Un mouvement paradoxal touche nos sociétés actuelles : tandis que certaines des inégalités ont été réduites, d’autres émergent ou se renforcent dans les parcours de vie. Nos sociétés sont désormais confrontées à une accentuation rapide des inégalités sociales de revenus (Piketty, 2013). La crise, et les politiques d’austérité qu’elle a légitimées dans son sillage, sont venues accentuer certaines fragmentations et accélérer les trajectoires de différenciation sociale.
Or, particulièrement touchés par la crise et l’austérité, les jeunes sont au cœur de cette recomposition des inégalités. Si toutes les générations ont été touchées par la crise, on a assisté à une dynamique de concentration des difficultés potentielles parmi les jeunes adultes — particulièrement chez ceux entrant sur le marché du travail (taux de chômage accentué, augmentation accélérée du taux de pauvreté). Conjointement, un processus d’accentuation des inégalités intragénérationnelles se met en œuvre. Présent chez toutes les générations, ce processus est particulièrement sensible au moment de l’entrée dans la vie adulte.
Les contributions seront aussi bien théoriques qu’empiriques; elles pourront traiter de divers contextes nationaux et se structureront autour de trois dimensions :
1) identifier comment le contexte d’austérité affecte tant les conditions de vie des jeunes que les interventions publiques destinées à les soutenir;
2) analyser les politiques elles-mêmes et leurs effets (catégories instituées, angles morts et paradoxes) ainsi que les aspects des inégalités dans les parcours de vie des jeunes n’ayant pas encore fait l’objet d’interventions publiques;
3) confronter différents échelons politiques sur une dimension ciblée des inégalités; ou documenter un dispositif particulier en l’inscrivant dans ses liens à d’autres échelles territoriales de régulation.