Informations générales
Événement : 85e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 600 - Colloques multisectoriels
Description :La plasticité cérébrale réfère aux mécanismes par lesquels le cerveau se modifie en fonction de l’expérience. Sur le long terme, la plasticité cérébrale est associée au développement, à l’âge, à la pratique musicale, au bilinguisme ou à la perte d’audition. Sur le court terme, elle peut être liée à une intervention chirurgicale ou un traumatisme.
Ce colloque a pour objectif d’explorer en quoi la plasticité cérébrale est un paramètre pertinent dans de nombreux phénomènes, incluant l’apprentissage des langues, la lecture, le bilinguisme. Nous discuterons de son rôle dans la pratique musicale chez les enfants et les adultes, dans les thérapies de restauration auditive, mais aussi dans la réadaptation des individus présentant des troubles du système nerveux.
Que ce soit au moyen d’approches cognitives, de modèle animal ou grâce à l’imagerie, les nouvelles connaissances nous permettent de mieux comprendre comment la réorganisation corticale se met en place et influence les fonctions cognitives complexes comme le langage et la musique.
Date :- Lucie Ménard (UQAM - Université du Québec à Montréal)
- Lucie Ménard (UQAM - Université du Québec à Montréal)
- Annie C. Gilbert (2Université McGill)
- Blandine Courcot (Centre de recherche sur le cerveau, le langage et la musique)
Programme
Accueil des participants, ouverture du colloque et conférence plénière
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Communication orale
Plasticité et auditionAlexandre Lehmann (Université McGill)
La plasticité est la capacité du cerveau à s'adapter ou à se régénérer avec l'apprentissage ou suite à un traumatisme. Elle agit à différentes échelles de temps, des années aux minutes. Contrairement à la croyance populaire, il a été démontré que le cerveau est plastique tout au long de la vie. Nous allons présenter un marqueur cérébral auditif qui gagne en popularité en tant que mesure objective de la plasticité, avec de nombreuses applications à la musique et au langage. Nous montrerons l'utilisation de ce marqueur dans des études de notre laboratoire sur les effets de plasticité à long terme et court terme. Nous présenterons ensuite la nature paradoxale de la plasticité, tantôt un accélérateur, tantôt un frein à l’adaptation, à la lumière des recherches récentes sur la privation sensorielle. Nous évoquerons comment ces découvertes peuvent orienter les pratiques cliniques et pédagogiques. Nous terminerons par un bref aperçu des futures directions du domaine.
Session 1 : Plasticité
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Communication orale
Les marqueurs cérébraux de l’apprentissage pendant le développementSarah Lippé (UdeM - Université de Montréal)
Il existe plusieurs types d’apprentissage, impliquant la neuroplasticité, qui sont utilisés à différentes étapes du développement de l’enfant. Chez le très jeune enfant, l’apprentissage par répétition, l’apprentissage par association et l’apprentissage par imitation semblent co-habiter. Ces types d’apprentissage ont tous une signature cérébrale spécifique qui nous permet d’en étudier leur développement. L’apprentissage par répétition, aussi appelé habituation, survient à mesure qu’une même stimulation est répétée. Nous discuterons des modèles pouvant expliquer ce phénomène. De plus, nous verrons lors de cette conférence que la réponse cérébrale à la répétition d’un stimulus varie en fonction de l’intégrité du fonctionnement cérébral. De fait, nous avons démontré des altérations de cette activité dans différents syndromes de déficience intellectuelle. Les mécanismes impliqués dans ce dysfonctionnement et leurs impacts pour la personne sont à l’étude.
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Communication orale
Mécanismes de plasticité cérébrale : et si les règles changeaient?Etienne De Villers-Sidani (Université McGill)
La plasticité cérébrale est un phénomène indispensable à notre étonnante capacité d’adaptation à des environnements infiniment variés. La relative facilitée qu’a un enfant d’apprendre n’importe laquelle des milliers de langues existantes autour du globe, indépendamment de son bagage génétique, du moment qu’il y est suffisamment exposé, en est un excellent exemple. De nombreux travaux chez les modèles animaux durant les dernières décennies ont révélé comment c’est apprentissages sont reflétés au niveau des aires corticales et ont permis de déterminer que les mécanismes de régulation de la plasticité changent avec la maturation du cerveau. Dans cette communication, je ferai état de travaux performés récemment dans mon laboratoire utilisant comme modèle le cortex auditif de rongeurs démontrant que les règles gérant la plasticité corticale sont en fait très dynamiques et peuvent être modifiées par de nombreux de facteurs intrinsèques et extrinsèques du jeune âge jusqu’à la fin de la vie. Les résultats obtenus suggèrent qu’une meilleure compréhension de ces changements de régulation de la plasticité corticale pourrait nous aider à améliorer les techniques de remédiation cognitive et pourrait nous éclaircir sur les phénomènes de dysplasticité à l’origine de plusieurs états pathologiques.
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Communication orale
Vieillissement, plasticité cérébrale et production du langagePascale Tremblay (Université Laval)
Le vieillissement entraîne des changements importants sur le plan de la morphologie et du fonctionnement du cerveau. Ces changements ont des impacts importants sur la cognition, la motricité fine et le langage. Bien que le vieillissement des fonctions langagières soit moins bien connu que le vieillissement des fonctions cognitives et motrices, un nombre croissant d’études démontrent un déclin de l’habileté à produire le langage au cours du vieillissement normal fortement associé aux changements neurobiologiques. Dans le cadre de cette présentation, une brève revue de l’état des connaissances sur le vieillissement de la production de la parole sera présentée. Les résultats de nos travaux récents portant sur l’impact de facteurs tels que la complexité motrice et la fréquence d’utilisation des syllabes sur la performance lors de tâches de production de la parole seront discutés. Finalement, les résultats de deux études récentes portant sur les impacts du vieillissement du cerveau chez des adultes en bonne santé seront discutés. Réalisées au moyen de l’imagerie par résonnance magnétique fonctionnelle et structurelle, ces études révèlent l’impact de changements dans les réseaux qui soutiennent la production de la parole, la motricité fine et les fonctions exécutives sur la production de la parole, et témoignent de la diversité des mécanismes impliqués (p.ex., compensation, dé-différentiation). Ces résultats seront discutés dans le cadre de modèles contemporains du vieillissement neurobiologique (p.ex., CRUNCH). Finalement, la notion d’expertise motrice sera introduite en tant que modératrice potentielle des effets du vieillissement sur la production de la voix et de la parole.
Pause repas libre
Session 2 : Langage et musique
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Communication orale
Les apprenants du français recrutent des processus lexico-sémantiques pour analyser les catégories syntaxiquesLauren Fromont (UdeM - Université de Montréal), Meagan Honigman (McGill University), Lisa Martignetti (School of communication sciences and disorders, McGill University), Phaedra Royle (École d'orthophonie et d'audiologie, Université de Montréal), Karsten Steinhauer (McGill University)
L’apprentissage d’une langue seconde (L2) après la puberté est plus difficile qu’en jeune âge. Les effets de ce déclin sur le traitement du langage peuvent être étudiés en comparant les potentiels évoqués (PÉs) des locuteurs d’une langue première (L1) et L2 en réponse à des erreurs sémantiques (N400) et syntaxiques (négativités antérieures gauche, P600). Steinhauer et al (2009) font l’hypothèse que les locuteurs L2 convergent vers les profils des natifs lorsqu’ils sont avancés, tandis que Clahsen et Felser (2006) suggèrent qu’ils recrutent des mécanismes lexico-sémantiques pour traiter la morpho-syntaxe.
Notre étude évalue ces hypothèses en observant le traitement des catégories syntaxiques (CS) chez des locuteurs anglophones français-L2.
En français, le déterminant (1) et le clitique (2) sont homophones. De plus, certains verbes prennent des noms (1) ou des verbes (2) comme compléments.
1) Elles poussent le camion dans la rue.
2) Elles pensent le saluer dans la rue.
Le repiquage entre 1 et 2 génère une erreur de CS (3):
3) Elles pensent le *camion ...
Trente-cinq L2 intermédiaires à avancés ont participé. Chez les natifs, les erreurs CS déclenchent des négativités (frontales et N400) reflétant un traitement simultané de la sémantique et de la morphologie, et une P600 (syntaxique). Chez les L2, les erreurs déclenchent seulement une N400, indépendamment de leur niveau. Ils feraient surtout appel à l'intégration sémantique pour traiter les erreurs CS, appuyant l’hypothèse de la période critique. Le recrutement de davantage d’apprenants très avancés permettra d’évaluer s’ils peuvent atteindre un niveau de traitement natif des CS.
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Communication orale
Développement d’une mesure comportementale de la perception dans des conditions de bruitLim Ah Ryung (Université McGill), Emily Coffey (Université McGill), Robert Zatorre (Université McGill)
L’étude a pour but de créer une tâche comportementale qui peut mesurer et separer les compétences qui soutienne la perception auditive en condition de bruit. Nous utiliserons une paradigme <<match-mismatch>> afin de characteriser et mieux comprendre quelles sont les différences perceptuelles individuelles, et l’influence qu’a l’expérience musicale. Cette tâche sera disponible au communauté de recherche, et utilisée même dans les études de neuroimagerie afin de mesurer la relation entre les compétences et les réponses électriques et hémodynamique du cerveau. Une maîtrise approfondie du sujet pourrait nous permettre d’améliorer le diagnostic et le traitement de certains troubles neurologiques et audiologiques.
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Communication orale
Perception de la prosodie du français langue seconde chez les adultes : existe-t-il des différences entre les musiciens et les non-musiciens?Carolane Doyon (Université du Québec à Montréal), Lucie Ménard (Laboratoire de phonétique, UQAM), Daphnée Simard (Département de linguistique, Institut des sciences cognitives, UQAM)
De nombreuses études (p. ex., Gottfried & Xu, 2008; Marques, Moreno, Castro & Besson, 2007) ont mis en lumière que les musiciens distinguent avec plus de précision les variations intonatives en langue seconde par rapport aux non-musiciens. Or, plusieurs de ces travaux ont été réalisés avec le mandarin ou le cantonais comme langues d'étude (p. ex., Cooper & Wang, 2012; Delogu, Lampis & Belardinelli, 2010), soit des langues tonales comportant chacune un système de cibles mélodiques distinctives (les tons) associées aux syllabes.
Qu'en est-il de la perception de l’intonation du français - une langue accentuelle (non tonale), comportant des variations de multiples paramètres prosodiques non distinctifs sur quelques syllabes - auprès de locuteurs d’une langue non tonale à accents distinctifs, comme l’anglais ? Les musiciens pourraient-ils alors conserver leur avantage en perception de l’intonation par rapport aux non-musiciens ?
Afin de répondre à notre question de recherche, 30 participants unilingues anglophones, âgés entre 18 et 45 ans, musiciens (n=15) et non-musiciens (n=15), ont réalisé une tâche de perception de l’intonation des syntagmes accentuels du français, ainsi que des tests de mémoire phonologique et d’aptitudes musicales. Des analyses de la variance multivariées ont permis de comparer les résultats des deux groupes de participants en prenant en compte la variation individuelle imputable à la mémoire phonologique et à l’aptitude musicale. Les différences entre les habiletés perceptuelles des musiciens et des non-musiciens seront abordées au cours de cette présentation à la lumière des études antérieures.
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Communication orale
Temporal Coordination in Music Performance : Adapting to a PartnerCaroline Palmer (Université McGill)
Ensemble music performance offers one of the finest examples of human temporal coordination. When people carry on a speech conversation, they usually adapt their timing, for example, when they take turns speaking. When musicians perform together, they must adapt their timing to each beat of their partners' productions in order to stay synchronous with each other. How musicians are able to generate a sequence of synchronous events while adapting to the timing of their partner is still a mystery. I will describe experiments with musicians that demonstrate the role of intrinsic oscillations that continue in the absence of external stimuli; these oscillations influence synchronization in both solo and ensemble performance.
Mise en place de la session d’affiches
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Communication par affiche
Étude du lien entre la connectivité anatomique cérébrale individuelle et l’aptitude à apprendre une deuxième langue grâce à des reconstructions améliorées des faisceaux du langage en imagerie du tenseur de diffusionElise Barbeau (Université McGill), Shari Baum (Université McGill), Denise Klein (Université McGill), Michael Petrides (Université McGill), Kaija Sander (Université McGill)
L'acquisition d'une première langue se fait à un très jeune âge, et de façon naturelle. Cependant, l'apprentissage d'une deuxième langue (L2) à un âge plus avancé n'est pas sans efforts, et varie grandement entre individus selon l'âge, les aptitudes et la méthode utilisée. On en sait peu sur les facteurs ayant un rôle dans cette variabilité d'acquisition d'une L2. Un but de ce projet est donc d'identifier des différences individuelles au niveau anatomique cérébral, et de voir comment celles-ci peuvent influencer la capacité à acquérir une L2 ou être influencées par cet apprentissage. Quatorze sujets unilingues anglophones ont participé à un cours intensif de français pendant 12 semaines. Pour chaque participant, des images anatomiques d'Imagerie du Tenseur de Diffusion (IDT) ont été acquises avant et après le cours intensif, avec des données comportementales mesurant leurs aptitudes langagières. On peut ainsi mesurer, pour chaque individu, la connectivité anatomique entre les aires du langage, et voir s'il existe un lien avec leur degré de réussite à apprendre le français. Un autre objectif de cette étude est d'améliorer et raffiner les protocoles d'IDT existants pour reconstruire les faisceaux du langage dans le cerveau, qui sont présentement peu développés et imprécis. Ce projet pourrait donc avoir des impacts méthodologiques plus généraux et avoir des applications dans l'étude de différentes populations ou conditions. Plus spécifiquement, ce projet pourrait permettre d'identifier des biomarqueurs cérébraux prédisant un meilleur apprentissage d'une langue, et contribuer à différents domaines tels que le développement langagier et la réadaptation après un AVC
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Communication par affiche
Reconstruction des faisceaux cérébraux du langage à l’aide de l’imagerie du tenseur de diffusion : raffiner leurs fonctions respectives et l’effet du bilinguisme sur leurs propriétésElise Barbeau (Montreal Neurological Institute), Denise Klein (Département de Neurologie et de Neurochirurgie, Université McGill), Michael Petrides (Département de Psychologie, Département de Neurologie et de Neurochirurgie, Université McGill), Kaija Sander (Département de Neurologie et de Neurochirurgie, Université McGill)
L'apprentissage d'une deuxième langue aurait un impact sur la structure du cerveau et cet impact serait influencé par l'âge auquel cette deuxième langue a été apprise et par le niveau de maitrise de cette dernière. Les impact cérébraux sont observables entre-autres au niveau de la matière blanche, soit des fibres connectant les différentes régions langagières entre-elles, mais leur nature exacte et l'effet du niveau des habiletés langagières restent à être précisés.
Le présent projet vise à comparer deux groupes d'adultes; des bilingues simultanés (ayant appris leur deux langues dès la naissance) et des bilingues séquentiels (ayant appris leur deuxième langue après l'âge de 5 ans). L' imagerie par résonnance magnétique anatomique et du tenseur de diffusion (matière blanche) sera utilisée pour reconstruire les différents faisceaux de matière blanche impliqués dans le traitement du langage. L'objectif est d'isoler et reconstruire virtuellement les différents faisceaux du langage afin de mieux comprendre leur fonctions spécifiques dans le langage et d'identifier leur contribution dans le bilinguisme ou l'effet du bilinguisme sur eux. Différentes mesures comportementales associées à différents aspect du langage seront utilisées pour des corrélations avec des mesures quantitatives des faisceaux reconstruits dans les deux groupes de bilingues. L'effet de l'âge d'acquisition d'une deuxième langue sur les propriétés et donc, indirectement, sur l'efficacité de connections de ces fibres sera aussi étudié.
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Communication par affiche
L’évaluation de la plasticité audio-tactile induite par la surditéEmma Campbell (UdeM - Université de Montréal), Latifa Lazzouni (CERNEC, Université de Montréal), Franco Lepore (CERNEC, Université de Montréal), Audrey Murray (CERNEC, Université de Montréal), Marie Simon (CERNEC, Université de Montréal)
Lorsqu’un système sensoriel est non-fonctionnel, le cerveau s’adapte structurellement et fonctionnellement afin d’optimiser son efficacité. Alors que les modifications ayant lieu au sein du système visuel des personnes sourdes ont été amplement étudiées, le système somato-sensoriel (SS), bien qu’il soit structurellement et fonctionnellement lié au cortex auditif n’a pas reçu le même intérêt. Cependant, la réorganisation du système SS chez les individus sourds est un sous-domaine d’étude essentiel à une meilleure compréhension des mécanismes d’adaptation du cerveau. La littérature actuelle supporte l’hypothèse d’une réorganisation du système SS. Effectivement, des performances tactiles améliorées, des activations du cortex auditif à des stimulations tactile ainsi que des capacités d’intégration multi-sensorielle altérées ont été observées chez des individus sourds. Cependant, il est suggéré que les changements observés soient hautement dépendants de la tâche tactile utilisée. De plus, les résultats semblent être grandement influencés par l’hétérogénéité des individus testés en termes, d’entre autres, l’étiologie de la surdité ainsi que la durée de celle-ci. Nous utilisons des tâches de discrimination de textures, de discrimination d’orientation et de discrimination d’angles afin d’évaluer l’acuité tactile d’individus sourds congénitaux profond. Les performances ainsi que les temps de réaction sont enregistrés. Nous posons l’hypothèse que les individus sourds présenteront un seuil de discrimination plus bas ainsi que des temps de réaction plus courts, résultant en une acuité tactile améliorée, que les individus normo-entendants. Une meilleure compréhension de ce phénomène pourrait mener à des stratégies de réhabilitation mieux adaptées, en plus d’ajouter au bassin de connaissances des neurosciences fondamentales.
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Communication par affiche
Mécanismes cérébraux de l’intégration audio-visuo-motrice chez les porteurs d’implants cochléairesFrédérik Desaulniers (UdeM - Université de Montréal), Alexandre Lehmann (Université McGill), Marie-Anne Prud'homme (Polytechnique Montréal)
L’intégration multisensorielle - la combinaison de l’information provenant de différents sens - permet d’exécuter des tâches cognitives complexes, telles que l’attention sélective à une conversation et le fait de danser en suivant le rythme. L’implant cochléaire est une neuroprothèse permettant à des personnes sourdes de retrouver l’audition. Après une période de réhabilitation, les porteurs d’implant cochléaire retrouvent généralement la capacité à comprendre la parole.
Des études récentes ont montré que le mécanisme clé d’intégration multisensorielle est altéré chez les porteurs d’implant, ce qui impacte la cognition au quotidien. Ces études suggèrent de plus que la plasticité cérébrale pendant la période de privation sensorielle est reliée aux déficits d’intégration multisensorielle observés.
Cependant, les mécanismes cérébraux qui sous-tendent l’intégration multisensorielle chez les porteurs d’implants demeurent à ce jour inconnus.
Nous mettons en évidence pour la première fois, à l’aide d’une nouvelle technique en électroencéphalographie, les mécanismes neuronaux impliqués dans l’intégration d’information motrice, auditive et visuelle, chez 22 porteurs d’implant et les comparons à un groupe contrôle normo-entendant.
Nos résultats permettent de mieux comprendre les différences inter-individuelles identifiées au niveau comportemental. Nos résultats montrent aussi qu’une nouvelle technique basée sur les steady state evoked potentials permet de mesurer un marqueur objectif de l’intégration multisensorielle chez la population des porteurs d’implant cochléaire. Ces connaissances pourraient permettre de concevoir et de quantifier des stratégies de réhabilitation plus personnalisées pour l’amélioration du traitement cognitif relié au langage.
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Communication par affiche
Méta-analyse des altérations anatomiques cérébrales dans la déficience auditiveFrançois Champoux (École d'orthophonie et d'audiologie, Université de Montréal), François Genest (Département de Psychologie, Université de Montréal), Latifa Lazzouni (CERNEC, Université de Montréal), Franco Lepore (CERNEC, Université de Montréal), Marie Simon (UdeM - Université de Montréal)
La surdité constitue un excellent modèle théorique pour étudier les phénomènes de neuroplasticité dans le cerveau ainsi que les comportements adaptatifs qui se manifestent pour soutenir le quotidien des individus sourds. Alors que la littérature suggère des différences anatomiques macroscopiques chez les individus sourds, l’hétérogénéité des résultats restreint considérablement notre compréhension de ces phénomènes de neuroplasticité.
Afin de généraliser les données existantes, une méta-analyse portant sur 15 études d’imagerie par résonance magnétique, représentant près de 300 individus sourds profonds congénitaux, comprenant diverses techniques d’analyses (morphométrie au niveau du voxel, épaisseur corticale et imagerie du tenseur de diffusion) ont été soumises à l’analyse « Activation Likelihood Estimation » par le biais du logiciel GingerALE.
Les résultats préliminaires semblent en faveur d’une atteinte de la substance blanche chez les individus sourds au niveau du cortex auditif (planum temporale, gyrus de Heschl). Ces altérations pourraient s’expliquer par la privation auditive prolongée, privation qui serait influencée par des variables telles que la durée de la surdité, l’audition résiduelle ou encore le port d’une prothèse auditive. Des altérations de la substance blanche sont aussi observées au niveau des régions impliquées dans le traitement linguistique (gyrus temporal supérieur, gyrus frontal supérieur). Ces altérations pourraient s’expliquer par l’expérience langagière de ces individus et notamment par le critère d’exposition précoce au langage.
Ces résultats préliminaires suggèrent l’importance de la recherche dans le domaine de la privation sensorielle puisqu’ils pourront offrir à ces individus et aux professionnels des réponses toujours plus adaptées à ce handicap.
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Communication par affiche
Neurochirurgie et épilepsie pédiatriqueLionel Carmant (CHU Sainte Justine et Université de Montréal), Louise Gagnon (CHU Sainte Justine), Anne Gallagher (CHU Sainte Justine et Université de Montréal), Anne Lortie (CHU Sainte Justine et Université de Montréal), Kathya Martel (UdeM - Université de Montréal), Catherine Vanasse (CHU Sainte Justine)
L’épilepsie est une maladie neurologique retrouvée chez 0,52 % des Canadiens (Tellez-Zenteno et al., 2004) dont 30 % sont réfractaires à la médication (Carter Snead III, 2016). La résection de la zone épileptogène devient alors une alternative thérapeutique envisageable qui peut toutefois avoir différentes conséquences neuropsychologiques (Gallagher et al., 2012). Le but de cette étude est donc d’investiguer l’impact de la chirurgie de l’épilepsie sur le fonctionnement cognitif chez la population pédiatrique par une analyse rétrospective des dossiers d’enfants (4-18 ans) ayant subi une chirurgie de l’épilepsie. Les données neuropsychologiques des évaluations pré- et post-chirurgie sont comparées. Les résultats préliminaires (n=16) suggèrent une diminution significative de l’indice de composante verbale du Wechsler Intelligence Scale for Children (p=0,02) suite à la chirurgie, alors que le fonctionnement intellectuel global (QI, p=0,2) et le langage réceptif (p=0,56) et expressif (p=0,8) demeurent stables. Des analyses incluant plus d’enfants permettront de mieux comprendre les impacts de la chirurgie de l’épilepsie pédiatrique.
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Communication par affiche
Variabilité des mécanismes de contrôle cognitif chez les individus bilinguesAlexandre Chauvin (Université Concordia), Natalie Phillips (Université Concordia), Jean-Louis René (Université Concordia)
Les individus bilingues constituent un groupe hétérogène en termes d’expériences langagières et ces variations peuvent avoir des implications au niveau du contrôle cognitif. Nous avons examiné les variations de contrôle proactif (gérer les informations pertinentes) et réactif (filtrer les informations non pertinentes) chez 23 adultes bilingues en utilisant un test d’exécution continue (AX-CPT). Durant le test, les participants voient des paires de lettres (signal-cible) présentées séquentiellement et doivent appuyer sur une touche chaque fois que la lettre A est suivie de la lettre X et sur une autre touche pour toute autre paire signal-cible.
Une analyse des données comportementales (temps de réaction) indique la présence de variations entre individus dans le degré de proactivité bien que la plupart des participants aient utilisé une stratégie proactive. Une stratégie plus proactive (valeur négative) est associée avec un potentiel évoqué cognitif N2, indice de gestion de conflit, survenant plus tôt (r = -.43, p = .039) et de façon plus prononcée (r = .49, p = .019). Une stratégie plus proactive est associée à une fréquence réduite d’alternance de langues autodéclarée, indépendamment du niveau de compétence dans la langue seconde (r = .457, p = .016).
Ces résultats suggèrent que les différences individuelles au niveau du contrôle cognitif chez les personnes bilingues sont liées aux différences individuelles en termes d’utilisation des langues. Cependant, les temps de réaction ne permettent qu’une identification imprécise de la stratégie cognitive utilisée par chaque participant. Nous présenterons des résultats plus détaillés par le biais d’une analyse temps-fréquence.
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Communication par affiche
L’effet de perception catégorielle induit par l’apprentissage de catégories auditives multidimensionnellesBenjamin Bousquet-Lemieux (UQAM - Université du Québec à Montréal), Stevan Harnad (UQAM, Université McGill et Université de Southampton), Grace Wang (Université McGill)
La perception catégorielle est l’effet perceptif qui rend plus semblables les membres d’une même catégorie apprise (« compression ») que les membres de deux différentes catégories (« séparation »). Ça change subtilement l’apparence du monde. La plupart des catégories que nous connaissons sont apprises, mais certaines, comme la perception des couleurs, sont innées. Des résultats antérieurs ont montré la possibilité d’induire cet effet en créant des catégories non-familières et arbitraires avec des stimuli visuels que des sujets naïfs apprennent par essai-erreur à catégoriser. Plusieurs autres études sur la catégorisation perceptuelle de catégories auditives ont été faites, principalement sur des phonèmes, donc, l’aspect verbal, ou encore sur des catégories à une dimension, comme la fréquence, mais sans la dimension de l’apprentissage. Dans cette étude, nous cherchons à mesurer l’effet de perception catégorielle induite par l’apprentissage de catégories auditives non familières pour les timbres acoustiques multidimensionnels. Deux catégories de sons ont été créées arbitrairement en utilisant des variations sur trois dimensions du timbre, ainsi que les dimensions de la fréquence et de l’intensité. Les dimensions pertinentes à la catégorisation différaient pour trois différents groupes de sujets. Les sujets devaient apprendre les catégories par essai-erreur suivi de rétroaction corrective. La discriminabilité des stimuli présentés en paires a été mesurée avec la méthode ABX avant et après une séance d’entrainement à catégoriser. Les paires étaient soit une de chaque catégorie, soit les deux de la même catégorie. L’entrainement consistait en la présentation d’un stimulus, une tentative de catégorisation par le sujet, et ensuite une rétroaction positive ou négative qui permettait au sujet d’apprendre à abstraire éventuellement les dimensions pertinentes des deux catégories et ainsi à les catégoriser correctement. Lorsqu’une catégorie est bien apprise, l’effet de séparation/compression se présente : la discriminabilité inter-catégorie grandit et celle intra-catégorie rapetisse. Les données électrophysiologiques basées sur des mesures d’ÉÉG indiquent que les changements sont en partie cognitifs et en partie perceptives. Les résultats ont des implications pour l’apprentissage de la musique ainsi que pour l’apprentissage de la parole.
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Communication par affiche
La reconnaissance lexicale en ligne en français chez les enfants de 30 moisCamille Legrand (Université du Québec à Montréal), Rushen Shi (Département de Psychologie, UQAM)
Les enfants commencent à segmenter des mots à consonne-initiale dès leur très jeune âge, vers un an. La forme des mots à voyelle-initiale est moins stable et plus difficile à encoder dû à l’effet de re-syllabation qui survient, par exemple, lors du processus de liaison en français. Cette étude examine la rapidité de compréhension en ligne des noms à consonne initiale en comparaison à des noms à voyelle-initiale chez des enfants francophones de 30 mois. Nous utilisons un eye-tracker où chaque essai présente les images de deux objets (gauche-droite) alors qu’un objet est nommé (par ex., « Oh regarde, jolie carotte »). Le regard de l’enfant sur les objets est enregistré en ligne à une résolution de 16msec. Nous avons 3 types d’essai. Le premier présente une forme de mot à voyelle-initiale (par ex., joli arbre). Le deuxième présente un mot à voyelle-initiale, commençant par une consonne de liaison (par ex., jolis /z/éléphants). Finalement, le troisième est un mot à consonne-initiale intrinsèque (par ex., jolie carotte). Les résultats (21 enfants) montrent qu’à 0,5 seconde après le début du mot, la compréhension en ligne des enfants est atteinte et équivalente pour les mots des trois types d’initiale : consonne-initiale intrinsèque, consonne-initiale liaison, et voyelle-initiale. Ceci suppose qu’à l’âge de 30 mois, les enfants francophones ont appris à représenter et reconnaitre efficacement les mots à voyelle-initiale malgré la variation complexe de leurs formes causée par la liaison.
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Un regard sur le traitement des paysages linguistiques par les bilinguesJason Gullifer (Université McGill), Julia Hamill (Université McGill), Jakob Leimgruber (Université de Freiburg), Debra Titone (Université McGill), Naomi Vingron (Université McGill)
Au quotidien, nous traitons les informations contenues dans notre « paysage linguistique » (PL) composé de l’ensemble des textes et objets de notre entourage (signalisation, publicité). Dans les villes à population bilingue, comme Montréal, la représentation des différentes langues dans le PL est influencée par des lois linguistiques, mais aussi par les préférences et l’identité linguistique des habitants. Ce phénomène a déjà fait l’objet de plusieurs études sociolinguistiques, mais peu de travaux se sont penchés sur le traitement cognitif du PL, et sur comment les différentes langues présentes sont traitées. Notre étude a recours à l’oculométrie afin d’étudier le traitement d’images représentant des PL bilingues. Nos résultats préliminaires suggèrent que les proportions de fixation reflètent le profil linguistique des participants (L1, expérience en L1 et L2). Ainsi, les bilingues retournent plus souvent au texte lorsque les PL contiennent du texte écrit dans leur langue seconde (L2) que du texte dans leur langue maternelle (L1). Dans les images bilingues, les lecteurs fixent d’abord le texte le plus saillant (en français) avant de fixer le texte en anglais, et la durée de la deuxième fixation varie selon la L1 des participants. Ces résultats prometteurs nous permettront de développer des procédures oculométriques afin d’étudier le traitement du PL de manière plus écologique. D’autres analyses sur les effets de position du texte et de la L1 des participants sont actuellement en cours.
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Communication par affiche
Les mécanismes neurocognitifs sous-jacents aux aspects de sémantique logique du traitement de la phrase : une étude en potentiels évoqués (PE) sur la vérification des conditions de véritéFayden Sara Bokhari (École des Sciences de la Communication Humaine, Université McGill), Alexandre Herbay (Université McGill), Karsten Steinhauer (École des Sciences de la Communication Humaine, Université McGill)
L’influence des conditions de vérité (CdV) d’une phrase sur son interprétation est depuis longtemps centrale en philosophie ou en linguistique. Cependant, leurs corrélats neurolinguistiques ont encore été peu explorés. Cette étude s’intéresse aux mécanismes neurocognitifs et à la dynamique temporelle du traitement de contradictions logiques (violation d’hyponymie) dans des phrases en anglais telles que : Because Sarah loves all vegetables, she decided to buy broccoli/#apples at the store. Notre design vise à remédier aux limites méthodologiques des études précédentes qui ont rapporté des résultats ambigus et n’ont pas permis d’étudier les CdV indépendamment du phénomène d’amorçage sémantique.
Ainsi, 26 locuteurs natifs de l’anglais ont lu et jugé l’acceptabilité (grammaticale, sémantique, et logique) de 256 phrases tandis que leur électroencéphalogramme était enregistré. Les phrases cibles se trouvaient parmi des phrases contenant des violations de sémantique conceptuelle ou des placements d’items à polarité négative non autorisés.
Malgré une variation interindividuelle significative dans les PÉs liés aux contradictions logiques, les conditions de vérité se sont reflétées par la composante N400 sur le mot contradictoire chez certains participants. Les contradictions ont aussi élicité une petite négativité antérieure gauche (L-LAN) chez tous les participants. Enfin, on observe une composante négative robuste s’apparentant à la N400 en fin de phrase dans toutes les conditions de violations. Nos résultats montrent donc que les CdV d’une phrase peuvent être vérifiées au cours de sa lecture chez certains lecteurs, et qu’elles le sont systématiquement en fin de phrase.
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Communication par affiche
La passion et l’indifférenceMarc Pell (Université McGill), Deirdre Truesdale (Université McGill)
Notre étude s’intéresse à deux expressions de l’affect définies par les deux niveaux extrêmes d’excitation physiologique – la passion et l’indifférence. Les énoncés de 20 locuteurs natifs de l’anglais ont été extraits de podcasts enregistrés dans des contextes informels afin d’examiner la communication des deux affects par des indices linguistiques et paralinguistiques dans une interaction de la vie quotidienne. Ces stimuli ont ensuite été soumis à une validation de la perception de l’affect (passion, indifférence ou neutre) et du niveau d’excitation (‘Pas du tout excité’ à ‘Très excité’). Les jugements d’excitation, les propriétés acoustiques et les indices linguistiques (mots exprimant l’émotion ou les jurons) ont été analysés. En comparaison avec les énoncés neutres, la Passion a été communiquée avec la plus haute fréquence maximale, la plus grande étendue de fréquence ainsi que la plus grande intensité maximale et moyenne, tandis que l’Indifférence a été signalée par une diminution de ces mesures en comparaison avec l’affect neutre. Étonnamment, les intensités minimums de la Passion et celles de l’Indifférence étaient supérieures à celles des expressions neutres. Linguistiquement, l’Indifférence est marquée par un usage significativement plus grand d’expressions explicites de l’affect (p.e. Je m’en fiche), indiquant une préférence pour un encodage linguistique dans ce contexte. La Passion a été exprimée avec un plus grand usage de jurons ; toutefois, leur présence n’était pas nécessaire pour percevoir l’engagement du locuteur. Ces résultats jettent une lumière nouvelle sur certaines caractéristiques des énoncés spontanés et authentiques à prendre en compte en recherche ou dans les applications cliniques
Session 3 : Équipe de recherche montréalaise en multilinguisme (Montreal Bilingual Brain Initiative, MOBI)
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Communication orale
Les facteurs modulant la manière dont les bilingues traitent des structures absentes de leur langue maternelle : les francophones face aux verbes à particule en anglaisShari Baum (École des Sciences de la Communication Humaine, Université McGill), Laura M. Gonnerman (École des Sciences de la Communication Humaine, Université McGill), Alexandre Herbay (Université McGill)
L’acquisition d’une langue seconde (L2) présente de nombreux défis incluant l’apprentissage de structures absentes de sa langue maternelle. Est-il possible de traiter ces structures de la même manière que les locuteurs natifs ? On s’intéresse ici aux bilingues français-anglais et aux verbes à particule en anglais (VàP). Ces configurations verbales, absentes du français, sont particulièrement difficiles à acquérir en L2, car elles ont un sens souvent opaque (ex. look up, chew out) et car la particule peut être placée après le complément d’objet du verbe (The boss will cover the illegal investigation up). De précédentes études ont démontré que les bilingues les plus compétents en anglais peuvent néanmoins développer une bonne connaissance lexicale des VàP (Blais & Gonnerman, 2013). La présente étude porte sur le traitement sémantique et syntaxique des VàP lus au sein d’une phrase et cherche à déterminer si les temps de lecture des bilingues sont modulés par les mêmes facteurs que ceux des monolingues. Trente participants bilingues séquentiels ont lu des phrases contenant des VàP avec différents compléments d’objet, différents niveaux de transparence sémantique et différentes positions de particule. On observe des temps de lecture plus longs chez les bilingues, mais ceux ayant une meilleure compétence en anglais ou une connaissance lexicale des VàP plus proche de celle des monolingues montrent une dynamique de lecture qui semble se rapprocher de celle des locuteurs natifs.
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Communication orale
Est-ce que les locuteurs bilingues utilisent les mêmes stratégies de planification en langue maternelle et en langue seconde?Maxime Cousineau-Perrusse (Département de psychologie, Educational & Counselling Psychology, Université McGill), Annie C. Gilbert (Université McGill), Debra Titone (Département de psychologie, Université McGill)
La planification d’un énoncé implique de déterminer à la fois son contenu et les mouvements moteurs nécessaires à sa production. Les locuteurs natifs ont d’ailleurs recours à diverses stratégies afin de maintenir un débit normal tout en minimisant les risques associés à la sous-planification d’un énoncé. Par exemple, dans sa langue maternelle, un locuteur peut prendre le risque de commencer à parler après avoir planifié seulement une partie de son énoncé, tout en continuant à planifier le reste en cours de production. Les locuteurs bilingues ont-ils une aussi grande flexibilité quant au choix de stratégies de planification ? La présente étude a pour but d’observer comment les locuteurs bilingues adaptent leurs stratégies de planification en fonction du contexte (type d’énoncé, langue produite) et de diverses variables individuelles. Dix-huit locuteurs bilingues (français L1) ont pris part à une tâche d’énonciation de nombres isolés (énoncé simple) et de courtes équations (énoncé complexe) en L1 et L2. L’analyse des délais d’initiation de la parole démontre que les bilingues adaptent leurs stratégies de planification à la langue et au type d’énoncé à produire. Ces choix stratégiques sont aussi modulés par les variables individuelles relatives à l’exposition à la L2 et son âge d’acquisition. Dans leur ensemble, ces résultats montrent d’ores et déjà que les modèles de planification de la parole devront être adaptés afin de tenir compte des locuteurs bilingues.
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Communication orale
L’effet de l’expérience linguistique sur la perception de la parole dans le bruit dans les deux langues des bilinguesShari Baum (École des Sciences de la Communication Humaine, Faculté de Médecine, Université McGill), Xiaoqian J. Chai (MNI, Université McGill), Jen-Kai Chen (MNI, Université McGill), Vincent Gracco (Haskins Laboratories, Hew Haven, CT, USA), Denise Klein (MNI, Université McGill), Shanna Kousaie (Université McGill), Natalie Phillips (Département de Psychologie, Centre de Recherche sur le Développement Humain, Bloomfield Centre for Research in aging, Université Concordia), Debra Titone (Université McGill)
Le bilinguisme est associé à des avantages au niveau de communication et d’interaction sociale, ainsi que d’autres compétences cognitives. Cependant, très peu d’informations sont disponibles sur l’influence que des facteurs tels l’âge d’acquisition (AOA) et la maîtrise de la langue seconde peuvent avoir sur les processus perceptifs associés à ces avantages. Dans la présente étude, qui fait partie d’une plus vaste étude, nous avons mesuré le niveau d’activité dépendant du niveau d’oxygène sanguin (signal BOLD) à l’aide d’une IRM pour examiner l’influence de l’expérience linguistique sur la perception de la parole dans le bruit chez un groupe de jeunes adultes bilingues. Les participants ont entendu des phrases dont le mot final était de prévisibilité élevée ou faible, dans silence ou dans le bruit, et dans leur langue maternelle (L1) et seconde (L2). Des recherches précédentes ont constaté que la compréhension de la parole dans le bruit est plus facile dans la L1 que dans la L2 ; cependant, il n’est pas clair si cela varie en fonction de l’AOA ou de la compétence en L2. Les données de la présente étude aborderont directement cette question et examineront les différences entre les régions cérébrales recrutées pour la performance des tâches dans une L1 et une L2. Les résultats comportementaux et d’imagerie par IRM fonctionnelle seront présentés et discutés en fonction des théories actuelles du traitement du langage.
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Communication orale
L’influence du contenu et de la compétence linguistique sur le traitement de phrases dans le bruit chez les bilinguesShari Baum (Université McGill), Kristina Coulter (Université Concordia), Alexandra Covey (Université Concordia), Annie Gilbert (Université McGill), Brunela Gonzalez Cautela (Université Concordia), Vincent Gracco (Haskins Laboratories, Yale), Denise Klein (Université McGill), Shanna Kousaie (Université McGill), Natalie Phillips (Université Concordia), Jean-Louis René (Université Concordia), Debra Titone (Université McGill)
Le traitement de la parole se fait souvent dans des conditions suboptimales.(ex : bruit ambiant). En langue maternelle (L1), le traitement est facilité par le contenu de la phrase. Cependant, les facteurs qui influencent l’utilisation du contenu lors du traitement en langue seconde (L2), en condition suboptimale, restent à préciser. Ainsi, nous avons développé une version bilingue du Revised Speech Perception in Noise test alliant mesures comportementales et EEG, et l’avons présentée à 34 locuteurs bilingues (13 anglais L1, 10 français L1, 11 simultanés). Les participants avaient pour tâche de rappeler le dernier mot de chaque phrase, qui pouvait être soit « très » ou « peu » prévisible. Les phrases ont été présentées par blocs d’essais répartis selon la langue produite (L1 ou L2) et les conditions d’écoute (sans bruit ou avec parole de fond). Tel qu’anticipé, les scores de rappel ont été plus faibles en L2 qu’en L1 (p = 0,014), de même qu’en condition d’écoute suboptimale (p < 0,001) et lorsque le contenu de la phrase était peu prévisible (p < 0,001). Nous avons aussi trouvé une interaction entre tous les facteurs impliqués (L1, langue entendue, condition d’écoute, prévisibilité), c’est-à-dire que les bilingues ayant l’anglais comme L1 ont moins bien performé dans les conditions plus difficiles (avec bruit et contenu peu prévisible) comparé aux deux autres groupes de bilingues. D’autres analyses sont actuellement en cours afin de déterminer si ces différences pourraient être causées par un plus faible niveau de compétence en L2.