Bien que les écrits professionnels soient cruciaux dans notre société et se situent au cœur des activités quotidiennes des travailleurs, un écart s’observe entre les attentes des employeurs et la capacité à communiquer par écrit des diplômés du postsecondaire (MELS et MESRST, 2013). Qu’on les nomme « écrits utilitaires » ou « écrits fonctionnels », ces textes ont pour but, entre autres, de transmettre un message d’information ou d’incitation à l’action (courriel, argumentaire de vente, manuel d’utilisateur, etc.) ou de reconstruire des pratiques (rapport d’intervention, rapport d’incident, notes d’évolution, etc.). Le scripteur, en dehors de l’exploitation du potentiel épistémique et heuristique de l’écriture (Blaser, Saussez et Bouhon, 2014), écrit pour être compris, avec une écriture de type communicationnel associée à l’accomplissement d’un mandat (Beaudet et Rey, 2012). Des enjeux socioéconomiques de différents ordres entrent en ligne de compte, et les acteurs concernés peuvent être tout aussi influents que nombreux. Les écrits professionnels servent alors, par exemple, à défendre une image professionnelle ou identitaire, à sceller une entente ou à soutenir une preuve à la cour. Conséquemment, il importe de former les futurs travailleurs à l’écriture professionnelle en tenant compte de ces enjeux et de contribuer de manière efficace au développement de la compétence à produire des écrits professionnels attendue dans l’exercice d’un métier ou d’une profession (Pelletier et Lachapelle, 2016). Qui plus est, il s’avère pertinent de se demander comment y parvenir dans un contexte où les difficultés des étudiants de niveau postsecondaire à produire les écrits demandés dans toutes les disciplines sont notables et en appellent à la nécessité de mesures de soutien (Donahue, 2008; Pollet, 2001; Thyrion, 2011). Les pratiques d’accompagnement devraient reposer sur la mise en place d’activités disciplinaires pertinentes, comportant des tâches qui s’inscrivent dans des contextes spécifiques et qui concernent différents types d’écrits. Il s’agirait en somme de « transformer la part langagière du travail en contenus didactiques » (Adami et André, 2012).
Le jeudi 11 mai 2017