Dans La question du pouvoir en Acadie, Léon Thériault affirme : « Jamais, dans notre histoire récente, n’a-t-il été aussi urgent de susciter le débat sur cette grave question. » Cet appel au débat lancé en 1982 nous paraît tout aussi pertinent aujourd’hui, notamment dans un contexte où les communautés francophones minoritaires au Canada ont l’impression de faire les frais d’un déficit de pouvoir à divers niveaux.
Le pouvoir se décline de multiples façons, selon les disciplines universitaires ou les lieux d’action de la société civile. En plus de réfléchir à la manière dont les francophones participent au sein des lieux de pouvoir, on peut s’intéresser aux contenus éducatifs des cursus scolaires touchant l’histoire et l’identité francophones pour évaluer quelles représentations du pouvoir ils véhiculent ou quels types d’engagements civiques ils promeuvent. On peut aussi se pencher sur les rapports de pouvoir qu’entretient le secteur économique de la francophonie canadienne avec celui de la majorité ou même avec les représentants des communautés francophones. De plus, le pouvoir est une notion contestée, de sorte que la définition que l’on confère au concept tend à manifester une position idéologique, voire des intérêts politiques. Le pouvoir devient une question d’autant plus urgente à l’heure du néolibéralisme, de la fragmentation de la sphère publique et d’une diversité culturelle grandissante.
En proposant ces pistes critiques, nous souhaitons que ce colloque constitue un point de rencontre où les débats que suscite ce questionnement ouvrent sur des réflexions renouvelées. Dans cet esprit, nous invitons les chercheurs à partager leurs recherches et leurs expériences sur trois axes — l’exercice du pouvoir, les représentations du pouvoir, le pouvoir et les élites — en plus d’autres enjeux particuliers aux milieux dans lesquels chacun évolue en lien avec la problématique.