La découverte du microbiome humain a révolutionné la façon dont les scientifiques définissent notre espèce. Chez l’humain, les études dites « métagénomiques » ont révélé qu’une minorité des cellules qui composent notre corps sont des cellules humaines, les autres étant des cellules bactériennes. Or, s’il est vrai que la plupart de nos cellules ne sont pas des cellules humaines, on peut alors se demander en quoi nous sommes encore humains. Que reste-t-il de l’Homo sapiens à l’aune des recherches sur le microbiome? Poursuivant leur intérêt pour les questions de corps et d’identité, les arts visuels s’emparent aujourd’hui du microbiome, ainsi que des recherches et de l’imaginaire qui y sont associés, comme source d’inspiration et de création. Qu’il s’agisse de représenter sous diverses formes ce micro-univers qui nous compose ou d’en explorer plus concrètement la malléabilité et les possibilités par une multitude de techniques expérimentales, le microbiome s’affirme comme un objet artistique à part entière. Dès lors, l’art s’allie aux sciences humaines pour exposer les questionnements et les enjeux philosophiques qui émergent de ce champ spécifique de la biologie contemporaine.
La littérature scientifique consacrée aux études sur le microbiome humain a connu une croissance phénoménale au cours des cinq dernières années. Elle met non seulement de l’avant de nouvelles manières de concevoir le corps et l’identité biologique humaine, mais interroge également le pouvoir d’action de cette flore microbienne sur plusieurs aspects relatifs autant à notre santé qu’à nos comportements sociaux. Après le paradigme génétique, le microbiome annonce la venue d’un nouveau paradigme, tout aussi important par la nature de ses découvertes que des nombreuses applications qui en seront issues. Ainsi, il semble aujourd’hui plus que nécessaire que des chercheurs issus de diverses disciplines des arts et des sciences humaines s’ouvrent à une discussion commune sur les enjeux philosophiques fondamentaux que sous-tendent ces avancées récentes. Ce colloque entend réfléchir au problème de la définition et de la représentation de l’identité humaine dans le contexte des études portant sur le microbiome. Il sera une occasion unique d’échanger des idées autour de cette thématique encore émergente, pour pouvoir conceptualiser, au-delà des limites traditionnelles de notre propre chair, les conditions de notre existence au sein de nos communautés microbiennes résidentes.