S’il est vrai que les métropoles des pays industrialisés sont maintenant entrées dans l’ère de la « super-diversité » (Vertovec, 2007), il est également vrai que les majorités et les groupes minoritaires en contexte urbain vivent de plus en plus des « vies parallèles » (Cantle, 2001). Face à cette nouvelle donne démographique, la ville – depuis toujours un point de rencontre entre les personnes d’origines diverses – devient un espace pour l’articulation de nouvelles formes d’appartenance politique et citoyenne (Holston, 2008). L’interculturel dans la cité fait allusion à une notion de l’espace public inspirée par la cité grecque – un territoire qui correspond à une communauté de sujets libres et autonomes régie par des lois. Cependant, de nos jours, les principes les plus chers à la cité – l’égalité, la liberté d’expression et la délibération – sont remis en question par des situations qui nous laissent tous sans repères : zonage de lieux de culte, surveillance du langage dans les médias, utilisation des fonds publics pour des activités « ethniques », présence des symboles religieux dans la fonction publique, adaptation des services en contexte d’intervention, et bien d’autres. La remontée du conservatisme provoqué par ces changements culturels et démographiques alimente la discrimination à l’égard des immigrants et contredit, parfois de façon spectaculaire, les discours officiels sur les valeurs démocratiques. Par conséquent, il serait porteur de concevoir la ville interculturelle comme espace citoyen (Purcell, 2003), et plusieurs disciplines se tournent vers l’échelle municipale pour comprendre les aspects interculturels de la citoyenneté (White et Rocher, 2014). Cette orientation signifie de tenir compte des interactions à l’échelle du quartier mais aussi dans les différents contextes officiels et institutionnels. C’est dans ce sens que l’analyse des dynamiques interculturelles dans l’espace urbain nous force à repenser nos modèles d’inclusion sociale et de participation politique.
Le mercredi 11 mai 2016