Informations générales
Événement : 87e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 100 - Sciences de la santé
Description :Le phénomène du vieillissement de la population est bien documenté, tout comme ses répercussions sur l’organisation actuelle et future des services aux personnes âgées. En effet, le besoin des personnes âgées de demeurer à domicile le plus longtemps possible, combiné à la diversité et à l’évolution des profils de santé, impose des défis cliniques et organisationnels d’envergure. Dès lors, plusieurs questions doivent être discutées à des fins de planification et de fourniture de soins et de services : est-ce que les pratiques actuelles considèrent suffisamment l’autonomie pour que les personnes âgées soient en mesure de demeurer à domicile? Est-ce qu’on tient suffisamment en compte le « bien vieillir » et ses conséquences en termes d’approche préventive? Comment concilier le besoin d’autonomie des personnes âgées et le soutien requis pour la préserver, voire la renforcer? Le concept d’autonomie est central dans la relation de soins aux personnes âgées (praticiens et proches aidants), mais la manière de concevoir et de soutenir celle-ci est plutôt restrictive. Une voie prometteuse serait de mieux concilier deux aspects de l’autonomie pouvant apparaître comme étant contradictoires : l’autonomie décisionnelle (indépendance) et l’autonomie relationnelle (interdépendance) (Entwisler et al., 2010). L’avancement des connaissances sur les pratiques innovantes en matière d’autonomie (pleine conscience, réalité virtuelle, gérontotechnologie) peut aussi contribuer à répondre aux questions de fond entourant l’enjeu de l’autonomie des personnes âgées, de manière préventive et tout au long des étapes du vieillissement. La dimension éthique de l’autonomie sera également discutée en lien avec d’autres valeurs comme la protection, la dignité et la solidarité.
Date :- Guilhème Pérodeau (UQO - Université du Québec en Outaouais)
- Line Leblanc (UQO - Université du Québec en Outaouais)
- Hélène Forget (UQO - Université du Québec en Outaouais)
- Judith Daoust (CISSS de l'Outaouais)
Programme
Mots de bienvenue et état des connaissances
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Communication orale
Quand dire l’interdépendance c’est faire l’autonomie : repenser les possibles du vieillissementMartine Lagacé (Université d’Ottawa)
La vieillesse n’est pas un absolu, elle est ancrée dans les rapports que la personne aînée entretient avec autrui et qu’autrui nourrit avec cette dernière. En outre, le regard social posé sur le processus du vieillissement exerce une influence importante sur la qualité de tels rapports. Or, dans les sociétés occidentales, ce regard est ambivalent, voire négatif et ouvre la voie à des stéréotypes âgistes. Parmi ces stéréotypes, s’inscrivent ceux de la fragilité, de l’incapacité à exercer un pouvoir de dire et d’agir; de tels stéréotypes contribuent à contraindre le rapport à l’aîné dans un mode asymétrique et hiérarchique, masquant les capacités, voire l’autonomie de cet aîné. L’objectif de cette présentation est une réflexion conceptuelle et théorique sur le sens de l’autonomie dans le processus du vieillissement; il sera particulièrement question des éléments qui contribuent à freiner cette autonomie, dont l’âgisme, tout autant que ceux qui contribuent à la faciliter, soit les liens d’aide et d’entraide, inter et intra générationnels.
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Communication orale
La dimension relationnelle de l’autonomie : quand le respect et le soutien s’harmonisent…Line Leblanc (UQO - Université du Québec en Outaouais)
Le respect de l’autonomie des personnes âgées qui reçoivent des soins et des services est surtout centré sur les dimensions décisionnelle et fonctionnelle. Cette conceptualisation de l’autonomie comporte toutefois des limites, puisqu’elle met surtout l’accent sur l’indépendance et les capacités à accomplir les décisions prises. Or, l’interdépendance est aussi à poursuivre en matière d’autonomie. Entwistle et coll. (2010) proposent la notion d’autonomie relationnelle qui centre son attention sur le soutien sans négliger le respect de la volonté des personnes qui reçoivent des soins et des services. Cette centration sur la relation entre les professionnels et les personnes âgées permet de promouvoir le principe d’autonomie avec nuances et sensibilité au contexte.
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Communication orale
Définition opérationnelle de la santé cognitive positive des personnes âgéesYuliya Bodryzlova (UdeM - Université de Montréal), Émmanuelle Bélanger (Université de Montréal), Grégory Moullec (Université de Montréal)
Introduction. Il est important de renforcer la santé cognitive positive (SCP) des personnes âgées pour diminuer le risque des démences. Néanmoins, il n’y a pas de consensus sur les cadres conceptuels de la SCP.
Objectif. Faire une synthèse des cadres conceptuels de la SCP.
Méthodes. Recension systématique des modèles de santé positive.
Résultats. Sept modèles ont été trouvés, basés sur les facteurs individuels ou environnementaux. Nous proposons un modèle liant ces facteurs individuels et environnementaux par les pratiques de la vie quotidienne et par le soutien social.
Conclusion. Une définition opérationnelle de la SCP pourrait guider les interventions en promotion de la santé.
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Communication orale
Vieillir rime avec s’ouvrir… en pleine conscienceGuilhème Pérodeau (UQO - Université du Québec en Outaouais)
Aujourd’hui, les baby-boomers ont entre 54 et 73 ans. Ils représentaient plus du quart de la population en 2011 selon Statistique Canada. Cette entrée dans les années de maturité d’un si large groupe de personnes, à risque de perte graduelle d’autonomie, préoccupent les décideurs. Les boomers, quant à eux, ont également des appréhensions quant à l’accueil qui leur sera réservé au seuil de la vieillesse.
L’âgisme, c’est-à-dire des préjugés basés sur l’âge de la personne, a remplacé le respect autrefois rendu aux aînés traditionnellement membres à part entière de leur collectivité. Honorés et consultés dans les prises de décision importantes, leur sagesse reposait sur l’expérience de vie et les liens qui nous relient tous, peu importe l’âge.
C’est en cultivant cette connaissance intime de soi et de l’autre que, à l’instar des anciens pleinement intégrés et respectés dans la société, la personne vieillissante maintiendra une autonomie qui passerait aussi par l’interdépendance.
La pratique de la pleine conscience, centrée sur l’expérience du moment présent, dans une posture de non-jugement et sans attente, amène la personne à s’accueillir dans sa vulnérabilité et ses besoins et à s’ouvrir à l’expérience de l’autre. Être autonome et interdépendant à la fois, signifie demander et accepter de l’aide tout en apportant soutien et confort en retour.
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Communication orale
Initiative Ville-amie des aînés : Un véhicule pour favoriser l’autonomisation des personnes âgées et le vivre ensemble.Louise Plouffe (Conseil sur le vieillissement d'Ottawa)
Lancée en 2007 par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’initiative Ville-amie des aînés se veut l’application concrète du cadre d’orientation de politiques « Vieillir en restant actif », autant en ce qui a trait à la mise en œuvre qu’aux résultats visés. « Vieillir en restant actif» procède de la reconnaissance des droits de la personnes âgée qui se traduit en objectifs et en stratégies fondés non pas sur leurs besoins, mais sur les droits des personnes âgées à l’égalité de traitement et de possibilités dans tous les domaines de la vie (OMS, 2002). L’identification des obstacles à la pleine participation dans la communauté ainsi que l’identification des priorités reflètent d’abord et avant tout la perspective des personnes âgées du milieu. La planification des stratégies exige aussi l’engagement à part entière de personnes âgées, souvent en collaboration avec d’autres groupes d’intérêts dans la communauté, ce qui produit parfois des solutions novatrices et des bienfaits pour les personnes de tout âge. Néanmoins, le maintien du focus de l’initiative Ville-amie des aînés sur la personne âgée est jugé aussi important pour sa pérennité que les retombées « gagnant-gagnant » afin de préserver son fondement identitaire ainsi que l’engagement de cette population en pleine croissance.
Pratiques innovantes et panel de discussion
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Communication orale
Des services novateurs et une approche pour favoriser l’autonomie des proches aidants et des personnes atteintes vivant avec un trouble neuro cognitif majeur.Mélanie Marcotte (Société Alzheimer Outaouais)
L’approche centrée sur la personne, utilisée par la Société Alzheimer Outaouais depuis 1985, est une approche unique et novatrice pour favoriser l’autonomie des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ou autre trouble neurocognitif majeur. En effet, cette approche humaniste valorise le potentiel résiduel de la personne atteinte.
L’approche centrée sur la personne se concentre sur la personne et non sur sa maladie et sur ses forces et capacités plutôt que ses faiblesses.
La relation aidant-aidé, qui se définie entre les personnes impliquées, est évolutive et le proche aidant peut rapidement s’épuiser. Avec l’approche proposée, la relation se dessine différemment et l’accompagnement offert peut mener à de belles découvertes de part et d’autre.
Cette approche, qui est utilisée dans toutes les Sociétés Alzheimer, se traduit dans les services et dans l’accompagnement que les Sociétés offrent aux familles. Le coaching proposé aux proches aidants fait en sorte que l’autonomie de la personne atteinte est maintenue plus longtemps.
Des services novateurs et l’approche privilégiée vous seront exposés tout comme un partage des expériences vécues par les proches aidants qui ont adopté l’approche centrée sur la personne.
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Communication orale
Pleine conscience : un moyen parmi d’autres d’aider les personnes à risque de développer la maladie d’Alzheimer ainsi que leurs proches aidantsCarol Hudon (Université Laval)
En 2015, pour la première fois dans l’histoire du Canada, les personnes âgées de 65 ans et plus sont devenus plus nombreuses que les enfants de moins de 14 ans. Ce vieillissement démographique fait en sorte que le nombre de cas de maladie d’Alzheimer est en très forte croissance. Hormis ses effets dévastateurs pour la personne atteinte, la maladie d’Alzheimer occasionne une détresse psychologique chez la plupart des proches aidants. Devant l’absence de médicaments pour ralentir ou freiner l’évolution de la maladie, de nombreux chercheurs se sont tournés vers le développement de traitements non pharmacologiques. Les interventions basées sur la pleine conscience (IBPC) font partie des traitements prometteurs. En effet, la capacité des IBPC d’améliorer la santé psychologique par l’entraînement de l’acceptation et la surveillance attentive est soutenue par une vaste littérature. Lors de cette conférence, des résultats seront présentés sur l’effet d’une IBPC sur la santé psychologique de personnes à risque de développer la maladie d’Alzheimer. Les effets bénéfiques potentiels sur la santé psychologique des proches aidants seront également abordés.
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Communication orale
Maintien à domicile des personnes âgées via les nouvelles technologies : un projet pilote en partenariat avec le système de santéNathalie Bier (UdeM - Université de Montréal)
Les environnements intelligents appliqués à la santé présentent un potentiel considérable pour soutenir les intervenants en soutien à domicile. Toutefois, encore peu de données scientifiques permettent de déterminer leur efficacité et leur potentiel dans le système de santé publique québécois. Cette présentation fera un survol des données probantes sur les environnements intelligents appliqués à la santé et présentera le projet SAPA technologie. Ce projet, une initiative du CIUSSS Centre-Sud de l’île de Montréal et du Centre de recherche de l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal, explore actuellement ce type de technologie pour soutenir la prise de décision clinique en matière de services à domicile. Les résultats du projet pilote seront présentés, suivi d’une réflexion sur les suites du projet et les avenues futures pour le système de santé.
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Communication orale
Favoriser la participation sociale des Québécois vieillissants: vers des pratiques innovantes permettant de concilier autonomie et interdépendance ?Mélanie Levasseur (UdeS - Université de Sherbrooke)
Pour favoriser un vieillissement actif et en santé des aînés individuellement ou collectivement, il importe de favoriser la participation sociale des Québécois vieillissants. La participation sociale se définit par l’implication d’une personne dans des activités qui lui procurent des interactions avec d’autres dans la communauté. Il existe plusieurs pratiques innovantes visant à promouvoir la participation sociale, mais on connaît peu comment ces pratiques permettent de concilier autonomie et interdépendance. Lors de la présentation, un continuum d’interventions visant à favoriser la participation sociale sera d’abord exposé. Ces pratiques seront ensuite explorées afin de mettre en évidence leur conciliation envers l’autonomie et l’interdépendance.