Malgré un contexte politique marqué par le développement de plans de lutte nationaux (Canada, 2012; Brésil, 2007; É.-U., 2013) et internationaux contre les formes d’exploitation au travail dénoncées sous le registre de l’esclavage moderne, le marché mondial du travail reste traversé de formes d’exploitation au travail combattues par ces plans : exploitation sexuelle, travail forcé, travail infantile ou encore servitude pour dettes. Beaucoup de produits vendus sur les marchés internationaux sont fabriqués dans des conditions dénoncées comme relevant de l’esclavage moderne à des fins de rentabilité : vêtements, chaussures, chocolat, fruits et légumes, acier, bois… phénomène illustrant comment l’économie capitaliste néolibérale et globale fait de la précarisation des travailleurs l’une de ses caractéristiques. Le contexte contemporain des Amériques n’échappe pas à cette réalité.
S’appuyant sur des études de cas situées dans différents pays des Amériques (Canada, Brésil, Mexique, etc.), ce colloque cherchera à comprendre les logiques et les formes de l’exploitation au travail, liées ou non à la migration. À cette fin, il mettra en question dans chaque cas les spécificités des relations de travail et de dépendances tout en examinant de quelle manière celles-ci prennent place ou non dans un contexte politique d’économie globale conduisant à normaliser objectivement ou subjectivement ces conditions de travail, malgré des discours et des plans de lutte contre la traite humaine et l’esclavage moderne. Il s’agira donc d’étudier tant les contextes des politiques migratoires pour les travailleurs agricoles au Canada et au Québec, par exemple, que les manières dont certains travailleurs se résignent, sous des formes de servitude volontaire, à travailler dans des conditions de travail non libre, notamment au Brésil, pour comprendre comment se construisent les frontières légales, sociales et morales de l’exploitation au travail dans les Amériques aujourd’hui.