Informations générales
Événement : 84e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 400 - Sciences sociales
Description :Bien que les pratiques philanthropiques aient une longue histoire en Occident, elles ont été peu étudiées au Canada et au Québec. Des travaux québécois et français sur le don ont certes permis des développements théoriques importants, cependant les formes institutionnalisées de la philanthropie, dont les fondations subventionnaires privées ou communautaires, ont fait l’objet de peu d’études. Afin de combler ce vide et de mettre de l’avant de nouvelles connaissances sur la philanthropie canadienne et plus particulièrement sur l’action des fondations subventionnaires, nous avons déposé une demande de subvention de recherche partenariale et obtenu, en 2013, un fonds substantiel du Conseil de recherche en sciences humaines du Canada (CRSH) et des partenaires du projet.
Le présent colloque permet de diffuser certaines des connaissances issues des travaux que nous avons réalisés en partenariat avec des organismes philanthropiques et un partenaire universitaire, notamment : Fondations Philanthropiques Canada (PFC), Fondations communautaires du Canada (CFC), Ontario Trillium Foundation (OTF) et l’Institute for Community Prosperity (ICP) de la Mount Royal University. Les thèmes de recherche abordent plusieurs questions et enjeux liés au contexte institutionnel et aux activités de fondations subventionnaires canadiennes et québécoises. Notre colloque donnera la parole à des chercheurs universitaires, y compris des étudiants, et à des représentants de fondations subventionnaires.
L’objectif poursuivi est double. Dans un premier temps, nous visons à faire le point sur les approches théoriques qui présenteront des interprétations novatrices sur la place et le rôle des fondations dans la régulation de questions liées au mieux-vivre en société. Ceci nous permettra de présenter l’écosystème de la philanthropie subventionnaire et d’aborder la question des rôles et des responsabilités des parties prenantes de cet écosystème. Cette première partie regroupera tant des analyses théoriques que des études de cas portant sur des dimensions clés des interventions réalisées par des fondations. Dans un deuxième temps, en tenant compte du contexte de transformation des mécanismes de production et de reproduction de la richesse, de tensions sur le plan identitaire, de renouvellement des mécanismes d’appauvrissement socioéconomique, d’exclusion sociale et de montée en importance de la question écologique, nous aborderons les enjeux et les défis pratiques tels que compris et analysés par des représentants de fondations subventionnaires privées ou communautaires.
Date :- Jean-Marc Fontan (UQAM - Université du Québec à Montréal)
- Sylvain A. Lefèvre (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Programme
Ouverture de la conférence
Conférence d'ouverture
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Les fondations et l'écosystème de la philanthropie : adaptation ou transformation?Benoit Lévesque (UQAM - Université du Québec à Montréal)
La première partie de notre présentation porte sur le rôle et la fonction des fondations dans le système philanthropique, lui-même inscrit dans un écosystème qui comprend entre autres l'État, le marché et la société civile. Sous cet angle, les fondations apparaissent comme des acteurs intermédiaires dont le rôle de bailleurs de fonds s'est modifié pour devenir plus proactif, ce qui a exigé de la plupart d'entre elles de se donner une capacité d'analyse et de réflexivité. Ce changement répond en grande partie aux transformations de l'écosystème qui est à l'origine des problèmes sociaux et des grands défis tout en fournissant aux fondations une grande partie de leurs ressources. À première vue, les fondations tentent s'adapter aux changements résultant de la reconfiguration de l'État providence et de la crise économique et environnementale. Dans la seconde partie, nous nous demandons comment les fondations pourraient aller au-delà de l'adaptation (voire profiter de cette dernière) pour devenir, comme plusieurs d'entre elles le disent, des acteurs de changement. S'adapter nécessite des changements, mais le changement dont il s'agit concerne aussi l'écosystème? En effet, si l'on veut agir sur les causes, cela suppose une transformation de l'écosystème. Or une telle transformation ne peut se réaliser sans une compréhension relativement partagée, une vision et des pistes d'action conséquentes. Ce faisant, les fondations deviennent parties prenantes du débat public.
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Commentaire sur la conférence d'ouverture : point de vue des fondations subventionnaires privéesHilary Pearson (Fondations philanthropiques Canada)
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Commentaire sur la conférence d'ouverture : point de vue des fondations communautairesLee Rose (Fondations Communautaires du Canada)
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Discussion
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Pause
Approfondir notre compréhension de l'écosystème des fondations philanthropiques canadiennes et québécoises
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Éléments théoriques pour une analyse empirique renouvelée des formes de philanthropie au Québec : référents pour l'étude du champ des services à domicileLucie Dumais (UQAM - Université du Québec à Montréal), Christian JETTÉ (UdeM - Université de Montréal)
Dans le champ des politiques sociales, en particulier des services aux personnes, notre équipe de recherche a observé l'importance du soutien apporté par de petites fondations aux organismes d'aide de personnes handicapées. L'enjeu du mixed welfare prend ici un certain visage, où la ‘petite' philanthropie n'a ni le caractère du philanthro-capitalisme ni celui de l'anti-étatisme. Nous proposons donc que la compréhension des diverses formes de la philanthropie à caractère social peut se raffiner à la lumière de la perspective néo-institutionnaliste et de trois concepts : les notions de solidarité, d'hybridation et d'économie plurielle. Certes, un cadre d'analyse d'économie politique structuraliste aide à comprendre l'essor (ou la renaissance) au Québec de la philanthropie sociale. Mais le développement des politiques publiques des 25 dernières années force le regard sociologique à reconnaître aussi des formes variées d'organisations et de réseaux ayant une autonomie relative et poursuivant des finalités sociales propres à notre société contemporaine, comme l'accompagnement des personnes âgées de classes moyennes et modestes et le soutien à l'insertion des personnes handicapées réclamant une place active dans leur milieu.
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Cadre d'analyse et enjeux liés à l'information pour les fondations subventionnaires canadiennesFrançois BROUARD (Carleton University), Juniper Glass (Conseils Lumière)
Les défis liés à l'information et à la communication sont plus présents que jamais dans un contexte de responsabilisation de plus en plus présent. Les fondations subventionnaires du Canada font partie intégrante du développement des meilleures pratiques pour le secteur. L'objectif de la communication est d'examiner les enjeux émergents liés à l'information et à la communication des fondations subventionnaires. Afin d'organiser la présentation, un cadre d'analyse basé sur la théorie des parties prenantes et sur la circulation de l'information a été développé. Certains enjeux généraux sont soulignés. Ensuite, quelques formes de communication de l'information, notamment celles fiscales et réglementaires, financières, sociales et subventionnaires font l'objet d'une brève discussion.
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Promouvoir la culture philanthropique sans idéaliser l'État : quel rôle pour les fondations subventionnaires?Martin Dumas (Université Laval)
Cette présentation porte sur une interprétation novatrice de la place et du rôle des fondations dans l'atteinte d'objectifs liés au mieux vivre en société, à une saine mobilisation citoyenne et à la promotion de la culture philanthropique. Elle s'inscrit dans une perspective à la fois pluraliste, éclairée et pragmatique. Une perspective pluraliste au travers de laquelle l'action philanthropique, c'est-à-dire celle qui procède de l'expression d'un souci pour autrui et son environnement, se traduit ou se conditionne diversement au sein de sous-systèmes coexistants : familiaux, sociaux, économiques, politiques, légaux et organisationnels. Une perspective éclairée qui, sans idéaliser ces systèmes, y reconnaît un pouvoir de sollicitation et d'enrichissement de la culture philanthropique. Et une perspective pragmatique, dans laquelle on appréhende ces systèmes comme des éléments interdépendants, réflexifs et toujours perfectibles, c'est-à-dire sans négliger les liens qui les unissent originalement, ni le langage propre à chacun d'eux, ni les conséquences non intentionnelles de l'action qui s'y déploie. Le rôle de fondations et d'organisations non étatiques semblables dans le cadre de la récente COP 21 à Paris servira en outre à illustrer le propos de l'auteur, dans la quête de ce que l'on peut concevoir comme le plus grand défi philanthropique de notre histoire : assurer la survie à long terme de l'espèce humaine.
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Agents de changement de la politique publique: une analyse préliminaire des fondations subventionnaires canadiennes et leur engagement avec la politique publiquePeter Elson (University of Victoria), Sara Hall (Université McGill)
Cette présentation poursuit quatre objectifs. Premièrement, nous présenterons un cadre théorique portant sur la question de la relation prenant place entre les fondations subventionnaires canadiennes, l'innovation sociale et le changement sociétal. Deuxièmement, nous passerons en revue des problèmes avec lesquels les fondations subventionnaires canadiennes sont confrontées à chacune des cinq étapes du processus de changement d'une politique publique, tant à l'échelle municipale, provinciale ou fédérale. Troisièmement, nous présenterons quelques exemples de fondations canadiennes qui s'engagent dans ces processus. Finalement, nous formulerons des observations préliminaires sur l'état de nos connaissances collectives sur la portée et l'impact des activités politiques des fondations. Ce dernier point nous permettra de poser un premier bilan appréciatif sur la capacité d'influence des fondations en matière de politiques publiques.
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Discussion
Période de ressourcement et de réseautage
L'écosystème philanthropique des fondations subventionnaires en action : études de cas et méthode de recherche
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Centraide du Grand Montréal et le défi de l'adaptation stratégiqueTaïeb HAFSI (HEC - département de management), Saouré Kouamé (HEC Montréal)
Dans cette communication nous explorons comment des organisations philanthropiques procèdent pour relever le défi d'adaptation. En particulier, nous nous basons sur l'étude en profondeur d'un cas, celui de Centraide du Grand-Montréal. Dans un premier temps, nous décrivons les changements intervenus dans son environnement philanthropique. Il s'agit en l'occurrence : (1) du développement d'une concurrence ; (2) du changement de comportement philanthropique des entreprises donatrices vers une philanthropie stratégique, (3) de la fin de l'état providence ou même de l'état orchestre, (4) d'une société en difficulté et même des besoins de plus en plus importants ; (5) du déclin des ressources disponibles; (6) du changement de garde au niveaux de l'élite. Dans un second temps, nous analyserons la réponse stratégique apportée à ces changements, en l'occurrence le changement de sa politique philanthropique et l'expérimentation d'une nouvelle forme de collaboration avec ses principaux interlocuteurs du monde philanthropique. Il ressort que la réponse à apporter aux changements environnementaux exige de de faire preuve de créativité pour trouver un juste équilibre entre la demande du milieu philanthropique et la pertinence d'être un acteur de développement social.
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« Restons vigilants » : l'appel collectif des fondations québécoises en contexte d'austéritéAnnabelle Berthiaume (Université McGill), Sylvain A. Lefèvre (UQAM - Université du Québec à Montréal)
La diffusion d'une lettre ouverte signée par neuf fondations québécoises a sonné le coup d'envoi d'une nouvelle forme de collaboration entre des organisations traditionnellement à l'écart du débat public. Celle-ci relayait les appels à la vigilance des organisations économiques internationales par rapport aux réformes austères et invitait le gouvernement libéral à mesurer l'effet de ses politiques publiques. S'en suivra une forte couverture médiatique et l'organisation d'une demie journée de réflexion sur les inégalités sociales rassemblant des membres du milieu philanthropique, universitaire et communautaire. À ce jour, cet appel collectif surprend toujours: les fondations n'ont pas l'habitude d'interpeller publiquement et collectivement le gouvernement. Le sujet des inégalités sociales étonne également, dans la mesure où la préoccupation philanthropique porte plutôt sur la pauvreté historiquement. Notre communication propose de revenir sur les conditions d'émergence de cette mobilisation . L'étude de cas s'appuie sur des entretiens, menés auprès de fondations engagées dans cette initiative. Nous débuterons par un retour sur le contexte politique et les questionnements internes dans les fondations qui ont entourés les mois précédents la mise sur pied de cette prise de parole. Nous exposerons ensuite certains défis liés à la poursuite de cette mobilisation. Nous terminerons en évaluant les impacts réels et potentiels de la création de ce collectif.
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Apports et limites des méthodes quantitatives et qualitatives à l'étude des réseaux de collaboration entre fondations subventionnaires canadiennesDavid Longtin (Université d’Ottawa)
Dans le cadre des travaux du Laboratoire montréalais de recherche sur la philanthropie canadienne, une série d'études de cas portant sur les collaborations et l'influence des fondations canadiennes ont été réalisées en 2015 et 2016. Cette communication explorera les apports et limites de l'emploi de méthodes quantitatives et qualitatives afin de caractériser les réseaux de collaboration des fondations subventionnaires canadiennes et les impacts sociaux de leurs actions conjointes. À partir de la comparaison des méthodes employées et des résultats obtenus dans le cadre de deux études de cas portant sur les réseaux de collaboration développés dans le cadre des activités du Groupe de travail des bailleurs de fonds pour le développement des jeunes enfants et du Réseau canadien des fondations subventionnaires en environnement, la communication visera à avancer une proposition pour une intégration des méthodes quantitatives et qualitatives adaptée aux types de collaborations - cofinancement, réseau d'apprentissage, production et diffusion de connaissances développées par des fondations subventionnaires.
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Fondations subventionnaires et organismes communautaires : essai de typologie en fonction des montants offertsRichard Morin (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Le principal bailleur de fonds des organismes communautaires à Montréal et dans l'ensemble du Québec est l'État, principalement le gouvernement du Québec. Or, l'apparition, dans la seconde moitié des années 1990, de la Fondation Lucie et André Chagnon dans le paysage du financement des organismes communautaires avec des programmes cofinancés en partenariat avec le gouvernement du Québec, a suscité un débat sur la place des fondations privées dans le financement des organismes communautaires. Ce débat s'est cependant beaucoup centré sur la Fondation Lucie et André Chagnon alors que d'autres fondations privées avaient déjà mis de l'avant des programmes de financement destinés aux organismes communautaires. Par ailleurs, outre des fondations privées, des fondations publiques offrent aussi une aide financièrement aux organismes communautaires, Centraide étant la plus connue. Nous nous sommes intéressés, dans le cadre d'une recherche entreprise en 2010, à dresser un inventaire des fondations privées et publiques intervenant dans le financement des organismes communautaires de la Région métropolitaine de recensement de Montréal (RMRM). Cette communication fera état de cet inventaire en proposant une typologie des fondations en fonction des montants offerts aux organismes communautaires. Les données utilisées proviennent de diverses sources, notamment de l'Agence de revenu Canada. Nous avons ainsi repéré 87 fondations offrant des dons aux organismes communautaires de la RMRM.
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Discussion
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Pause