Aller au contenu principal
Il y a présentement des items dans votre panier d'achat.

Informations générales

Événement : 84e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 400 - Sciences sociales

Description :

Dans un contexte marqué par de profondes transformations économiques, sociales et culturelles, et par des changements de paradigmes au sein des politiques publiques qui sont devenues « actives », plus responsabilisantes et « capacitantes » (Astier, 2007; Cantelli et Genard, 2007; Groulx, 2009; Genard, 2013), mais également plus gestionnaires (Bellot et al., 2013), le travail social a évolué dans ses formes d’organisation comme dans ses finalités et ses modalités d’intervention. Les situations sociales auxquelles il doit répondre aujourd’hui se sont complexifiées, marquées par l’alourdissement des problématiques ou l’émergence de nouveaux besoins, mais aussi par différentes formes de fragmentation, de vulnérabilités et par l’augmentation des inégalités (Baillargeau, 2009). Les travailleuses sociales et les travailleurs sociaux sont souvent confrontés à nombre de défis et à des tensions normatives importantes (Bourgeault, 2004; Gonin, Grenier et Lapierre, 2013; Dierckx et Gonin, 2015) liés à la complexité et aux enjeux de la pratique tout autant qu’aux nouvelles configurations des cadres organisationnels d’intervention. Des logiques parfois contradictoires ou paradoxales guident ces réorientations et peuvent aller à l’encontre des valeurs personnelles et professionnelles prônées par les travailleuses sociales et les travailleurs sociaux ainsi que de leurs propres paradigmes d’intervention (Lambert, 2013). Pour répondre à ces défis, dans un contexte normatif où les repères universels ne vont plus de soi, un repositionnement peut être nécessaire, permettant l’expérimentation de réponses inédites. Certaines recherches et expérimentations sont ainsi porteuses de nouvelles façons d’agir et de penser au regard de ces défis.

C’est à partir de ces recherches et expérimentations qu’une réflexion plus globale sur les enjeux du travail social est abordée par l’adoption d’une perspective éthique. Les dernières années ont en effet vu apparaître un intérêt grandissant pour la sphère de l’éthique, et plusieurs ouvrages et articles ont présenté diverses approches des questions éthiques (Lamoureux, 2003; Bouquet, 2003; Bouchereau, 2012; Pullen-Sansfaçon et Cowden, 2012; Depenne, 2012; Gonin et Jouthe, 2012; Merlier, 2013; Farmer, Bouthiller et Roigt, 2013). C’est sous l’angle de la mobilisation d’une éthique réflexive que les différents défis et enjeux rattachés à la pratique complexe du travail social actuel sont mis en lumière. Le colloque est orienté vers la réflexion sur les potentialités de l’éthique dans une visée d’engagement et de conscience critique (Jacob, 2003). Ainsi, les questions suivantes guideront ce rassemblement : quels sont les nouveaux enjeux éthiques dans la transformation du social? Quels points d’appui et perspectives pour les aborder? Quels pouvoirs créatifs et transformateurs des pratiques du travail social par l’éthique? Sous quels angles aborder les questions éthiques dans la formation en travail social?

Dates :
Responsables :

Programme

Communications orales

Les implications éthiques des transformations sociales de la pratique

  • Mot de bienvenue
  • Les transformations des ressorts anthropologiques du travail social et leurs effets sur l'éthique : à propos de résilience
    Jean-Louis Genard (ULB - Université Libre de Bruxelles)

    L'évolution de nos coordonnées anthropologiques, le passage d' une "anthropologie disjonctive à une anthropologie conjonctive", considérant les êtres à la fois et toujours comme fragiles et vulnérables, mais aussi capables et résilients, modifie en profondeur les conditions du travail social. D'un côté, la reconnaissance de la vulnérabilité conduit à développer des attitudes bienveillantes que thématisent les éthiques du care; de l'autre, la reconnaissance de la résilience incite au contraire à faire pression sur les usagers pour qu'ils se prennent en main, qu'ils s'activent… Cette ambivalence anthropologique génère structurellement dans la relation de travail social une ambivalence éthique entre care et responsabilisation, obligeant le travailleur social à construire un positionnement qui concilie deux figures opposées de la responsabilité. Cette communication cherchera à comprendre et à décrire la difficulté d'être soi face à une telle ambivalence. Elle s'intéressera particulièrement, 1) au concept de résilience et à ses implications éthiques; 2) à ce qu'il en est dans les situations de grande détresse, d'urgence, de handicap lourd où l'appel à la résilience paraîtrait éthiquement déplacé; 3) aux conséquences de cette ambivalence entre exigence de sollicitude, obligation de responsabilisation et individualisation de l'aide sociale sur le travailleur social obligé de naviguer entre confiance réciproque et menace de conditionnalisation des prestations sociales.

  • L'éthique en situation et la situation de l'éthique : le cas du travail social aujourd'hui
    Simone Romagnoli (Haute école de travail social - Genève)

    L'Etat social a connu un essor considérable pendant les Trente glorieuses et avec lui le travail social qui s'inscrit dans le « projet de réalisation » que porte le premier (Castel, 2005). Face aux impératifs néo-libéraux actuels et ses réorientations des politiques publiques, aux logiques de contre-prestations, à la nouvelle gestion publique, le travail social fait face à d'énormes défis. Non seulement en termes de complexité, mais surtout, quant aux conditions de possibilité d'intervention que ces transformations déterminent concrètement. Si le travail social a développé une clinique de l'action, qui s'accompagne nécessairement d'une éthique situationnelle à même de répondre aux besoins des cas individuels qu'elle aborde, une attaque de plus en plus forte s'exerce sur ses ressources et ses missions. Il y a lieu alors de s'interroger non seulement sur l'éthique clinique du travail social, l'éthique en situation, mais aussi sur le contexte dans lequel l'action sociale est désormais appelée à se déployer, autrement dit sur la situation de l'éthique de l'intervention confrontée à l'essoufflement de l'Etat « social ». Si ce dernier brade son projet de progrès social, le travail social risque de se dénaturer, et l'éthique en situation n'aura qu'un rôle palliatif à jouer. Face à ces défis, les services sociaux doivent s'inviter dans le débat public pour réaffirmer le sens de l'Etat social: ces défis seront illustrés par le mouvement de grève de la fonction publique du canton de Genève.

  • Discussion
  • Pause
  • Les réformes du système de santé et des services sociaux : quelles conséquences pour le travail social?
    Mélanie BOURQUE (UQO - Université du Québec en Outaouais), Josée Grenier (UQO - Université du Québec en Outaouais)

    Le réseau de la santé et des services sociaux québécois a subi plusieurs transformations depuis sa création à la fin des années 1960. Les plus récents changements, introduits par l'adoption des lois 10, 25 et 83 dans les dernières années, sont venus changer significativement l'organisation des services et le partage des responsabilités entre les différents acteurs du champ sociosanitaire. La présente recherche vise donc à élargir les connaissances sur ce phénomène. Elle porte spécifiquement sur les impacts des transformations chez les travailleuses sociales et les cadres du réseau de la santé et des services sociaux. La communication s'appuie sur une recherche qui s'intéresse, à partir des représentations et points de vue des travailleuses sociales, à documenter et à analyser : 1) la transformation des services sociaux au Québec ; 2) les retombées perçues par les intervenantes sur leur identité professionnelle, dans leur pratique professionnelle et dans les modes de régulation de cette pratique ; 3) les enjeux qui en découlent pour elles et les destinataires de l'intervention. Cette communication présente les résultats préliminaires de la recherche en cours.

  • Les loyautés multiples et les lacunes du système professionnel québécois
    Luc Bégin (Université Laval)

    Comme de nombreux autres professionnels, les travailleurs sociaux sont aux prises avec les effets néfastes induits par les loyautés multiples qui s'imposent à eux. Le système professionnel dans lequel ils oeuvrent – du moins au Québec – participe à cet état de fait en imposant un contexte de régulation des pratiques ayant pour visées le bénéfice des clients et la protection du public. De manière légitime, la logique d'action du système professionnel fait ainsi contrepoids aux possibles abus des professionnels ainsi qu'à la logique marchande en leur opposant une mission de protection du public et, par-là, de certaines valeurs sociales fondamentales. On semble toutefois perdre de vue que cette logique d'action de notre système professionnel fait sens tant et aussi longtemps que les professionnels bénéficient d'une autonomie de jugement dans l'exercice de leur pratique professionnelle. Or, les contextes dans lesquels s'exerce l'activité des travailleurs sociaux tendent à fragiliser cette autonomie et à leur faire perdre la capacité de choisir les actions à entreprendre ainsi que le pouvoir de les entreprendre : leur est-il encore loisible de faire valoir les valeurs constitutives de leur profession? Dans cette communication il sera discuté que le système professionnel pourrait faire davantage afin de soutenir les professionnels dans leur capacité de choisir et d'agir lorsqu'ils sont aux prises avec des conflits de loyautés multiples.

  • Discussion
  • Pause

Communications orales

Mise en perspective : quels points d'appui et perspectives pour aborder les nouveaux enjeux éthiques?

  • Identité professionnelle et éthique des vertus : atteindre l'équilibre dans un contexte déséquilibrant
    Josianne CRÊTE (UdeM - Université de Montréal), Annie Pullen Sansfaçon (UdeM - Université de Montréal)

    Nombreux sont les philosophes et académiciens en travail social qui ont défendu l'idée que l'éthique devrait reposer sur l'atteinte d'un équilibre à travers le développement de dispositions personnelles favorisant l'épanouissement de soi et des autres. Selon l'éthique des vertus, l'atteinte de cet équilibre se fait en faisant appel au choix délibératif et est définit par la raison et non par la capacité à suivre des règles. Or, le contexte actuel ne favorise pas toujours ce genre de pratique; notamment, les principes de la Nouvelle gestion publique, de plus en plus présents dans les réseaux de la santé et des services sociaux, tendent à rendre les milieux de plus en plus règlementés, ce qui amène les travailleurs sociaux à devoir constamment adapter leur pratique. Dans cette communication seront discutées des données obtenues à partir de deux projets distincts, soit une recherche visant à saisir comment l'identité professionnelle se vit chez les travailleurs sociaux en réadaptation physique, et l'autre, à comprendre le développement de l'identité professionnelle chez les travailleurs sociaux, de la formation à la pratique. Un thème commun émerge de ces deux recherches : le désir de trouver sa place et d'atteindre un équilibre dans des contextes de plus en plus normalisants. Cette communication mettra en dialogue les données des deux projets afin de proposer des pistes pour une pratique plus éthique, ancrée dans les valeurs de la profession.

  • Réflexivité des travailleurs sociaux, conflits de réflexivité et enjeux éthiques de la transformation des pratiques : pouvoir, subjectivation, émancipation
    Carine Dierckx (UdeS - Université de Sherbrooke)

    On assiste aujourd'hui, dans le champ du travail social, à des appels multiples à la réflexivité des acteurs comme des institutions, dans le cadre de politiques publiques « activantes », au sein du contexte plus global d'une société dite « réflexive », et en lien avec un imaginaire de responsabilisation, de capacitation, de participation. La réflexivité s'inscrit ainsi dans des relations croisées entre institutions de gouvernance, professionnels et usagers et devient un enjeu clef dans la gouvernance, dans la mise en œuvre et dans la transformation des pratiques, source de tensions et de conflits. S'adressant à la subjectivité des acteurs, au rapport qu'ils nouent à eux-mêmes dans leur engagement dans l'action, elle soulève des questions éthiques importantes, du fait notamment de l'asymétrie des positions et des rôles, des différentiels de pouvoirs. Comment s'inscrit la réflexivité des travailleurs sociaux dans ce contexte, comment est-elle prise et a-t-elle prise sur ce jeu? Quels peuvent être ses pouvoirs émancipateurs ? Cette communication présentera les apports du pragmatisme et de l'approche foucaldienne du sujet et du pouvoir, qui font l'objet d'une enquête (doctorale) en cours. Celle-ci implique d'aller à la rencontre de formes de réflexivité déployées par les travailleurs sociaux au sein même de leurs pratiques d'intervention, d'identifier comment ils y prennent en compte la réflexivité des usagers et des institutions et interpellent les cadres de l'action.

  • Discussion
  • Pause
  • La réflexion éthique inhérente à la pratique du travailleur social en protection : les notions de responsabilité et de jugement
    Marielle Pauzé (OTSTCFQ)

    Cette communication vise à sensibiliser au défi que représente la réflexion éthique dans le cadre de l'évaluation du travailleur social en ce qui a trait aux mesures de protection. Dans la perspective éthique présentée ici, le travailleur social n'est pas qu'un simple exécutant de la conduite préétablie dans le cadre de son évaluation. Comme soutien à ces propos, se retrouve la réflexion d'une philosophe allemande, Hannah Arendt (1906–1975) qui a traité notamment des questions de la responsabilité et du jugement. Cette auteure insiste sur l'obligation qu'a l'humain de « commencer à penser et à juger au lieu d'appliquer des catégories et des formules » qui ne conviennent pas nécessairement aux situations réelles. À l'aide de ces deux notions de responsabilité et de jugement, la communication permettra de rallier celles-ci à la pratique d'évaluation spécifique au travailleur social. La présentatrice soutiendra également qu'il est nécessaire pour ce dernier de bien distinguer les niveaux de responsabilité en présence. Pour ce faire, outre le souci du maintien de ses compétences chez le travailleur social, il faut se questionner sur la façon dont l'organisation remplit ses devoirs et sa mission en respect avec ce qui est attendu de son rôle dans la société. Ces trois niveaux de responsabilité sont à discriminer pour éviter que le travailleur social ne tombe dans le piège de la pseudo-responsabilité.

  • Éthique de la reconnaissance et itinérance : un enjeu de visibilisation de l'itinérance au féminin
    Céline Bellot (UdeM - Université de Montréal)

    La question de l'invisibilisation de l'itinérance au féminin tant au plan social, scientifique et politique demeure un enjeu majeur pour l'intervention. À partir d'une recherche participative, cette communication permettra de montrer comment l'éthique de la reconnaissance peut apporter de nouvelles façons de concevoir l'itinérance, de soutenir la participation des femmes en situation d'itinérance et finalement de repenser l'intervention.

  • Discussion
  • Mot de clôture

Cocktail

Apéri-livres : présentations d'ouvrages

Communications orales

Expérimentations et démarches éthiques face aux enjeux de la pratique

  • Réflexion autour des vécus psychiques, moraux, éthiques et déontologiques au travail chez les travailleuses sociales du Québec et de l'Ontario
    Stéphane Richard (À déterminer)

    En participant en si grand nombre (1 188 répondantes) à un questionnaire d'enquête en 2012-2013, les travailleuses sociales ont prouvé qu'elles se soucient de la manière dont le travail est organisé et leur santé psychique. En voulant mesurer l'ampleur de la souffrance vécue au travail, mais aussi la façon qu'ont les professionnelles de réagir aux contextes de travail jugés difficiles, on s'est rendu compte qu'elles vivent diverses expériences émotives ou préoccupations d'ordre moral, éthique et déontologique. Plus précisément, les répondantes peuvent, à des degrés divers, vivre du stress, de l'impuissance, de la frustration, de la déception, du découragement. Elles peuvent également éprouver du remords, de la culpabilité ou de la honte face à la façon dont elles interviennent auprès des individus. À supposer que ces vécus soient difficiles à assumer parce qu'ils reposent sur des jugements que l'on porte sur soi-même face à un idéal au travail, la communication va montrer qu'ils comprennent souvent, à leur base, des prescriptions normatives (devoir-agir) en tension. On terminera la communication en ciblant des stratégies de réponse envisagées par les répondantes et les organisations et qui peuvent avoir une incidence sur l'état psychique (et moral) des professionnelles au travail.

  • La délibération éthique : quelles voies pour la prise en compte des enjeux sociopolitiques?
    Audrey Gonin (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Dans le champ de l'éthique, de nombreux travaux sont consacrés aux modalités selon lesquelles des dilemmes éthiques peuvent être résolus (Beauchamp et Childress, 2008; Congress, 2000; Legault, 1999). Dans une perspective de résolution d'un dilemme éthique, l'attention se centre sur les conflits de valeurs et sur l'action à mettre en œuvre par rapport à la situation examinée. Cette démarche est utile pour identifier de grands principes susceptibles d'orienter l'action (Massé, 2003), mais elle ne permet pas toujours de prendre en considération les enjeux sociopolitiques qui sous-tendent l'émergence de problèmes éthiques – tels que les discriminations ou les inégalités sociales de santé, par exemple. Par ailleurs, les enjeux sociopolitiques liés aux rapports sociaux (de sexe, de groupes majoritaires/minoritaires, rapports marqués par des statuts différenciés, etc.) interviennent également dans les processus délibératifs (Blondiaux, 2008). En effet, les points de vue et intérêts d'acteurs variés – public, intervenant-es, cadres… – peuvent être divergents: sont-ils solubles dans un consensus autour de principes généraux ? Cette communication sera l'occasion de réfléchir à la prise en compte de ces enjeux dans le cadre d'une délibération éthique.

  • Discussion
  • Pause
  • La délibération éthique comme antidote à l'impasse : un cas clinique en contexte de collaboration pluridisciplinaire auprès d'une famille dite multiproblématique
    Steven Desbiens (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Dans une perspective systémique du fonctionnement interne des appareils de l'État québécois, la communication exposera, à travers une présentation de cas, les impacts de l'application d'une démarche de délibération éthique à travers une équipe pluridisciplinaire (psychologues, psychoéducateurs, travailleurs sociaux, éducateurs spécialisés, ergothérapeutes, orthophonistes, etc.). Dans ce contexte d'intervention sociale en collaboration avec plusieurs partenaires, le défi qui se pose est le suivant : comment des représentations différentes peuvent s'articuler vers une réalisation commune ? En effet, chaque professionnel arrive avec une partition propre qui illustre sa représentation de la problématique ce qui amène des enjeux et des actions, qui parfois se complètent, s'entrecroisent, s'entraident, entrent en compétition et aussi s'entravent les uns avec les autres. Cette communication permettra de mettre en lumière l'apport de l'éthique relationnelle à l'intérieur des pratiques professionnelles soutenant la mise en place de mécanismes institutionnels et des conditions gagnantes à l'évaluation et l'efficacité de nos mandats respectifs, et ce pour le bien-être des individus en difficulté.

  • Enjeux éthiques et professionnels dans l'accompagnement de personnes âgées institutionnalisées requérant l'assistance au suicide en Suisse
    Dolores Angela Castelli Dransart (Haute École spécialisée de Suisse Occidentale), Elena SCOZZARI (HES-SO - Haute école spécialisée de Suisse occidentale), Sabine VOÉLIN (HES-SO - Haute école spécialisée de Suisse occidentale)

    Selon le code pénal suisse, les personnes qui apportent leur concours à quelqu'un qui envisage de se suicider ne sont pas punissables si leurs motifs ne sont pas égoïstes. Depuis quelques années, les associations d'aide au suicide en Suisse peuvent également assister des personnes âgées institutionnalisées dans certains cantons à certaines conditions. Ce phénomène relativement récent confronte les professionnel-les à des questions inédites aussi bien au niveau relationnel qu'organisationnel. En s'appuyant sur les résultats d'une étude qualitative menée auprès de 40 professionnel-les de la santé et du social, la communication présentera quelques enjeux ou dilemmes éthiques et/ou professionnels soulevés par les requêtes de suicide assisté au sein des institutions et les manières dont les professionnel-les et les institutions y font face. L'introduction du suicide assisté dans la vie institutionnelle déplace les contours de la normativité et de la « normalité » en lien avec les situations de fin de vie, questionnant l'identité dans ses dimensions professionnelles et personnelles et amenant les professionnel-les à définir des positionnements inédits ainsi que de nouvelles pratiques.

  • Discussion
  • Pause

Communications orales

L'éthique dans la formation, la formation à l'éthique

  • Former à l'éthique en contexte de changement : est-ce former à la vertu ou à l'action réflexive?
    André Lacroix (UdeS - Université de Sherbrooke)

    Le monde du travail a considérablement changé au cours des 30 dernières années (Gorz:1988;Chiapello et Boltanski:1999) accentuant l'importance des enjeux éthiques en milieu de travail, multipliant les conflits de normes et de valeurs autant que les situations paradoxantes où la réalité des terrains empêche de répondre aux demandes des directions, managers et investisseurs (Jardin:2005). Dès lors, nos représentations du social et des agents sociaux sont plus floues que jamais (Martuccelli, 2014). Entre autres, le travail de rue et de première ligne est soumis à des situations complexes en même temps que les repères usuels tendent à s'estomper. Face à cela, la demande de formation en éthique augmente, mais souvent pour les mauvaises raisons puisque l'éthique est alors mise à contribution pour réconcilier l'irréconciliable, former à la vertu, ou pire encore, à l'identification de nouveaux repères moraux pour outiller les travailleurs sociaux à tenir un rôle qui pourrait bien ne pas être le leur. Mais si ces formations à l'éthique sont problématiques, comment devons-nous procéder? C'est à cette question que souhaite répondre cette communication 1) en identifiant les principaux changements du monde du travail et ses défis éthiques; 2) en soumettant une typologie des formations possibles; 3) en proposant une forme de formation qui répond mieux que les autres aux nouveaux besoins du monde du travail et des réalités rencontrées par les travailleurs sociaux.

  • Enseigner l'éthique du travail social en ligne : expérience et défis
    Normand Brodeur (Université Laval), Cecily TUDEAU (Université Laval)

    Grâce au développement fulgurant des technologies de l'information, les universités ont de plus en plus recours à l'internet pour dispenser des cours en ligne dans toutes sortes de domaines du savoir. Considérant les enjeux liés au développement d'une conscience critique chez les étudiants, on peut toutefois se demander dans quelle mesure ce mode d'enseignement convient pour la formation à l'éthique des futurs travailleurs sociaux et quels sont les défis qui y sont associés. Cette communication permettra d'aborder ces questions en présentant les résultats d'une brève recension des écrits sur l'enseignement de l'éthique en ligne. Les présentateurs feront ensuite état de leur expérience et de leurs réflexions en tant que responsables du cours d'éthique et de déontologie donné aux étudiants du baccalauréat en service social de l'Université Laval.

  • Le récit numérique dans la formation à l'éthique : l'approche narrative comme levier de la conscience critique
    Jean-Félix Dostert (UdeS - Université de Sherbrooke), Annie Lambert (UdeS - Université de Sherbrooke)

    Cette communication s'appuie sur une question centrale : comment, dans le cadre d'un cours d'éthique de 1er cycle en travail social, soutenir les étudiant-es vers le développement de leur conscience critique? Cet aspect apparaît essentiel à la formation en travail social, dans un contexte où l'exercice de la profession est parsemé de nouveaux défis (Baillargeau et Bellot:2007) mais également que se dessinent en parallèle, de nouvelles exigences dans le domaine de l'éducation, menant à revisiter les méthodes d'enseignement pour les rendre plus actuelles et y intégrer les nouvelles technologies (Karsenti et Collin:2013). Il sera donc question de l'utilisation du récit numérique, outil de narrativité (Lemelin:2012), comme méthode pédagogique favorisant le développement de la conscience critique par la prise de parole des étudiant-es dans la construction d'une narration sur différents enjeux de la profession. Dans le cadre du cours Déontologie et éthique dispensé à l'Université de Sherbrooke, ce choix pédagogique s'appuie sur les principes de l'approche narrative (Roscoe et Madoc Jones:2009; Baldwin:2013) et sollicite les principes de la délibération éthique (Bossé, Morin et Dallaire:2006) à la fois comme cadre de réflexion mais également comme processus d'action. Une fois l'expérience présentée, les défis et bénéfices seront mis en lumière, démontrant que l'engagement, la collaboration et la créativité peuvent servir de levier au développement de la conscience critique.

  • Discussion
  • Pause

Panel / Atelier

Pistes d'action et potentialités

  • Mot de clôture