Les medical humanities sont de plus en plus présentes dans les écoles de médecine nord-américaines. De même, ces dernières décennies, plusieurs pays européens ont intégré dans l’enseignement médical des notions de sciences sociales. Ce colloque multidisciplinaire participe à ce mouvement en accordant une place prépondérante à la parole des patients, lesquels sont détenteurs d’un savoir d’expérience qui transcende les clivages paradigmatiques traditionnels. Peut-il les rapprocher? En Occident, il existe en effet deux grandes classes de savoir sur l’humain : celui du corps et celui de l’esprit. Les sciences biomédicales et les sciences humaines sont toutefois souvent présentées comme étant en rapport dialectique, voire antagoniste. Ces deux orientations sont pourtant également indispensables à la médecine. Pour soulager la souffrance de la personne qui se trouve en face de lui dans son cabinet, tout particulièrement en ce qui concerne la santé mentale, le médecin doit interpréter la parole et les comportements de cette personne afin de pouvoir la comprendre. Or, cette interprétation ne peut se faire qu’en référence aux normes et représentations sociales de la société à laquelle l’un et autre appartiennent. De plus, en médecine, incluant la psychiatrie, tout projet thérapeutique doit nécessairement être partagé par le patient et même initié par celui-ci, puisque ultimement c’est en lui que s’opère la guérison et que s’actualise ou non le processus de rétablissement. Pour l’y aider, il faut pouvoir situer cette personne en relation à une société donnée, puisque tel que les anciens philosophes nous l’ont enseigné, le bonheur humain n’est possible qu’en société. Ce colloque sera donc l’occasion de faire se croiser la neuroscience, la psychologie, la psychiatrie, la philosophie, la poésie, la musique, la peinture et même le théâtre comme formes alternatives d’expression de l’émotion, le tout sous l’angle du patient porteur de discours sur lui-même.
Le jeudi 11 mai 2017