La recherche collaborative est aujourd’hui incontournable pour tous les acteurs de la recherche qui travaillent en milieux autochtones (étudiants, professeurs, intervenants, responsables politiques et administratifs, autochtones comme allochtones).
Alors que la collaboration n’est pas nouvelle entre ces acteurs, elle s’est nourrie dans les dernières décennies des réflexions et des propositions des Autochtones dans la perspective de décoloniser le milieu universitaire. Les critiques autochtones réclament l’intégration de leurs perspectives, de leurs attentes et de leurs compétences à toutes les étapes des projets de recherche.
Cette intégration se reflète dans la rhétorique collaborative des protocoles éthiques établis par les organismes autochtones et universitaires. S’ils permettent de baliser les lignes directrices de la recherche, ces protocoles ne peuvent toutefois devenir signifiants et applicables qu’à partir des relations établies entre les différents acteurs de la recherche dans les contextes particuliers de leur travail. L’articulation concrète des protocoles éthiques révèle des (re)configurations collaboratives spécifiques et originales. Cette diversité d’acteurs, de relations et de contextes constitue de nouveaux défis dans la prise en compte des préoccupations locales et universitaires.
Par la présentation de projets multidisciplinaires en milieux autochtones, nous proposons d’examiner cette diversité à la lumière des moyens accessibles aux acteurs de la collaboration (outils méthodologiques et théoriques, ressources humaines, financières, logistiques, etc.). Quelles sont les stratégies de collaboration employées par les différents acteurs de la recherche? À quels impératifs, parfois opposés, doivent-ils répondre? Comment négocient-ils leurs propres libertés d’action et de pensée?