Informations générales
Événement : 84e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 500 - Éducation
Description :L’éducation à l’esprit d’entreprendre relève d’un objectif éducatif inscrit dans les priorités politiques supranationales. Des dispositifs novateurs se développent dans les systèmes éducatifs visant à développer une culture de l’action et une mentalité favorisant l’esprit d’initiative, l’autonomie, la créativité et, par-là, des comportements « entrepreneuriaux ». Sous l’impulsion de chercheurs en sciences de l’éducation, ce colloque réunira des travaux qui étudient ces dispositifs, leurs impacts, leurs atouts, leurs limites, de même que leurs difficultés et enjeux de mise en œuvre. Si les incitations politiques sont globalement convergentes, les pratiques qui se développent sont plus hétérogènes. Les travaux sollicités dans le cadre de ce colloque constitueront dès lors un moyen de comprendre dans quel sens évoluent les dispositifs associés à l’éducation à l’esprit d’entreprendre et l’activité des acteurs qui participent à leur déploiement (enseignants et autres acteurs concernés). Globalement, il s’agira de faire fonctionner l’éducation à l’esprit d’entreprendre comme un indicateur-analyseur de l’évolution de la forme éducative de la société, de comprendre quelle place lui est faite dans l’enseignement (et les curricula) et selon quelles modalités d’intégration dans la forme scolaire. Sans négliger la compréhension de la généalogie d’un tel projet éducatif, le développement de ces dispositifs sera étudié sur l’ensemble du continuum éducatif (de l’éducation au préscolaire à l’enseignement supérieur). Si les questions : « Peut-on éduquer à l’esprit d’entreprendre, comment et pourquoi? » ne semblent plus se poser sur le plan politique, ce colloque cherchera à interpeller les évidences sociales. Continuant à cet égard à construire le point de vue de la recherche en éducation sur ces questions, un éclairage pluridisciplinaire sera également recherché dans le but d’imaginer l’avenir des travaux sur un sujet de recherche encore largement traversé d’énoncés de croyance.
Ce colloque entend prendre une forme originale, visant à mettre en dialogue les recherches et les pratiques sur l’éducation à l’esprit d’entreprendre. Des chercheurs issus de la francophonie ont été invités à venir présenter leurs résultats de recherche. Des partenaires de terrain, acteurs et organismes qui développent concrètement l’entrepreneuriat dans les écoles, seront également invités. Leur rôle consistera, en tant que premiers intéressés par les résultats de recherche présentés, à agir en tant que « discutants » et à interpeller les travaux des chercheurs (hypothèses, résultats). Ce dialogue entre recherche et pratique vise, in fine, à dégager de nouveaux axes de recherche porteurs. S’étalant sur deux journées, le colloque se poursuivra par la publication conventionnelle d’actes dans la revue Formation emploi, de même que par la création de capsules vidéo recueillies durant le colloque et permettant de faire bénéficier ses conclusions à un plus large auditoire.
Dates :- Patricia Champy-Remoussenard (Université Lille 3)
- Matthias Pepin (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)
Programme
Mot d'accueil des organisateurs et conférence d'ouverture
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Mot de bienvenue
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Doit-on développer l'esprit d'entreprendre chez les élèves? Quelques pistes de réflexionÉtienne St-Jean (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)
L'entrepreneuriat éducatif a gagné en popularité récemment et est soutenu par les gouvernements. Ces derniers y voient un moyen de rendre les futurs citoyens autonomes, créatifs et faisant preuve d'esprit d'initiative plus marqué, cela devant soit contribuer à une plus grande relève entrepreneuriale, sinon à améliorer leur employabilité. Or, ces valeurs, en apparence positives et souhaitables, impliquent une posture transformée de l'individu dans la société, où dès son plus jeune âge, l'enfant subit un conditionnement au service de l'idéologie dominante, qui le pousse vers l'auto-détermination, en lui faisant croire qu'il est parfaitement maître de son destin (Jonas, 2003) et qu'il doit donc, s'entreprendre, pour y parvenir. Comment penser l'éducation à l'esprit d'entreprendre en sachant que les environnements favorables (i.e. l'éducation) ne permettent pas de « créer » des personnes créatives (par exemple), mais ne font qu'actualiser des qualités latentes inscrites dans les gènes d'une plus ou moins grande proportion d'humains ? Plus globalement, dans un contexte de paupérisation grandissante des conditions de travail, où les individus vivant dans les pays occidentaux n'ont plus d'autres options que de devenir entrepreneur de leur propre vie pour survivre (Carnoy, 2000), ces conditions sont prises pour données. Dans la perspective où l'éducation doit également être force émancipatrice, comment l'éducation à l'esprit d'entreprendre peut-elle se sortir de ce piège ?
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Pause
Pédagogies actives et développement de l'esprit d'entreprendre
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Quelle pédagogie pour développer la proactivité d'étudiants à la maîtrise?Maxime JORE (Novancia Business School), Noreen O'SHEA (Novancia Business School), Caroline Verzat (Novancia Business School Paris)
L'esprit d'entreprendre est défini comme une compétence clé pour l'apprentissage tout au long de la vie par la Communauté Européenne (2006). Mais la notion d'esprit d'entreprendre ne fait consensus ni sur sa définition, ni sur la manière de l'enseigner, de l'apprendre ou encore de l'évaluer en particulier dans l'enseignement supérieur. Dans cette étude, avons choisi une de ses composantes mesurables : l'attitude proactive (Bateman et Crant, 1993). Certaines pédagogies permettent-elles de la développer chez des étudiants de master ? Notre recherche mesure l'efficacité d'une méthode pédagogique inspirée de l'apprentissage autodirigé (Knowles 1975, Candy, 1995, Carré, 2003, 2005) par opposition à une approche dirigée par l'enseignant (Ramsden, 2003, Béchard et Grégoire, 2009). Ces deux méthodes ont été testées dans le cadre de projets de groupe en master 1 dans une grande école de business française (281 étudiants). Deux variables modératrices pouvant intervenir dans le processus d'apprentissage ont été incluses dans l'étude : l'efficacité groupale perçue (Guzzo et al., 1993) ainsi que les émotions ressenties par les étudiants. En utilisant une méthodologie mixte, nos résultats démontrent que l'attitude proactive peut se développer, que la pédagogie inspirée de l'apprentissage autodirigé est plus efficace et que l'efficacité groupale et les émotions positives des étudiants contribuent à son développement.
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Quel impact de la pédagogie active, dans l'enseignement de l'entrepreneuriat, sur l'acte entrepreneurial : expérience des Business Schools au MarocMohammed BAZI (École nationale de commerce et de gestion, Agadir), Hassan Bellihi (Université Ibn Zohr)
Les chercheurs ont constaté que les logiques éducative dans l'enseignement supérieur ont changés (Thousand et al., 1998 ; Barr et Tagg, 1995; de Ketele, 2000; Bourdoncle et Lessard, 2002; Ramsden, 2003;). La méthode de transmission des connaissances par l'enseignant sera remplacé par la méthode de transmission des capacités. Puis, une troisième logique celle du développement des compétences en vue de la professionnalisation. Fondées sur la pensée de Dewey, les pédagogies actives vont faire office dans les systèmes éducatifs. Toutefois, la théorie de Dewey n'a pas résisté, face aux théories de l'apprentissage (Skinner, Pavlov, Watson…), lesquelles ont donné naissance à la pédagogie par objectifs de Bloom et Mager (De Ketele (2000). Notre communication vise la réponse à un questionnement principal : Comment le recours aux pédagogies actives dans l'enseignement de l'entrepreneuriat permet aux apprenants de passer à l'acte d'entreprendre ? La méthodologie à consisté à travailler sur deux groupes d'apprenants qui ont eu un enseignement de l'entrepreneuriat, au sein d'une école de Management, selon l'une des deux méthodes : pédagogie des compétences et pédagogie par objectif. Le suivi des deux groupes pendant les deux années qui ont suivi leur diplomation, nous a permis de déduire plusieurs conclusions dont la plus pertinente est la constatation d'une nette différence, entre les deux groupes, quant au pourcentage de lauréats qui se sont lancés dans l'acte entrepreneurial.
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L'enseignement universitaire en gestion : éduquer à l'esprit d'entreprendre par les simulations d'entrepriseYosra BOUGHATTAS (Université d'Artois), Johann Vallerand (École des Sciences de la Gestion (ESG) - UQAM)
Malgré une recherche qui se développe depuis une dizaine d'années (Fayolle, 2005 ; Hytti et Kuopusjärvi, 2004 ; Moro et al., 2004 ; Peterman et Kennedy, 2003 ; Souitaris et al., 2006), la compréhension des effets des enseignements de l'entrepreneuriat sur le développement de capacités et des comportements entrepreneuriaux demeure en effet opaque, voire confuse. Comme les nouvelles technologies le permettent, les simulations d'entreprise n'ont jamais été aussi près de la complexité des entreprises actuelles. Les dispositifs d'enseignement ne peuvent plus ignorer cette utilisation qui impose la conception et la mise en œuvre de nouvelles stratégies pédagogiques. Les simulations d'entreprises peuvent en faire partie. L'intérêt des simulations est expliqué par Cartier et Forgues (2006) qui citent trois avantages : la simulation impose une formalisation poussée de la théorie ; elle permet d'approcher les conditions de l'expérimentation, et aide à la compréhension des concepts de gestion en établissant des liens entre des processus non linéaires. La question du contenu des enseignements mérite d'être posée aujourd'hui. Elle renvoie dans notre étude à une expérience des simulations en gestion afin d'éduquer l'esprit d'entreprendre.
Dîner
La parole aux partenaires de terrain (Partie 1)
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Pause
Pédagogies actives et développement de l'esprit d'entreprendre (suite)
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Acquérir des compétences entrepreneuriales au moyen d'activités bénévoles : une pratique éducative « informelle » qui questionneAlbina Khasanzyanova (Université de Reims Champagne-Ardenne - CEREP)
Le concept de l''éducation et de la formation tout au long de la vie (Clayton, 2004 ; Donald, 2007 ; Goastllec, 2008) démontre qu'il est possible d'apprendre à tous moments, en tous lieux et à tout âge. Du point de vue éducatif, les associations sont des lieux d'apprentissages, des lieux de « pollinisations des connaissances » (Sue & Peter, 2011) ou encore une « seconde école » pour des publics en échec scolaire (Portelli, 2002). Comme le soulignent certains auteurs, le bénévolat peut être une source d'acquisition et de développement de nouvelles compétences (Sue et Roger, 2011 ; Schugurensky, 2013) et d'épanouissement personnel. Cette communication vise à identifier en quoi les activités bénévoles et le milieu associatif peuvent permettre de construire des apprentissages et des compétences dites entrepreneuriales. Celles-ci renvoient à des compétences clés pour l'éducation et la formation tout au long de la vie, plus particulièrement à « l'esprit d'initiative et d'entreprise ». A partir de deux enquêtes, une par questionnaire et l'autre par entretien semi-directif, menées auprès de jeunes bénévoles (18-30), nous avons montré que l'engagement dans les activités bénévoles conduit les individus à se former et à développer des nouveaux apprentissages nourris « par action ». En effet, les bénévoles acquièrent des compétences relationnelles; des soft skills, qui sont parfois en lien avec les valeurs associatives dans lesquelles ils évoluent.
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L'utilisation du test psychométrique TRIMA dans le cadre de la formation en entrepreneuriatKyriam Lachapelle (Université Laval), Maripier TREMBLAY (Université Laval)
Certains auteurs expriment le besoin d'employer des méthodes pédagogiques non traditionnelles pour enseigner l'entrepreneuriat (Morris et al., 2013 : 353; Higgins, Smith and Mirza, 2013 : 137) et l'utilité de développer le savoir-être du futur entrepreneur, plutôt que d'enseigner seulement des compétences d'affaires générales (Donnellon et al., 2014 : 491-493; Brandstätter, 2011: 229). L'utilisation d'un test psychométrique pourrait permettre de faciliter le développement de comportements entrepreneuriaux chez l'étudiant, afin d'avoir de meilleures chances de succès en tant qu'entrepreneur. Dans cet optique, nous nous sommes penchées sur l'utilisation du test psychométrique TRIMA dans le cadre d'une formation en entrepreneuriat. Dans le cadre de cette communication, nous présentons une étude de cas unique visant à documenter la pertinence d'utiliser TRIMA dans le cadre d'une formation entrepreneuriale. Dans un premier temps, les styles sociaux, compétences et styles de leadership utilisés dans TRIMA sont mis en lien avec les compétences dites entrepreneuriales identifiées dans la littérature. Ensuite, les modalités d'intégration dans le curriculum d'une formation ainsi que les impacts et effets sur l'étudiant sont analysés. Les résultats espérés de l'intégration de TRIMA sont de permettre à l'étudiant de développer son savoir-être et de déterminer de quelles personnes il doit s'entourer, par une réflexion sur sa personnalité et un coaching personnalisé basé sur ses résultats.
Diversité des enjeux du développement de l'éducation à l'esprit d'entreprendre
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Éducation à l'esprit d'entreprendre : que faire des questions politiques?Sylvain Starck (Université Lille 3)
Le développement de l'entrepreneurship education engagé au niveau mondial s'opère en France par le recours conjoint à une forme de dépolitisation associée à une perspective d'action qui se veut pragmatique. Après avoir étayé cette caractérisation des politiques éducatives françaises soutenant l'éducation à l'esprit d'entreprendre, nous faisons l'hypothèse que le processus d'institutionnalisation de cette « éducation à » et le développement des pratiques éducatives associées se trouvent étroitement liées, ayant pour point commun de minorer les questions politiques tout en valorisant une attitude pragmatique. Pour discuter cette hypothèse, nous sollicitons deux enquêtes de terrain : la première, conduite dans l'enseignement secondaire, où il s'est agi d'analyser la mise en place de mini-entreprises ; la seconde a concerné un dispositif d'accompagnement d'étudiants porteurs de projets dans l'enseignement supérieur. Plusieurs questions guideront les analyses du corpus : la mise en œuvre des mini-entreprises répond-elle à l'hypothèse formulée ? Quelles sont les incidences d'une telle logique d'action sur l'atteinte des finalités visées par le dispositif ? En horizon, il s'agit de comprendre à quelles conditions travailler sur la capacité à entreprendre des acteurs de l'espace scolaire (élèves ou enseignants) répond d'un processus éducatif. Le concept de l'agir créatif (Joas, 1999) et l'analyse de l'activité (Clot, 1999 ; Schwartz et Durrive, 2009) guideront nos analyses.
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Le développement d'un profil entrepreneurial chez les élèves : quelle pertinence? quels outils pour l'évaluer?Matthias Pepin (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)
L'entrepreneuriat, ou plus exactement la compétence à s'entreprendre dans de multiples aspects de la vie, s'inscrit dans les référentiels de compétences du XXIe siècle à développer chez les élèves (Lackéus, 2015) et occupe une place dans nombre de programmes de formation nationaux aux niveaux primaire et secondaire. En dépit de cet engouement des milieux politique et scolaire pour l'entrepreneuriat, la recherche a relativement peu questionné la pertinence de l'entrepreneuriat « éducatif », et encore moins évalué sa portée (Johansen & Schanke, 2014). La construction d'outils de mesure qui permettent d'apprécier la contribution de l'entrepreneuriat au développement des élèves émerge en conséquence comme un intérêt de recherche sur lequel se concentrer. Les plus récentes contributions cherchent à y parvenir à travers l'élaboration et l'évaluation de ce qu'il a été convenu d'appeler un profil entrepreneurial des élèves, soit un assemblage de connaissances, de compétences, de dispositions et de qualités personnelles favorables à l'entrepreneuriat, qu'on estime également être utiles dans de multiples situations de la vie (Athayde, 2012; Kyndt & Baert, 2015). Dans cette communication, nous dresserons un état des lieux de cet axe émergent de recherche et présenterons l'outil développé par le consortium européen ASTEE (Assessment Tools and Indicators for Entrepreneurship Education) pour évaluer la contribution de l'entrepreneuriat au développement des élèves (Moberg & al., 2014).
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Répartition des rôles, « compétences » et genre dans les mini-entreprisesJulie Deville (Université Lille 3)
En France, l'éducation à l'esprit d'entreprendre prend forme, entre autres, à travers le développement des mini-entreprises, dans le cadre desquelles, pour une année scolaire, des jeunes (majoritairement collégiens ou lycéens) sont amenés à concevoir et commercialiser un bien ou un service. Dans le Nord-Pas de Calais, où nous avons enquêté sur ce dispositif, il est notamment promu par l'association EPA (Entreprendre Pour Apprendre). Les « mini-entrepreneurs » doivent s'organiser collectivement afin de mener à bien cette expérience, et s'appuient pour cela sur des outils proposés par EPA, notamment un tableau reprenant leurs « compétences » (c'est le terme utilisé, mais il est diversement compris par les jeunes) et leurs goûts ainsi que la constitution d'un organigramme. Ces outils suggèrent implicitement que dans un collectif, les rôles de chacun ainsi que le projet collectif (ici, le choix du produit qui sera commercialisé) peuvent s'articuler harmonieusement avec les caractéristiques personnelles des acteurs. De plus, ils peuvent servir de justificatif à l'élaboration d'une hiérarchie au sein de la mini-entreprise, un point qui s'avère sensible pour les jeunes qui tendent à rejeter cette forme de distinction. Enfin, selon les contextes, ils viennent conforter ou contredire les stéréotypes de genre. Nous analyserons la façon dont les jeunes s'approprient ou non ces outils et leurs effets sur la structuration de l'activité.
Mot de clôture de la première journée
Impacts de l'éducation à l'esprit d'entreprendre
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La pédagogie entrepreneuriale : retombées chez les élèves et les enseignants en formation et en exerciceMarcelle Gingras (UdeS - Université de Sherbrooke), Denis Morin (Centre d'entrepreneuriat Alphonse-Desjardins), Ghislain Samson (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)
Cette communication expose les résultats d'un projet de formation et de recherche subventionné de 2010 à 2014 par le Secrétariat à la jeunesse du ministère du Conseil exécutif. La formation consiste à intégrer la pédagogie entrepreneuriale dans les stages d'étudiants en enseignement de trois universités québécoises. Ainsi, les stagiaires accompagnés de leurs maîtres associés participent d'abord à deux journées de formation sur la pédagogie entrepreneuriale afin de réaliser ensuite avec leurs élèves, un projet entrepreneurial. Puis, lors de la troisième journée de formation, les participants présentent le projet entrepreneurial réalisé. Quant à la recherche, elle vise à vérifier les effets d'une telle pédagogie sur les acteurs concernés (élèves, stagiaires, enseignants). Plusieurs instruments servent alors à la collecte de données qualitatives et quantitatives selon un devis expérimental comprenant deux temps de mesure (pré et post formation). Les résultats révèlent que la pédagogie entrepreneuriale aide les élèves à reconnaître leurs caractéristiques entrepreneuriales et à accentuer leur motivation scolaire. Elle contribue aussi à modifier les représentations de l'entrepreneuriat chez les stagiaires et les enseignants, en plus d'accroître leur sentiment d'efficacité personnelle.
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Les projets pédagogiques entrepreneuriaux au Nouveau-Brunswick : un levier d'intervention pour l'amélioration du bien-être mental des jeunesLise GALANT (Université de Moncton), Jalila Jbilou (Université de Moncton), Alain Poitras (Place aux compétences)
Soutenir un jeune à avoir un esprit d'entreprendre, revient à développer chez lui des compétences (dont l'esprit de «s'entreprendre »), des qualités et des attitudes qui lui permettront d'évoluer sainement autant dans son environnement social que professionnel. Au Nouveau-Brunswick (NB), les écoles communautaires ont mis en œuvre des projets pédagogiques entrepreneuriaux (PPE) ciblant les apprentissages des élèves en matière de « s'entreprendre ». L'évaluation de l'effet des PPE sur certains déterminants du bien-être mental des jeunes n'a été que peu exploré dans la littérature. Dans ce cadre, notre étude a pour objectifs : 1) d'évaluer les acquis des jeunes, suite à leur participation à un PPE, en regard de certaines dimensions clé reliées au bien-être mental des jeunes comme par exemple la confiance en soi et 2) d'étudier la relation entre ces dimensions et la compétence de « s'entreprendre ». Notre étude se base sur des données colligées auprès de 517 jeunes francophones du NB ayant participé à un PPE durant l'année scolaire 2013-2014. Lors de notre présentation, nous discuterons de nos constats et des acquis ayant un lien direct avec le bien-être mental. Nous aborderons également comment les activités éducatives scolaires, comme les PPE, sont fondamentales pour la construction d'une société en santé.
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L'apport des programmes Jeune Coop et Ensemble vers la réussite dans les écoles du QuébecThérèse Laferrière (Université Laval), Chantal TRÉPANIER (Université Laval)
L'esprit d'entreprendre se cultive et les objectifs comme les activités des programmes Ensemble vers la réussite et Jeune Coop y contribuent, entre autres, par le développement de comportements coopératifs et d'initiation à la culture entrepreneuriale. Une recherche évaluative a été effectuée dans neuf écoles, dont trois de niveau primaire auprès de 186 élèves, 52 enseignants, 16 agents de promotion et 4 directions d'établissement. Les résultats obtenus montrent que : 1) les enseignants apprécient les outils qui accompagnent les programmes et le soutien offert; les programmes sont sources d'intérêt et suscitent la participation des jeunes de manière à favoriser le développement de leur sens des responsabilités, leur capacité de prise en charge et leur engagement dans un projet d'entrepreneuriat collectif jeunesse; 3) ces programmes sont efficaces puisque la grande majorité de leurs objectifs furent atteints. Selon les répondants enseignants et élèves, ils procurent un apport positif au regard de la connaissance de soi (aptitudes et intérêts des jeunes), du développement de qualités entrepreneuriales (confiance en soi, leadership, etc.), du développement de qualités coopératives (solidarité, entraide, participation, etc.) ainsi qu'en ce qui concerne la motivation des jeunes à l'école. Parmi les conditions gagnantes pour l'implantation des programmes dans les écoles, il faut mentionner un accompagnement par une personne-ressource, une allocation de départ et une formation adaptée.
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Pause
La parole aux partenaires de terrain (Partie 2)
Dîner
L'éducation à l'esprit d'entreprendre et ses perspectives : entre politiques publiques, initiatives de terrain et recherches
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État des lieux du dynamisme entrepreneurial des jeunes QuébécoisLuis Felipe CISNEROS MARTINEZ (HEC Montréal), Mircea-Gabriel Chirita (HEC Montréal), Mihai IBANESCU (Banque Nationale du Canada)
Depuis 2009, la Fondation de l'entrepreneurship réalise l'une des plus importantes enquêtes sur l'entrepreneuriat au Québec : l'IEQ. L'objectif de l'IEQ est d'analyser et de comparer le dynamisme entrepreneurial au Québec par rapport au reste du Canada. Les données de l'année 2013 du rapport IEQ avait souligné un dynamisme entrepreneurial accru chez les 18 à 34 ans au Québec pour ce qui est des intentions d'entreprendre, sans toutefois pouvoir déterminer le réel potentiel de passage à l'action dans les années à venir. C'est pourquoi, en 2014, IEQ 2014 a eu comme objectif d'analyser quelles sont les facteurs qui faciliteraient que ce potentiel puisse se traduire en démarches réelles menant à la création ou à la reprise effective d'entreprise ? Nous avons utilisé également des indicateurs de type « psychométriques » permettant d'étudier certaines facettes des jeunes qui souhaitent entre- prendre : la propension au risque, les normes sociales perçues, le sentiment d'efficacité personnelle, le lieu de contrôle, etc. Nos résultats font état de l'intérêt des jeunes pour l'entrepreneuriat, leur propension au risque, une confiance en soi et une volonté de croître qui sont des signes encourageants pour l'avenir entrepreneurial du Québec. Nos résultats contredisent ainsi les constats de certaines études antérieures selon lesquelles les jeunes ne seraient pas les personnes les plus susceptibles de se lancer en affaires étant donné leur manque d'expérience et de moyens financiers.
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Perspectives de l'entrepreneuriat jeunesse au QuébecManon Théberge (OSEntreprendre)
Nous tenons d'abord à saluer l'initiative de ce colloque de favoriser les échanges entre les chercheurs et les partenaires de terrain qui oeuvrent au développement de l'éducation à l'esprit d'entreprendre. OSEntreprendre mobilise plus de 200 acteurs locaux et régionaux et une quinzaine d'organisations nationales qui développent et font rayonner les initiatives entrepreneuriales chez les jeunes du niveau scolaire. C'est dans cet esprit que nous souhaitons vous proposer un atelier qui s'intitulera « perspectives de l'entrepreneuriat jeunesse au Québec ». Sur la base du cadre de référence qu'il vient de développer, OSEntreprendre par la voie de sa présidente et directrice générale présentera ses constats et sa réflexion sur les différents leviers d'intervention existants en entrepreneuriat jeunesse et leurs retombées ainsi que son point de vue sur le type d'actions à entreprendre pour faire du Québec un réel leader à ce niveau.
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Des voies scientifiques possibles pour se saisir des perspectives d'éducation à l'esprit d'entreprendre : vers un point de vue des sciences de l'éducationPatricia Champy-Remoussenard (Université Lille 3)
Peut-on enseigner l'entrepreneuriat, enseigner et apprendre l'esprit d'entreprendre, apprendre à entreprendre ? Toutes ces questions sont finalement peu posées par celles et ceux qui s'efforcent de développer l'état d'esprit et les initiatives entrepreneuriales. La position selon laquelle le rôle de l'école, voire le rôle des enseignants est primordial, indispensable, incontournable semble la plus répandue et mondialement partagée. Si l'objectif éducatif fait donc l'objet d'un quasi consensus, c'est pour un ensemble de raisons en lien avec des questions sociales vives, des problèmes de société (chômage, déficit de compétitivité de certains pays, recherche d'innovation et d'alternatives aux modèles sociaux existant). Les travaux scientifiques conduits autour des politiques, les textes qui dictent les politiques pratiques et dispositifs destinés à développer la compétence à entreprendre ou l'esprit d'entreprendre, les discours des acteurs questionnent-ils ce consensus ? C'est ce que nous essaierons de comprendre, en étudiant un ensemble de textes politiques, et en réinterrogeant trois enquêtes conduites dans le cadre de recherches portant sur le développement de l'esprit d'entreprendre dans l'enseignement secondaire et supérieur. Nous faisons ici l'hypothèse que c'est en s'emparant de ce questionnement autour d'une quasi-évidence que le point de vue de la recherche en éducation sur ces pratiques éducatives pourra se construire.
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Pause