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Informations générales

Événement : 84e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 600 - Colloques multisectoriels

Description :

La capacité de pouvoir utiliser efficacement, malgré leurs différences de forme et de structure, deux ou plusieurs langues (bi ou multilinguisme) reflète l’incroyable niveau de sophistication de la cognition humaine. Un grand nombre de travaux sur l’acquisition des langues secondes ont eu pour but de déterminer quelles variables pouvaient influer sur le niveau de bilinguisme atteint par les apprenants. Ces travaux ont permis d’isoler des facteurs tels que l’âge et le milieu d’apprentissage. Toutefois, au cours des dernières années, nous avons assisté au développement rapide d’un nouvel axe de recherche sur le bilinguisme, soit l’étude des corrélats cognitifs et neurophysiologiques associés au bilinguisme et au multilinguisme. Cet intérêt est en partie explicable par la controverse suscitée par certaines études selon lesquelles le bilinguisme confèrerait un avantage cognitif à ses locuteurs, voire qu’il augmenterait la réserve cognitive qui permet de retarder l’apparition des symptômes du vieillissement cognitif (par exemple, il retarderait l’apparition des premiers symptômes associés à la maladie d’Alzheimer). Notons que la démocratisation des outils de recherche neurophysiologique a aussi grandement contribué à l’essor spectaculaire qu’a connu cet axe de recherche au cours des dernières années. De plus amples travaux sont toutefois toujours nécessaires afin de mieux circonscrire les effets rapportés dans la littérature. Les chercheurs du Québec, et spécialement ceux de la grande région de Montréal, disposent d’un avantage stratégique pour faire une contribution majeure à ce domaine d’étude, car ils ont accès à une population de locuteurs bilingues diversifiés (diversité des langues et des niveaux de maîtrise de la langue seconde) et à des infrastructures de recherche de calibre international (Institut Neurologique de Montréal).

L’objectif du présent colloque est de réunir des chercheurs de divers horizons afin de faire le point sur l’état de la recherche sur les impacts cognitifs et neurophysiologiques du bilinguisme. Il permettra aux intervenants de partager leurs résultats et de se familiariser avec de nouvelles méthodes expérimentales désormais à la disposition des chercheurs intéressés au bilinguisme. Le colloque permettra aussi le réseautage entre équipes de recherche, ce qui favorisera les collaborations intersectorielles et interuniversités, consolidant ainsi le statut privilégié du Québec en ce qui a trait à la recherche sur le bilinguisme.

Par sa position géographique et sa population unique, le Québec constitue un endroit idéal pour étudier le bilinguisme. Nous voulons que le présent colloque soit un tremplin pour la création des projets collaboratifs innovateurs tirant profit des infrastructures et de l’environnement linguistique unique dont nous disposons.

Date :
Responsables :

Programme

Communications orales

Psychologie et neurophysiologie

Présidence : Denise Klein (Université McGill)
  • Mot de bienvenue
    Shari Baum (Centre de recherche sur le cerveau, le langage et la musique)
  • Le bilinguisme : une gymnastique complexe au profit de la santé cognitive
    Daniel ADROVER-ROIG (Universidad de las Islas Baleares), Ana Inés Ansaldo (UdeM - Université de Montréal), Pierre BERROIR (UdeM - Université de Montréal), Tanya DASH (UdeM - Université de Montréal), Ladan GHAZI-SAIDI (CRIUGM - Centre de recherche de l'Institut universitaire de gériatrie de Montréal)

    Depuis plusieurs années, un nombre de recherches ont montré que des ressources cognitives spécifiques sont sollicitées durant les processus d'apprentissage d'une langue seconde et aussi lorsque les deux langues sont utilisées de manière assidue. Par ailleurs, ces études indiquent que le bilinguisme contribue à enrichir la réserve cognitive, pouvant être mise à profit dans des situations d'exigence cognitive.

    Cette conférence fera état des résultats des recherches récentes montrant comment le bilinguisme contribue à façonner certains domaines de la cognition et comment le cerveau reflète cette réalité. En particulier, nous aborderons la question des effets du bilinguisme sur la fonction exécutive, et plus précisément sur les habiletés de gestion de l'interférence et de compétition entre stimuli. Les pendants cérébraux de ces observations seront aussi discutés, à la lumière des études en neuroimagerie fonctionnelle. Ces dernières permettent de reconnaitreles aires et circuits cérébraux mis à contribution lorsque des personnes bilingues et unilingues sont confrontées à des tâches complexes.

    Pour conclure, seront abordés les potentiels impacts du bilinguisme au cours du vieillissement, et en particulier en ce qui a trait au potentiel du bilinguisme comme bouclier de protection contre le vieillissement cognitif normal et dans les cas de maladies neurodégénératives, telles que la maladie d'Alzheimer.

  • Intelligence fluide et conscience métalinguistique : où se situe l'avantage bi ou plurilingue?
    Sonia El Euch (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)

    La question de la différence entre un bilingue et un monolingue a été le centre d'intérêt des recherches en bilinguisme pendant au moins un siècle. Des études psycholinguistiques ont montré les effets positifs du bilinguisme sur plusieurs aspects dont l'intelligence et la conscience métalinguistique. Mais, qu'en est-il de la différence entre les monolingues et les bi- et plurilingues? Y a-t-il un avantage plurilingue en raison de la connaissance de langues additionnelles? Notre communication a pour but de répondre à ces questions en présentant les résultats d'une étude ayant comparé des monolingues, des bilingues et des plurilingues adultes (150) inscrits dans différents programmes universitaires. Ils ont été comparés quant à leur intelligence fluide et à leur conscience métalinguistique. Les résultats confirment les avantages liés à la connaissance de plus d'une langue lorsqu'il s'agit de conscience métalinguistique mais pas d'intelligence fluide.

  • Processus de contrôle proactifs et réactifs chez les jeunes adultes bilingues
    Alexandre Chauvin (Université Concordia), Natalie PHILLIPS (Université Concordia), Phylicia VERREAULT (Université Concordia)

    Certains individus bilingues démontrent un contrôle exécutif accru en comparaison à des individus unilingues. Certaines études suggèrent que les bilingues sont plus flexibles que les unilingues dans l'utilisation de processus de contrôle proactifs (ex: surveiller l'environnement à la recherche d'informations utiles) et réactifs (ex: inhiber les informations superflues). Des différences individuelles au niveau de cette flexibilité pourraient être associées à des différences individuelles en terme d'expériences liées au bilinguisme (ex: degré de bilinguisme, habitudes d'alternance entre les deux langues parlées).
    Nous avons examiné les potentiels évoqués (PE) de 23 jeunes adultes bilingues (anglais-français ou français-anglais) lors d'une tâche exécutive (AX-CPT). Nous avons présentés des paires de lettres sur un écran, une lettre à la fois. Les participants devaient d'appuyer sur un bouton (“oui”) chaque fois qu'ils voyaient un A suivi d'un X ou un autre bouton (“non”) pour toute autre paire. Les proportions associées avec chaque type de paires furent manipulées de sorte qu'un même type (ex: A-X) était présenté 70 % du temps.
    La plupart des participants ont utilisé une stratégie proactive lors de l'AX-CPT. Cependant, des variations individuelles existent au niveau de la proactivité de chaque participant. De plus, ces variations étaient associées à des différences individuelles en termes de PE et d'expériences liées au bilinguisme, notamment aux habitudes d'alternance linguistique.

  • Mesures comportementales et électrophysiologiques de l'effet du bilinguisme sur l'alternance de tâches
    Shanna KOUSAIE (Université McGill), Nicole LANDRY (Université d’Ottawa), Rocio LOPEZ (Université d’Ottawa), Vanessa Taler (Université d’Ottawa)

    Être bilingue peut être bénéfique pour les processus de contrôle cognitif, y compris lors du suivi et de la résolution de conflits. Cependant, la littérature présente des résultats contradictoires. De plus, certaines études ont trouvé des différences entre les monolingues et les bilingues au niveau cérébral, malgré des réponses comportementales similaires. Nous avons étudié l'effet du bilinguisme avec un paradigme non-linguistique d'alternance de tâche (task switching) utilisant deux mesures : le temps de réponse et les potentiels évoqués. Des jeunes et des adultes monolingues et bilingues (n = 23 par groupe) ont effectué la tâche comprenant un bloc d'essais homogènes (une seule tâche) et un bloc d'essais hétérogènes (alternance entre 2 tâches selon un ordre quasi-aléatoire) afin d'examiner les coûts globaux et locaux de l'alternance de tâche. Les stimuli étaient composés de lettres / nombres (ex : « 9M ») précédés par une information indiquant si le participant devait exécuter la tâche propre à la « lettre » ou au "nombre". Pour les lettres, le participant devait dire si elle correspondait à une consonne ou une voyelle, alors que pour les nombre, le participant devait déterminer s'il était pair ou impair. Les analyses préliminaires suggèrent un avantage pour les bilingues dans les demandes globales et locales propres à l'alternance de tâche. Les résultats seront discutés en relation avec les hypothèses actuelles concernant les effets du bilinguisme sur les fonctions exécutives.

  • Pause
  • Localisation des frontières lexicales chez les locuteurs bilingues : résultats préliminaires
    Shari BAUM (Université McGill), Annie C. Gilbert (Université McGill), Inbal ITZHAK (Université McGill), Shanna KOUSAIE (Université McGill)

    Les auteurs s'entendent pour dire que chaque langue (ou famille de langues) recourt à des stratégies spécifiques pour segmenter les unités contenues dans les énoncés. Ces différences compliquent la tâche des apprenants d'une langue seconde (L2). Plusieurs études ont d'ailleurs montré que les bilingues continuent d'utiliser la stratégie de segmentation de leur langue maternelle (L1), même si celle-ci n'est pas appropriée à la L2. Cependant, l'expérience linguistique des locuteurs varie grandement, et ce, même à l'intérieur d'une communauté. On peut donc se demander si ce recours aux stratégies de L1 se retrouve chez tous les locuteurs bilingues, sans égards à leur compétence en L2, leur dominance langagière ou leur usage quotidien de L1 et L2. Pour répondre à ces questions, nous avons mis au point une tâche d'amorçage intermodale qui repose sur la présentation simultanée d'images et d'énoncés (français et anglais) contenant des séquences de syllabes ambiguës : soit deux lexèmes monosyllabiques (but fait), soit un lexème bisyllabique (buffet). Pour chaque énoncé, les participants doivent déterminer si l'image correspond au contenu de l'énoncé. L'analyse préliminaire des résultats d'un sous-groupe de participants dominant en anglais montre qu'ils traitent différemment les énoncés en L1 et L2, en accord avec la littérature. Toutefois, leurs résultats en français (L2) varient aussi en fonction de leur niveau de compétence en L2, ce qui constitue une piste de recherche intéressante.

  • L'effet de l'expérience linguistique sur la connectivité fonctionnelle intrinsèque chez les jeunes adultes bilingues
    Xiaoqian CHAI (Université McGill), Denise KLEIN (Université McGill), Shanna Kousaie (Université McGill), Kaija SANDER (Université McGill)

    De précédentes recherches ont démontré qu'une variation d'expérience linguistique est liée à des différences entre les monolingues et les bilingues au niveau du contrôle cognitif, ainsi que des différences structurelles et fonctionnelles dans le cerveau (par exemple, l'épaisseur corticale et l'activité dans le cortex cingulaire antérieur). Cependant, peu de recherches ont examiné l'effet de l'expérience linguistique sur la connectivité fonctionnelle intrinsèque. Une exploration de connectivité fonctionnelle intrinsèque permet d'observer des réseaux cérébraux comprenant des régions du cerveau qui partagent des propriétés fonctionnelles, c'est-­à-­dire une activité (anti-­) corrélée. Comme les bilingues doivent constamment gérer deux langues, une activité qui semble reposer sur des processus de contrôle cognitif, on peut s'attendre à ce que ces réseaux de contrôle soient influencés par l'expérience linguistique. De plus, d'autres réseaux liés spécifiquement au traitement du langage et le réseau du mode par défaut pourraient être également affectés par l'expérience linguistique. Nous rapportons ici comment les motifs de connectivité fonctionnelle intrinsèque sont influencés par l'âge d'acquisition de la langue seconde ainsi que la compétence atteinte dans cette langue dans un groupe de 34 jeunes adultes. Ces résultats nous permettent de mieux comprendre comment différents aspects de l'expérience linguistique à un jeune âge peuvent avoir un impact sur les réseaux cérébraux fonctionnels.

  • Impact du contexte linguistique et de l'historique d'acquisition de la langue seconde sur l'efficacité du contrôle exécutif chez le jeune adulte
    Irina Pivneva (Université McGill), Naveed SHEIKH (Université McGill), Debra TITONE (Université McGill), Veronica WHITFORD (Université McGill)

    Un débat persiste sur l'existence, ou non, d'un lien entre le bilinguisme et l'efficacité du contrôle exécutif. Selon certaines études, les bilingues bénéficient d'un meilleur contrôle exécutif que les monolingues. Cette conclusion n'est toutefois pas partagée par tous et certains rapportent ne pas trouver de différences entre les deux groupes. Plutôt que d'opter pour une approche dichotomique (bilingue vs monolingue), nous adoptons ici une approche plus nuancée portant sur différentes dimensions de l'expérience bilingue, soit le contexte linguistique dans lequel le locuteur évolue quotidiennement et son historique d'acquisition de la langue seconde (L2). Pour ce faire, nous avons utilisé des modèles linéaires mixtes pour déterminer si ces différences individuelles sont associées aux performances lors de diverses tâches de contrôle exécutif. Nous avons trouvé que les locuteurs bilingues qui tendent à interagir dans des contextes sociaux bilingues (où les deux langues sont utilisées simultanément) présentent un plus faible coût de transfert (switch cost) que les bilingues qui utilisent leur L1 et L2 dans des contextes distincts. Dans certains cas, cet effet peut aussi être modulé par l'historique d'acquisition de la L2. Dans leur ensemble, ces données démontrent que ce n'est pas simplement le fait d'être bilingue qui a un impact sur l'efficacité du contrôle exécutif, mais plutôt certaines caractéristiques propres à l'expérience bilingue, ce qui appuie l'hypothèse du contrôle adaptatif.


Assemblée générale

Dîner


Communications orales

Sciences du langage

  • Mémoire de travail auditive : un prédicteur des compétences scolaires d'enfants bilingues francophones dominants âgés de quatre à cinq ans?
    Victor BOUCHER (UdeM - Université de Montréal), Natasha TRUDEAU (UdeM - Université de Montréal), Aurélie Takam (York University)

    Contexte : La corrélation entre les compétences langagières orales et l'apprentissage des prérequis scolaires (la lecture et l'écriture) est assez documentée. Il en est de même pour le rôle de la mémoire de travail dans le développement langagier bilingue.

    Problématique : Dans cette étude, on a évalué la validité prédictive d'un test de mémoire de travail auditive en comparant les scores des enfants et leurs résultats scolaires un an après
    l'évaluation mnésique. L'hypothèse de départ était qu'un dépistage centré sur l'évaluation des capacités mnésiques verbales pourrait permettre de surmonter la variation linguistique et
    sociolinguistique des milieux multilingues.

    Méthodologie : On a évalué 93 enfants bilingues français dominant âgés de 48 mois à 71 mois, à l'aide du Test de mémoire verbale qui porte sur l'évaluation de la mémoire de travail à partir de la discrimination auditive de pseudo-mots. Un an après, on a collecté les résultats scolaires d'un sous-groupe de 32 enfants.

    Résultats : Les mesures de coefficients de corrélation et de détermination présentent des résultats variant avec la tranche d'âge. À quatre ans, le test de mémoire de travail est apparu comme étant un bon prédicteur, alors qu'à cinq ans, on a eu des coefficients plus bas. À cet âge, ce sont les scores aux tests de langage qui sont apparus comme étant les meilleurs prédicteurs.

    Discussion : On discute les résultats à la lumière des données obtenues auprès d'autres populations infantiles bilingues.

  • Une comparaison d'une acquisition bilingue simultanée et séquentielle du français par des enfants montréalais

    Plusieurs études ont démontré que l'apprentissage d'une langue est fortement influencé par la quantité d'exposition à cette langue. Ainsi, les enfants apprenant deux langues de façon simultanée sont généralement plus forts dans la langue à laquelle ils ont été exposés le plus. Mais quelle est l'importance relative de la quantité d'exposition et de l'âge où l'exposition commence? L'étude présentée compare le développement langagier de trois groupes d'enfants montréalais: des enfants exposés au français et à une autre langue (anglais ou langue minoritaire) depuis un très jeune âge, des enfants apprenant le français comme langue seconde et des enfants monolingues francophones. Un total de 125 enfants de 1re année scolaire et de 3e année scolaire en école francophone ont complété une batterie des tests de compétence en français. Les résultats montrent que certains aspects du langage sont influencés par le bilinguisme alors que d'autres le sont beaucoup moins. Ainsi, la performance des trois groupes d'enfants était semblable pour certaines des épreuves. Pour d'autres épreuves qui étaient plus fortement influencées par le bilinguisme, les groupes bilingues (simultanés et séquentiels) performaient tous le deux significativement moins bien que les monolingues, mais ne différaient pas entre eux. Ces résultats suggèrent qu'une exposition simultanée commençant très tôt ne garantit pas une meilleure performance qu'une exposition à partir de l'entrée à l'école.

  • Les facteurs qui influencent l'acquisition bilingue du langage : évidences de trois communautés
    Andrea Macleod (UdeM - Université de Montréal)

    L'acquisition bilingue du langage est un processus caractérisé par une variabilité interindividuelle qui est influencée par les langues apprises, mais aussi par l'âge d'acquisition de la deuxième langue, la quantité d'exposition reçue pour chaque langue et le contexte sociolinguistique. De ces facteurs, nous connaissons peu sur le rôle du contexte sociolinguistique dans le développement bilingue. Dans cette présentation, les données de recherche récentes de notre laboratoire seront présentées en ce qui concerne le développement du vocabulaire chez les enfants d'âge préscolaire bilingues vivant dans trois communautés distinctes : (a) communautés francophones hors du Québec ; (b) communautés allophones au Québec ; et (c) communautés francophones au Québec. Je discuterai des facteurs de l'âge d'acquisition, de la quantité d'exposition et du contexte sociolinguistique, et de leurs influences sur le développement du vocabulaire chez ces trois groupes d'enfants. En conclusion, j'entamerai une réflexion sur la façon dont ces données peuvent alimenter nos modèles d'acquisition bilingue du langage.

  • L'influence de l'exposition au français sur la reconnaissance de mots dans le bruit auprès d'adultes francophones du Canada
    Josée BABINEAU (Université d’Ottawa), Flavie CHARPENTIER (Université d’Ottawa), Vanessa GAUTHIER-DAVIDSON (Université d’Ottawa), Josée Lagacé (Université d’Ottawa)

    Une des raisons principales de consultation en audiologie concerne les difficultés d'écoute de la parole dans le bruit. La façon d'évaluer cette capacité auditive consiste à faire répéter des stimuli verbaux simples présentés en même temps qu'un bruit compétitif.

    Or, la compréhension de la parole en présence de bruit ne dépend pas uniquement des habiletés auditives (sensorielles), mais aussi des habiletés linguistiques et cognitives. Les études auprès de populations bilingues illustrent bien l'effet des compétences linguistiques sur la capacité à comprendre la parole dans le bruit.

    Pour une bonne part des francophones du Canada habitant dans les provinces autres que le Québec, le fait d'avoir le français comme langue maternelle ne signifie pas qu'elle soit leur seule langue d'usage. En effet, le taux de bilinguisme chez les francophones hors Québec est élevé et le taux d'exposition à langue française est variable.

    La présente étude porte sur l'influence du degré d'exposition à la langue française sur les performances à une tâche de reconnaissance de mots dans le bruit. Les résultats obtenus auprès de 60 adultes franco-canadiens âgés entre 17 et 30 ans seront présentés.

    En connaissant mieux l'effet de l'expérience linguistique sur la capacité à comprendre la parole dans le bruit, cela permettra de mieux répondre aux besoins des personnes qui consultent en raison de difficultés d'écoute dans de telles conditions sonores.

  • Pause

Communications par affiches

Impacts cognitifs et neurophysiologiques du bilinguisme

  • Peut-on traiter une langue seconde comme le font les locuteurs natifs? Le cas des francophones et des verbes à particule en anglais
    Shari BAUM (Université McGill), Laura GONNERMAN (Université McGill), Alexandre Herbay (Université McGill)

    Est-il possible de traiter une langue seconde de la même manière que les locuteurs natifs de cette langue ? On s'intéresse ici aux verbes à particule en anglais, une construction qui présente plusieurs difficultés pour les francophones. En effet, le verbe et la particule forment une unité lexicale dont le sens est souvent opaque (ex. look up, chew out). De plus, la particule peut être déplacée après le complément d'objet du verbe comme dans The professor will look the student's last name up . La question est alors de savoir comment s'opèrent les traitements sémantique et syntaxique de la phrase à travers de telles configurations verbales qui ne sont pas présentes en français. On présente les résultats de tests standardisés évaluant la compétence en anglais et la mémoire de travail de 30 francophones ayant l'anglais comme langue seconde, ainsi que leur performance lors d'une tâche de lecture en auto-présentation segmentée. Dans cette tâche, les participants devaient lire des phrases contenant des verbes à particules et variant selon des paramètres qui affectent la dynamique de lecture des locuteurs natifs anglophones. On observe qu'une augmentation de la compétence en anglais est associée avec une dynamique de lecture qualitativement plus proche de celle des locuteurs natifs. Des différences quantitatives persistent toutefois en termes de temps de lecture et ce même pour les participants les plus avancés en anglais qui ont une bonne maîtrise de l'utilisation des verbes à particules.

  • Perception du discours avec un bruit de fond chez les personnes bilingues
    Alexandra COVEY (Université Concordia), Shanna KOUSAIE (Université Concordia), Natalie A. PHILLIPS (Université Concordia), Camille Williams (Université Concordia)

    Chaque jour, notre discours peut être masqué dans divers contextes. Un mécanisme compensatoire est alors employé afin que nous puissions percevoir le discours dégradé par le bruit. Ce phénomène a été examiné chez les personnes monolingues, mais n'a pas encore été examiné chez les bilingues. Cette étude propose une enquête sur la relation entre le mécanisme ascendant d'un discours dégradé et le mécanisme descendant d'intégration utilisé par les personnes bilingues. Les potentiels évoqués cognitifs (PEC) ont été enregistrés chez de jeunes personnes parlant Français et Anglais.

    Chaque participant a identifié le mot final de 120 phrases présentées dans sa langue maternelle (L1) et 120 dans sa langue seconde (L2). Dans chaque langue, la moitié des phrases furent présentées en silence et l'autre avec un bruit de fond. La moitié des phrases étaient prévisibles et les autres imprévisibles.

    Nous prédisons que lorsque les phrases sont présentées avec bruit en L2, le contexte des phrases prévisibles serait moins bénéfique que si les phrases étaient présentées en L1. Nous prévoyons que l'amplitude de la N400, un PEC lié au traitement sémantique du langage, serait plus marquée lors de la présentation des phrases imprévisibles et que la N400 serait prédominante dans la L2.

    Nos résultats comportementaux (n = 14) suggèrent un avantage contextuel moins prononcé lors de la perception d'un discours atténué par le bruit dans la L2 comparé au discours perçu sans bruit de fond ou encore en L1.

  • Compréhension des euh… disfluences de la parole chez les enfants unilingues et bilingues
    , Krista BYERS-HEINLEIN (Université Concordia)

    Les disfluences de la parole, comme «euh», apparaissent couramment dans la parole spontanée conversationnelle. Des études ont démontré que les enfants unilingues anglophones utilisent les «uh» en anglais afin de prédire l'intention d'un locuteur de nommer un nouveau référent. Suite à cette découverte, une question de grand intérêt est si les enfants bilingues, qui entendent des hésitations vocaliques dans leurs deux langues, traitent celles-ci de façon spécifique à chaque langue ou similaire dans leurs deux langues.

    Cette étude vise à approfondir les connaissances actuelles sur le traitement des disfluences de la parole chez les jeunes enfants unilingues (français, anglais) et bilingues (français-anglais). Des analyses de mouvements oculaires nous ont permis de savoir si les enfants de différents profils linguistiques regardent un nouvel objet (par exemple un pafli) plutôt qu'un objet qu'ils connaissent déjà (par exemple un soulier) aussitôt qu'ils entendent une disfluence. Nos résultats préliminaires indiquent qu'à 32 mois, les enfants unilingues francophones (n = 8) et anglophones (n = 5) ainsi que les enfants bilingues français-anglais (n = 6) regardent un nouvel objet lorsqu'ils entendent une disfluence en anglais et en français, peu importe la langue de la phrase. En somme, les disfluences de la parole semblent être un signal efficace dans un contexte de compréhension du langage pour les jeunes apprenants d'une ou de deux langues.

  • Différences individuelles des fonctions exécutives modulant la capacité d'inhibition linguistique et de planification du langage en langue seconde
    Maxime Cousineau-Pérusse (Université McGill), Annie GILBERT (Université McGill), Debra TITONE (Université McGill)

    La littérature sur la planification de la parole suggère que l'information sémantique d'un énoncé est planifiée de façon plutôt générale, sur plusieurs syntagmes à la fois, tandis que la planification phonologique est restreinte à l'intérieur d'un même syntagme. Toutefois, ces résultats sont principalement basés sur des locuteurs unilingues. La présente étude cherche à déterminer si ce modèle de planification du langage s'applique aussi aux individus bilingues (anglais-français), et plus particulièrement lors de la planification en langue seconde. Pour répondre à ces questions, avons demandé à des locuteurs bilingues de produire des expressions mathématiques de différents niveaux de complexité, dans leur langue maternelle (L1) et leur langue seconde (L2). Ce type de stimuli nous permet de contrôler séparément le contenu sémantique et le contenu phonologique d'un énoncé. Par exemple, les expressions « 2+20 », « 2+22 » et « 2+21 » ont un contenu sémantique comparable, mais des contenus phonologiques de plus en plus longs (de 3 à 5 syllabes). Ces conditions nous permettrons donc d'observer l'impact de la langue utilisée (L1 ou L2) sur la planification sémantique et phonologique d'un énoncé. Les résultats sont aussi analysés en lien avec les performances des participants lors de diverses tâches de contrôle exécutif et de mémoire de travail, ainsi que de leur habitudes d'utilisation de leur L1 et L2.

  • Piano, piano si va lontano : un outil pour le maintien des fonctions cognitives des aînés?
    Nilce Da Silva (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)

    Cette communication a comme but d'ouvrir une discussion sur le manuel Pian, piano si va lontano (PPSVL), fait pendant les mois de septembre et octobre de 2015, lors d'un stage en Italie, aux villes de Rimini et Venise, destiné à l'apprentissage de l'italien par des Québécois de 65 ans et plus.

    PPSVL est une partie du projet de recherche «L'actualisation de soi des aînés québécois et leur sentiment d'efficacité dans un contexte ludique d'apprentissage de l'italien» dont l'objectif spécifique est évaluer l'impact de la participation des 65 ans et plus à un programme d'enseignement ludique de l'italien sur leur l'actualisation de soi et leur sentiment d'efficacité en lien avec le maintien des fonctions cognitives.

    PPSLV a comme buts, en présentant les notions de base de la langue italienne aux francophones, de promouvoir le maintien du développement des fonctions cognitives d'une façon ludique dans le contexte du loisir et de la participation sociale.
    Bref, cette communication peut se constituer en un forum de discussion sur un outil d'enseignement de l'italien aux francophones, partisan de la théorie humaniste, où avoir du plaisir est un élément central à considérer comme l'assouvissement d'une exigence cognitive et d'un désir de participation

  • Le bilinguisme : un bouclier de protection contre le vieillissement cérébral?
    Daniel ADROVER-ROIG (UIB - Universitat de les Illes Balears), Ana Inés ANSALDO (UdeM - Université de Montréal), Habib BENALI (UPMC - Université Pierre et Marie Curie (Paris 6)), Pierre Berroir (CRIUGM - Centre de recherche de l'Institut universitaire de gériatrie de Montréal), Tanya DASH (UdeM - Université de Montréal), Ladan GHAZI-SAIDI (CRIUGM - Centre de recherche de l'Institut universitaire de gériatrie de Montréal)

    L'avantage que pourrait représenter le bilinguisme dans le contexte du vieillissement cérébral a été étudié à l'aide de IRMf lors d'une tâche qui met au défi les capacités à gérer l'interférence entre deux informations. L'objectif était d'identifier les réseaux cérébraux permettant de gérer cette interférence, chez des bilingues et des monolingues âgés. Les réseaux fonctionnels engagés ont été modélisés pour chaque participant et pour l'ensemble de chaque groupe.

    Un ensemble de 160 régions d'intérêt a servi à identifier les noeuds des réseaux respectifs et les liens entre les différentes aires du réseau. Cela a permis d'observer les différences entre les réseaux fonctionnels soutenant le contrôle de l'interférence chez les deux groupes étudiés.

    Chez les bilingues, les analyses ont montré une plus grande connectivité pour le sillon temporal inférieur, impliqué dans le traitement visuo-spatial. Chez les monolingues, un ensemble de régions très connectées, dont la plupart sont impliquées dans les fonctions exécutives et le contrôle d'interférence, a été identifié. Ces résultats indiquent que le cerveau bilingue est capable de gérer l'interférence de manière plus économique que le cerveau unilingue, en recrutant moins de régions et des régions plus spécifiques. En particulier, le cerveau bilingue ne fait pas appel au circuit de contrôle exécutif qui est particulièrement vulnérable au vieillissement, ce qui entraînerait des avantages lors du vieillissement cérébral normal ou pathologique.

  • Le rôle du lobule pariétal inférieur dans l'acquisition d'une deuxième langue : une étude par imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) d'apprentissage intensif d'une langue
    Shari BAUM (Université McGill), J.A. BERKEN (Université McGill), Elise Barbeau (Université McGill), X.J. CHAI (Université McGill), J.-K. CHEN (Université McGill), Denise KLEIN (Université McGill), K.E. WATKINS (University of Oxford)

    La recherche suggère que l'acquisition d'une L2 crée des changements dans le cerveau, toutefois, la nature et la vitesse de ces changements ne sont pas clairs. Pour répondre à ces questions, 14 adultes unilingues anglophones ont participé à un programme d'immersion d'apprentissage du français de 12 semaines. Les participants ont été scannés avant et après le programme de 12 semaines. Grâce aux scans d'IRM fonctionnel, nous avons pu identifier les régions du cerveau recrutées lors d'une tâche de lecture de phrases en anglais et en français. Les résultats montrent des changements dans les activations de régions langagières du cerveau entre le temps 1 (T1) et le temps 2 (T2). En particulier, dans la condition de lecture en français, l'activation cérébrale était plus grande au T2 qu'au T1 dans le lobule pariétal inférieur (LPI) gauche incluant le gyrus supramarginal. Au T2, cette augmentation d'activation dans le LPI était corrélée à la vitesse de lecture en français. De plus, une plus grande amélioration en vitesse de lecture du T1 au T2 était prédite par plus d'activation dans ce même LPI au T1.

    Nos résultats suggèrent un rôle important du LPI pour apprendre une nouvelle langue avec succès. Il est probable qu'une plus grande activation du LPI au T2 est reliée à une augmentation du traitement phonologique et sémantique de la nouvelle langue. De façon générale, on montre que des changements dans la réponse cérébrale ont lieu aussi tôt que 12 semaines dans le processus d'apprentissage.

  • Variation de la réponse du tronc cérébral entre les monolingues et les bilingues : résultats préliminaires
    Vincent GRACCO (Université McGill), Don Nguyen (Université McGill)

    Voici l'abstract: Il a été démontré que les musiciens, lorsque comparés à des non-musiciens, ont une réponse du tronc cérébral renforcée. Ce renforcement serait expliqué par une plus grande sensibilité pour certains éléments qui composent un son tel que le ton. Dans la présente étude, nous souhaitons retrouver cette différence au niveau des potentiels évoqués du tronc cérébral en comparant des participants monolingues et bilingues. Nous regarderons les différences au niveau de la réponse du tronc cérébral dans le domaine temporel et fréquentiel. Les résultats préliminaires comparant un groupe de 8 participants monolingue (Anglais) à un groupe de 8 participants bilingues (Anglais/Français) seront présentés.

  • Le profil phonologique des enfants allophones de la ville de Montréal
    Andrea MACLEOD (UdeM - Université de Montréal), Sabah Meziane (UdeM - Université de Montréal)

    Cette étude vise à améliorer les connaissances sur l'évaluation du langage en français chez les enfants allophones. Plus précisément, elle vise à élaborer des données normatives bilingues pour une gamme d'outils qui évaluent les capacités de la langue française et identifier les facteurs externes qui contribuent à une meilleure acquisition du français.

    Une centaine d'enfants issus des communautés linguistiques minoritaires ont été évalués au début et à la fin de l'année à l'aide de différentes tâches utilisées couramment au Québec. Nous avons aussi demandé aux parents de remplir deux questionnaires pour recueillir des informations sur le montant et la durée d'exposition au français, les langues utilisées à la maison, des informations démographiques sur la famille et le développement de l'enfant.

    Les données de cette cohorte d'élèves de maternelle bilingues fourniront un profil du développement « typique » en français. Pour la plupart des enfants, nous prévoyons des performances stables entre les deux temps d'évaluation. Nous prévoyons aussi que certains facteurs externes expliqueront une partie de la variabilité observée, tels que l'utilisation ou l'exposition au français, frères et soeurs aînés qui fréquentent l'école en français, et le statut socioéconomique de la famille. Plus largement, cette étude contribue à la masse croissante de recherche qui vise à mieux comprendre l'acquisition de la langue d'instruction par les enfants qui parlent une langue minoritaire.

  • Étude de l'interaction des caractéristiques cognitives et linguistiques chez des enfants de langue arabe d'origine
    Véronique FORTIER (UQAM - Université du Québec à Montréal), Tatiana MOLOKOPEEVA (UQAM - Université du Québec à Montréal), Marie Nader (UQAM - Université du Québec à Montréal), Daphnée SIMARD (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Les enfants de langue d'origine (ELO) arabe représentent la plus grande proportion d'élèves allophones sur l'ile de Montréal. Toutefois, très peu d'information relativement à leur profil de bilingues n'existe. Dans le but de mettre en relief certaines variables individuelles cognitives et linguistiques chez cette population, nous avons vérifié de quelle façon interagissent 1) la capacité de commutation de l'attention, 2) la mémoire phonologique, 3) la mémoire de travail, 4) les connaissances syntaxiques et 5) l'habileté métasyntaxique d'enfants de troisième année primaire. De plus, bien que certaines études antérieures menées auprès d'ELO offrent des indications quant à la relation entre ces variables, aucune d'entre elles ne les a toutes mises en relation à la fois. Vingt-cinq élèves d'origines libanaise ou syrienne (âge moyen: 9 ans) ont participé à notre étude. Une analyse factorielle en composantes principales a révélé l'existence de deux dimensions cognitive/linguistique dans nos données. Nous les présenterons et discuterons des implications de ces résultats.

  • Impact de l'amusie congénitale sur les fonctions exécutives
    Nathalie Gosselin (UdeM - Université de Montréal)

    L'amusie congénitale est un trouble neurodéveloppemental de la perception musicale qui survient malgré une exposition normale à la musique et l'absence de problème auditif, langagier ou intellectuel. Ce trouble musical peut réduire le plaisir éprouvé envers la musique et l'implication des individus amusiques dans les activités musicales en comparaison avec la population générale. Comme l'expérience musicale favorise le développement cognitif, il est possible que les troubles musicaux aient un impact sur la cognition.

    Nos études visent à déterminer si l'expérience musicale limitée des amusiques affecte les fonctions exécutives, en particulier le contrôle cognitif. Pour cela, des amusiques et des individus appariés en termes de sexe, d'âge et de niveau de scolarité, avec ou sans expérience musicale ont réalisé la tâche des flèches de Simon et la tâche de Stroop. Dans les 2 cas, les amusiques ne se distinguent pas des non musiciens.

    L'ensemble de ces résultats indique que l'amusie congénitale n'est pas associée à un contrôle cognitif déficitaire. Par conséquent, les troubles musicaux ne semblent pas tributaires d'une perturbation cognitive générale des fonctions exécutives.


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