Bulle Internet, affaire Kerviel, crise des subprimes, paradis fiscaux, conflits d’intérêts, paiements d’importantes sanctions pour conduites illégales, problèmes de l’aléas moral (à l’exemple de certains acteurs financiers qui peuvent prendre des risques excessifs avec l’argent des autres parce qu’ils savent qu’ils seront secourus si leurs propres difficultés entraînent un risque général), les questions d’éthique, de déontologie et de régulation financière des entreprises et des institutions financières sont toujours au cœur du débat public.
Malgré les développements historiques et institutionnels, l’instauration de règles de conduite, la création de postes d’agents de conformité et de déontologues au sein des banques et des entreprises, ces excès n’ont pu être empêchés. Pourquoi? Les règles déontologiques instituées pourraient pourtant répondre, au moins dans leur contenu, à une exigence éthique des agents. Ces règles s’insèrent même dans les pratiques, mais elles sont souvent instrumentalisées, voire déjouées ou diluées dans les modalités de concurrence et dans la quête de réputation. Finalement l’enjeu principal de la conformité pour les professionnels des affaires et de la finance (incluant la microfinance) se présente comme celui de la survie de leurs activités, dont ils ont d’ailleurs la responsabilité du contrôle…
Quel rôle donner à l’éthique pour redonner confiance au monde des affaires et de la finance? Les individus qui veulent faire prévaloir l’éthique dans la pratique de leurs affaires financières peuvent-ils le faire? L’exercice individuel de la vertu peut-il suffire à entraîner le fonctionnement général de la finance? La logique systémique du fonctionnement de celle-ci ne tend-elle pas, au contraire, à imposer une perte de sens éthique des comportements individuels et collectifs? Est-ce que certains modèles d’affaires et de gouvernance sont plus propices à développer des pratiques éthiques? Ce sont les questions soulevées par ce colloque.