Informations générales
Événement : 85e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 600 - Colloques multisectoriels
Description :Le langage sert à exprimer et à communiquer les pensées des interlocuteurs. C’est surtout en dialoguant que les locuteurs communiquent leurs pensées. Toutes les sciences qui traitent du langage, de l’action et de la pensée (philosophie, sciences humaines et intelligence artificielle) reconnaissent l’importance des actes de discours (actes d’énonciation, de référence, de prédication, d’expression de propositions et d’attitudes, et actes illocutoires et perlocutoires). Selon la théorie des actes de discours, les actes illocutoires sont les unités de base de signification et de communication dans l’usage et la compréhension du langage. Jusqu’à présent, on a surtout analysé les actes de discours de premier niveau accomplis par des locuteurs individuels à un seul moment d’énonciation. Cependant, les interlocuteurs entendent accomplir des actes illocutoires afin de poursuivre des conversations.
Notre objectif principal sera d’analyser la structure et la dynamique de jeux de langage oraux et écrits importants. Le colloque réunira des logiciens, des linguistes, des philosophes et des informaticiens qui collaborent. On parlera des discours ayant un but conversationnel propre, des actes illocutoires de niveau supérieur et de l’intentionnalité collective. Certains chercheurs indépendants feront des présentations critiques des hypothèses de la théorie des actes de discours sur l’analyse de la conversation. Les communications seront regroupées selon trois axes : le premier axe, Actes de discours et philosophie, regroupera des communications en philosophie du langage et de l’esprit; le second axe, Informatique, analyse des langues naturelles et communication, concernera la modélisation informatique des dialogues intelligents; et le troisième, Analyse du discours et des interactions discursives, portera sur le traitement de textes des langues naturelles.
Dates :- Daniel Vanderveken (Universidade Federal do Rio Grande do Norte)
- Candida De Sousa Melo (Universidade Federal da Paraíba)
- Maria Das Graças Soares Rodrigues (Universidade Federal do Rio Grande do Norte)
Programme
Modélisation informatique de la communication (Partie 1)
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Communication orale
La modélisation et la vérification de engagements conditionnelsJamal Bentahar (Université Concordia)
Dans cette présentation, je présenterai une logique temporelle ramifiée appelée CTLcc,α qui généralise la logique computationnelle de temps ramifié CTL avec de nouvelles modalités pour pouvoir représenter les engagements conditionnels (cc) et les actions associées (α) en utilisant le formalisme des systèmes interprétés. Je présenterai également un ensemble de propriétés valides, un ensemble de règles de raisonnement et un ensemble de postulats d'actions afin d'explorer les capacités de cette nouvelle logique. Je vais également introduire un nouvel algorithme de vérification symbolique pour résoudre le problème computationnel de vérification de modèles associée à cette logique. Je montrerai des résultats théoriques importants (correction et terminaison) de l'algorithme et l’outil de vérification automatique MCMAS+.
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Communication orale
Les systèmes applicatifs typés : de nouvelles perspectivesIsmaïl Biskri (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)
Les travaux sur les modèles symboliques dédiés à la syntaxe et à la sémantique formelles sont nombreux. Certains, dans la tradition linguistique Chomskyenne travaillent avec des règles de réécriture. Ces premiers modèles sont particulièrement dépendants des langues analysées, ce qui ne favorise pas la flexibilité exigée par les besoins actuels en technologie. Les autres modèles, que nous identifierons comme des Systèmes Applicatifs Typés, travaillent avec des règles explicites pour un calcul logique d'inférences. Ils font partie du courant des grammaires catégorielles plus précisément des modèles de la Grammaire Universelle, de la Grammaire Catégorielle Combinatoire, de la grammaire des opérateurs et opérandes de Harris, de la Grammaire Catégorielle d'Unification, des types intuitionnistes de Martin Löf, des Grammaires Catégorielles Abstraites, de la Grammaire Catégorielle Combinatoire Applicative avec l’utilisation de la Logique Combinatoire de Curry, ainsi que d'autres généralisations du calcul de Lambek. Mis à part quelques différences dans les stratégies de mise en œuvre de ces modèles, cette classe a l’avantage de représenter l’intrication des unités syntagmatiques au moyen de l’opération de l’application d’un opérateur à son opérande, une représentation, en soi, flexible et universelle. Malgré leur flexibilité et leur adaptabilité, ces modèles ont été étudiées dans le seul domaine de l’analyse syntaxique des langues. Nous présenterons de nouvelles perspectives dans l’utilisation de ce modèle.
Actes de discours et éthique
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Communication orale
Les actes illocutoires en éthique et en logique déontiqueDaniel Vanderveken (Universidade Federal do Rio Grande do Norte)
L’éthique traite des valeurs en particulier de ce qui est bon et mauvais (G.E. Moore (1903). Beaucoup d’actes illocutoires de premier niveau comme les évaluations, les engagements, les directives, les recommandations, les prohibitions, les autorisations et les permissions sont capitaux en éthique. Grâce à la logique illocutoire (J.R. Searle & D. Vanderveken 1985, D. Vanderveken 1990-91) on peut dorénavant interpréter tous les types d’énoncés qui sont utilisés en éthique incluant les impératifs, les performatifs, les exclamatifs et les déontiques et analyser les conditions de félicité des actes illocutoires capitaux de l’éthique. On peut aussi formaliser les inférences valides aussi bien pratiques que théoriques faites en poursuivant les discours éthiques. Comme je l’ai montré en 2001 et 2013 les interlocuteurs obéissent à des règles constitutives lors de la poursuite des discours pourvus d’un but conversationnel qui sont des actes illocutoires de niveau supérieur. Mon but principal sera d’exploiter les ressources de la logique illocutoire afin d’analyser les illocutions capitales de l’éthique et de mieux expliquer la nature des obligations, permissions et prohibition morales dont traite la logique déontique traditionelle de G.H. von Wright (1951, 1968). Je critiquerai et réviserai la logique déontique afin de mieux formuler les lois logiquement valides de l’éthique et d’éliminer les fameux paradoxes déontiques.
Dîner
Analyse du discours juridique
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Communication orale
Actes illocutoires et discours juridiques dans la langue françaiseCandida De Sousa Melo (Universidade Federal da Paraíba)
Jusqu'à présent, la théorie des actes de discours a surtout étudié les actes illocutoires de premier niveau accomplis par des locuteurs individuels à un moment d'énonciation. Certains actes illocutoires de premier niveau jouent un rôle important dans les discours juridiques. Par exemple, les actes illocutoires élémentaires comme les attestations, serments, acceptations, donations, autorisations et plaintes, les actes de dénégation illocutoire (les refus et permissions), les actes illocutoires conditionnels (les offres) et les conjonctions d'illocutions (les avertissements). Nous utiliserons les ressources de la pragmatique générale du discours de Vanderveken (2001, 2013) pour expliquer la structure et la dynamique des discours juridiques en langue française. Nous montrerons qu’il y a des discours juridiques pourvus des quatre buts conversationnels qui sont de véritables actes illocutoires de second niveau le plus souvent conjoints. Les échanges de salutations sont des discours expressifs. Les présentations des protagonistes du procès, les accusations, les témoignages et contre-témoignages à la cour des discours descriptifs. Les interrogations de témoins, les délibérations de jury et les plaidoiries des avocats en faveur des accusés sont des discours délibératifs. À la fin du procès, la décision du juge (son acquittement or sa condanation) sont déclaratoires.
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Communication orale
Des dispositifs énonciatifs organisateurs des témoignages en procès criminelMaria Das Graças Soares Rodrigues (Universidade Federal do Rio Grande do Norte)
Notre travail a comme but principal l'analyse de quelques dispositifs énonciatifs qui structurent les témoignages lors des discours juridiques dans un procès criminel. Afin d'atteindre notre but, nous allons décrire, discuter et comparer des données du XXe et XXIe siècles sur la prise en charge suivant l'approche d'Adam (2011) et Rabatel (2008, 2009, 2015, 2016) ansi que sur la médiativité dans la perspective de Z. Guentchéva (1994, 1996, 2011, 2013, 2014).
Philosophie de l’esprit et du langage
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Communication orale
Émotions et états affectifs chez SearleDenis Fisette (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Le point de départ de mon exposé est un débat qui oppose les intentionnalistes à Searle sur la question de savoir si le cas des humeurs (anxiété, dépression, etc.) est de nature à établir qu’il existe des états mentaux qui ne sont pas intentionnels. J’examinerai d’abord la conception searlienne des émotions dans son ouvrage Intentionality et j’énumérerai ensuite les différentes propriétés de la structure intentionnelle de cette classe d’états mentaux. Je me pencherai ensuite sur les arguments évoqués par Searle en faveur de la distinction tranchée entre émotions et humeurs et confronterai ces arguments aux contre-arguments des intentionnalistes en faveur du caractère intentionnel de tous les états affectifs. Je commenterai enfin la relation étroite que Searle établit, dans ses derniers travaux en philosophie de l’esprit, entre la dimension affective et la dimension phénoménale de l’expérience. Je soutiendrai, contre l’intentionnalisme, qu’il existe une dimension de l’expérience consciente qui n’est pas intentionnelle et que l’intentionnalisme n’est pas viable; mais je soutiendrai, contre Searle, que cette même dimension phénoménale, bien que distincte des états intentionnels, est toujours accompagnée de ces derniers.
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Communication orale
Quand dire, c’est faire comme si : sur la feinte réelle à l’œuvre dans le mensonge et la fictionSimon Fournier (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)
Feindre est une action intentionnelle universelle qui se réalise verbalement sous la forme du mensonge ou de la fiction. Dans les deux cas, soutient John Searle, l’auteur utilise à la fois sérieusement et non sérieusement le langage ordinaire pour faire comme s’il accomplissait d’authentiques illocutions — de premier niveau ou de niveau supérieur aux actes illocutoires momentanés — en accomplissant des actes réels d’énonciation. Dans le cas du mensonge seulement, précise-t-il, il le fait avec l’intention de tromper ses lecteurs. Ma communication mise sur les résultats d’une étude consacrée à la feinte de base — faire comme si sans intention de tromper — que je situe, à la suite d’Élisabeth Anscombe, dans le contexte des actions intrinsèquement intentionnelles dont la durée peut varier considérablement afin d’évaluer la portée explicative de l’hypothèse searlienne de la dépendance logique des formes jouées de comportement à l’égard des jeux de langage wittgensteiniens qui leur ressemblent en principe.
Dîner
Actes de discours et linguistique
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Communication orale
Changement de but et structure du discours avec l’expression comparative japonaise sore-yoriOsamu Sawada (Mie University)
L’usage de l’expression comparative japonaise sore-yori lors d’une énonciation sert parfois à signaler que le but propre à cette énonciation est préférable au but de l’énonciation antérieure (à laquelle sore réfère) au niveau non propositionnel. Cependant l’usage pragmatique de sore-yori peut également servir à signaler que la présente énonciation est préférable à l’énonciation antérieure et qu’elle atteint alors mieux le même but (pas de changement alors de but). Je traiterai dans ma conférence des conditions du changement ou du non changement de but dans le discours lors de l’usage de sore-yori et j’argumenterai que la pertinence de l’énonciation pour la question en discussion (QUD) (Roberts 1996) joue un rôle important dans la détermination de la fonction pragmatique de sore-yori.
Modélisation informatique de la communication (Partie 2)
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Communication orale
Énaction et dialogueJean Caelen (Université Joseph Fourier Grenoble 1)
Les théories récentes de l’enaction et des systèmes autopoiétiques invitent à considérer le dialogue comme un processus émergent et autonome. Nous démontrerons l’intérêt de ce modèle dans lequel le dialogue serait ainsi un processus émergent qui s’auto-organiserait, dès lors que les interlocuteurs sont en présence les uns des autres, eux-mêmes considérés comme des éléments autopoïétiques. Il s’agirait ainsi d’un assemblage de systèmes allopoïétiques, lui-même autopoïétique qui ferait émerger un jeu interhumain de l’arrière-fond des altérités mises en présence selon des principes d’échange d’informations langagières et d’actes de langage autour d’un jeu d’interaction ordinaire.
Actes de discours et soins
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Communication orale
Actes de discours indirects dans les affiches de soins de santé : étude empiriqueRosalice Pinto (Centre de linguistique de l' université nova de lisbonne)
Actes de discours indirects dans les affiches de soins de santé: étude empirique
Le but de ma communication est de montrer que pour bien travailler avec les textes empiriques intégrés aux pratiques sociales, il faut actualiser l’analyse traditionnelle des actes de discours indirects de Searle (1969). Pour cela il faut utiliser les concepts théoriques de la pragmatique du discours de Vanderveken (2013), de l’analyse interactionnelle de Kerbrat-Orecchioni (2012) et de la sémiotique sociale de Kress & van Leeuwen (2006). Pour prouver la complexité des actes de discours indirects de ces discours, j’ai sélectionné des échantillons de textes (des affiches de soins de santé) qui ont circulé dans les centres portugais de soins de santé en 2015. Mon étude établit la fréquence d’actes de discours indirects dans les textes multimodaux sélectionnés et la nécessité d’actualiser l’analyse traditionnelle pour bien décrire les stratégies verbales et non verbales utilisées dans ces documents afin de mieux interpréter les textes.
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Communication orale
La loi concernant les soins de fin de vie : un discours tranquilleRéjean Boivin (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)
Au Québec, les travaux menés par la Commission spéciale sur la question de mourir de la dignité, jusqu’à l’adoption du projet de Loi 52, ont entretenu un flou sémantique qui n’a jamais été dissipé, ajoutant de la confusion dans les discours. L’unanimisme parlementaire et médiatique aurait probablement été similaire même si les ambiguïtés reliées à la terminologie avaient été clarifiées.