Informations générales
Événement : 85e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 600 - Colloques multisectoriels
Description :La nouvelle génération qui arrive sur le marché du travail, aussi appelée génération millénaire (Lyons et coll., 2015), génération net (Oblinger et Oblinger, 2005) ou génération réseau, se démarque par de nouvelles caractéristiques. Exposée à un contexte de travail plus mondialisé qui est marqué d’une plus grande mobilité (Kram et Higgins, 2008) et de changements de carrière (Lyons et coll., 2015), cette génération recherche une plus grande connectivité (Oblinger et Oblinger, 2005), et la rapidité des informations reçues les importe particulièrement (Evans et Forbes, 2012). Des études récentes sur le mentorat illustrent que, à la lumière de ces tendances, celui-ci évolue pour prendre diverses formes (Houde, 2010; Lafranchise et coll., 2015). Des pratiques moins traditionnelles peuvent notamment concerner plusieurs mentors, ou être basées sur des relations mentorales virtuelles (Gallo, 2011; Stuart et Wilson, 2015). D’autres recherches montrent que, dans certains contextes, les formes d’encadrement traditionnelles, basées sur des dyades junior-senior, sont progressivement remplacées par d’autres formes de partage des connaissances (Murphy et Kram, 2014; Kuyken, 2015). Examiner le mentorat pendant l’intégration de la nouvelle génération au travail peut alors soulever des questions quant aux conditions de celui-ci et quant à la formation des dyades. De manière plus critique, on pourrait même s’interroger sur la pertinence de cette forme d’encadrement pour répondre aux besoins de la nouvelle génération. Ce colloque propose un tour d’horizon des nouvelles perspectives mentorales et suscite une réflexion sur l’avenir de cette forme d’encadrement.
Date :- Kerstin Kuyken (École des Sciences de la Gestion (ESG) - UQAM)
- Nathalie Lafranchise (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Programme
Le mentorat et la nouvelle génération : tour d’horizon
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Communication orale
Le mentorat au temps du numérique : technologie, formation et aspects relationnels pour un mentorat pertinent au 21e siècle : illustration du cas pratique AcademosCatherine Légaré (Academos)
Les milléniaux, nés entre 1982 et 2004, sont souvent dit créatifs, recherchant une rétroaction en continu, flexibles, impatients et axés sur leur accomplissement personnel. Dans ce contexte, les formules traditionnelles de mentorat prônant des jumelages un-à-un formels et à long terme, sont de plus en plus questionnées quant à leur pertinence. Les nouvelles formules qui correspondraient à cette génération proposent par exemple, du mentorat inversé, du mentorat de groupe ou des processus de gestion de programme allégés. Les formules hybrides (rencontres en personnes/virtuelles) pour trouver le(s) meilleur(s) mentor(s) gagnent en popularité.
L’utilisation du numérique ajoute souplesse et agilité au mentorat, tant du point de vue des mentorés, des mentors que de celui des organisations qui l’offrent, permettant d’affranchir l’apprenant et son mentor des frontières traditionnelles qui existent entre eux. Le cybermentorat permet en outre le déploiement de projets à grande échelle et les nombreuses données qui peuvent être colligées peuvent servir à mieux accompagner les participants.
Au Québec, le service de mentorat virtuel Academos existe depuis 18 ans. Pour demeurer pertinent aux yeux des milléniaux, celui-ci a complètement revu son image de marque, sa structure et son message. Il s’est récemment doté de la première application mobile de mentorat au Canada. L’atelier présentera les fondements de son approche du mentorat, son nouveau modèle et son impact auprès des utilisateurs.
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Communication orale
Le mentorat dans un cadre plurigénérationnel : entre implantation et appropriationManel Dardouri (Université Lyon III Jean Moulin)
L’article s’attache à étudier la cohésion entre les générations qui cohabitent au sein de l’organisation. Le mentorat, étant un mode d’accompagnement personnel et professionnel, présente un allié nécessaire favorisant la synergie entre les équipes (Lafortune, 2008). Connaissant une popularité grandissante, les enjeux de ce mode d’accompagnement diffèrent selon l’environnement dans lequel il est intégré et les acteurs qui l’adoptent. Nous en identifions des formes distinctes : le mentorat électronique, le mentorat de la relève, le mentorat collectif, le mentorat d’intégration, le mentorat inversé, etc.
Face à cette prolifération, nous nous interrogeons sur l’implantation et l’appropriation de ce mode dans un contexte pluri-générationnel. Notre problématique se présente comme suit : Dans quelle mesure l’analyse de l’appropriation du mentorat par différentes générations permet-elle de comprendre sa dynamique ?
À cet effet, nous proposons d’appréhender le mentorat comme un « dispositif de gestion » - au sens de De Vaujany (2006) - et d’analyser son appropriation par différents acteurs (concepteurs, utilisateurs et organisation) sous le prisme de quatre perspectives (rationnelle, socio-politique, psycho-cognitive et symbolique). Notre article est de nature théorique. Il articule la littérature sur le mentorat et celle sur les dispositifs de gestion, et en fait émerger une grille de lecture permettant de comprendre la dynamique du mentorat dans un cadre pluri-générationnel.
Objectifs et caractéristiques du mentorat impliquant la nouvelle génération
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Communication orale
Le mentorat orienté : au service de la nouvelle génération mobileJérémy Lapierre (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Le projet de communication s’inscrit dans la visée d’informer et de discuter à propos d’une variable trop peu considérée dans le mentorat : les objectifs. La nouvelle génération se trouve en position de mobilité et avec de nombreuses possibilités de carrière. Or, ce potentiel humain doit être orienté, mis à profit. La relation mentorale a le potentiel d’aider un nouveau mentoré à diriger son développement personnel à plusieurs niveaux. Pour ce faire, il semble bénéfique de considérer l’importance des objectifs et de comment ceux-ci peuvent fortifier la relation, au nom du développement du mentoré orienté sur ses objectifs personnels. En effet, il est pertinent d’investiguer sur l’impact des objectifs que se donne une dyade mentorale. L’enjeu suivant est donc abordé : comment est-ce que la poursuite d’objectif affectera la dynamique de la relation mentorale? Dans le cadre du mentorat, quels types de relations favorise l’orientation vers les buts ? Aussi, les retombées pour les apprentis sont-elles plus grandes, différentes lorsque des buts sont poursuivis ?
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Communication orale
Quel(s) mentor(s) pour une équipe apprenante de jeunes entrepreneurs?Pascal Bastien (Université de Strasbourg), Olga Bourachnikova (Université de Strasbourg), Marcelin Grandjean (Université de Strasbourg)
Le modèle pédagogique finlandais Team Academy est une approche innovante déployée dans le Bachelor Jeune Entrepreneur (BJE) de l’EM Strasbourg depuis 2011. Cette formation en trois ans destinée aux jeunes après Bac sans aucun pré-requis spécifique vise à développer les compétences entrepreneurials chez les jeunes (17-24 ans) à travers d’un engagement personnel fort dans des réels projets et dans un collectif. Il s’agit de développer les compétences-métiers (ex. marketing, stratégie), mais aussi les savoir-faire d’entrepreneur en équipe, d’apprenant et de leader d’équipe. Les auteurs aimeraient partager avec les participants les apprentissages qu’ils ont tirés des six années d’expérience dès la mise en place et à travers des expérimentations de fonctionnement au quotidien de ce dispositif. Aussi, le BJE a fait l’objet des recherches à la base d’une analyse des interviews des alumni et des étudiants qui apportent un éclairage sur le rôle des tuteurs (team-coach/mentor) qui font fonctionner le dispositif. Semble que ce cadre d’apprentissage spécifique nécessite une implication particulière des tuteurs. En effet, on constate une corrélation entre la capacité des jeunes à développer les savoir-être en équipe et exercer son leadership avec la capacité des tuteurs d’exercer ces mêmes savoir-faire. Plus précisément, vivre « l’équipe apprenante » (Senge, 1991) par les tuteurs est une condition indispensable pour faire naître des « équipes apprenantes » d’étudiants qu’ils accompagnent.
Dîner
Le mentorat et la nouvelle génération : approches critiques et contextuelles
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Communication orale
« Je t’aime, moi non plus » : ambivalences du mentorat dans une activité de conseil en managementThomas Sorreda (ESCP Europe)
(Allen, Russell, & Maetzke, 1997; Bahniuk, Dobos, & Hill, 1990) montrent que la mise en place d’un système de mentorat améliore la satisfaction au travail des personnes coachées. Dans cette relation de mentorat les filleuls améliorent leurs connaissances ainsi que leurs compétences tout en ayant une image claire de leur développement de carrière et de leur état d'avancement (Fawcett, 2002; Gibson & Heartfield, 2005; Tourigny & Pulich, 2005). Koberg, Boss, Chappell, & Ringer (1994) ont étudié les corrélations et les conséquences d’un système de parrainage auprès de 635 salariés à temps plein dans un grand hôpital privé aux Etats-Unis. Les résultats ont montré que le mentorat est un élément fort de la satisfaction au travail, soulignant que la présence d'une relation de mentor augmente considérablement la satisfaction au travail des filleuls. Avec notre communication nous tenterons de mettre en lumière les ambivalences d’une relation de mentorat forcée, instituée contre le gré des acteurs. Autant une relation de mentorat saine peut-être source de nombreux avantages tant à la fois pour le mentoré et pour le mentor, autant une relation de mentorat malade peut se révéler dévastatrice. L’intérêt de notre terrain d’étude (55 entrevues, menées dans un cabinet de conseil) est tout particulier dans la mesure où la relation de mentorat est institutionnalisée dans une activité de conseil avec des collaborateurs jeunes et faisant face à de nouveau enjeux de carrière.