Depuis 2008, nous pouvons observer un retour des approches critiques en sciences sociales. Il suffit de penser à l’importance des travaux de David Harvey (2009, 2010) et de David McNally (2009, 2013) sur la crise financière des dernières années. On assiste aussi à un retour de la critique dans le discours scientifique, entre autres par l’organisation de tables rondes lors de la conférence internationale de la Urban Affairs Association en 2008, qui a mené à la publication d’un ouvrage collectif, ou de l’apparition de nouvelles revues scientifiques telle que Justice spatiale/Spatial Justice, ainsi que le renouveau de publications plus anciennes comme Critical Planning et Antipode.
Les approches critiques présentées dans ces travaux se penchent sur les caractéristiques du développement de la société capitaliste à travers ses cycles de crise et de restructuration. Elles intègrent à l’analyse les dynamiques de pouvoir, de domination et d’inégalités sociales engendrées par ces cycles. Elles visent à déconstruire les mécanismes qui produisent ces dynamiques. En études urbaines et régionales, les approches critiques sont utilisées notamment dans l’étude des politiques urbaines et plus récemment dans l’étude de différentes questions touchant le logement, l’embourgeoisement ou encore ne planification urbaine inclusive.
Il reste que de trop nombreux travaux récents en sciences sociales sont peu territorialisés et encore moins à l’échelle locale. Or, les différentes échelles territoriales sont aux prises avec ces déstructurations et restructurations de leurs activités économiques et sociales créées par les dynamiques engendrées par le développement de la société capitaliste. Celles-ci ont eu des répercussions directes sur les restructurations économiques et spatiales, alimentant les injustices sociales et spatiales dans nos villes et nos régions, d’où notre intérêt pour une réflexion collective sur le renouveau des approches critiques en études urbaines, régionales et territoriales.