Aller au contenu principal
Il y a présentement des items dans votre panier d'achat.

Informations générales

Événement : 85e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 400 - Sciences sociales

Description :

La linguistique judiciaire (forensic linguistics) regroupe les recherches axées sur le langage dans les contextes de travail relatifs à la justice. Langue et justice ont en effet partie liée : l’interrogatoire, l’aveu, la plaidoirie et le jugement sont affaire de discours, tout comme le sont également parfois, en amont, l’infraction ou le crime lui-même — qu’il s’agisse de menace, d’incitation à la haine ou de plagiat, pour ne nommer que ceux-là. La manière même dont ces discours sont construits contraint l’interprétation qui en est donnée et, de ce fait, les conséquences légales et sociales qui en découlent. Le colloque réunira les chercheurs francophones intéressés par l’étude du langage dans toutes les sphères du système judiciaire et à toutes les étapes d’intervention. Il s’agira d’exploiter des thèmes liés à l’analyse des discours de l’enquête policière ou du tribunal — produits par les acteurs impliqués dans les enquêtes ou les procès : policiers, juges et avocats, mais aussi témoins et jurés — de même qu’à l’analyse de données langagières pour l’enquête policière ou le tribunal : par exemple, les discours qui font l’objet du litige constituent des indices ou sont apportés en preuve lors d’un procès.

Date :
Responsables :

Programme

Communications orales

Linguistique judiciaire et interrogatoire : enjeux de la linguistique judiciaire

Salle : (E) 211 — Bâtiment : (E) SCIENCES DE L'ÉDUCATION
  • Communication orale
    Désinformer l’interrogatoire : l’effet des questions sur le témoignage judiciaire
    Myriam Raymond-Tremblay (Université du Québec à Montréal), E. Allyn Smith (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Selon Loftus (1975), la présentation d’une information nouvelle au témoin d’un évènement pourrait influencer les témoignages subséquents de ce témoin. La présente étude tente de reproduire les résultats de Loftus afin d’en apprendre davantage à propos des caractéristiques linguistiques favorisant ou défavorisant la désinformation.
    Les participants regardaient une vidéo puis répondaient à un questionnaire dans lequel était présupposée, pour le tiers des participants, une information vraie; pour le deuxième tiers, une information fausse; et pour le reste, aucune information. La semaine suivante, tous les participants recevaient la même version d’un second questionnaire qui ciblait l’information critique. Ils ont également passé un test de mémoire de travail.
    Les données sont en cours de collecte. L’analyse sera centrée sur la proportion de faux rapports selon qu’une information vraie, une information fausse ou pas d’information a été présupposée. Si les faux rapports sont plus fréquents en présence d’une présupposition fausse, il sera possible de conclure que des questions posées après un événement peuvent influencer le rapport qu’en fera le témoin. Cela pourrait signifierait que les techniques d’interrogatoire actuelles menacent l’intégrité des témoignages judiciaires en introduisant de nouvelles informations que les témoins ne peuvent plus distinguer de leurs souvenirs.

    Référence
    Loftus, E. F. (1975). Leading Questions and The Eyewitness Report. Cognitive Psychology,
    550-572.

  • Communication orale
    L’art de résister à un interrogatoire : les stratégies discursives mobilisées par les témoins
    Jessica Rioux-Turcotte (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)

    La parole joue un rôle crucial et très normé en contexte légal. Que ce soit en cour, en commission d’enquête publique ou lors d’une enquête, l’interaction, dirigée par un avocat ou un enquêteur, estbasée sur une structure de questions et de réponses. Plusieurs chercheurs ont analysé la formulation des questions des enquêteurs et des avocats, qui servent inévitablement les intérêts de ceux qu’ils représentent. Malgré le cadre légal contraignant, il a été démontré qu’une personne en situation d’interrogatoire réussira toute de même à mobiliser des stratégies discursives qui lui permettront de résister aux questions qui l’incommodent. Ce sont ces stratégies qu’ont mobilisées avec créativité plusieurs témoins vedettes de la commission Charbonneau (Commission surl'octroi et la gestion des contrats publics dans l'industrie de la construction, 2011-2015). Notre communication a pour objectif de montrer sur quelles stratégies discursives repose la résistance de certains témoins présents à cette commission, résistance dont les médias québécois ont fait largement état dans leur couverture de la commission. Nous relèverons qualitativement les stratégies discursives de résistance mobilisées par certains témoins et proposerons une synthèse des travaux à propos de ces stratégies. Cette synthèse pourra éventuellement être mobilisée lors d’analyses sur d’autres interrogatoires. Nous aborderons en conclusion la possibilité de la préparation des témoins dans une perspective discursive.

  • Communication orale
    Analyse juridique de la nécessité d’adaptation du langage en matière criminelle
    Maxime Laroche (École nationale de police du Québec / Directeur des poursuites criminelles et pénales)

    La loi ne fait d'exception pour personne et s’applique également à tous, et tous ont droit à la même protection et au même bénéfice de la loi, sans discrimination fondée sur la race, l’origine nationale ou ethnique, la couleur, la religion, le sexe, l’âge ou les déficiences mentales ou physique (art. 15 – Charte canadienne des droits et liberté).

    Le droit à l’égalité est donc un droit fondamental reconnu et appliqué par l’ensemble des tribunaux canadiens qui en sont les gardiens. Or, bien que tous soient égaux devant la Loi, tous ne possèdent pas la même facilité à témoigner devant la Cour ou encore à bien comprendre les interactions avec les policiers. Qu’arrive-t-il lorsque les policiers doivent interagir avec une personne qui ne possède pas la même maitrise de la langue, que ce soit par son niveau de scolarité, son âge, son origine, etc.? Les policiers ont-il un devoir d’adaptation envers cette personne? Quels sont les risques associés à la non-adaptation des termes et explications données? En plus des considérations policières, qu’arrive-t-il lorsque les juges font face à un certain déséquilibre entre leur maîtrise de la langue et celle du suspect ou du témoin dans le cadre d’un interrogatoire ou de la présentation d’une preuve devant un jury? La communication proposée est une analyse sommaire de l’impact de ces déséquilibres linguistique en matière criminelle, à la lumières des obligations juridiques des policiers et magistrats.

  • Communication orale
    Implication des chercheurs en linguistique judiciaire dans le milieu judiciaire francophone : une course contre la montre
    Vincent Denault (UdeM - Université de Montréal), Jessica Rioux-Turcotte (Université du Québec à Trois-Rivières)

    Depuis plus de 40 ans, de nombreux linguistes s’intéressent à l’application de la linguistique à différentes étapes du processus judiciaire. Toutefois, si du côté anglo-saxon les policiers et les magistrats ont reconnu son utilité de l’enquête policière au procès criminel (Blackwell, 2013), la linguistique légale demeure peu connue dans la francophonie. Les professionnels du milieu judiciaire n’étant pas immunisés aux soi-disant experts (Kosinski, 2015), la méconnaissance de ce domaine de recherche scientifique laisse la porte ouverte aux techniques pseudoscientifiques afin de distinguer les discours véridiques des discours mensongers. La technique SCAN (Sapir, 2005), par exemple, est utilisée à l’échelle mondiale par les forces de l’ordre malgré une absence de preuves empiriques probantes (Bogaard, Meijer, Vrij, & Merckelbach, 2016). Au Québec, la méconnaissance de la recherche scientifique sur le non-verbal a permis à la synergologie, pendant quelques années, de recevoir l’attention de nombreux policiers, avocats et décideurs (Denault, Larivée, Plusquellec, & Plouffe, 2015). Prenant exemple sur la popularité de cette technique pseudoscientifique pour décoder le non-verbal, cette présentation orale vise à discuter des enjeux et des défis auxquels s’expose la linguistique légale si, comme ce fut le cas pour la recherche scientifique sur le non-verbal, les universitaires négligent de faire valoir efficacement et en temps opportun leurs connaissances.

  • Communication orale
    Voix, contrôle et prise de parole dans des audiences judiciaires multilingues : la production de récits consécutivement interprétés dans des audiences de demande d’asile
    Christian Licoppe (Télécom ParisTech), Maud Verdier (Université Paul-Valéry de Montpellier), Clair-Antoine Veyrier (Telecom ParisTech/Ecole Nationale Supérieure des Télécommunications)

    Les demandeurs d’asile fuyant leur pays parviennent rarement dans le pays d’accueil avec toute la documentation nécessaire pour prouver leur nationalité. Lorsque les demandes d’asile sont traitées dans un tribunal (c’est le cas en France dans les procédures d’appel), les audiences se concentrent sur la crédibilité des requérants et de leurs récits d’expériences personnelles. Notre présentation s’appuie sur une enquête de terrain menée auprès de la Cour Nationale du Droit d’Asile qui juge à Paris des demandes d’asile initialement rejetées. Dans les départements français d’outre-mer, un dispositif de visioconférence a été mis en place pour permettre aux demandeurs d’asile qui y sont localisés de comparaître à distance devant une formation de jugement siégeant à Paris. Les demandeurs d’asile bénéficient de la présence d’un interprète pour les seconder. En s’appuyant sur un corpus d’enregistrements audiovisuels d’audiences judiciaires analysé selon les principes de l’analyse de conversation, nous montrerons comment l’interprète joue à ce moment un rôle de médiateur séquentiel dans ce processus collaboratif. Nous considérerons également certaines conséquences pragmatiques du recours à la visioconférence, en montrant aussi comment l'interprète, lorsque qu’il n’est pas à côté du demandeur d'asile, dispose de moins de ressources pour contribuer à une reprise de parole par celui-ci.


Dîner

Dîner

Salle : (E) 211 — Bâtiment : (E) SCIENCES DE L'ÉDUCATION

Communications orales

Identité linguistique en contexte judiciaire

Salle : (E) 211 — Bâtiment : (E) SCIENCES DE L'ÉDUCATION
  • Communication orale
    Reconnaissance du locuteur : familiarité et indices électrophysiologiques
    Julien Plante-Hébert (UdeM - Université de Montréal)

    La capacité humaine à reconnaitre des voix familières a une importance critique lorsqu’appliquée dans un contexte légal. Nous avons démontré, en employant une procédure de «parade vocale», qu’une familiarité élevée permet une reconnaissance quasi parfaite de locuteurs. Un test de parade vocale exigeant une réponse verbale présente toutefois un problème en ce qu’un participant pourrait préférer éviter d’identifier la voix d’un proche. La présente étude vise à répondre à ce problème en faisant usage de l’électro-encéphalographie qui permet d’observer les potentiels évoqués (PE) associés à la reconnaissance d’une voix familière lors de l’écoute d’énoncés. Une expérience été menée où on a enregistré les PE de onze participants (sur un total prévu de 12) qui écoutaient une série d’énoncés produits par différentes voix similaires. Une seule de ces voix était familière du participant (la voix d’un proche). L’analyse des PE montre une différence saillante entre les potentiels évoqués lors de la présentation de voix familières en comparaison avec les voix inconnues. Les observations suggèrent l’existence d’une composante particulière dans les PE liée à la reconnaissance de voix familières. Par ailleurs, les données comportementales indiquent que les participants ont différencié la voix familière des voix inconnues dans 99.02 % des présentations. Les résultats impliquent que la reconnaissance d’individus par la voix peut être démontrée hors de tout doute raisonnable par le biais de PE.

  • Communication orale
    Affiliation en contexte de cyberprédation : les stratégies de l’agent infiltrateur
    Annie Houle (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)

    Lorsqu’un agent infiltrateur investit le cyberespace en utilisant une identité de (pré)adolescent afin de coincer des cyberprédateurs, les ressources dont il dispose sont majoritairement d’ordre linguistique et doivent être exploitées finement tant dans la construction et la négociation de l’identité qu’il se forge que dans l’évolution de la relation qu’il établit avec le cyberprédateur. L’agent infiltrateur cherche donc à créer ou, du moins, à stimuler l’affiliation dans l’interaction par divers moyens (coopération, alignement discursif, rythmique, etc.) tout en usant d’un certain contrôle sur son interlocuteur afin de l’attirer dans les filets des autorités.

    Nous nous sommes intéressée à la façon dont se développe l’affiliation entre l’agent infiltrateur et le cyberprédateur tout d’abord dans sa composante linguistique, par une analyse conversationnelle en rangs et l’application de la théorie de la communication de leurre à une sélection d’archives de messagerie instantanée issues du site Perverted- Justice.com. Nous avons également fait appel à la chronémie pour observer la dynamique interactive qui témoigne de cette affiliation. Ces exercices nous ont offert une meilleure lecture de la mise en place et de l’exploitation des stratégies discursives verbales et non verbales qui, de manière subtile, permettent à l’agent infiltrateur de gagner la confiance du cyberprédateur tout en développant une certaine ascendance sur l’interaction.


Communications orales

Linguistique judiciaire et prévention du crime

Salle : (E) 211 — Bâtiment : (E) SCIENCES DE L'ÉDUCATION
  • Communication orale
    Utilisation des données de Twitter dans les études criminologiques : exploration des méthodes statistiques et linguistiques probantes dans l’analyse des messages d’Anonymous
    Francis Fortin (UdeM - Université de Montréal)

    La plate-forme Twitter permet aux programmeurs d'accéder à tous les contenus publics partagés au cours d'une période donnée, à la fois du texte et des métadonnées telles que les détails de l'utilisateur et les données entourant le message (informations de géolocalisation, réponse / retweet, etc.). Ces données sont utilisées dans plusieurs disciplines : le marketing, la géographie, la sociologie, etc. Les criminologues commencent également à utiliser les médias sociaux, non seulement pour comprendre comment ces technologies sont impliquées dans les crimes, mais aussi comment les déviants partagent l'information. L’objectif de cette présentation est d’explorer des méthodes linguistiques et statistiques afin de faciliter la vigie informationnelle des agences d’application de la loi. Avec la quantité d’information échangée chaque jour, il devient nécessaire d’automatiser certaines analyses qui permettent de synthétiser et filtrer l’information automatiquement. En utilisant une étude de cas impliquant le groupe Anonymous (et plus d’un million de tweets), les résultats montrent qu'une grande quantité de validation et d'analyse est nécessaire pour obtenir des résultats pertinents. Toutefois, les résultats montrent que les méthodes d’analyse de langage naturel (NLP) combinées au modèle de forge de données bag of words permettent d’obtenir des résultats intéressants. En conclusion, des implications sur la vigie sur Internet seront présentées et ainsi que des perspectives de recherche.

  • Communication orale
    La perception de la violence appréhendée : caractéristiques sémantico-pragmatiques du tweet haineux
    Geneviève Bernard Barbeau (Université du Québec à Trois-Rivières), Francis Fortin (École de criminologie de l'Université de Montréal), Marty Laforest (Université du Québec à Trois-Rivières)

    Avec l’essor des réseaux sociaux, la question de l’évaluation du danger représenté par un message haineux ou menaçant se pose avec une acuité renouvelée. En effet, les réseaux sociaux ont donné naissance à un foisonnement de discours brefs, dont le tweet, court message diffusé sur Twitter, est emblématique. Et si tout citoyen a aujourd’hui la possibilité de s’exprimer publiquement sur une diversité de sujets, cela ne va pas sans dérive : la contrainte de la brièveté n’invite pas à la nuance et la violence verbale peut être accrue par l’anonymat des auteurs et l’ampleur de la circulation du message, ce qui augmente la difficulté de statuer sur sa valeur pragmatique.

    Notre objectif est d’évaluer la perception du danger représenté par un tweet haineux, c’est-à-dire dans lequel est annoncée la survenue possible d’un mal perpétré à l’encontre d’une certaine cible, individuelle ou collective. Comment le citoyen «ordinaire» lit-il ce tweet et, plus spécifiquement, quels traits linguistiques du message peuvent-ils l’amener à le prendre au sérieux ? Telle est la question à laquelle nous tenterons de répondre en nous fondant sur les résultats d’un test de perception au cours duquel les participants étaient amenés à évaluer un corpus de tweets plus ou moins sensibles. L’analyse des messages considérés comme les plus dangereux nous permettra de mieux circonscrire les composantes sémantiques et (socio)pragmatiques caractéristiques du tweet jugé haineux.


Cocktail

La linguistique régale

Salle : (RH) réservation cocktails — Bâtiment : (RH) Redpath Hall - Espace Radio-Canada