les structures impersonnelles sans sujet (Culbertson 2010, Zimmerman et Kaiser 2013, Culbertson et Legendre 2014) nous ont permis d’identifier les contraintes linguistiques pouvant influencer l’utilisation de il.
Les données analysées proviennent du corpus Montréal 84 (Thibault & Vincent 1990) et notre analyse s’appuie sur 3041 occurrences, soit 1080 présences et 1961 absences. Chaque occurrence a été codifiée pour des facteurs linguistiques (identité lexicale, temps verbal, type de complément) et sociaux (sexe, âge, classe socioéconomique) et analysée grâce au logiciel GoldVarb.
L’omission de il est importante (65%) à Montréal et favorisée par les verbes à forte fréquence. On assiste à un changement en cours mené par les femmes de la classe moyenne, mais plutôt vers la réalisation de il.
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Communication orale
L'acquisition typique et atypique de la quantification en français québécois: mise à jour des fondements linguistiquesCatherine Chevalier (UdeM - Université de Montréal)
Une vaste étude interlinguistique a récemment établi que les quantificateurs étaient acquis selon des patrons universels (Katsos et al., 2016). Il semble également que l’acquisition de la quantification soit basée sur des éléments purement linguistiques plutôt que sur des compétences cognitives non verbales ou sur la cognition sociale (Katsos et al., 2011). Ainsi, l’évaluation des habiletés réceptives et expressives de la quantification s’avérerait un indice fort révélateur de la présence d’un trouble développemental du langage (TDL).
Bien que les quantificateurs soient acquis selon des étapes universelles, la trajectoire développementale de la quantification en contexte de phrases varierait en fonction de facteurs syntaxiques, sémantiques et pragmatiques (Labelle et Valois, 2003; Philip, 1995; Noveck, 2001). La maîtrise de la quantification serait non seulement soumise à la compréhension du concept du quantificateur, mais également à différents facteurs linguistiques, auxquels nous proposons d’intégrer des facteurs dialectaux (Bélanger, 2003). Cette communication vise à présenter les procédés linguistiques influençant l’acquisition typique et atypique de la quantification en français québécois. Cette mise à jour permettra ultérieurement, nous l’espérons, de procéder expérimentalement à l'identification de critères diagnostiques linguistiques du TDL basés sur la quantification.
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Communication orale
Les suffixes présentant une alternance en genre: un traitement unifié ou un traitement polysémique pour le cas de -IER?Bianca Martin (UdeS - Université de Sherbrooke)
Les dictionnaires destinés au grand public effectuent un traitement minimal des suffixes, éléments majeurs de la construction du lexique. Porteurs d’un sens abstrait et éléments non-autonomes, ils méritent un traitement systématique. Le suffixe -IER présente plusieurs caractéristiques intéressantes : il possède une alternance en genre et crée des mots qui appartiennent à différentes classes grammaticales. Ils forment des noms d’agents et des adjectifs qui varient en genre et des noms d’objets qui ne devraient pas connaître d’alternance en genre (bien qu'il existe des contre-exemples). Les études antérieures qui traient de ces suffixes ne se penchent pas sur la flexion en genre qui soulève pourtant d’importantes questions : entre autres, certains mots qui ne devraient pas connaître une variation en genre en possèdent une et certains sens sont associés à plus d’un genre. Il est donc pertinent de se pencher sur la représentation unifiée du suffixe -IER en considérant le genre, rappelant ainsi les travaux effectués par Corbin et Corbin (1991). Toutefois, nous allons également montrer pourquoi un traitement polysémique doit néanmoins préférable au traitement unifié en prenant en compte les différences sémantiques entre les lexèmes construits et un critère statistique.