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Informations générales

Événement : 85e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 400 - Sciences sociales

Description :

Plusieurs chercheurs, comme Elizabeth Bates, considèrent la faculté du langage humain comme étant « une nouvelle machine construite à partir de pièces anciennes », c’est-à-dire une habileté acquise au fil du temps à partir des habiletés propres à l’individu, comme ses habiletés perceptuelles et cognitives. La relation entre langage et cognition est d’ailleurs depuis longtemps au cœur de la réflexion scientifique dans une panoplie de disciplines telles que la psychologie, la linguistique et l’orthophonie. Le présent colloque vise à regrouper des chercheurs provenant de différents milieux qui s’intéressent à cette relation entre langage et cognition. Il s’agira plus précisément de clarifier le rôle des habiletés perceptuelles et cognitives dans le langage. Les présentations seront axées sur un large éventail d’habiletés perceptuelles et cognitives : l’apprentissage de régularités, la perception auditive, la perception visuelle, la mémoire, les fonctions exécutives, les demandes cognitives, la métacognition et les habiletés de représentation. Ces habiletés seront étudiées auprès de bébés, d’enfants et d’adultes, unilingues et bilingues, à développement typique et atypique, et elles seront mises en lien avec l’apprentissage et le traitement du langage oral et écrit. Afin de proposer un aperçu complet de la question, des recherches employant des approches méthodologies diverses, de l’observation comportementale à l’expérimentation neurologique, seront exposées. Le présent colloque offrira donc un portrait global des avancements récents dans le domaine du langage et de la cognition. Une telle ouverture sur ce sujet permettra de clarifier le rôle des habiletés perceptuelles et cognitives dans le langage et contribuera ainsi au perfectionnement des théories cognitives du langage. Le présent colloque constituera également une base pour déterminer des pistes possibles d’intervention perceptuelles et cognitives dans les cas de difficultés langagières.

Date :
Responsables : Partenaire :

Programme

Communications orales

Apprentissage de régularités

Salle : (MH) G-01 — Bâtiment : (MH) MACDONALD-HARRINGTON
  • Communication orale
    L’apprentissage statistique et les habiletés orthographiques à l’âge scolaire
    Nicole J. Conrad (Saint Mary’s University), S. Hélène Deacon (Dalhousie University), Catherine Mimeau (Université Laval)

    L’orthographe des mots suit des patrons prévisibles. Notre objectif était de déterminer si l’habileté à apprendre de tels patrons, ou l’apprentissage statistique (statistical learning), est liée à deux types d’habiletés orthographiques : l’apprentissage de l’orthographe de nouveaux mots et les connaissances de l’orthographe de mots existants. Un groupe de 124 enfants anglophones de 9 ans ont complété une tâche d’apprentissage statistique, dans laquelle ils devaient reconnaître des séquences d’images présentées préalablement. Ils ont aussi complété une tâche d’apprentissage orthographique, dans laquelle ils devaient reconnaître des non-mots présentés préalablement, ainsi qu’un questionnaire à choix multiples visant à évaluer leurs connaissances orthographiques (p. ex., distance ou distence). Ils ont aussi complété plusieurs mesures de contrôle évaluant différentes habiletés langagières et cognitives. Des régressions linéaires tenant compte de ces variables de contrôle ont indiqué que l’apprentissage statistique prédisait l’apprentissage orthographique (p = .03) mais pas les connaissances orthographiques (p = .39). Ces résultats indiquent que l’apprentissage statistique est directement lié à l’apprentissage orthographique mais qu’il n’est pas ou seulement indirectement lié aux connaissances orthographiques. Ceci clarifie le rôle de l’apprentissage statistique dans les habiletés orthographiques en suggérant une implication dans les processus d’apprentissage principalement.

  • Communication orale
    Apprentissage de nouvelles régularités phonotactiques par les enfants-bébés : représentations aux niveaux des cooccurrences et/ou positions syllabiques
    Amélie Bernard (Université McGill), Kristine H. Onishi (Université McGill)

    Les contraintes phonotactiques constituent, pour chaque langue, l'organisation possible des séquences sonores et influencent le traitement de la parole (ex. McQueen, 1998). Pour mieux comprendre les représentations phonotactiques, nous en étudions l'apprentissage chez des enfants de 5 ans et de 11 mois. Nous avons familiarisé et testé les enfants et bébés avec des langues artificielles dans lesquelles certaines consonnes n'étaient entendues que dans certaines co-occurrences et positions syllabiques (ex. F-terminant et P-débutant une syllabe co-occurrent dans baFPek; D-terminant et Z-débutant une syllabe co-occurrent dans kiDZet). Au test, les enfants (reconnaissances-des-mots) et bébés (orientation-de-tête) répondent similairement, respectivement t(19)= 0.55, p > .58 et t(23)= 0.45, p > .65, à de nouveaux mots avec les mêmes ou différentes co-occurrences (ex. vuFPet vs vuFZet), ne démontrant aucun apprentissage de régularités entre sons adjacents. Au contraire, chaque groupe distingue, respectivement t(19)= 2.58, p < .02 et t(23)= 2.85, p < .01, de nouveaux mots avec les consonnes aux mêmes versus différentes positions syllabiques (ex. ZetvuF vs FetvuZ), suggérant que les enfants et les bébés représentent de nouvelles régularités syllabiques. Les enfants diffèrent donc des adultes qui apprennent les deux types de régularités (Bernard & Onishi, 2016). Nos résultats contribuent à une meilleure compréhension des représentations des mots multi-syllabiques chez les enfants/bébés.

  • Communication orale
    L’apprentissage statistique des langages chez les adultes et nourrissons bilingues et unilingues
    Christopher Fennell (Université d’Ottawa), Angeline Sin Mei Tsui (Université d’Ottawa)

    L’apprentissage statistique, la capacité à suivre les propriétés statistiques (les patrons) d’enchaînement de stimuli, est une compétence fondamentale afin d’acquérir le langage efficacement. Dans les environnements bilingues, les apprenants doivent suivre deux séries statistiques différentes pour différencier leurs langues avec succès. Les adultes sont capables de différencier deux langues artificielles lorsque ces deux langues sont accompagnées d’indices contextuels puissants tels que des indices de voix (masculin vs féminin) ou des indices faciaux (deux visages différents). Cependant, il n’est pas rare qu’une personne bilingue parle deux langues au sein d’une seule et même conversation. En outre, les recherches antérieures se sont axées exclusivement sur l’étude de sujets unilingues. Ici, nous cherchons à savoir si les indices contextuels dans le discours d’un individu (l’accent) peuvent faciliter la différentiation de deux langues artificielles chez les adultes unilingues et bilingues. Nos résultats démontrent que les bilingues, particulièrement ceux ayant été exposés à deux langues dès la naissance, ont mieux utilisé l’indice de l’accent que les unilingues. Les bilingues auraient donc un avantage attentionnel : ils ont pris l’habitude de séparer et naviguer entre deux langues. Présentement, nous réalisons une expérience similaire adaptée aux nourrissons unilingues et bilingues pour étudier l’émergence précoce de leur capacité à différencier deux langues artificielles.


Communications orales

Perception auditive et visuelle

Salle : (MH) G-01 — Bâtiment : (MH) MACDONALD-HARRINGTON
  • Communication orale
    Le rôle de la prosodie dans l’acquisition syntaxique chez les enfants francophones
    Sarah Massicotte-Laforge (UQAM - Université du Québec à Montréal), Rushen Shi (Université du Québec à Montréal)

    Nous avons testé l’hypothèse que les enfants utilisent la prosodie lors de l’acquisition initiale de la syntaxe. Dans l’étude 1 (Massicotte-Laforge & Shi, 2015), la familiarisation présentait des énoncés ambigus entre deux structures syntaxiques: Structure-1: [[Dét+Adj+Nom] [Verbe+Dét+Nom]] (e.g., [[Ton felli mige] [vur la gosine]]); Structure-2: [[Dét+Nom] [Verbe+Prép+Dét.+ Nom]] ([[Ton felli] [mige vur la gosine]]). L’ambiguïté était résolue uniquement par les frontières prosodiques correspondantes. Les essais test étaient de type nominal (Dét+N) vs. verbal (Pron+V), contenant des pseudo-mots familiarisés et des nouveaux déterminants, le mige; tu miges. 32 enfants francophones de 20 mois ont été familiarisés soit avec la prosodie de la structure-1 ou de la structure-2, et tous ont été testés avec la même phase de test. Résultats: les enfants ont lié les regroupements prosodiques avec les syntagmes syntaxiques et ils ont perçu les stimuli-test en fonction de la structure familiarisée. L’étude 2 a examiné si la prosodie uniquement pouvait mener aux mêmes structures syntaxiques. Les deux familiarisations ne contenaient que des pseudo-mots. La phase de test était identique à l’étude 1. Résultats: les enfants familiarisés avec la prosodie de la structure-1 n’ont pas discriminés les essais tests, tandis que ceux de la structure-2 oui. L’ensemble des résultats montre que la prosodie et les mots de fonction affectent l’acquisition initiale de la syntaxe chez les enfants.

  • Communication orale
    Perception des tons lexicaux en mandarin par les enfants francophones
    Elsa Santos (UQAM - Université du Québec à Montréal), Rushen Shi (Université du Québec à Montréal)

    Les apprenants d’une langue sans tons ont démontré un déclin de discrimination dès 6 mois (Mattock et al., 2008). Les contrastes étudiés étaient entre des tons à niveaux ou à contours. Les deux types sont traités différemment dans les théories linguistiques (Yip, 2002). Les tons à niveaux ont une structure phonologique plus simple (ex. trait haut) que les tons à contours (ex. trait combiné bas-haut), mais les tons à contours peuvent être plus distincts acoustiquement. L’hypothèse est que vers un an les enfants francophones traitent les tons lexicaux de façon non phonologique et perçoivent mieux les tons à contours que les tons à niveaux. Avec la procédure HPP (préférence de regard), nous avons testé la perception d’un contraste de tons à niveaux (haut; bas) et de tons à contours (ascendant; descendant) en mandarin. 32 enfants francophones de 11 mois ont été assignés à un des contrastes. Pour chaque contraste, la moitié des enfants ont été familiarisés avec un ton et l’autre moitié avec l’autre; tous les enfants ont été testés avec de nouveaux exemplaires des deux tons. Les temps de regard pour les tons familiarisés vs non familiarisés différaient pour les tons à contours, mais pas pour les tons à niveaux. Ainsi, les enfants francophones sont sensibles à la saillance acoustique des tons plutôt qu’aux propriétés phonologiques. Les tons à contour ont été discriminés malgré leur variabilité segmentaire, mais elle semble plus coûteuse pour la discrimination des tons à niveaux.

  • Communication orale
    La catégorisation visuelle et l’inversion de lettres chez l’enfant avec ou sans trouble de lecture
    Bruno Gauthier (UdeM - Université de Montréal), Laurence Malo-Véronneau (UdeM - Université de Montréal)

    Les inversions de lettres, présentes chez la plupart des apprentis lecteurs, tendent à disparaître avec l’acquisition de compétences en lecture mais à persister dans la dyslexie. La recherche suggère que la catégorisation phonémique est importante en lecture. Par analogie, nous proposons que la perception catégorielle des graphèmes serait également impliquée. Malgré plusieurs études portant sur la vision en lecture, le rôle de la perception catégorielle des graphèmes demeure mal compris. Cette étude explore le lien entre la catégorisation visuelle des graphèmes, les habiletés de lecture et l’inversion de lettres. L’hypothèse veut que l’apprenti normolecteur ne dispose pas d’une exposition suffisante au langage écrit pour se créer des représentations stables et invariantes des lettres, alors que l’enfant ayant une dyslexie présente un déficit de perception catégorielle. Quinze enfants normolecteurs du primaire ont complété des tâches de catégorisation visuelle de lettres miroirs (b-d) de même qu’un enfant ayant une dyslexie mixte évaluée en neuropsychologie, qui servira de comparaison dans cette étude préliminaire. Les corrélations entre les fonctions de classification et de catégorisation visuelle, les inversions de lettres et les habiletés de lecture seront présentées en fonction de l’âge. Cette étude permettra de faire avancer les connaissances sur la lecture chez l’enfant et favorisera le développement de méthodes d’enseignement et d’intervention plus adaptées.


Dîner

Dîner

Salle : (MH) G-01 — Bâtiment : (MH) MACDONALD-HARRINGTON

Communications orales

Mémoire et fonctions exécutives

Salle : (MH) G-01 — Bâtiment : (MH) MACDONALD-HARRINGTON
  • Communication orale
    Relations entre systèmes mnésiques et dyslexies
    Stefano Rezzonico (Université de Montréal), Brigitte Stanké (UdeM - Université de Montréal)

    Parmi les facteurs les plus importants contribuant aux faibles compétences scolaires, on trouve les difficultés d’apprentissage du langage écrit (Grenier et al., 2008). Dans des systèmes d’écriture opaques, comme le français, pour apprendre à lire et à orthographier, les enfants nécessitent non seulement une bonne capacité de conscience phonologique, mais également de mémoire lexicale-orthographique (MLO, Stanké, 2009). De plus, la capacité de mémoire lexicale-orthographique évaluée en maternelle est un prédicteur des compétences ultérieures des compétences orthographiques (Stanké, 2014). Il reste à mieux comprendre le rôle joué par cette capacité sur les compétences orthographiques chez des élèves du primaire, typiques et dyslexiques. Pour ce faire, les compétences en orthographe lexicale de mots irréguliers, de 421 élèves typiques et 50 dyslexique-dysorthographiques du primaire, ont été mises en relation avec leurs caractéristiques démographiques et leurs capacités mnésiques. Ces capacités ont été évaluées avec le test MLO (Stanké et al., soumis). Une régression hiérarchique linéaire a montré que les caractéristiques de l’enfant (genre et niveau scolaire) expliquent 28% de la variance des compétences orthographiques, le statut typique-dyslexique 27% et la capacité de MLO ajoute 9%. Les résultats de cette recherche montrent que les capacités de MLO est un facteur unique contribuant, avec des facteurs explicatifs déjà connus, aux compétences en orthographe lexicale.

  • Communication orale
    Mémoire de travail et perception de la parole : une étude de stimulation magnétique transcrânienne
    Melody Courson (Université Laval), Isabelle Deschamps (Université Laval), Pascale Tremblay (Université Laval)

    La compréhension du langage oral nécessite l’extraction d’unités phonologiques, lesquelles sont gardées en mémoire de travail (MT). Il a été suggéré que le gyrus supramarginal (SMG) et le gyrus inférieur frontal (IFG) sont impliqués dans le maintien en MT de l’information phonologique; le SMG par le biais du stock phonologique et l’IFG par le biais de la boucle de récapitulation articulatoire, les deux composantes de la « boucle phonologique » proposée par Baddeley (2012; 1974). Toutefois, ces deux aires sont également recrutées lors de tâches de MT auditive non-verbale, ce qui remet en question l’idée d’une boucle strictement phonologique. L’objectif de cette étude est de déterminer si ces régions sont recrutées par des processus de MT auditive verbale et non-verbale à l’aide de la stimulation magnétique transcrânienne (TMS) à impulsion unique jumelée à une tâche de discrimination auditive verbale (syllabes) et non-verbale (chants d’oiseaux). 18 adultes francophones (25+3.9 ans) ont écouté 384 paires de séquences verbales et non-verbales. Une impulsion de TMS était envoyée pendant le délai entre les séquences. Les temps de réaction et le pourcentage d’erreur ont été analysés au moyen d’ANOVAs à mesures répétées. Les résultats démontrent que la TMS sur l’IFG et le SMG entraine une diminution de la performance lors de la discrimination des séquences verbales et non-verbales. Ces résultats suggèrent des bases neurologiques communes pour la MT auditive verbale et non-verbale.

  • Communication orale
    Planification des énoncés chez les locuteurs bilingues : impact des variables individuelles sur la production en langue maternelle et en langue seconde
    Maxime Cousineau-Pérusse (Université McGill), Annie C. Gilbert (Université McGill), Debra Titone (Université McGill)

    La production orale d’un énoncé implique de planifier à la fois son contenu et les mouvements moteurs nécessaires à sa production. Les locuteurs natifs (monolingues) ont d’ailleurs recours à diverses stratégies afin de maintenir un débit normal tout en minimisant les risques associés à la sous-planification d’un énoncé. Par exemple, lors de la production d’énoncés multisyntagmes, un locuteur natif peut prendre le risque de commencer à parler après avoir planifié un seul syntagme et continuer à planifier le reste de l’énoncé durant la production du premier syntagme. La présente étude a pour but d’observer comment les locuteurs bilingues adaptent leurs stratégies de planification en fonction du contexte (type d’énoncé, langue produite) et de diverses variables individuelles (niveau d’exposition à la langue seconde [L2], âge d’acquisition de L2, capacités exécutives). Dix-huit locuteurs bilingues (français L1) ont pris part à une tâche d’énonciation de nombres isolés (monosyntagmes) et de courtes équations (multisyntagmes). Nos résultats démontrent que les locuteurs bilingues utilisent des stratégies de planification différentes selon la langue produite (L1 ou L2) de même que selon le type de contenu à produire (énoncé simple ou complexe). Ces résultats sont aussi modulés par le contrôle inhibiteur du participant tel qu’estimé par une variante du test de Stroop. De plus amples analyses sont en cours dans le but d’observer les potentielles interactions entre ces variables.

  • Communication orale
    Les corrélats neurocognitifs du langage à l’âge de cinq ans : exploration des contributions génétiques et environnementales
    Michel Boivin (Université Laval), Mara Brendgen (Université du Québec à Montréal), Samuel Dallaire (Université Laval), Ginette Dionne (Université Laval), Sabrina Faleschini (Université Laval), Célia Matte-Gagné (Université Laval), Jean Séguin (UdeM - Université de Montréal), Frank Vitaro (Université de Montréal)

    Les études démontrent que les habiletés langagières des enfants sont associées à leurs habiletés cognitives non-verbales (Gooch et al., 2014). Ces associations pourraient être attribuables au fait qu’elles se développent grâce à des facteurs génétiques et environnementaux communs (Harris, 2006). Toutefois, les mécanismes qui sous-tendent ces relations sont méconnus. L’objectif de l'étude est d’examiner les relations entre les habiletés langagières de l’enfant et sa performance à des tâches mesurant différentes habiletés cognitives non-verbales à l’aide de la méthode de discordance entre jumeaux monozygotes (MZ). Cette méthode permet de départager les influences génétiques sous-jacentes au développement de ces habiletés pour déterminer si des influences environnementales sont en jeu. 366 jumeaux MZ provenant de l'Étude des Jumeaux Nouveau-nés du Québec (Boivin et al., 2012) ont été évalués à l’âge de 5 ans. Des corrélations indiquent que les habiletés langagières sont associées au fonctionnement exécutif, à la mémoire visuelle à court-terme et à l’organisation visuo-spatiale. Toutefois, ces associations disparaissent lorsque les influences génétiques sous-jacentes sont contrôlées à l’aide de la méthode de discordance entre jumeaux MZ. Ces résultats suggèrent que les relations entre les habiletés langagières et cognitives non-verbales seraient davantage attribuables à des facteurs génétiques communs qu’à des expériences environnementales propres à chaque enfant.


Communications orales

Demandes cognitives, métacognition et habiletés de représentation

Salle : (MH) G-01 — Bâtiment : (MH) MACDONALD-HARRINGTON
  • Communication orale
    Les effets de format de livre sur les demandes cognitives des enfants bilingues de cinq ans
    Melanie Brouillard (Université Concordia), Krista Byers-Heinlein (Université Concordia), Daphnée Dubé (Université Concordia)

    La lecture partagée est l’une des façons dont les enfants unilingues apprennent des nouveaux mots (Sénéchal & Cornell, 1993). Les enfants bilingues peuvent faire face à des demandes cognitives additionnelles en apprenant des mots car ils doivent les apprendre dans leur langue dominante et non-dominante. De plus, certaines histoires offertes en deux langues sont présentées dans des livres incluant du discours mixte (Ernst-Slavit & Mulhern, 2003). Les jeunes bilingues exposés à des niveaux de discours mixte élevés peuvent avoir des tailles de vocabulaire compréhensif réduites (Byers-Heinlein, 2012), possiblement en lien avec les demandes cognitives impliquées. Cette étude a donc comparé l’apprentissage de nouveaux mots chez 24 enfants bilingues de cinq ans dans leurs deux langues en utilisant deux formats de livre : bilingue et unilingue. Les participants se sont fait lire soit un livre bilingue français-anglais, soit deux livres unilingues, un en français et un en anglais. Dans ces livres, des nouveaux objets et leurs noms ont été présentés. D’un choix de quatre objets, les enfants devaient ensuite pointer à l’objet nommé, pour chaque nouvel objet et dans chaque langue. Peu importe le format de livre, les enfants ont appris des nouveaux mots dans leurs deux langues. Aucun effet de format de livre n’a été trouvé. Les enfants bilingues semblent avoir une habileté à apprendre d’un discours mixte autant que d’un discours unilingue pendant la lecture partagée.

  • Communication orale
    Contributions des habiletés linguistiques et cognitives à la mesure de la conscience morphologique
    Rosalie Bourdages (UQAM - Université du Québec à Montréal), Denis Foucambert (Université du Québec à Montréal)

    L’habileté à détecter et à manipuler la structure morphologique des mots contribue aux performances en lecture (Kieffer et al., 2016) et en écriture (Green et al., 2003). Malgré l’importance de la conscience morphologique (dorénavant CM) (Deacon, Kieffer et Laroche, 2014 ; Colé et al., 2004 ; Roy et Labelle, 2007) pour le développement d’habiletés de haut niveau indispensables au succès scolaire, il y a une réelle confusion dans la littérature sur le plan de la mesure de ce construit, en ce sens que les tâches utilisées mobilisent des habiletés extrêmement variées. En effet, elles mettent en œuvre à la fois des unités (de type flexionnel ou dérivationnel), des opérations (production de dérivés, repérage d’unités de même famille morphologique, substitution/suppression/déplacement/ajout de morphèmes, jugement de grammaticalité) et des types de contrôle (implicites ou explicites) divers (Casalis et al., 2003). Nous présenterons les résultats préliminaires d’épreuves de CM réalisées chez des enfants de 3e année du primaire, ainsi que les analyses factorielles confirmatoires (AFC), qui permettent de comprendre comment les épreuves se regroupent. Cet état des lieux sur les mesures utilisées pour évaluer la CM met en relief à la fois l’importance du type d’opérations mentales effectuées et l’unité morphologique traitée comme facteurs permettant de discriminer les tâches entre elles.

  • Communication orale
    Examen du rôle de la qualité des représentations phonémiques dans l’apprentissage des habiletés métalinguistiques
    Gene Ouellette (Mount Allison University), Monique Sénéchal (Université Carleton)

    Notre modèle suppose que la qualité des représentations phonémiques affecte les apprentissages métalinguistiques. La précision articulatoire est utilisée comme index de la qualité des représentations phonémiques en mémoire. Nous avons examiné deux phonèmes spécifiques : le phonème /r/ qui est fréquemment déformé à l’oral chez de jeunes enfants et le phonème /m/ qui ne l’est pas. 84 enfants de 4 ans ont accompli un ensemble de tâches. De cet échantillon, 37% des enfants éprouvaient certaines difficultés à prononcer correctement des mots contenant /r/, mais tous prononçaient /m/ correctement. Des analyses de régression multiple ont démontré que la qualité de la représentation de /r/ explique une partie statistiquement significative de la variance dans l’habileté des enfants à discerner entre les sons /r/ et /w/, et à sélectionner parmi d’autres mots ceux qui contiennent le son /r/. Dans ces analyses, l’âge des enfants, leur vocabulaire réceptif, le nombre de langues parlées, et les connaissances alphabétiques étaient préalablement contrôlés. Des analyses parallèles ont confirmé la spécificité des effets observés parce que la représentation en mémoire de /r/ n’influait pas la performance aux items contenant le phonème /m/. En somme, cette étude confirme un lien robuste entre la qualité des représentations phonémiques et le développement d’habiletés métalinguistiques –habiletés qui sont elles-mêmes liées à l’apprentissage éventuel de la lecture.