Informations générales
Événement : 85e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Enjeux de la recherche
Description :Le partage des connaissances acquises est une partie intégrante du travail de tout chercheur, voire une responsabilité. Cette diffusion du savoir passe invariablement par la publication et la participation à des conférences. À cette ère numérique et mondiale, la connaissance de l’anglais, considéré comme la lingua franca du monde universitaire, est plus que jamais nécessaire, mettant fréquemment les chercheurs devant un choix déchirant, soit celui de publier en anglais ou en français.
Si la publication savante en anglais compte des avantages, dont celui de rejoindre un plus vaste lectorat à l’international, elle présente aussi des inconvénients. Elle peut notamment entrer en conflit avec les attentes de l’auditoire universitaire auquel un chercheur appartient ou encore les attentes de son auditoire local, qu’il s’agisse du grand public ou des institutions décisionnelles qui pourraient bénéficier des recherches en question. Ainsi, plusieurs chercheurs résistent à cette hégémonie linguistique, une décision qui vient avec son lot de défis.
Nous proposons une réflexion sur les enjeux que représente l’usage du français dans la communication savante. En mettant en commun les connaissances d’experts d’horizons divers et complémentaires (à travers les disciplines, les degrés d’expérience et les institutions anglophones et francophones), nous permettrons aux chercheurs de mieux mesurer les conséquences de leurs choix linguistiques, mais aussi de réfléchir aux façons d’aborder cette réalité à toutes les étapes de la production du savoir.
Le colloque sera formé d’un panel d’experts suivi d’une table ronde. Dans un premier temps, nous inviterons des chercheurs à se prononcer sur le statut du français dans la diffusion du savoir. Que savons-nous de l’état de la communication savante dans la francophonie? Quelles sont les principales implications de publier en français? Dans un second temps, une table ronde réunira des chercheurs variés, tant émergents qu’établis, de provenances diverses et d’institutions anglophones et francophones, de même que des éditeurs diffusant la recherche en français. En ouvrant un dialogue, ce partage d’expériences permettra de réfléchir aux façons dont la publication en français, à l’ère de l’anglicisation, se traduit dans la pratique.
Ce colloque vise plusieurs objectifs : ouvrir un dialogue critique sur l’état de la diffusion du savoir en français; explorer comment certains facteurs, tels la trajectoire d’un chercheur, le champ d’études et l’institution d’attache influencent la décision d’un chercheur ou d’un éditeur de diffuser le savoir acquis en français; mieux comprendre ce qui est impliqué dans la recherche multilingue en partageant des expériences individuelles et en réfléchissant aux implications plus générales de ces exemples; finalement, identifier des moyens d’offrir davantage de support aux chercheurs désirant diffuser leur savoir dans la langue française.
- Yvonne Hung (Université McGill)
- Mariève Isabel (Université McGill)
Programme
Panel d’experts
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Communication orale
La diffusion des connaissances en français à l’ère du numériqueVincent Larivière (UdeM - Université de Montréal)
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Communication orale
Érudit.org : une plateforme de production, de diffusion et de recherche au service de la communauté savante francophoneÉmilie Paquin (Chercheure indépendante)
Fondée en 1998 dans l’objectif de faciliter le virage numérique des revues québécoises, la plateforme québécoise Érudit diffuse aujourd’hui plus de 150 revues savantes culturelles et bilingues. Grâce à des ententes signées avec les principales bases de données et outils de découverte utilisés par les bibliothèques au pays et à l’étranger, Érudit accroit considérablement le rayonnement national et international des résultats de la recherche publiés en français. Grâce au corpus structuré (XML) ainsi constitué depuis près de 20 ans, Érudit développe aujourd’hui des services de pointe pour l’analyse et la visualisation de vastes corpus de documents numériques courants et patrimoniaux.
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Communication orale
Se faire comprendre dans son partage des savoirs en francais : quels outils utiliser?Deogratias Nizonkiza (North-West University)
Communiquer ses savoirs et les partager avec le reste du monde est devenu une nécessité absolue suite à la mondialisation et ses conséquences. Avec la technologie qui s’est développée à pas de géant au cours de ces dernières années, communiquer ses savoirs avec le reste du monde ne semble causer aucun problème. Par contre, cette communication à caractère international est pour le moment dominée par l’anglais qui s’est imposée comme langue de communication internationale (cf. Jenkins, 2000; McKay, 2003; Crystal, 2003; Seidlhofer et al, 2006), laissant peu ou pas d’espaces aux autres langues. Devant une telle situation, il est légitime de se poser la question de savoir comment on peut communiquer ses savoirs dans les autres langues et dans le cas présent en français.
Cette présentation offre une réflexion sur les outils à utiliser et les stratégies à adopter pour une communication écrite réussie en français. Je me pose la question si oui ou non une disponibilité de ressources qui sont rares pour le moment en français académique pourrait encourager une communication de ses savoirs en français. Entre autres, je me pose la même question que Cobb et Horst sur l’existence d’un vocabulaire académique en français (Is There Room for an Academic Word List in French?). C’est aussi la question d’avoir accès aux expressions académiques bien sélectionnées et clairement regroupées selon les parties d’un article scientifique comme tel est le cas en anglais (academic phrasebank). Enfin, la question d’avoir accès à des ressources offrant un matériel authentique comme les corpus (Corpus of Contemporary American English = COCA; pour le cas d’anglais par exemple) mérite d’être posée. Je postule que si on arrivait à aborder ces questions, on pourrait aider l’un ou l’autre parmi les chercheurs, surtout ceux qui utilisent le français comme langue seconde ou étrangère, qui voudraient communiquer leurs savoirs en cette langue mais qui n’osent pas se risquer suite à cette absence de ressources suffisantes.
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Communication orale
Le marché de la traduction universitaire : comment ne pas se lire dans les deux languesJean-Philippe Warren (Université Concordia)
La circulation plus ou moins fluide des idées en sciences humaines et sociales ne dépend pas seulement de la relative polyglossie des chercheurs, mais aussi de leur capacité à intégrer des systèmes de pensée différents et des réseaux de promotion (scientifiques ou intellectuels) spécifiques. Afin de tester cette réalité, la présentation se penche sur les programmes mis en place au Canada afin d’encourager le dialogue entre les deux communautés linguistiques. Reprenant une grille simple définie à partir des capitaux symboliques et sociaux en jeu, la présentation permet d’arriver à une meilleure appréciation de l’impact des sommes investies dans la traduction d’ouvrages scientifiques canadiens dans le domaine des sciences humaines et sociales.
Table ronde
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Communication orale
Point de vue d’une professeure et titulaire d’une chaire de recherche du CanadaCéline Le Bourdais (Université McGill)
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Communication orale
Point de vue d’un postdoctorantJean-Michel Landry (Université McGill)
Produire un savoir en français exige parfois plus qu’un effort d’écriture et ou de traduction. Car en science comme ailleurs, il ne suffit pas de s’exprimer. Il faut aussi être entendu. Or on sait qu’un savoir ne peut être entendu, saisi et débattu que dans la mesure où certaines bases théoriques ont été établies au préalable. Diffuser dans une langue donnée (le français dans notre cas) des connaissances élaborées dans une autre (l’anglais dans mon cas particulier) nécessite quelquefois d’entreprendre un travail préliminaire visant à poser les bases théoriques indispensables à la bonne compréhension d’un savoir venu d’ailleurs.
Faute d’avoir accompli ce travail préliminaire, nombres d’intervention sur la race (race studies), le genre (gender studies), la condition post-coloniale (post-colonial studies) sont demeurées longtemps inaudibles ou encore mal compris dans le monde francophone. Inversement, plusieurs débats francophones génèrent des malentendus dans l’anglosphère. Afin de poser les conditions d’intelligibilité de mon propre travail de recherche, j’ai entrepris ces dernières années d’introduire le public scientifique francophone à quelques percée théoriques opérés dans le champ des études sur la sécularité (secular studies), lequel demeure encore largement méconnu. Je tire de cet exercice un ensemble de leçons qui me semblent pertinentes en vue de favoriser la production et la diffusion d’un savoir francophone.
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Communication orale
Point de vue d’un doctorant et chargé de coursAlexandre Blanchet (UdeM - Université de Montréal)
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Communication orale
Point de vue d’une doctoranteCamille Ouellet Dallaire (Université McGill)
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Communication orale
Point de vue du directeur général des Presses de l’Université de MontréalPatrick Poirier (Les Presses de l'Université de Montréal)