Informations générales
Événement : 84e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 600 - Colloques multisectoriels
Description :Le colloque porte sur la transdisciplinarité, comme objet de recherche et comme démarche de recherche alliant connaissance et action en vue de la résolution de problèmes sociaux concrets. Si les recherches transdisciplinaires tendent à montrer les limites des démarches purement disciplinaires pour approcher la complexité grandissante de ces problèmes, elles se distinguent par leur approche épistémologique ou méthodologique. De plus, ces recherches sont fragmentées par la très grande variété des problèmes abordés. Or, la prise de conscience grandissante de la fragilité des écosystèmes tend à mettre en évidence les liens invisibles entre la santé, l’environnement et la technologie. Les sciences humaines, de la nature et de la santé sont appelées à s’allier et à joindre les utilisateurs de ces savoirs, prenant conscience des limites de leur paradigme respectif et du potentiel d’autrui. Des domaines variés, comme la santé, l’environnement, l’urbanisme, etc., sont visés par ce colloque. L’émergence de regroupements stratégiques comme le CIRODD (Centre interdisciplinaire de recherche en opérationnalisation du développement durable), qui réunit plus de 15 chaires et centres de recherche et 82 chercheurs en provenance de 11 universités pour catalyser des projets en opérationnalisation du développement durable à l’interface de l’ingénierie et des sciences humaines, montre bien la nécessité et la complexité du croisement des problèmes auxquels s’intéressent les différentes approches transdisciplinaires. Tout se passe comme si un deuxième niveau de transdisciplinarité avait été atteint, croisant cette fois des problèmes concrets jusqu’ici traités séparément.Ces croisements inédits exacerbent les enjeux épistémologiques, méthodologiques et les enjeux d’organisation de la recherche. Des questions liées à la définition, aux objectifs, à la méthode et à la légitimité de la transdisciplinarité sont visées par ce colloque.
Date :- Marie-Andrée Caron (École des Sciences de la Gestion (ESG) - UQAM)
- Annie Lachance (École des Sciences de la Gestion (ESG) - UQAM)
- Pierre De Coninck (UdeM - Université de Montréal)
- René Audet (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Programme
Les définitions des recherches multi/inter/trans-disciplinaires
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Mot de bienvenue
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Quelle interdisciplinarité, quelle transdisciplinarité dans les relations entre recherche et pratique?Yves Lenoir (UdeS - Université de Sherbrooke)
La communication poursuivra deux principaux objectifs, l'un de clarification des notions, l'autre d'interpellation de leur pertinence opérationnelle. Dans un premier temps, après avoir brièvement rappelé la pléthore des significations attribuées à la perspective interdisciplinaire et les raisons pour lesquelles un intérêt croissant est apparu dès le XIXe siècle aux États-Unis et au milieu du XXe siècle en Europe, nous procéderons à une première distinction entre les interdisciplinarité pratique, scolaire, professionnelle et scientifique pour mettre en évidence leurs spécificités. Dans un deuxième temps, nous préciserons les si- gnifications allouées aux différentes notions associées à la problématique interdisciplinaire – monodisci- plinarité, multidisciplinarité, pluridisciplinarité, interdisciplinarité, transdisciplinarité – et nous esquisse- rons quelques dangers de dérives. Puis, nous convoquerons la notion de circumdisciplinarité pour mettre en exergue la nécessité d'un lien réel entre l'investigation scientifique et la pratique professionnelle. Dans un troisième temps, nous nous pencherons sur la question transdisciplinaire pour identifier quelques-uns des rapports qu'elle peut entretenir – ou non – avec les disciplines scientifiques dans le cadre d'une lo- gique opérationnelle.
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Transdisciplinarité et niveaux d'organisationLaurent Jodoin (Université Panthéon-Sorbonne (Paris 1))
Les niveaux d'organisation peuvent être définis par des théories scientifiques systématisant nos observations et nos hypothèses à propos de ce qui est considéré « robuste », c'est-à-dire est accessible (détectable, mesurable, prédictible, etc.) – d'une multitude de manières indépendantes, par différents « modes d'accès » (Wimsatt 1994). En ce sens, le découpage disciplinaire du savoir en serait une conséquence. De sorte qu'une meilleure compréhension en amont des rapports que peuvent entretenir les niveaux d'organisation peut jeter un éclairage fort utile sur les interactions entre savoirs distincts, propres à la recherche transdisciplinaire. En effet, et d'une part, en l'absence de consensus sur la valeur de ces modes d'accès, c'est-à-dire sur une prétendue préséance de l'un d'entre eux par rapport à d'autres (en bref, vaut-il mieux observer ou calculer ?), les rapports de force entre acteurs de la recherche peuvent être exacerbés. D'autre part, en considérant les rapports entre niveaux d'organisation selon le concept de réalisabilité multiple où les détails permettant de distinguer des systèmes ou états à un niveau inférieur sont largement « impertinents » (Batterman 2002) au niveau supérieur, il y a un risque de négliger certains acteurs et donc certaines informations utiles au succès d'un projet de recherche en mode résolution de problème.
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Sciences de l'environnement et transdisciplinarité : de Dansereau à Future Earth, de la pratique à l'institutionnalisationRené Audet (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Qu'est-ce que signifie la transdisciplinarité pour les sciences de l'environnement? Les sciences de l'environnement sont-elles constituées d'un ensemble identifiable de disciplines scientifiques? Ont-elles un objet commun? Ont-elles des méthodologies caractéristiques? Bref, quel est leur principe unificateur?
Dans cette communication, j'aborderai ces questions à partir de trois foyers de réflexions. Premièrement, je développerai une réflexion inspirée de la pensée de Pierre Dansereau autour de l'interdisciplinarité en sciences de l'environnement. Je m'inspirerai, deuxièmement, des débats plus récents – de ceux présents dans la littérature universitaire, mais aussi de ceux tenus au sein du Centre OSE et de l'ISE – pour enrichir cette réflexion. Troisièmement, j'approfondirai mon analyse en abordant les enjeux d'institutionnalisation de la transdisciplinarité dans les sciences de l'environnement à partir de mon expérience personnelle (professionnelle) à l'institut des sciences de l'environnement et de l'émergence de nouvelles organisations scientifiques internationales comme Future Earth.
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Discussion
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Pause
Les objectifs de recherche
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Penser les interactions entre environnement et société : une analyse de gestion environnementale, des systèmes complexes à l'approche territorialeClaire Graziani-Taugeron (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Les sciences de la complexité participent à la construction d'un projet interdisciplinaire autour de la gestion en environnement. Cependant, elles appellent aussi à l'utilisation de certains outils et paradigmes sur lesquels il est important de poser un regard critique. L'utilisation de paradigmes positivistes et la production de modèles mathématiques et informatiques tendent à pousser les chercheurs à négliger l'importance de l'interprétation dans les interactions entre environnement et société. Il faut aussi mettre en exergue le fait que, malgré les avenues scientifiques qu'ouvrent les sciences de la complexité, elles n'offrent que peu d'outils méthodologiques, lesquels sont souvent mal adaptés aux réalités sociales et à la nécessaire prise en compte des aspects socialement construits des enjeux environnementaux.
Articulé autour de la critique de l'approche des systèmes complexes, l'objectif de cette présentation est d'abord de saisir les enjeux interdisciplinaires liés à l'étude des systèmes socio- écologiques. Dans un second temps, par l'étude de situations conflictuelles liées à la gestion de l'environnement, d'appréhender comment une approche par le rapport que les acteurs entretiennent avec le territoire peut apporter des éclairages importants sur ces liens environnement/société. Cette dernière approche permettant de nourrir une attitude critique nécessaire face aux systèmes complexes, engage à mieux saisir les enjeux d'analyse des problématiques environnementales.
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La transdisciplinarité de la Norme BNQ21000 et son remède : le principe du sextantJean Cadieux (UdeS - Université de Sherbrooke), Edith Lecours (UdeS - Université de Sherbrooke)
À la gestion standard des organisations, la gestion du DD en entreprise amène avec elle l'inclusion des parties prenantes et exige une bonne dose de transdisciplinarité. Dans le cadre de l'élaboration de la grille d'autoévaluation de la Norme BNQ21000, afin de bien couvrir le DD sous toutes ses facettes, 21 enjeux de gestion de l'organisation furent nécessaires. Ces enjeux de gestion se sont répartis suivant un quadruple bilan : environnemental, social, économique et moral. En termes de gestion, il est possible de voir ces bilans comme étant les représentations d'effet silos. C'est compréhensible, car avec du recul, chacun des enjeux représente, à toute fin pratique, une spécialité. Afin de relever le défi, 21 spécialistes furent préalablement associés au projet, chacun ayant le potentiel de tirer les couvertures du DD vers sa spécialité, une problématique bien connue. Afin d'aligner l'ensemble des visions et de faire converger les travaux vers un seul et même objectif, soit l'inclusion des principes de la Loi sur le DD du Québec dans la gestion des organisations, le principe du sextant a été élaboré. La problématique est profonde car les principes de la Loi sont d'un niveau de pensée « macro » alors que la gestion se situe à un niveau de pensée « micro ». Ce principe exploite justement la différence entre ces niveaux de pensée et permet de canaliser l'ensemble des points de vue vers une vision transdisciplinaire globale et unifiée.
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Discussion
Dîner
Les méthodes de réalisation
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Qu'est-ce exactement que la transdisciplinarité?Jacques Hamel (UdeM - Université de Montréal)
Dans le cadre de cette communication, on envisagera la transdisciplinarité par contraste à l'interdisciplinarité et les autres entreprises qui, en sciences sociales, cherchent à fusionner les connaissances issues de différentes disciplines. Après l'avoir cerné sur le plan épistémologique, l'objectif de la transdisciplinarité est examiné à la lumière de ce qu'est la visée de la science conçue ici de manière à pouvoir y associer la sociologie et les autres disciplines des sciences sociales. Sous leur égide, la transdisciplinarité semble requise d'office afin de pouvoir expliquer ce qu'elles cherchent à connaître sur le registre du « penser global » en vogue actuellement.
Les écueils sur lesquels bute la transdisciplinarité seront ensuite énumérés dans l'intention de mettre au jour le paradoxe que soulève l'exercice qui consiste à fondre des connaissances spécialisées dans l'intention d'agir ou d'intervenir. Ce paradoxe est le suivant : sous ce chef, intervenir ou agir, la transdisciplinarité paraît nécessaire, mais compliquée et relève manifestement d'une approche philosophique, voire d'un art. De ce fait, peut-on véritablement imaginer une méthode capable de donner son droit et sa rigueur à la transdisciplinarité ?
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Modélisation d'un savoir transdisciplinaire, scientifique ou expert?Marie-Andrée Caron (École des Sciences de la Gestion (ESG) - UQAM), Annie Lachance (UQAM - Université du Québec à Montréal), Marie-France Turcotte (UQAM - Université du Québec à Montréal)
La transdisciplinarité peut prendre plusieurs formes et s'inviter à l'insu du chercheur. À l'inverse, plusieurs chercheurs dont la démarche s'en approche hésitent à la reconnaître et certains soutiennent même que la reconnaître serait la faire disparaître. Pourtant, une abondante littérature s'inscrit clairement à son enseigne. Web of science dénombre plus de 2 530 articles sous le thème ‘transdisciplinar*'. Une recherche plus fine, ajoutant la notion de ‘sustainab*' combinée aux concepts ‘problem or challenge or issue', nous a permis de faire ressortir un échantillon de 347 articles. Parmi ces articles, plus de 140 synthétisent leur démarche à l'aide de modèles, schémas et figures.
Cette communication s'intéresse aux questions de recherche suivantes : dans quelle mesure les modèles, schémas et figures témoignent-ils de la résolution concrète d'un problème à la satisfaction des acteurs extrascientifiques concernés, pour produire en même temps un savoir scientifique ? De quelle façon traduisent-ils un effort de contextualisation ou à l'inverse de suppression de l'incertitude, pour résoudre le problème visé par la transdisciplinarité et participer aux décisions politiques ? L'objectif de cette recherche est de dégager une typologie des modèles, schémas et figures en fonction des interactions entre les disciplines impliquées, de la nature de l'implication des acteurs extrascientifiques et du niveau de généralisation visé.
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La méthodologie consensuelle augmentée du BNQ21000 : Un cas de transdisciplinarité et de légitimitéJean CADIEUX (UdeS - Université de Sherbrooke), Edith Lecours (UdeS - Université de Sherbrooke)
Le processus de création des normes est globalement standardisé depuis la publication du guide ISO/IEC 59 qui dicte une méthodologie consensuelle standardisée qui dicte un ensemble de règles très précises. Les étapes usuelles du développement de normes sont les suivantes : 1) Formation d'un comité de normalisation équilibré et représentatif composé de n personnes concernées par le sujet; 2) Rédaction du contenu technique; 3) Enquête publique; 4) Vote du comité; 5) Approbation finale par la direction de l'organisme normalisateur. Cette présentation portera entre autres sur les avantages et les limites de cette approche au niveau de son application et de sa légitimité.
La norme BNQ21000 avait pour objet l'intégration des principes de la Loi sur le développement durable dans la gestion des organisations, ce qui appelait à la transdisciplinarité. Afin de favoriser l'émergence d'un consensus sur un tel contenu, un comité de scientifiques a été mandaté préalablement à la formation du comité pour effectuer des travaux préliminaires (grille d'auto-évaluation) et rester parallèlement en appui tout au long du processus de création. L'étude du cas du développement de la norme BNQ21000 permet de proposer a posteriori une méthodologie consensuelle augmentée particulièrement efficace pour contrer les limites de la méthodologie standard face à la transdisciplinarité, tout en contribuant à augmenter la légitimité accordée à la norme ainsi créée.
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Discussion
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Pause
Application de la recherche transdisciplinaire
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Exemples de modèles de travail interdisciplinaire et transdisciplinaire en réadaptation : analyse multidimensionnelle des facteurs de succèsNicolas FERNANDEZ (UQAM - Université du Québec à Montréal), Fanny Guérin
Face aux défis que soulèvent la réintégration socio-professionnelle de personnes polytraumatisées, des milieux de réadaptation en déficience physique au Québec ont été précurseurs dans le travail interdisciplinaire. Des centres de recherche interdisciplinaire en réadaptation se sont graduellement intégrés à chacun de ces milieux cliniques. Des facultés de médecine visent aujourd'hui à généraliser la collaboration interprofessionnelle (CI) et en partenariat de soins à l'ensemble du réseau de la santé et des services sociaux. Depuis 1996, je contribue, dans ces milieux, comme clinicienne, chercheure, formatrice ou gestionnaire, à l'application des approches interdisciplinaire et transdisciplinaire pour favoriser la compréhension de l'interaction des facteurs qui influencent la réalisation des habitudes de vie du patient et pour minimiser ses obstacles. J'ai favorisé le développement du partenariat entre les chercheurs, les cliniciens, les patients et les décideurs autant dans le travail clinique, de recherche, de gestion et d'enseignement. Les méthodes de réalisation de l'inter-et transdisciplinarité dans ces milieux seront analysées à la lumière de modèles de transdisciplinarité. Cette analyse critique contribuera à la réflexion sur les facteurs influençant le succès du travail transdisciplinaire sur les plans individuel, communicationnel, environnemental, et institutionnel. L'impact de la diversité, du nombre, des compétences et du rôle des acteurs dans la CI seront abordés.
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La formation transdisciplinaire à l'Université Saint-Boniface et partenariat avec les organismes communautaires francophones à Winnipeg : enjeux et défisHalimatou Ba (Université de Saint-Boniface)
De plus en plus, la prise en charge des populations vulnérables nécessite autant le renouvellement de pratiques sociales, que la collaboration des intervenants sociaux qui possèdent des compétences professionnelles transdisciplinaires. En partenariat avec cinq organismes communautaires en milieu minoritaire francophone à Winnipeg, l'Université de Saint-Boniface a initié le Projet transdisciplinaire en santé communautaire dans le but d'amener les étudiants inscrits à développer des compétences transdisciplinaires afin qu'ils puissent transcender leurs connaissances et travailler au-delà et à travers leurs frontières professionnelles et disciplinaires pour résoudre les problèmes sociaux concrets. La réalisation du projet est basée sur une formation théorique et une recherche-action qui se déroulaient conjointement, alliant connaissance et action. L'objectif de la recherche est de déterminer du point de vue des étudiants et des personnes ressources partenaires, le développement des compétences professionnelles transdisciplinaires par les étudiants concernés et l'impact du projet sur les organismes ciblés.
Cette communication présente quelques résultats de cette recherche notamment l'organisation des cours, les enjeux de la formation transdisciplinaire, la perception des étudiants, l'impact de l'approche dans les organismes communautaires et le renforcement des partenariats Université- Organismes communautaires. Des écueils rencontrés et quelques recommandations seront évoqués.
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Mot de clôture