La capacité de pouvoir utiliser efficacement, malgré leurs différences de forme et de structure, deux ou plusieurs langues (bi ou multilinguisme) reflète l’incroyable niveau de sophistication de la cognition humaine. Un grand nombre de travaux sur l’acquisition des langues secondes ont eu pour but de déterminer quelles variables pouvaient influer sur le niveau de bilinguisme atteint par les apprenants. Ces travaux ont permis d’isoler des facteurs tels que l’âge et le milieu d’apprentissage. Toutefois, au cours des dernières années, nous avons assisté au développement rapide d’un nouvel axe de recherche sur le bilinguisme, soit l’étude des corrélats cognitifs et neurophysiologiques associés au bilinguisme et au multilinguisme. Cet intérêt est en partie explicable par la controverse suscitée par certaines études selon lesquelles le bilinguisme confèrerait un avantage cognitif à ses locuteurs, voire qu’il augmenterait la réserve cognitive qui permet de retarder l’apparition des symptômes du vieillissement cognitif (par exemple, il retarderait l’apparition des premiers symptômes associés à la maladie d’Alzheimer). Notons que la démocratisation des outils de recherche neurophysiologique a aussi grandement contribué à l’essor spectaculaire qu’a connu cet axe de recherche au cours des dernières années. De plus amples travaux sont toutefois toujours nécessaires afin de mieux circonscrire les effets rapportés dans la littérature. Les chercheurs du Québec, et spécialement ceux de la grande région de Montréal, disposent d’un avantage stratégique pour faire une contribution majeure à ce domaine d’étude, car ils ont accès à une population de locuteurs bilingues diversifiés (diversité des langues et des niveaux de maîtrise de la langue seconde) et à des infrastructures de recherche de calibre international (Institut Neurologique de Montréal).
L’objectif du présent colloque est de réunir des chercheurs de divers horizons afin de faire le point sur l’état de la recherche sur les impacts cognitifs et neurophysiologiques du bilinguisme. Il permettra aux intervenants de partager leurs résultats et de se familiariser avec de nouvelles méthodes expérimentales désormais à la disposition des chercheurs intéressés au bilinguisme. Le colloque permettra aussi le réseautage entre équipes de recherche, ce qui favorisera les collaborations intersectorielles et interuniversités, consolidant ainsi le statut privilégié du Québec en ce qui a trait à la recherche sur le bilinguisme.
Par sa position géographique et sa population unique, le Québec constitue un endroit idéal pour étudier le bilinguisme. Nous voulons que le présent colloque soit un tremplin pour la création des projets collaboratifs innovateurs tirant profit des infrastructures et de l’environnement linguistique unique dont nous disposons.