Le vieillissement de la population québécoise est un défi posé aux services sociaux et de santé. Ils doivent s’adapter et se réorganiser en fonction de cette reconfiguration des groupes d’âge de leurs usagers. Cependant, des politiciens, chroniqueurs et autres blogueurs en font plutôt un enjeu fiscal. L’augmentation du nombre de personnes âgées défavoriserait injustement les jeunes et mêmes les prochaines générations. Ils s’appuient en cela sur un stéréotype des aînés qui les réduit à des malades improductifs et dépensiers. Cette représentation péjorative relevant de l’âgisme a été identifiée depuis près de 50 ans (Butler, 1969). Elle sévit encore aujourd’hui dans les services sociaux et de santé du Québec où l’on a pu documenter qu’un traitement distinct mais défavorable était le lot des aînés (Conseil des aînés du Québec, 2010). La majorité des professionnels canadiens de la santé serait même porteuse de cet âgisme (Camerlain et Myhal; 2011). Ce colloque réunit des équipes de recherche qui s’intéressent au problème conséquent d’accès des personnes âgées à des ressources et services qui répondent à leurs aspirations et besoins. Les conférences porteront sur leurs enjeux : adaptation à l’âge des usagers, respect des droits, participation sociale, double stigmatisation quant au genre, à l’état de santé, à l’origine, etc. L’objectif du colloque est de diffuser et de partager des questions et des résultats de recherche qui seront mis en discussion dans une table ronde de clôture. Nos services sociaux et de santé reproduisent-ils ou non des inégalités sociales? Est-ce que l’organisation et la prestation des services peut être marquée par l’âgisme? N’est-ce pas plutôt le fait d’intervenants considérés individuellement? Que l’âgisme soit systémique ou un trait de la culture ambiante, quelles en sont les manifestions dans les différents secteurs d’intervention en santé et service social? Est-ce qu’il y a effet de cumul des différents préjugés âgistes, racistes, sexistes, de classes ou d’état de santé envers les personnes âgées? Quels en sont les effets sur eux, et sur les identités et les pratiques de leurs intervenants de terrain? Quelles stratégies d’action peuvent contrer l’institutionnalisation de la stigmatisation des personnes âgées? Comment la recherche peut-elle contribuer à les identifier? Quelles peuvent être les contributions attendues de la collaboration entre chercheurs, intervenants et citoyens à la recherche sociale et au développement des connaissances?
La table ronde de clôture sera formée d’intervenants, de membres et d’usagers de ressources communautaires : le P.A.S. de la rue de Montréal, le Collectif de défense des droits de Montréal Action Autonomie, les services à domicile et les services de Santé publique et développement des communautés locales du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal.