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Informations générales

Événement : 84e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 600 - Colloques multisectoriels

Description :

On assiste aujourd’hui à une prolifération jamais vue, dans l’espace public, de récits personnels portant sur la sexualité et l’inclusion sociale. Il y est question d’orientation sexuelle, d’expression de genre, de séropositivité au VIH, de travail du sexe, de non-monogamie, d’agression sexuelle. Les sujets abordés sont tabous, et ceux qui les relatent s’exposent à l’opprobre et à la non-reconnaissance, que ce soit par la criminalisation, la pathologisation ou la stigmatisation. Les histoires véhiculées participent ainsi à l’expansion d’un discours sur la justice sociale et la reconnaissance au moyen de cultures démocratiques, éthiques et pornographiques déterminées. Plusieurs auteurs confirment que ce discours s’inscrit dans le sillage des nouvelles technologies des médias et des différentes formes d’intervention et d’action culturelle menées par des groupes minoritaires. Au-delà des individus donc, et à travers le récit au « je », s’exprime une parole collective qui articule non seulement une identité et des valeurs singulières, mais aussi des manœuvres politiques et une volonté d’action sociale. Émergent plusieurs « cultures du témoignage » qui impliquent des personnes témoins, d’autres qui sollicitent les témoignages, d’autres enfin qui les consomment, et l’environnement social et médiatique dans lequel ces récits prennent effet, tant sur le plan de leur production que sur celui de leur réception.

Ce colloque de trois jours vise à mettre en commun des réflexions d’actualité issues des sciences sociales, des arts, de l’éducation, de la santé et du milieu sociocommunautaire. Il s’adresse aux personnes dont le travail, la recherche ou les études concernent les pratiques, les usages et les retombées du témoignage public comme stratégie d’intervention dans la société actuelle.

Dates :
Responsable :

Programme

Communications orales

Conférence d'ouverture

  • Mot de bienvenue
    Maria Nengeh Mensah (UQAM - Université du Québec à Montréal)
  • Expériences du témoignage public chez les communautés sexuelles : usages, défis et retombées d'une pratique renouvelée
    Groupe de recherche CULTURES DU TÉMOIGNAGE (UQAM - Université du Québec à Montréal), Maria Nengeh Mensah (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Cette conférence d'ouverture du colloque présente les résultats d'une série d'entrevues individuelles auprès de personnes issues de communautés sexuelles marginalisées qui ont livré un témoignage public, dans un média ou à travers l'expression artistique. Nous ciblons le processus qui amène à prendre la décision de livrer un témoignage publiquement, la perception des risques et conséquences possibles, l'expérience de la révélation publique elle-même et son impact immédiat et à plus long terme. En conclusion, nous examinons en quoi l'expérience du témoignage public éclaire des défis importants pour les personnes témoins tout comme pour les actions individuelles et collectives du milieu communautaire québécois.


Panel / Atelier

Table ronde : à qui profite le témoignage?

Participant·e·s : Alexandre Baril (Université d’Ottawa), Gabrielle Bouchard (Centre de lutte contre l'oppression des genres), Sandra Wesley (Stella, l'amie de Maimie)
  • Pause

Communications orales

Savoirs expérientiels et médiatisations

  • Témoigner de son agression sexuelle sur les réseaux sociaux : quelle expérience pour les femmes?
    Chantal AUROUSSEAU (UQAM - Université du Québec à Montréal), Rym BENZAZA (COM-Santé), Lyne KURTZMAN (UQAM - Université du Québec à Montréal), Mélanie Sarroino (RQCALACS), Tanya St-Jean (Je suis indestructible), Christine Thoer (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    En 2014, des milliers de femmes ayant vécu une agression sexuelle témoignent sur la plateforme Twitter, sous le mot clic #AgressionNonDenoncee, entrainant une réflexion et une mobilisation des acteurs autour de la question des agressions à caractère sexuel sur les médias sociaux et traditionnels au Québec. L'objectif de cette recherche menée dans le cadre du Service aux collectivités de l'UQAM et en partenariat avec le regroupement des Centres d'aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel, le collectif Jesuisindestructible est de cerner les expériences de femmes qui ont utilisé les médias sociaux pour témoigner de leur agression et de saisir la place du numérique dans la prise de parole et la construction identitaire des survivantes d'une agression sexuelle. La communication s'appuie sur l'analyse qualitative d'entrevues réalisées avec des femmes ayant témoigné sur ces plateformes. Nous mettrons l'accent sur les formes et les conditions de réalisation des témoignages en ligne et les réactions, en ligne comme hors ligne, à la démarche de témoignage. Nous tenterons également de voir comment le témoignage en ligne s'inscrit dans le parcours et le processus de reconstruction personnel des survivantes. Qu'apporte cette démarche aux victimes? Comment les femmes vivent-elles leur participation à ces espaces d'échange sur Internet au sein desquels elles s'affichent à la fois singulièrement et collectivement ?

  • Le traitement médiatique du mouvement #AgressionNonDénoncée dans la presse écrite québécoise francophone
    Raphaëlle Savard (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Puisque les agressions sexuelles ne sont pas officiellement dénoncées dans la majorité des cas, l'opinion publique à l'égard de cette problématique est alimentée par le traitement qu'en font les médias. Or, la représentation médiatique de la violence sexuelle est empreinte de stéréotypes à l'égard des victimes. Les médias, qui ont recours au sensationnalisme pour représenter la violence, décontextualisent la violence sexuelle, représentent de manière erronée la nature des agressions, encouragent un discours raciste et banalisent l'expérience des femmes (Gill, 2007; Kitzinger, 2009). Les mots-clics #RapedNeverReported et #AgressionNonDénoncée, initiés par deux journalistes dans la foulée de l'affaire Jian Ghomeshi, avaient comme objectif de créer un espace de témoignages et de discussions qui contourne les voies traditionnelles de l'information. Au total, plus de 8 millions de personnes, majoritairement des femmes, vont s'exprimer en 140 caractères sur la problématique de la violence sexuelle après le lancement de ces mots-clics (Pelletier, 2015). Cette communication porte sur le traitement médiatique de la violence sexuelle et de la prise de parole en ligne par la presse écrite québécoise francophone.

  • Repenser le point de départ : un regard critique sur la construction des savoirs expérientiels
    Edward Ou Jin Lee (UdeM - Université de Montréal)

    La participation des personnes marginalisées aux «cultures du témoignage» numériques a contribué à la reconnaissance sociale des groupes minoritaires tant au Québec qu'ailleurs. Cependant, l'idéalisation des savoirs expérientiels pourrait occulter la façon dont les témoignages reproduisent les idéologies dominantes. Cette communication portera sur la construction des savoirs axés sur les témoignages et les nombreux questionnements méthodologiques et éthiques qu'elle soulève. Je vais puiser dans mes expériences antérieures comme chercheur, militant et organisateur communautaire. Mes réflexions seront focalisées sur plusieurs défis que j'ai vécus à travers ma participation dans plusieurs projets de recherche participative, numérique et critique concernant les personnes LGBTQ migrantes et racisées. À plusieurs reprises, les témoignages ont renforcé, au lieu de confronter, les idéologies et les normes sociales dominantes. Il est donc pertinent de se demander où s'insèrent les savoirs expérientiels, tels que les récits numériques, dans les rapports sociaux? Cette communication tentera de recadrer la posture épistémologique sur laquelle les chercheurEs, les militantEs et les personnes concernées pourraient co-construire des savoirs réflexifs et redevables dans la création d'un monde plus libre, égalitaire et équitable.

  • Les pratiques d'intervention « par et pour » selon celles et ceux qui les mettent en œuvre
    Maude Ménard-Dunn (UQAM - Université du Québec à Montréal), Julie Rivard (Les entendeurs de voix)

    La pratique du témoignage peut être envisagée comme une pratique de réappropriation : réappropriation du sens d'une réalité sociale soumise aux normes, réappropriation du pouvoir de se définir et de se nommer. Plus largement, les individus qui témoignent s'adonnent à une pratique dite « par [les personnes] et pour [les personnes]», un vocable qui désigne un vaste éventail de pratiques d'intervention portant une critique virulente du travail social et de ses méthodes. En effet, les approches « par et pour » redéfinissent les relations de pouvoir qui traversent l'intervention en restituant aux destinataires des services le pouvoir généralement détenu par les professionnelles de l'intervention, bouleversant ainsi les cultures démocratqiuesdu milieu de l'intervention sociale. En première partie, nous présenterons quelques éléments du contexte québécois ainsi que le cadre théorique nous permettant d'aborder les « manières de faire » du « par et pour » selon celles et ceux qui disent les mettre en œuvre dans le cadre de leur travail. Nous dégagerons ensuite les résultats préliminaires issus des récits de pratique recueillis dans le cadre de notre projet de recherche auprès de groupes de femmes, de personnes utilisatrices de drogues et de personnes vivant avec un problème de santé mentale. Finalement, nous décrirons comment les pratiques « par et pour » et le témoignage s'articulent concrètement au sein d'un groupe en particulier, soit les Entendeurs de Voix.


Assemblée générale

Dîner


Communications orales

Représentations et transformations sociales

Présidence : Marie Helene Bourcier (Université Lille)
  • Les inégalités de la représentation et des discours des personnes trans dans les espaces sociaux et médiatiques
    Karine Espineira (CNRS)

    Comment le « je » du témoignage est-il devenu le « nous » de la recherche? Comment expliciter la mise en abime depuis une recherche située qui ne cache pas ses échafaudages et le sujet/objet de la recherche elle-même? En premier lieu, nous parlons du glissement du statut d'objet de savoir à celui de sujet de savoir de la chercheure impliquée et de son « groupe d'appartenance morale ». Nous montrons les limites et les avantages à être « du dedans » et « du dehors ». En second lieu, il nous faut préciser le cadre et le sujet/objet de la recherche en question. L'étude de la construction médiatique des transidentités s'est appuyée d'une part sur un corpus audiovisuel constitué à l'Institut National de l'Audiovisuel, d'autre part sur une observation participante de cinq années du terrain transidentitaire français (2008-2012). Nous décrivons et analysons la construction d'un modèle « acceptable et montrable » (la figure trans : femme, blanche, occidentale, hétérosexuelle, validant l'ordre des genres, désexualisée et sur-genrée etc.) et détriment d'une figure « paniquante » (la femme transgenre, étrangère, séropositive, prostituée, sur-sexualisée et dégenrée, etc.) source de paniques de genre.

  • Évolution des attitudes des jeunes par rapport à l'orientation sexuelle : réflexions sur l'impact des témoignages du GRIS-Montréal (Groupe de recherche et d'intervention sociale)
    Amélie Charbonneau (GRIS-Montréal), Marie Houzeau (GRIS-Montréal), Olivier Vallerand (GRIS-Montréal)

    Le GRIS-Montréal réalise des interventions de démystification de l'homosexualité et de la bisexualité dans les écoles secondaires et primaires depuis plus de vingt ans. L'analyse de questionnaires distribués auprès des jeunes rencontrés lors de ces interventions révèlent des changements d'attitude par rapport à l'orientation sexuelle, particulièrement en ce qui concerne les questions de l'adoption, de la bisexualité et des signes d'affection en public. Ces changements sont tributaires de transformations dans la société, mais aussi de transformations au sein même de l'équipe de bénévoles intervenants du GRIS. Cette communication propose de réfléchir aux changements parallèles vécus par les personnes témoins et par la société recevant leurs témoignages. Les transformations dans la société sont discutées à partir de réponses de jeunes obtenues sur une période de quinze ans. Ces attitudes sont ensuite comparées avec la composition changeante du bassin de bénévoles de l'organisme ainsi qu'avec les ajustements dans les pratiques d'intervention apportés en réaction à l'évolution de la société et de l'organisme. L'organisme devance-t-il ou est-il à la remorque des transformations dans la société ? La reconnaissance de sa pratique du témoignage a-telle changé avec le temps ? Et jusqu'à quel point les témoignages des bénévoles ont-ils un impact à moyen et à long terme ?

  • La montée des vidéos de gay bashing et le rôle ambivalent du témoin
    Laurent Pineault (UdeM - Université de Montréal)

    La présentation portera sur la montée des vidéos de gay bashing depuis 2013. Nous nous intéresserons à une des vidéos ayant la plus circulée («Putin's Crackdown on LGBT Teens un Russia») qui provient de Russie, où l'arrivée d'une loi anti-propagande LGBT, en 2013, a fait augmenter les cas de violence homophobe. L'analyse de la vidéo se fera en trois temps : d'abord, l'analyse de sa forme et de son contenu, ensuite, l'analyse de sa circulation et des différents utilisateurs qui l'ont distribuée en ligne, et, finalement, l'analyse de sa réception en portant attention aux commentaires des utilisateurs. Il s'agira de montrer comment les vidéos de gay-bashing effectuent une rupture par rapport à une vision de YouTube, et autres médias sociaux, comme libérateurs et comme lieux d'expression de soi (particulièrement pour les membres des communautés LGBT) et les transforment en lieux d'une humiliation triplée par l'enregistrement de l'humiliation physique et sa diffusion sur le web. Il s'agira ensuite de voir comment la circulation et la redistribution de ces vidéos par différents groupes et utilisateurs les instrumentalisent selon différents agendas politiques et idéologiques, pour finalement se questionner sur le rôle ambivalent du témoin (physique ou virtuel) dont la présence est nécessaire pour qu'il y ait humiliation.

  • Appréciation des outils pédagogiques développés par le groupe de recherche Cultures du témoignage
    Marie-Eve Gauvin (UQAM - Université du Québec à Montréal), Maria Nengeh Mensah (UQAM - Université du Québec à Montréal), Maude MÉNARD-DUNN (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    ?Cette communication porte sur l'appréciation de quatre outils développés par le groupe de recherche Cultures du témoignage: un guide de pratiques (le "Porte-voix") et trois compilations DVD qui mettent en scène des témoignages de personnes issues de communautés sexuelles. [Travail du sexe (2012), VIHSIBILITÉ I (2009) et VIHSIBILITÉ II (2012)]. La présentation posera d'abord le contexte dans lequel s'inscrit la réalisation de cette recherche et nous présenterons ensuite les concepts centraux qui ont guidé la démarche et la méthodologie employée (sondage et groupes focus. Les résultats préliminaires seront discutés, en conclusion, autour de la question suivante : Comment adapter la production d'outils de sensibilisation et de formation pour qu'ils permettent aux utilisateurs et utilisatrices d'adopter une approche d'ouverture et d'accompagnement social auprès des communautés stigmatisées qui soit éthique et solidaire?

  • Pause

Communications orales

Atelier pratique (Partie 1)

Présidence : Marie-Eve Gauvin (UQAM - Université du Québec à Montréal)
  • C'est tombé dans l'oreille d'une sourde : une BD numérique porteuse de témoignages
    Véro Leduc (Université Concordia)

    Cet atelier a comme point de départ, une recherche-action qui visait à documenter et à réfléchir ce que cela fait de vivre comme personne sourde - à la sourditude comme devenir, à l'entendance comme concept pour réfléchir à certains rapports de pouvoirs ainsi qu'à certains enjeux soulevés par les perspectives épistémologiques sourdiennes. Suite à la projection d'extraits d'une « bande dessignée », une bande dessinée [BD] en langue des signes, j'animerai une discussion en proposant une réflexion sur le fait que le langage de la reconnaissance sociale repose largement sur des métaphores audiocentristes. Or, lorsque des demandes de reconnaissance sociale ne sont pas prises en compte, cela fait parfois place à des expressions mobilisant des préjugés négatifs généralement associés à la surdité (faire la sourde oreille, avoir un dialogue de sourds). La discussion permettra de s'interroger sur les réflexions critiques émergeant des témoignages des protagonistes de la BD.

  • Plénière

Cocktail

Cocktail de réseautage

Communications orales

Cultures pornographiques

  • L'autopornographie de Tobi Hill-Meyer et Madison Young comme témoignages sexuels?
    Julie Lavigne (UQAM - Université du Québec à Montréal), Myriam Le Blanc Élie (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Depuis les années 1980, un corpus de plus en plus important de films à caractères pornographiques et féministes a vu le jour. Dans l'étude de ces productions émergentes, nous avons été à même de constater la présence de nombreux cas d'autopornographie : une pornographie entièrement autoproduite, ou plus largement une pornographie produite par la même communauté sexuelle qui fait l'objet du film.Dans cette communication, nous procèderons à l'étude de cas dedeux films que nous considérons autopornographiques—Doing it Ourselves : the Trans Women Porn Project de Tobi Hill-Meyer et Fluid : Women Redefining Sexuality de Madison Young— afin de comprendre les motivations érotiques comme les motifs politiques de cette autopornographie. Nous souhaitons surtout aborder les questions du témoignage et du discours sur la sexualité des femmes cis et trans. Selon Williams (1989), la pornographie mainstream est interprétée comme un discours qui se veut vrai et à la recherche d'aveux corporels authentiques de la jouissance. Paradoxalement, selon une majorité de féministes, la pornographie mainstream s'avère aussi une représentation mensongère de la sexualité des femmes (cis et trans). Au delà des entrevues incluses dans ces deux films, nous nous questionnons à savoir si ces deux films autopornographiques, et plus particulièrement les scènes sexuelles qu'ils contiennent, peuvent être entendus comme des témoignages visant un changement de perception de la sexualité des femmes (cis et trans) ?


Panel / Atelier

Table ronde : autopornographie et témoignages sexuels, jusqu'où se compromettre?

Participant·e·s : Anne-Julie Ausina (UQAM - Université du Québec à Montréal), Jamie Goodyear (UQAM - Université du Québec à Montréal), Marie Houzeau (GRIS-Montréal)
  • Pause

Communications orales

Sexualités et société confessionnelle

  • Venez, confessez
    Thomas Waugh (Université Concordia)

    Cette communication se penche sur les productions vidéo d'artistes gais dites hard core et à caractère autobiographique. Deux États-Uniens, Phillip B. Roth et Colby Keller, ont réalisé un travail d'autoreprésentation sexuelle et explicite qui implique une démarche à la fois narrative et érotique - ce qu'on pourrait appeler de « l'auto pornographie ». Appartenant à différentes générations (l'un né en 1963 à l'ère analogue, l'autre en 1980 et de la génération internet), Roth et Keller sont issus de communautés sexuelles distinctes. Roth vient du milieu de l'art documentaire new-yorkais qui formait une sous-culture queer durant les années 1980, infléchi par ACT UP. Keller est originaire de la côte Est et gravite dans le milieu de porno gai des années 2000. Cette dialectique entre les deux réalisateurs enrichit notre compréhension de la confessionnalité et du témoignage dans la culture sexuelle des hommes gais, y compris l'opération signifiante de l'imagerie sexuelle explicite, la voix au « je », le discours autobiographique, la didactique et le récit intime de la performance sexuelle filmée (come shot) et de la relation sexuelle (hand job). À la lumière des concepts phares de M. Foucault, l'aveu et la parrêsia, j'analyserai des œuvres clés de Roth et Keller. L'étude qui en découle sondera l'élément corporéel et intrinsèque de l'énoncé confessionnel qui émerge de ces productions, « la vérité dite » et le témoignage érotique.

  • Grisélidis, la mère des « putains »
    Anne-Julie Ausina (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Certains romans, essais autobiographiques, autobiographies ou autofictions nous permettent parfois à nous, lectrices et lecteurs, une transmission sensible qui nous informe sur la place qu'occupe notre corps dans l'espace public. Certaines femmes ont pris le parti de s'exprimer grâce à l'écriture dans un but créatif. Le témoignage qu'elles transmettent prend un sens à la fois politique et spirituel. Politique parce que leur témoignage n'est pas commun et donc l'honnêteté qu'elles arborent pour (d)énoncer semble relever d'un activisme social. Spirituel parce que c'est une force qu'elles vont chercher à l'extérieur d'elles-mêmes et qu'elles ont déjà trouvé en elles, puisque c'est un choix assumé. Cette communication se penche sur l'écrivaine Grisélidis Réal (1929-2005), qui aproduitun œuvre testimoniale et romanesque qui conduit à voir l'espace urbain et la liberté de l'expérience corporelle féminine comme un choix de vie artistique et militant. Son écriture offre de nombreuses portes de sorties aux stéréotypes liés à l'exercice du travail prostitutionnel et propose «un activisme du cœur» où la création rencontre les lois, les pièges de la société et la stigmatisation des femmes. Comment ces textes poétiques et testimoniaux informent sur la valeur et l'importance du mouvement des travailleuses du sexe? Comment art et politique peuvent se lier pour témoigner et permettre un activisme inclusif, intersectionnel et transdisciplinaire?

  • Quels régimes et quelle politique de la vérité pour l'autopornification en ligne : de la confession à la performance
    Marie Helene Bourcier (Université Lille)

    Les sites et les réseaux sociaux ont démultiplié les possibilités d'autopornification de soi à des fins commerciales, communautaires et politiques. Comment celles-ci se manifestent-elles dans les cultures pornographiques queer et post-porn ? Participent-elles d'une société confessionnelle ou entrent-elles en tension avec cette forme de discipline corporelle et de technologique de l'aveu caractérisée par Foucault ? Quelle relation entretiennent-elles avec la tradition pornographique de l'authenticité portée par le porno amateur ? Quelle est la portée de leur fonction testimoniale suivant les contextes et les dispositifs ? Autobiographique ? Pédagogique ? Performative ? Source d'empowerment ? De transformation sociale ? Favorisent-elles la diffusion de pratiques sexuelles spécifiques (fisting, éjaculation féminine ou BDSM) ? Ont-elles une visée identitaire ? C'est à ce type de question que nous nous efforcerons de répondre en comparant les différents types de communautés queer porn et post-porn on line des deux côtés de l'Atlantique. Du « porn play » (Barbara de Geneviève) au « pornactivisme » ou au « protest porn » (Post-op), de l'Indie Porn Revolution menée par Courtney Trouble à la subculture anarcho-post-porn (Diana Porno Terrorista & co) en passant par la communauté ssspread.com ou « the machine I service » de Shine Louise Houston. Avec en toile de fond une interrogation sur la production et la diffusion des corps et des subjectivations queer en contexte néo-libéral.

  • La sollicitation et la mise en scène de la sexualité par la réalisatrice féministe Tristan Taormino : une volonté d'élargir les bornes de la représentation de la sexualité des femmes
    Julie Fournier-Tremblay (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Depuis le milieu des années 1980, il y a une production de plus en plus importante de films pornographiques réalisés par des femmes ayant une vision féministe critique de la pornographie hétérosexuelle mainstream, réalisée par et pour des hommes. Dans cette présentation, je souhaite exposer des résultats de l'étude de cas que j'ai réalisée dans le cadre de mon mémoire de maîtrise en sexologie et qui porte sur le travail de la réalisatrice féministe Tristan Taormino : le film Chemistry Volume 1. Par le biais de son approche, de ses objectifs de travail, de sa réalisation et du montage qui inclus, entre autres, des entrevues, la réalisatrice amène la représentation d'une sexualité fluide, où le désir et le plaisir féminin sont primordiaux, de même qu'une critique féministe positive de l'industrie pornographique et de la sexualité en général. Le travail de cette réalisatrice s'insère dans un processus plus large de productions culturelles et commerciales visant un changement de perception de la sexualité des femmes et, en ce sens, se veut un témoignage politique d'une volonté d'élargir les bornes de la représentation et du vécu de la sexualité des femmes.


Assemblée générale

Dîner


Communications orales

Corporéités et intimités

Présidence : Thomas Waugh (Université Concordia)
  • Pornographie gaie et racisme : représentations et attitudes des hommes « racisés » usagers au Québec
    Dominic Beaulieu-Prévost (UQAM - Université du Québec à Montréal), Kim Bernatchez (UQAM - Université du Québec à Montréal), Simon Corneau (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Plusieurs auteurs soutiennent que la pornographie gaie (hommes entre hommes) n'est nullement à l'avantage de plusieurs groupes sociaux car elle perpétuerait des représentations racistes et stéréotypées. En effet, la pornographie gaiepeut être un médium qui réitère l'idée reçue de l'hypersexualisation des hommes noirs et latins et la dévaluation des hommes asiatiques. De plus, les écrits rapportent que la pornographie n'est pas que le reflet d'une sexualisation de stéréotypes ethnosexuels véhiculés à même les milieux gais, mais qu'elle y contribue. Une étude récente soutient que la pornographie est le seul outil pour les hommes Noirs qui ont des relations sexuelles avec d'autres hommes pour en apprendre sur la sexualité entre hommes. De plus, les publicités de films pornographiques où l'on présente que des hommes Noirs sont celles où les pratiques sexuelles à risque sont plus prévalentes que celles où l'on présente que des hommes blancs. Utilisant les notions de représentations sociales et d'attitudes comme cadre analytique, notre étude de réception, ÉPUR, s'attardera sur un sous-échantillon 71 répondants racisés au Québec et leur usage de pornographie gaie (fréquence, type de médium utilisé, types de pornographie dont ils font le plus usage), leurs représentations quant aux stéréotypes ethnoraciaux et leurs attitudes auto-rapportées en terme d'influence de cette dernière sur leurs préférences ethnosexuelles.

  • Les attitudes et les représentations sociales des usagers de pornographie gaie de 16 à 30 ans : entre théorie et pratique
    Mariève Beauchemin (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    L'usage de pornographie gaie chez les jeunes hommes non-exclusivement hétérosexuels (HNEH) est un sujet qui reste assez peu exploré empiriquement, malgré l'émergence récente de quelques articles abordant la question. Le sujet engendre toutefois des tensions polarisées au plan des arguments théoriques. Ainsi, on argumente aussi bien les fonctions particulières que pourrait avoir le médium sur les jeunes (et moins jeunes) usagers de pornographie gaie (Fejes et Petrich, 1993; Sherman, 1995; Dyer, 2005; Lucas, 2006) que les impacts négatifs qui pourraient découler de cet usage (Harris, 1997; Kendall, 1997; 1999; 2004). Sachant l'importance que peut avoir le contexte et l'usager dans l'interprétation de l'usage de pornographie gaie (Leap, 2011), il apparaît essentiel de se tourner vers les usagers pour évaluer si les arguments polarisés se concrétisent aussi dans leur réalité. L'objectif de cette communication est donc de présenter une partie des résultats d'EPUR (Étude sur la pornographie gaie : Usages et représentations chez les hommes québécois) concernant les représentations sociales et attitudes des usagers de pornographie gaie de 16 à 30 ans (n=474) en les comparant avec les discours théoriques les plus prégnants sur le sujet.

  • Société et « cis-tème » confessionnels : de l'aveu des intimités trans et des corps sexués dans les médias
    Alexandre Baril (Université d’Ottawa)

    Cette communication analyse la «science-aveu» du sexe et de la sexualité, précisément celle des personnes transgenres/transsexuelles (trans) dans nos médias cisgenrenormatifs. La «société singulièrement avouante», son «régime pharmacopornographique» et les médias avides de témoignages et images sensationnalistes proposent souvent des récits et images photos/vidéos dans lesquels l'intimité et les corps des personnes trans sont déshabillés, littéralement et figurativement, pour assouvir les besoins d'un public cisgenre. Comme l'écrit Namaste (2012: 180), «The autobiographical imperative [in the media] requires that transsexuals tell our stories of sex change on demand, that we speak about our bodies, our sexualities, our desires, our genitals, and our deep pain at the whim of a curious non-transsexual person». Cette communication problématise le format de l'«aveu» sexuel/corporel dans lequel s'inscrit l'intérêt des médias pour les personnes trans. À partir d'une approche féministe, queer et transactiviste et une méthodologie auto-ethnographique fondée sur ma propre participation dans un film dans lequel je me suis mis à nu, je soutiens que l'objectification/sexualisation des intimités et corps trans est facilitée par un cis-tème poussant plusieurs personnes trans à vivre une période d'hyper-visibilité exploitée par les médias. Cette communication vise à cultiver une éthique des médias respectueuse vis-à-vis les enjeux trans.

  • Pornographie en ligne et intimité normative dans les discours sur l'hypersexualisation des jeunes
    Elisabeth Mercier (Université Laval)

    Depuis le milieu des années 2000, l'hypersexualisation des jeunes a émergé comme un nouveau « problème social », au cœur des préoccupations publiques, féministes et médiatiques (Mercier, 2013). Par ailleurs, des questions constitutives du problème de l'hypersexualisation, dont celles de « pornographisation » (McNair, 1996) de l'espace public médiatique, de banalisation d'une sexualité dite extrême sur Internet et de redéfinition de l'intimité suscitent encore régulièrement des craintes et de l'indignation populaire. Cette communication propose de mettre en lumière les façons par lesquelles la pornographie en ligne est mobilisée dans la production discursive de l'hypersexualisation comme problème social ainsi que les enjeux que cela soulève. Pour ce faire, je présenterai les résultats d'une analyse critique et conjoncturelle (Foucault, 1971; Grossberg, 2010) des discours médiatiques portant sur l'hypersexualisation des jeunes, en insistant sur les manières particulières par lesquelles ces discours articulent des enjeux liés à l'intimité sexuelle, à la pornographie et aux nouveaux médias. Plus spécifiquement, je démontrerai comment ces discours participent de la production d'une intimité normative lorsqu'ils dénoncent, entre autres, le recul des frontières de l'intime et le brouillage de celles entre une sexualité adulte et le monde des jeunes qui seraient opérés par la pornographie au croisement des nouvelles technologies.

  • Pause

Communications orales

Atelier pratique (Partie 2)

  • Une vue de quelque part : concevoir « Le plus vieux jeu du monde » (The Oldest Game, newsgame)
    Sandra Gabriele (Université Concordia)

    «Le plus vieux jeu du monde» est un outil journalistique de type jeux vidéo s'appuyant sur des témoignages de femmes qui travaillent dans différents secteurs de l'industrie du sexe au Canada. Notre recherche-création s'intéresse aux lois qui régissent la prostitution et notre posture penche en faveur de la décriminalisation du travail du sexe. Grâce à la mécanique du jeu, nous avons illustré l'impact de la récente réforme juridique (loi C-36) sur les travailleuses du sexe et ceux qui les entourent. Le newsgame explique l'actualité et encourage la participation des lecteurs/joueurs au débat public, et ce, sans être neutre. Il s'agit d'une expérience immersive, qui peut susciter l'empathie envers des sujets contentieux souvent rapportés de façon stigmatisante par les médias d'information conventionnels. Notre atelier explore les défis de l'utilisation des témoignages en tant que fondement de la conception d'un jeu. Nous aborderons le processus de conception lui-même, le public visé et les politiques de la représentation. Si la communication journalistique serait soi-disant neutre - la «vue de nulle part» (Rosen 2003), nous soutenons que la conception du jeu s'étant faite à partir d'une «vue de quelque part», nous avons dû affronter des objectifs et des vérités contradictoires. Nous concluons sur l'importance de réfléchir aux usages du témoignage en recherche-création et de concevoir que la nouvelle se fait toujours au nom de quelqu'un, quelque part.

  • Plénière

Communications orales

Cultures démocratiques

  • Témoigne-t-on comme objet de connaissances ou sujet politique? Réflexions à partir de l'expérience intersexe
    Janik Bastien Charlebois (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Parmi les critiques des pratiques du témoignage se trouve l'idée, inspirée de Foucault (1976), qu'elle ne soit que l'expression «d'une société singulièrement avouante» et réponde à l'injonction sociale à se révéler et à se produire comme Autre, légitimant ainsi les normes dominantes. D'autres avancent que les membres de groupes marginalisés sont singulièrement invités à produire des témoignages, aux dépens d'une prise de parole savante, collective et politique. Conjugués aux effets d'une économie de la crédibilité attribuant de meilleures capacités d'analyse aux membres de groupes dominants (Fricker, 2007), le matériau de ces témoignages seraient saisis par ces derniers pour leur apposer un sens «véritable» ou «plus achevé». Les lectures positives de la pratique du témoignage lui attribuent cependant la capacité de produire de l'empathie et du lien social, ou encore d'approfondir la démocratie par le développement d'une connaissance élargie des expériences et perspectives de groupes sociaux marginalisés (Young, 2000). Dans l'optique de cerner l'adéquation de ces lectures critiques et positives, nous engageons une réflexion théorique sur la portée d'une abstention des pratiques de témoignage par les personnes intersex(ué)es, dont la longue absence de récits de soi a correspondu avec une inexistence sociale, culturelle et politique.


Panel / Atelier

Table ronde : quels rôles pour les chercheurs et les chercheuses?

Participant·e·s : Julie Fournier-Tremblay (UQAM - Université du Québec à Montréal), Gabriel Giroux (UQAM - Université du Québec à Montréal), Véronique Larose (UQAM - Université du Québec à Montréal)
  • Pause

Communications orales

Changement social, quel changement?

Présidence : Marie Helene Bourcier (Université Lille)
  • « On n'a pas de place pour en parler » : les défis de la prise de parole sur les effets secondaires de la thérapie antirétrovirale
    Marilou Gagnon (Université d’Ottawa)

    La thérapie antirétrovirale combinée est la pierre angulaire de la prise en charge clinique de l'infection par le VIH. La prise quotidienne d'une combinaison d'antirétroviraux permet aux personnes vivant avec le VIH (PVVIH) de préserver/rétablir leur fonction immunitaire et de maintenir une charge virale faible voire même indétectable. Alors que la thérapie antirétrovirale démontre une efficacité indéniable chez la majorité des PVVIH, elle provoque de nombreux effets secondaires qui affectent négativement la santé et la qualité de vie de celles-ci. En dépit des avancées qui ont contribuées à améliorer et simplifier la thérapie antirétrovirale au cours de la dernière décennie, les effets secondaires sont toujours bien présents dans la vie des PVVIH. Cette présentation prend comme point d'appui les résultats de trois études qualitatives portant sur les effets secondaires de la thérapie antirétrovirale. En s'inspirant des constats qui se dégagent de ces études, de réflexions théoriques et d'expériences vécues, cette présentation nous invite à réfléchir aux défis de la prise de parole sur les effets secondaires de la thérapie antirétrovirale. Cette présentation se veut donc une réflexion critique sur les défis auxquels font face les PVVIH qui prennent parole tant dans le milieu clinique que le milieu communautaire de même que les défis à relever pour une prise de parole « collective » sur les effets secondaires.

  • La vie LGBT(lesbiennes, gays, bisexuels et trans) : entre la confession et le témoignage
    Ryan Conrad (Université Concordia)

    Les campagnes de marketing social, comme celle qui est associée au plan quinquennal de lutte contre l'homophobie du gouvernement du Québec (2011-2016), reposent généralement sur des images positives des LGBT qui agissent comme des hétérosexuels. Par ailleurs, les témoignages de personnes LGBT sur les différentes réalités de leurs vies sont plus sombres et souvent réalisés dans des contextes publics où il est nécessaire de souligner les difficultés vécues (devant l'Assemblée nationale, les bailleurs de fonds, les manifestations publiques, etc.). Cette communication se penche sur l'échec des campagnes d'image positives pour rendre compte de la "vie réelle" des LGBT, tout en questionnant le caractère confessionnel des pratiques de témoignages publics qui exigent qu'on rende visible ses traumatismes et ses blessures. Peut-on imaginer une forme d'échange avec le public qui puisse parler de toute la gamme des expériences vécues par les LGBT ? Une visibilité qui ne supprime pas les différences, mais qui les situent par rapport aux cadres sociaux, économiques et politiques qui définissent les conditions de vie des personnes LGBT?

  • Réflexion sur le témoignage public à partir des modèles humanistes-existentiels en sexologie clinique
    Myriam Pomerleau (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    L'orientation existentielle-humaniste en psychothérapie est fondée sur le postulat que l'être humain cherche à s'actualiser. La prise de conscience et la notion de choix sont importantes. Les théories existentielles-humanistes sont intéressantes pour examiner l'effet psychologique du témoignage sur la personne témoin dans le dévoilement public de son intimité. Dans le cadre de cette réflexion, les thèmes principaux des modèles existentiels-humanistes sont appliqués de manière exploratoire. L'objectif principal est de réfléchir sur les retombées psychologiques du dévoilement d'aspects intimes de soi lorsque la personne témoin appartient à une communauté sexuelle. En premier lieu, un résumé de l'approche existentielle sera présenté pour situer le public dans l'orientation théorique. Ensuite les concepts d'authenticité, du soi, de la subjectivité ainsi que les données existentielles seront exposés et mis en relation avec le témoignage.Dans la réflexion, ilsera possible de voir que le témoignage pourrait permettre aux personnes témoin des communautés sexuelles de se définir et de ressentir leurs expériences. Le témoignage pourrait même être un outil qui permet d'explorer le sens du soi et d'élargir la conscience du soi. Enfin, le témoignage pourrait être une manière créative utilisée pour gérer l'anxiété des données existentielles. Il permettrait aux personnes témoins de devenir agents de leur vie malgré l'opprobre de leur communauté sexuelle.

  • Contrer la violence à partir des témoignages de travailleuses du sexe : l'expérience de « Stella en action »
    Stéphanie Lareau (Stella, l'amie de Maimie), Anita Schoepp (Stella)

    Les intervenantes terrain de chez Stella, l'amie de Maimie vont présenter leurs outils mis en place en 2015 pour combattre la violence envers les travailleuses du sexe. Il s'agit de : "Stella en Action" et "Stella en action juridique". Le premier outil a été conçu à partir de témoignages et il s'adresse aux travailleuses du sexe qui ont expérimentées la violence et l'exploitation. Le second est un outil complémentaire qui vise à documenter et suivre les impacts de la criminalisation sur le terrain depuis l'entrée en vigueur de la loi C36 – Loi sur la protection des collectivités et des personnes victimes d'exploitation. Ces deux outils sont uniques parce qu'ils ont été conçus « par et pour » les travailleuses du sexe. L'organisme Stella espèrent ainsi diminuer la répression et la violence qu'elles vivent dans la société et réduire le stigma et le jugement associé au travail du sexe.


Assemblée générale

Dîner


Communications orales

Communautés et coproduction du témoignage

Présidence : Marilou Gagnon (Université d’Ottawa)
  • Coproduction du témoignage dans le cadre de la campagne « Je suis séropo » : perspectives d'une personne témoin et de la personne qui a sollicité le témoignage
    Bruno LAPRADE (UQAM - Université du Québec à Montréal), René Légaré (COCQ-SIDA - Coalition des organismes communautaires québécois de lutte contre le sida)

    La campagne de communication Je suis séropo a été lancée en décembre 2009. Cette campagne provinciale a mis à l'avant-scène 5 personnes vivant avec le VIH (PVVIH) qui ont affirmé, à travers leur récit de vie, que C'est le VIH qu'il faut exclure pas les séropositifs. C'est la première fois au Québec que des PVVIH étaient des porte-parole pour une campagne grand public et le centre d'attention médiatique. Dans ce contexte, que doit-on faire pour satisfaire les attentes et les besoins de la personne qui sollicite le témoignage et de la personne témoin ? Comment s'assurer que leurs interventions soient d'intérêts pour les journalistes et le public ? Quels sont les défis qu'elles ont dû relever? Cette communication portera sur les actions qui ont été mises en place pour que les porte-parole rendent leur récit de vie accrocheur tout en respectant ce qu'ils sont et ce qu'ils ont vécu. Nous présenterons aussi les façons de préparer les témoins à être le centre d'attention médiatique, à recevoir les critiques et à être parés face aux médisances et aux propos injurieux le cas échéant. Plusieurs stratégies ont été adoptées afin que les porte-parole soient entendus, respectés et que leurs propos nourrissent la reconnaissance sociale et participent à transformer les perceptions de la population. Nous conclurons sur les défis rencontrés et les leçons tirées tant pour l'accompagnateur que pour la personne témoin.

  • Les témoignages comme expérience relationnelle, médiatique et géographique de l'organisation communautaire VIH/sida au Québec
    Aurélie Hot (COCQ-SIDA - Coalition des organismes communautaires québécois de lutte contre le sida)

    Malgré les avancées scientifiques, l'exclusion sociale des personnes vivant avec le VIH/sida perdure, nourrie par des préjugés et mythes tenaces ainsi que par la criminalisation au Canada de la non-divulgation du statut sérologique et ses échos médiatiques. Ainsi, la réappropriation d'une identité stigmatisée constitue toujours et encore une facette de l'action communautaire aujourd'hui. Cette communication vise à explorer ce contexte particulier en proposant une lecture d'un corpus de témoignages comme production culturelle d'organismes communautaires. Dans un milieu qui dispose de ressources limitées et qui compose avec un roulement important de personnel, les témoignages représentent des balises en matière de valeurs et de messages, mais aussi d'acteurs et d'actrices militant.e.s, d'appropriation des ressources médiatiques et de déploiement géographique des actions. Nous nous appuierons sur une analyse de contenu pour explorer la coconstruction de cette culture (dans un contexte de lutte à la stigmatisation) par des bénévoles, des employés, des actrices, acteurs, des allié.e.s ou d'autres partenaires. Nous soulèverons ensuite une série d'enjeux de transmission de ce corpus comme l'oubli, la sélection et la conservation ainsi qu'une série d'enjeux éthiques en ce qui concerne la représentativité et les retombées de ces témoignages.

  • Processus d'archivage des témoignages de personnes vivant avec le VIH : enjeux pratiques, démocratiques et éthiques
    Gabriel GIROUX (UQAM - Université du Québec à Montréal), Aurelie HOT (COCQ-SIDA - Coalition des organismes communautaires québécois de lutte contre le sida), Thomas Haig (UQAM - Université du Québec à Montréal), Maria Nengeh Mensah (UQAM - Université du Québec à Montréal), Ken Monteith (COCQ-SIDA - Coalition des organismes communautaires québécois de lutte contre le sida)

    Contexte : Depuis 2005, des centaines de témoignages livrés par des PVVIH ont été recueillis dans le cadre d'un projet de recherche-action portant sur leurs usages et retombées. Afin de rendre cette collection plus accessible et soutenir des activités d'évaluation et d'action communautaire, le développement d'un processus d'archivage était nécessaire. Méthode : Une fiche de collecte a été créée. Elle permet de cataloguer et codifier les exemples à l'aide du logiciel bibliographique Zotero. Elle a été testée à travers plusieurs phases de révision et validation auprès d'un comité de travail composé de PVVIH, partenaires communautaire et chercheur.e.s universitaires. Résultats : Nous avons identifié et systématisé plus de 250 témoignages. De plus, nous avons créé une liste exemplaire de 30 témoignages dans une base de données préliminaire, le tout avec une méthode bibliographique respectant les balises démocratiques et éthiques. Des mesures ont été développées pour éviter l'utilisation d'un processus de classification normatif dans le catalogage des témoignages identifiés, ainsi que pour permettre aux personnes témoins d'exercer un contrôle sur leurs témoignages. Conclusion : Ce processus est caractérisé par des tensions entrela richesse et la complexité des témoignageset l'objectif de produire une base de donnéespérennisable et facile à consulter. Trouver l'équilibre entreces tensions sera l'une des prioritéslors des prochaines étapes du projet.

  • Pause

Communications orales

Atelier pratique (Partie 3) 

  • Le témoignage comme outil d'intervention auprès de jeunes femmes en difficulté : de la co-construction à la formation
    Valérie BOUCHER (Maison Passages), Charlotte Biddle Bocan (Passages), Passages Ressource (Aucune institution d'attache), Passages Ressource (Maison Passages)

    Cet atelier explore comment l'accès aux témoignages de femmes qui fréquentent Passages, une ressource pour jeunes femmes en difficultés, renforce le savoir et le pouvoir des intervenantes et des femmes dans l'intervention. Nous examinerons des façons de mettre en œuvre une intervention basée sur le témoignage en partant de nos propres pratiques. Premièrement, par notre travail quotidien nous recueillons régulièrement des témoignages, tacites et explicites. L'accès à ces histoires permet de nourrir une réflexion approfondie sur les différentes réalités de ces jeunes femmes. Les intervenantes acquièrent des connaissances et ceci favorise un plus grand pouvoir d'agir sur leur pratique. Ainsi, la prise en compte de la multiplicité de témoignages dans l'intervention favorise leur développement professionnel au même titre que les formations continues. Deuxièmement, être à l'écoute de ce que les femmes nous témoignent alimente et nourrit l'intervention : un processus dynamique, une co-construction tenant aussi bien en compte les témoignages présents et passés. Pour illustrer le tout, des intervenantes vous parleront, par extraits audio, des façons dont elles utilisent le témoignage dans leur travail quotidien et des manières dont cela augmente leur pouvoir d'agir dans la pratique. Deuxièmement, une activité interactive clôturera l'atelier afin de déterminer des pratiques favorisant la mise en œuvre d'une culture du témoignage qui aide les femmes et ancre le travail d'intervention.

  • Plénière
  • Mot de clôture
    Maria Nengeh Mensah (UQAM - Université du Québec à Montréal)

Cocktail

Cocktail de réseautage