Informations générales
Événement : 85e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 500 - Éducation
Description :Dans une perspective d’éducation inclusive, la réussite éducative des populations vulnérables semble être influencée par les processus d’acculturation scolaire (Mc Andrew, Garnett, Ledent, Ungerleider, Abumati-Trache et Ait-Said, 2008), concrétisés dans l’appropriation de la culture seconde qui est celle de l’école, que ce soit sous ses aspects liés à la maîtrise de la langue d’enseignement et de stratégies de travail adéquates, à l’identité culturelle ou aux normes de vivre ensemble. La vulnérabilité des populations scolaires est définie autant du point de vue social (par exemple, élèves issus de communautés minorisées ou minoritaires, telles les communautés autochtones ou d’origine immigrante, ou encore issus de milieux défavorisés) que du point de vue individuel (élèves handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage). Si toute une tradition de recherche liée à l’examen de la socialisation a apporté des éclairages théoriques à la problématique générale de l’acculturation scolaire (Berthoud-Aghili, 2002; Gayet, 1998; Kanu, 2007; Levasseur, 2012; Verhoeven, 2005), plusieurs questions, de nature épistémique et pragmatique, requièrent encore l’attention des chercheurs. Comment l’école parvient-elle à favoriser un processus d’acculturation des populations vulnérables? Quelles pratiques les enseignants mettent-ils en œuvre pour favoriser la socialisation de ces élèves? Y a-t-il des pratiques de socialisation qui contribuent davantage à la réussite éducative de ces élèves? Ce colloque s’adresse en égale mesure aux chercheurs intéressés par la réussite éducative des populations scolaires vulnérables qu’aux praticiens qui interviennent au quotidien auprès de celles-ci.
Date :- Mirela Moldoveanu (Université d’Ottawa)
- Marilyn Steinbach (UdeS - Université de Sherbrooke)
Programme
Pratiques de socialisation à l’école : enjeux et défis
Quelles pratiques de socialisation à l’école?
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Communication orale
Pratiques de socialisation à l’école : paradigmes épistémologiques et effets sur les apprentissages d’élèves autochtones ou issus de l’immigrationMirela Moldoveanu (UQAM - Université du Québec à Montréal), Maryse Potvin (UQAM), Marilyn Steinbach (Université de Sherbrooke)
Issue des résultats d'une synthèse de connaissances, cette communication fera un survol de pratiques de socialisation mises en place auprès d'élèves d'origine autochtone et auprès d'élèves immigrants de première génération dans plusieurs pays, dont l'Australie, la Nouvelle-Zélande, la Finlande, la Suède, les États-Unis et le Canada. Partant de l’hypothèse que leur réussite scolaire est en lien avec l’appropriation de certains éléments spécifiques au milieu scolaire, tels la culture implicite, les normes et valeurs qui régissent les comportements avec les pairs et les adultes, les stratégies de travail et la maîtrise de la langue d’enseignement, nous avons mis au centre de notre recherche le concept de socialisation secondaire. Les résultats démontrent effectivement que les pays où les élèves autochtones ou immigrants réussissent mieux ont mis en place des politiques qui définissent les cadres d’une éducation émancipatrice : valorisation systématiques des langues d’origine (par exemple, reconnaissance des langues autochtones comme langues officielles, implantation de programmes bilingues d’enseignement ou d’un modèle de service qui privilégie l’intégration partielle en classe ordinaire des élèves immigrants dès le début de leur scolarité, soutien des programmes et projets de valorisation du patrimoine culturel d’origine et de dialogue interculturel).
Inclusion scolaire et socialisation de populations scolaires vulnérables
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Communication orale
La pleine participation aux activités scolaires, culturelles et sociales des élèves : double perspectiveCorina Borri-Anadon (UQTR), Nadia Rousseau (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)
Cette communication vise à explorer les défis et les conditions facilitantes entourant la pleine participation aux activités scolaires, culturelles et sociales d’élèves handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage et d’élèves de groupes minoritaires en tant que condition de leur socialisation. La participation des élèves est donc explorée, dans un premier temps, à partir des résultats d’une métasynthèse entourant les conditions favorables et défavorables au développement de pratiques plus inclusives destinées aux élèves handicapés ou en difficultés d’adaptation ou d’apprentissage. Dans un deuxième temps, nous discuterons de la nécessité d’agir à la fois sur les populations scolaires vulnérables dans une perspective d’acculturation scolaire, mais également et surtout, sur l’ensemble des élèves et de la communauté éducative afin d’assurer la pleine participation de tous et toutes et de répondre à la mission de socialisation de l’école.
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Communication orale
L’inclusion scolaire en ItalieMaria Grasso (Université de Florence)
Le système scolaire italien considère la socialisation comme un véhicule privilégié d'apprentissage. En référence aux situations des élèves avec des vulnérabilités particulières, la loi 517 de 1977 a sanctionné la fermeture des classes spéciales pour les étudiants handicapés et la fréquence des classes ordinaires et la loi n. 40 de 1998 a confirmé le droit et le devoir d'éducation pour les enfants d'origine étrangère avec les étudiants italiens, assurant des laboratoires de L2 italien. Les réglementations récentes reconnaissent les besoins éducatifs spéciaux (BES) et réaffirment que l'école reçoit et traite tous les types de diversité et de difficultés avec les plans d'études personnalisés, l'amélioration de l'interaction et la collaboration dans la classe (Directive Bes, 2012). Les recherches menées au niveau national par l'Observatoire régional de l'intégration et multi-ethnique (Orim) et confirmées localement (Grasso, 2017) montrent que les jeunes d'origine immigrée perçoivent un climat propice à l'échange scolaire dans les relations interethniques et ils ont un égard positif sur leur avenir et sur l'adhésion aux sociétés d’accueil (Besozzi, Colombo, Santagati, 2013). Dans ce contexte, notre recherche met en évidence l'importance du climat de la classe, des relations entre les pairs et avec les enseignants pour le bien-être personnel, de la motivation à étudier pour la réussite scolaire (Giovannini, Queirolo Palmas, 2002; Wheelan et Kesselring 2005 ; Scoop, 2008, Senge, 1990; Dufour et Eaker, 1998; Orsi, 2014; Pattaro, 2011).
Dîner
Pratiques de socialisation mises en œuvre dans des classes d’accueil au Québec
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Communication orale
La transition des élèves allophones issus de l’immigration récente de la classe d’accueil à la classe ordinaireValérie Amireault (UQAM), Simon Collin (UQAM - Université du Québec à Montréal), Réginald Fleury (Commission scolaire de Montréal), Sonia Fréchette (Commission scolaire de Montréal), Sonia Robitaille (Commission scolaire de Montréal)
Cette communication abordera la socialisation scolaire des élèves allophones issus de l’immigration récente. Elle se penchera plus précisément sur la manière dont les acteurs scolaires peuvent soutenir la transition de ces élèves de la classe d’accueil à la classe ordinaire. Nous commencerons par dresser un portrait des principaux enjeux auxquels font face les acteurs scolaires (enseignants de classes d’accueil, enseignants du régulier, soutien linguistique, directions d’école, etc.) dans le soutien au passage des élèves allophones, ainsi que des conséquences pour ces derniers. Ces constats initiaux ont été à l’origine d’un partenariat « chantier 7 » qui a abouti à la création du webdocumentaire Des racines et des ailes. À la fois documentaire, outil de sensibilisation, de formation et d’autoformation, Des racines et des ailes s’articule autour des principales étapes que traversent les élèves allophones issus de l’immigration récente lors de leur passage de la classe d’accueil à la classe ordinaire. Il s’adresse autant au milieu scolaire qu’au grand public. À l’occasion de ce symposium, nous souhaitons donner un aperçu de ce webdocumentaire en qu’il puisse outiller les acteurs scolaires sur les façons de soutenir la socialisation des élèves allophones issus de l’immigration récente.
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Communication orale
Socialisation en classe d’accueil : construire une pratique en constructionCharles Steichen (MENJE)
Cette communication analysera les pratiques professées et mises en place auprès d’élèves du primaire, récemment arrivées et peu familiarisées avec la « culture scolaire » québécoise. Pour ce faire, nous retournerons sur les données d’observation réalisées dans une classe d’accueil québécoise dans le cadre de notre mémoire. Un regard ethnométhodologique, cherchant à rendre explicite les phénomènes construisant la vie sociale habituelle, a servi à situer les pratiques professionnelles d’enseignement. Mettant de l’avant une typologie de pratiques de socialisation, nous aborderons les choix dans lesquels un enseignant travaillant en contexte d’immigration récente doit œuvrer. Ses pratiques, associées à des finalités éducatives avec leurs normes et valeurs respectives, reflètent la complexité de l’enseignement au quotidien. Selon le contexte scolaire, la relation à l’élève, à l’apprentissage, chaque action posée en classe se mobilise. Répondre à la mission de socialisation par des interventions éducatives, intentionnées et effectives demeure un défi de taille pour l’enseignant, car les pratiques de socialisation restent complexes, fortement associées à la réflexion-dans-l’action.
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Communication orale
Pratiques interculturelles en classe d’accueil au primaireJessica Estrada Chable (UdeS - Université de Sherbrooke)
La diversité ethnoculturelle, linguistique et religieuse de Québec se reflète dans les écoles primaires québécoises qui accueillent chaque année un nombre important d’élèves issus de l’immigration (EII). Cependant, cette diversité en milieu scolaire est accompagnée de problèmes d’intégration résultant, entre autres, des attitudes ethnocentriques, discriminatoires et racistes envers les élèves appartenant à divers groupes ethnoculturels. De nombreuses études démontrent l’importance de l’éducation interculturelle dans l’école québécoise, laquelle vise à créer des attitudes d’ouverture, de respect et de tolérance envers la diversité afin d’établir des relations interethniques harmonieuses, c’est-à-dire le vivre ensemble. Le but de cette étude phénoménologique est de décrire les pratiques d’enseignement en éducation interculturelle des enseignants en classe d’accueil au primaire dans la région de Sherbrooke. Pour ce faire, nous mènerons une forme d’entretien hybridée, jusqu’à saturation théorique, regroupant l’entretien semi-dirigé et celui d’explicitation. Dans ce colloque, nous présenterons en quoi l’éducation interculturelle pourrait répresenter une réponse adéquate à la problématique d’intégration socioéducative des EII dans la société québécoise. Ainsi, notre recherche visant la description des pratiques enseignantes auprès des EII en classe d’accueil au primaire se positionne comme une étape initiale dans une démarche d’amélioration dans un contexte scolaire diversifié.
Pratiques valorisant l’acculturation d’élèves issus de l’immigration
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Communication orale
Valoriser l’identité culturelle autochtone en salle de classe : une piste alternative au regard de l’acculturationDiane Campeau (UdeS - Université de Sherbrooke)
Plusieurs études démontrent que la réussite scolaire des élèves autochtones se fait au prix d’un processus d’acculturation. Or, est-il possible de préserver et même de valoriser l’identité des élèves tout en respectant le curriculum en place? S’inspirant de Casrnir (1999) qui amène le concept d’un dialogue permettant la construction d’une troisième culture, nous présentons la démarche déployée dans le cadre d’une recherche-action. Cette recherche-action a été effectuée dans deux écoles publiques du Québec dont la proportion d’élèves Anishinabe dépasse les 50%. Voulant actualiser le concept de l’interface culturelle Nakata (2007), les perspectives et savoirs des communautés de proximité ont été intégrés dans le cadre régulier de la classe d’une manière dynamique et non stéréotypée. Pour ce faire, on a adopté une pédagogie dite hybride qui s’inspire à la fois de la pédagogie autochtone basée entre -autres sur les travaux de Battiste (2002) de même que de la pédagogie du lieu récemment réactualisée par Somerville, (2011). Plusieurs acteurs ont contribué à la démarche dont les enseignants, mais également des Aînés de même que le territoire, lieu identitaire.
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Communication orale
Mieux les connaître pour mieux les accueillir dans nos classes : portrait culturel des immigrants de l’Europe de l’EstMaia Morel (UdeM - Université de Montréal)
L'expression « condamnés à vivre ensemble » (proposée par Laurendeau en 1962) est aujourd'hui plus actuelle que jamais : nous accueillons dans les classes québécoises de plus en plus d'élèves issus de diverses cultures, ce qui nous invite à nous interroger constamment sur les défis de l'éducation liés à cette réalité socioculturelle. Le parcours migratoire des enfants est dépendant de la dynamique familiale (Rachédi et Vaatz-Laaroussi, 2016), et l’éducation est forcément influencée par les choix culturels de leurs parents. Nous proposons ici une étude exploratoire menée sur un groupe de 23 immigrés de l’Europe de l’Est installés à Montréal, qui donne un aperçu des rapports que les participants entretiennent avec leur culture d’origine et avec la culture d’accueil. Les résultats de recherche présentent trois tendances globales dans ces relations à ces deux univers culturels. Le portrait ainsi tracé nous aide à mieux comprendre les besoins et les attentes des immigrés et de leurs familles, et nous fournit des éléments précieux pour la mise en œuvre de parcours d’inclusion adaptés.
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Communication orale
L’éducation scientifique multiculturelle : vers une meilleure socialisation des élèves canadiens associés à l’immigrationDonatille Mujawamariya (Université d’Ottawa)
Dans la formation à l'enseignement des sciences, plusieurs mythes subsistent quant à la nature des sciences et au statut des scientifiques. En Ontario, ces mythes trouvent écho dans un curriculum euro-centrique (Shujah, 1999; Mujawamariya, Hujaleh, Kerckhoff-Lima, 2014) malgré la diversité ethnoculturelle de plus en plus croissante de la population étudiante. Or, une éducation scientifique qui se cantonne dans un seul contexte culturel met en péril l’apprentissage scientifique et les performances des élèves de la classe appartenant à d’autres cultures (Gajardo et Dasen, 2006; Davison and Miller, 1998). S’inscrivant dans une perspective d’éducation scientifique multiculturelle (Aikenhead, 2001 ; D’Ambrosio, 2000; Hodson, 1999), cette communication vise à mettre en évidence la pertinence et l’importance de la prise en charge de la dimension culturelle de la science dans l’enseignement et l’apprentissage des sciences au quotidien afin que des élèves associés à l’immigration puissent aussi être représentés dans ce qu’elles/ils apprennent.