Les policiers ont une fonction de triage, de relais et d’appui pour l’entrée et le maintien des patients en psychiatrie. C’est le constat sur lequel s’appuient ce colloque et ses participants issus des sciences sociales, de la sécurité publique et de la psychiatrie. Partant de la question du rôle des policiers dans l’accès aux soins psychiques, nous examinerons des situations concrètes de rencontre entre les protagonistes de la psychiatrie (soignants et patients), les agents de la sécurité publique et les différents acteurs de première ligne de la prise en charge des patients psychiatriques.
Le colloque se positionne en amont du processus pénal en s’intéressant particulièrement aux policiers en uniforme amenés à intervenir dans la rue, à domicile ou à l’hôpital auprès de personnes souffrant de troubles psychiques. Dans ces circonstances, les agents-patrouilleurs doivent choisir comment agir en combinant leur champ d’expertise (le droit et l’application des lois) avec celui d’autres acteurs rassemblés autour du malade dans les épisodes de crise qu’il traverse.
Les situations de rencontre entre les mondes policier et psychiatrique, documentées depuis les années 1980, ont contribué à des lectures du travail policier comme détecteur précoce des psychopathologies, voire comme fournisseur de premiers soins psychiques. Les policiers seraient alors, comme le voudrait une formule aussi célèbre que contestable, des « psychiatres de coin de rue » dont la tâche est de permettre l’initiation de la prise en charge entre la rue et l’hôpital. Dans certains contextes, les acteurs institutionnels eux-mêmes en sont venus à revendiquer un tel rôle de la police comme extension du système de soins. Ce colloque entend interroger ces situations de rencontre et les comprendre comme le résultat d’une culture organisationnelle marquée par la doctrine managériale de la « coproduction » de la sécurité publique.