Informations générales
Événement : 85e Congrès de l'Acfas
Type : Domaine
Section : Section 300 - Lettres, arts et sciences humaines
Description :Les questions profondes de vie et de mort, les émotions relationnelles et les fondements de la logique figurent parmi les « Enjeux fondamentaux et finalités de la vie humaine » qui seront abordés dans le cadre de ces sessions.
Dates :- Sarah Stroud (Université McGill)
Programme
Sociologie et sentiments
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Communication orale
Construction des savoirs sur les émotions en sociologie : controverses et dialogues avec les neurosciences cognitivesJulien Quesne (UQAM - Université du Québec à Montréal)
La recherche en sociologie des émotions évolue aujourd'hui dans un climat dominé par l'idée que l'on ne peut pas espérer expliquer l'action humaine sans prendre, un tant soit peu, en considération les faits physiologiques, chimiques ou génétiques que les neurosciences accumulent dans la construction d'un savoir au sujet du fonctionnement du cerveau. Notre présentation viserait à faire le point sur les arguments qui ont amené à cette fracture disciplinaire. C'est face à l'impasse, au sein de la sociologie des émotions, d'une forme d'existence légitime de l'explication biologique dans le déclenchement et la constitution des émotions (Higgs et Reese 2003) que nous avons construit notre étude. L'interdisciplinarité dont la neurosociologie est le fruit, pose questions quant à la validité d'une jonction des méthodologies et épistémologies entre sociologie et neurosciences.
L'origine des émotions en sociologie, est-elle conçue comme interne ou externe, comme une réaction automatique à un événement extérieur, ou comme une réaction construite ?
a) Aucun processus - biologique, culturel ou cognitif - seul n'est responsable de la manière dont sont vécues et s'expriment les émotions. b) Tous ces éléments relatifs aux émotions interagissent de manière complexe et à ce jour aucune approche sociologique n'a réussi à en faire la synthèse complète. c) La sociologie des émotions a dans sa grande majorité minimisée voir négligée l'élément biologique dans ses analyses sociologiques de l'action. -
Communication orale
L’éthique transdisciplinaire de John Dewey : une pratique philosophique au cœur de la psychologie et de la sociologieNicolas Bernier (UdeS - Université de Sherbrooke)
La complexité de nombreux enjeux moderne suscite l'intérêt pour l'interdisciplinarité. On peut définir ce concept polymorphe comme une « pratique collective de recherche cherchant la mise en relation et l’intégration des savoirs ». Vue sous cette perspective, l’interdisciplinarité nécessite la transdisciplinarité, laquelle peut se traduire comme « une fonction d’ouverture et de recherche présente dans tout acte de connaissance, quel qu’il soit, et ce, dès le début » (Létourneau, 2008). Cette communication vise à souligner l’approche interdisciplinaire et transdisciplinaire de John Dewey dans sa conception même de l’éthique. Pour ce faire, nous nous pencherons dans un premier temps sur le projet de reconstruction de la philosophie de Dewey dans lequel la philosophie a comme tâche l’examen critique des connaissances provenant de toutes disciplines confondues afin d’en déterminer leurs conséquences pour « notre humanité commune» (Dewey, 1958). Par la suite, nous jetterons un regard sur sa théorie de la valuation à travers laquelle l’éthique devient une entreprise transdisciplinaire orientée vers la détermination de l’action humaine en situation problématique. Nous insisterons particulièrement sur la relation étroite entre l’éthique, la psychologie et la sociologie. Nous terminerons notre parcours en interrogeant la pertinence de Dewey pour notre réflexion contemporaine sur l’éthique.
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Communication orale
Politique des passions : éléments pour une phénoménologie relationnelleSiegfried Mathelet (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Plusieurs féministes appellent à une théorie des passions pour comprendre la montée d'une droite radicale. Un "affective turn" déborde sur d'autres champs des sciences sociales. Dans son opus de 2004, Sarah Ahmed en appelle a une phenoménologie relationnelle afin de mieux théoriser la politique des corps et de leurs expressions qui balisent les relations sociales. Nous esquisserons les éléments de la tradition phénoménologique nous permettant de transposer ses acquis hors du champ de la subjectivité où l'a laissé Husserl. Nous partirons des commentaires et distinctions de son directeur et ami Carl Sumpf afin de rétablir la phenoménologie comme discipline au service des sciences de la culture. Son concept de "formation culturelle" permetra de spécifier la nature de l'objet des sciences sociales et le rôle de la phénoménologie. Celle-ci permet de clarifier les concepts relatifs aux "passions" et leur place dans un tissus de "relations de signes" formant autant de complexes socioculturels. Cette stratégie permet de passer directement de l'analyse phenoménologique à l'étude sociologique de 'formations' que nous rapprocherons de l'idée de Représentation sociale, tout en offrant une méthode pour spécifier le contenu d'affect ou de passion qui y prend part, ainsi que les relations que ce contenu entretient avec divers schèmes de pensée et d'action. Deux icônes liées à l'islamophobie contemporaine serviront à examplifier notre propos.
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Communication orale
Repenser le fonctionnalisme en sociologieJulien Laberge (UQAM - Université du Québec à Montréal)
La notion de « fonctionnalisme » semble avoir bien mauvaise presse aujourd'hui au sein de la discipline sociologique. C'est que le terme semble encore attaché du relent téléologique que lui ont insufflé les approches fonctionnalistes de Malinowski, Parsons et Merton, lesquels ont voulu percevoir, dans la société, la forme d'un système qui, pareil à un organisme vivant, dispose de fonctions nécessaires à sa survie. Cette nécessité fonctionnelle, mise de l'avant par ces auteurs, aura rapidement classé ceux-ci, devant la montée de la théorie du conflit en sociologie, au cours des années 1970, au rang d'un conservatisme favorable au maintient du statu quo. Bien que ces interprétations se montrent, en fait, quelque peu manichéennes face à des entreprises pourtant distinctes et nuancées, qu'en est-il aujourd'hui du fonctionnalisme? Cette notion est-elle définitivement disqualifiée pour penser la société? Nous proposons, dans le cadre de cette communication, de nous interroger sur le sens de cette notion de « fonctionnalisme » et de voir de quelle manière celle-ci peut nous être encore utile, voire indispensable, pour la pensée sociologique. Nous proposons de réactualiser cette notion, en témoignant de la grande valeur heuristique de celle-ci, sans que nous soyons obligés, pour cela, d’adhérer à une vision téléologique de la société.
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Communication orale
Ascétisme bouddhiste et psychologie contemporaineDany Cordeau (UdeM - Université de Montréal)
Cette présentation explore les liens entre l’ascétisme bouddhiste et la psychologie. Plus précisément, elle vise à illustrer comment les pratiques de renoncement associées au bouddhisme Theravada pouvaient être une forme de psychothérapie présentant des similitudes frappantes avec les techniques employées aujourd’hui. Alors que les liens entre psychologie et bouddhisme sont en vogue, il est très rare de trouver une véritable exploration des textes religieux permettant de comprendre ces similitudes. Une exploration du Dhammapada et des Jatakas, qui sont des textes importants de cette religion, permettra de voir comment l’ascétisme prend forme dans le bouddhisme Theravada. Ces écrits exposent des éléments centraux de cette tradition et illustrent à plusieurs endroits la place accordée à l’ascétisme. L’objectif de notre réflexion sera donc d’analyser le contenu de ces textes afin de démontrer comment l’ascétisme tel qu’il est présenté dans ces textes peut être considéré de manière positive par la psychologie actuelle et inspirer des comportements sains pour le bien-être de l’individu. Les sections de ces textes illustrant des pratiques liées au renoncement seront mises de l’avant en faisant ressortir des similitudes avec la psychologie positive et la thérapie de l’acceptation et de l’engagement (ACT). Nous soulignerons ainsi comment l’ascétisme tel qu’il est représenté dans le bouddhisme Theravada peut inspirer des pratiques saines pour le développement individuel.
Varia
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Communication orale
Du DDT au BT : la lutte contre la tordeuse des bourgeons de l’épinette et la sensibilité écologique au Québec, 1952-1978Yves Tremblay (Ministère de la Défense nationale)
Le DDT est employé pour combattre la tordeuse des bourgeons de l’épinette dans les forêts québécoises depuis 1952, mais son usage est controversé. Lors de la parution en 1962 du livre de Rachel Carson, Silent Spring, titré ainsi parce que le chant des oiseaux ne se fait plus entendre, la Chambre des Communes se saisit du problème. Elle vote en 1969 une loi interdisant le DDT, interdiction progressive. On l’utilise jusqu’en 1975. Entre 1952 et 1975, trois campagnes anti-tordeuse sont menées : en 1952-1958, 1960-1962 et 1970-1975. Durant la seconde campagne, des ornithologues sont témoins d’un arrosage au DDT alors qu’ils recensent le gros-bec errant dans le bassin de la rivière Patapédia. Pendant la dernière campagne, un produit d’origine biologique, est testé : le Bacillus thuringiensis, bactérie aux propriétés insecticides. Les résultats des tests comparant les deux produits sont publiés en 1977. En 1978, la province adopte le BT comme solution dans le combat contre la tordeuse. C’est la fin d’une époque d’insensibilité aux effets toxiques d’une substance de synthèse qui trente ans auparavant était considérée miraculeuse. Ces événements sont synchroniques de la montée de l’écologie politique; il constitue donc un bon indicateur de la naissance de l’écologie contemporaine. Les principales sources sont des articles savants publiés dans des revues d’ornithologie, d’entomologie et de foresterie.
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Communication orale
L’objectivité des valeurs dans la perspective de John SearleJacques Duranceau (UQAM - Université du Québec à Montréal)
L’objectif de la communication est de présenter une explication alternative de l'objectivité des valeurs à partir de la conception réaliste du philosophe John Searle. La question de l'objectivité des valeurs est un enjeu fondamental qui fait l'objet de débats depuis plusieurs décennies en éthique et métaéthique. L'élément original de la proposition tient en partie au fait que Searle n'oeuvre pas dans ces domaines et qu'il ne s'intéresse pas spécifiquement aux valeurs morales. Il propose néanmoins une conception originale de l'objectivité et du réalisme qui peut très bien s'appliquer à la question des valeurs et qui a peut-être le mérite d'apporter un éclairage nouveau dans le débat. Pour lui, le réalisme n’est surtout pas une thèse, ce n’est rien d’autre qu’un présupposé, qu’une condition nécessaire à toute affirmation et toute action. Quant à son explication de l’objectivité et de la subjectivité, elle se caractérise par le fait que chacune de ces notions doit se comprendre dans un sens ontologique et épistémique. L’hypothèse principale que je défends est que les valeurs peuvent être épistémiquement objectives dans la mesure où on les conçoit comme ontologiquement subjectives, et dans la mesure où on conçoit le réalisme comme n’étant qu’un simple présupposé. Une hypothèse secondaire est qu'il n'y a pas de valeur sans jugement de valeur, et qu'il n'y a pas de jugement de valeur sans attribution de fonction.
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Communication orale
Par-delà les catégories : heuristiques sémiotiques, modèle proxémique et logique floueLouise Caroline Bergeron (UQAM - Université du Québec à Montréal)
La forme catégorique impose une structure d'appréhension du monde qui ne rend pas compte du caractère flou et continu de l’expérience humaine – p.ex. les dimensions d'affect ou d'identité, la culture ou la signification. En posant la catégorie comme heuristique sémiotique et la catégorisation comme processus d’acculturation, j'ai adopté une perspective socio-sémiotique pour (dé/re)composer la catégorie. Je présenterai les éléments qui ont contribué à ma composition d’un modèle flouifié de la catégori(e/sation) humaine, en quoi ils sont pertinents et comment ils sont compatibles. La catégorie classique a été déconstruite, ses propriétés formelles réinterprétées en terme de logique floue. J'ai renommé ces catégories flouifiées « anagories » et tenté une modélisation de celles-ci inspirée de la proxémie chez E. T. Hall. Ceci m’a menée à redéfinir le concept comme émergence, reconstruire l’extension comme champ sémantique, et réinterpréter la sémiose et la catégorisation par analogie avec les systèmes dynamiques. Je soumettrai que ce modèle « anagorique » flou est en meilleure adéquation qu’un modèle « catégorique » classique avec les entités socio-construites qui constituent le monde humain. Il rend mieux compte des objets, des événements ou des signes dont le sens est en co-évolution constante avec la société. Il met en évidence plutôt les relations que les distinctions, et une dynamique de proximité/éloignement plutôt que d’inclusion/exclusion.
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Communication orale
Un critère catégoriel pour la cohérence des systèmes de logiqueGwennaël Bricteux (UdeM - Université de Montréal)
Un système de logique est composé, dans son ensemble, d'une grammaire, de règles de calcul et d'une méthode de démonstration. Le calcul logique, dans le formalisme des séquents, est consistant lorsque les coupures peuvent y être éliminées (Gentzen 1934-1935). Ce critère de l'élimination des coupures participe d'un critère plus général, qui conditionne également la structure de la grammaire et de la méthode de démonstration. Le critère de cohérence général des systèmes de logique est explicité par la théorie des catégories, dans laquelle l'élimination des coupures correspond en particulier à l'élimination de la composition (Lambek & Scott 1986, Došen 1999). La transformation d'une catégorie doit toutefois aussi préserver certaines propriétés essentielles de la composition. Le critère de cohérence général des catégories et ses réquisits particuliers correspondent alors à des critères de définissabilité grammaticale, articulée par l'éliminabilité et la conservativité de la définition; d'effectivité du calcul logique, définie par l'élimination des coupures et la propriété de sous-formule (dans le calcul des séquents); et de constructivité de la méthode de démonstration, dont le processus doit être fini et dans laquelle chaque opération doit avoir un sens déterminé. Ces critères logiques sont structurés de manière cohérente dans leur ensemble même, la limitation du formalisme étant définie de l'intérieur par son effectivité.
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Communication orale
L’ontologie du Changement : étude noétique et phénoménologiqueEmmanuelle Avon (UQO - Université du Québec en Outaouais)
Bon nombre de révolutions technologiques, du monde du travail, des organisations, des orientations économiques et politiques sont justifiés par l’impératif du Changement. Or, depuis l’Antiquité, le débat sur l’ontologie du Changement a trouvé son ancrage par son opposition à la permanence. Mais qu’en est-il de cette conception dichotomique entre permanence et changement.
La compréhension herméneutique et épistémologique de la noèse du Changement révèle son ancrage solipsiste, soit épistémologiquement et empiriquement subjectif. Il en découle une multi-épistémologie solipsiste transversale aux épistémologies génétique, logique, réflexive, conventionnaliste, constructiviste, constructionniste, politique, existentialiste, virtualiste et nihiliste.
La triangulation parla : 1) phénoménologie, 2) théorie ancrée et 3) dérivation herméneutique de l’étude empirique s’appuie sur la conceptualisation de la dialectique de l’Être pour saisir l’expérience du Changement. Il en résulte que le Changement est phénoménologiquement indissociable de l’Être. Autrement dit, il faut passer par l’Être pour saisir le Changement. Finalement, l’étude de la métaphysique de l’Être a engendré l’étude de l’Être-métaphysique pour tenter d’isoler l’ontologie du Changement.
En conclusion, le Changement est ontologiquement virtuel et nihiliste de sorte qu’il n’existe pas en soi, mais que de manière théorique et intelligible. Il n’est pas un phénomène mais plutôt une représentation noétique.
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Communication orale
Les frontières coloniales africaines : de la délimitation à l’imitation des États européensKouame Django (Université Alassane OUATTARA)
L’instauration des frontières en Afrique permet l’appropriation, la transformation des ressources naturelles et des hommes des territoires africains au bénéfice de l’Europe. La délimitation des frontières coloniales ne débouche-t-elle pas sur un genre nouveau? Les problèmes africains ne proviennent-ils pas des difficultés suscitées par les frontières?
Cette étude tente de montrer par des méthodologies sociocritique et historique que l’imposition des frontières coloniales en Afrique détruit les communautés ethno-tribales. Sa spécificité tient au fait que ces frontières sont les principales détentrices de la puissance technique et politique dont le rôle est de maintenir l’exploitation. Comme résultats, les contradictions présentes en Afrique résultent de l’impossible dépassement des conséquences du découpage des frontières coloniales produit par l’Europe. La première conséquence de cette délimitation est la partition européocentrique déterminant toutes les relations entre les communautés ethno-tribales et les sociétés européennes. La seconde conséquence de cette délimitation relève du fait que les États africains sont totalement soumis à la société techno-économique d’Europe et ont créé une société dans laquelle les rapports hérités du passé colonial sont des rapports politiques. Du coup, ces États africains sont illégitimes. Ils ne peuvent pas surmonter les crises politiques qui les minent, ni les conflictuelles relations de dépendance qu’ils entretiennent avec l’Europe.
Vie et mort
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Communication orale
Le bien-mourir comme performance dans la culture palliativeMarie Melotte (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Cette communication a pour objectif de mettre en lumière la définition du bien mourir dans la culture palliative québécoise actuelle. Plus précisément, nous nous intéresserons au rôle attribué au mourant dans la prise en charge de sa propre mort.
Le paradigme du bien mourir, conçu sous l'angle de la «bonne mort» (Ariès), s’est transformé au cours des dernières décennies. Dans les différents modèles alternatifs actuels de la prise en charge de la fin de vie en Occident, la discipline palliative couvre un espace nouveau et intermédiaire entre les soins curatifs et le décès. Désireuse de prendre en charge le patient dans sa globalité et de répondre à ses souffrances physiques, psychologiques, sociales et spirituelles, la médecine palliative, centrée sur le patient, semble redéfinir les contours de la bonne mort et, par le fait même, le rôle du mourant. Comment le rôle du mourant est-il conçu? La culture palliative véhicule-t-elle des prescriptions ou des normes à ce sujet?
Pour répondre à ces questions, nous proposons d'analyser le rôle du mourant en termes de performance rituelle, en nous basant sur les théories de la sociologie interactionniste (Goffman, Strauss). Notre corpus sera formé d’un échantillon sélectif de documents écrits et visuels émanant de la culture palliative, qui feront l'objet d'une analyse thématique et visuelle.
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Communication orale
Traiter, guérir ou soulager? Réflexions philosophiques et pratiques sur l’anticipation de la mortFrançois-Julien Côté-Remy (UdeM - Université de Montréal)
Dans le cadre de cette communication libre, j’entends me lancer dans la définition de l’« angoisse spirituelle » associée à la peur de mourir, et ce en dehors de la terminologie psycho-médicale qui se révèle souvent incapable de conceptualiser des agonies autres que l’agonie physique. La peur de mourir, en tant que phénomène foncièrement existentiel et/ou spirituel, ne peut être ni traitée, ni déconstruite par la médication ou la thérapie traditionnelles. C’est pourquoi il faut que la réponse clinique à l’anticipation de la mort fasse appel à des disciplines mieux outillées telles que la philosophie, voire même la théologie.
En m’inspirant de la perspective « pluraliste » de Paul Feyeraband, je compte mettre en lumière les limites que rencontrent les sciences médicales lorsqu’elles doivent composer avec l’anticipation angoissante de la mort qu’éprouvent les patients. Bien évidemment, il ne s’agit pas ici de s’en prendre à l’utilité (indiscutable, par ailleurs) des méthodes actuellement employées dans les unités de soins palliatifs, mais bien de démontrer que leurs outils et pratiques sont inefficaces face à un problème tel que celui qui nous intéresse et dont les paramètres ne sont pas réductibles à ce que l’on appelle une « maladie ». Afin de bien exposer mon propos, ma présentation sera divisée en deux parties : a) exposition de la nature « spirituelle » de la peur de mourir, b) de l’inefficacité de l’approche médicale face à la peur de mourir.
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Communication orale
L’expérience de mort imminente : enjeu de validation paradigmatique entre les matérialistes et les dualistes des neurosciencesJacques Morin (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Mon mémoire porte sur l’Expérience de Mort Imminente (EMI) et sur les neuroscientifiques qui l’étudient. L’EMI se réfère aux individus qui rapportent avoir vécu une décorporation et une expérience transcendantale significative alors qu’ils ont été déclarés cliniquement morts. Au cours des dernières décennies, la discipline de la neuroscience a entrepris de résoudre cette anomalie à partir de son savoir scientifique. L’EMI, que nous définirons, est devenue l’enjeu axiomatique d’une confrontation paradigmatique entre matérialiste et dualistes des neurosciences pour l’explication ontologique de l’être humain. À partir de paradigmes antinomiques les neuroscientifiques tentent de répondre à cette question : « Est-ce que la conscience humaine est de nature immortelle ou est-elle réductible aux processus neurologiques du cerveau ? » Voilà l’enjeu que se dispute deux groupes de neuroscientifiques que l’on peut classer en deux clans distincts, soit les matérialistes dominants et les dualistes émergents. Chaque groupe réalise des recherches scientifiques hétéroclites sur l’EMI et l’Expérience Hors Corps (EHC) qui visent à valider leur position paradigmatique respective. Les matérialistes luttent pour conserver leur position de domination dans ce champ scientifique, tandis que les dualistes cherchent à les supplanter et à imposer un nouveau paradigme qui métamorphoserait l’épistémé scientifique contemporaine.
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Communication orale
La prise de décision autour du test prénatal non invasif (TPNI) : perspectives des couples et des femmes enceintes du Québec et du LibanGilles Bibeau (Université de Montréal, Département d'anthropologie), Hazar Haidar (UdeM - Université de Montréal), Vardit Ravitsky (Département de médecine sociale et préventive, programmes de bioéthique)
L’introduction du Test Prénatal Non-Invasif (TPNI) au sein des soins prénataux pour détecter les aneuploidies foetales tel la trisomie 21 rencontre actuellement un grand succès. Afin d'explorer les facteurs qui influencent la prise de décision des femmes enceintes et de leurs partenaires vis-à-vis du TPNI, nous avons conduit une étude qualitative basée sur des entrevues semi-dirigées à Montréal et au Liban.
Notre analyse a montré que la majorité des participants considèrent le test comme un progrès dans le cadre des technologies reproductives. Ils ont souligné les avantages d’un nouveau test non-invasif, ayant une spécificité élevée et pouvant être effectué dès la dixième semaine de grossesse. Cependant, ils ont soulevé divers facteurs jugés comme influençant leur choix de considérer le test. Ainsi, la comparaison des données a montré qu’il existe des facteurs similaires qui entrent en jeu tels le coût du test, ses caractéristiques, la perception concernant l’avortement et le désaccord potentiel entre le couple quant au choix de tester. Un élément mentionné uniquement par les couples Libanais était la recommandation du professionnel de la santé.
Pour assurer une prise de décision éclairée par les femmes et leurs partenaires, les facteurs contextuels devraient être pris en considération afin de promouvoir leur autonomie reproductive ainsi que dans l’élaboration de politiques visant une implantation éthiquement et socialement acceptable du test en clinique.
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Communication orale
L’État-providence et l’euthanasie activeChristian Saint-Germain (UQAM - Université du Québec à Montréal)
L’État providence et l’euthanasie active. Perçu comme un avancement du droit des malades et la reconnaissance de leur autonomie, le suicide dit « assisté » marque le passage d’une frontière invisible. Salué par bon nombre de commentateurs politiques comme un progrès de la sensibilité à l’égard de la souffrance intolérable, accueilli favorablement par la population et les associations de droit des malades, promu au rang de droit fondamental dans l’arrêt Carter, s’agit-il pour autant d’une avancée de la conscience éthique? Élevé au rang de certitude quant à sa finalité et son caractère opportun, quelle transaction politique ce dispositif bureaucratique met-il en scène? La fin de vie en milieu hospitalier implique assurément des coûts importants; le choix d’un patient de devenir bénéficiaire d’un «acte médical » tarifé de cette nature opère un changement de paradigme dans la notion même de « soins ». L’expression « suicide assisté », cette contradictio in adjecto, rend manifeste l’effort pour court-circuiter la portée d’un acte meurtrier. Dans ce contexte, nous entendons examiner la fonction idéologique des Chartes, en suivant l’affirmation suivante du juriste français Jean-Étienne-Marie Portalis pour qui : «Lorsque la corruption n’est pas dans les mœurs, on peut y remédier par de sages lois; mais quand un faux esprit philosophique l’a naturalisée dans la morale et la législation, le mal est incurable, parce qu’il est dans le remède même ».