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Informations générales

Événement : 84e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 400 - Sciences sociales

Description :

Les années 1960 ont été caractérisées par une transformation importante de l’enseignement supérieur et universitaire : massification de l’éducation, expansion des universités et création de nouveaux établissements. Depuis quelques années, une nouvelle phase de mutations en cours se répercute sur la mission de l’enseignement supérieur, ses orientations, son rôle social et les ressources qui lui sont consacrées. Tous ces aspects sont l’objet de nombreux débats. Au Québec, le Printemps érable a constitué un point culminant à cet égard. De nombreuses inquiétudes sont présentes : sous-financement, accès réduit aux études, orientation de l’université, soumission trop grande aux impératifs économiques, incapacité à réduire les inégalités sociales et scolaires, etc. Dans un tel contexte, il est impératif de réfléchir sur la situation de l’enseignement supérieur, de mieux comprendre les mutations en cours et d’en saisir la genèse.

Certaines mutations, d’ordre politique ou institutionnel, sont largement conditionnées par la transformation des politiques publiques (introduction du nouveau management public, des politiques de la réussite, de nouveaux modes de gouvernance et de nouveaux modes d’attribution des ressources économiques). À cet égard, il paraît essentiel de s’intéresser à l’articulation entre les politiques publiques et les modes d’intervention des différents acteurs afin de dégager le sens et la nature des changements réalisés.

D’autres transformations tiennent à la composition sociale de la population étudiante, à la transformation de l’expérience éducative ainsi qu’à la multiplication et à la diversification des parcours éducatifs. On constate que la massification de l’éducation n’a pas mené à l’élimination des inégalités scolaires, mais à leur recomposition. L’analyse historique et longitudinale de ces mutations ouvre une voie originale pour mieux les comprendre.

Il y a aussi un grand intérêt à examiner, autant que faire se peut, les articulations entre les mutations institutionnelles et la différenciation des parcours. Comment les politiques influent-elles sur les parcours et sur l’expérience des étudiants? Comment les parcours scolaires ont-ils conduit à des transformations de l’institution universitaire?

Notre objectif est de nous interroger sur ces processus, par une analyse portant à la fois sur la formation et la transformation du champ moderne de l’enseignement supérieur au Québec et au Canada. Il s’agira de dégager les diverses formes d’inégalités sociales et scolaires, en particulier les inégalités de parcours, en tenant compte de l’évolution du champ de l’enseignement supérieur afin de saisir les interactions entre les décisions et les mécanismes mis en œuvre à l’échelle politique et institutionnelle, d’une part, et les expériences scolaires des étudiants, d’autre part.

Date :
Responsables :

Programme

Communications orales

L'évolution récente de l'enseignement supérieur : tendances macros

  • Un éclairage historique sur les origines de la transformation de la structure public-privé du financement de l'enseignement supérieur et ses implications
    Vincent Carpentier (University College London)

    Cette communication s'inscrit dans le projet “Participation dans l'enseignement supérieur et fluctuations macro-économiques : Perspectives historique et comparative” au sein du Centre for Global Higher Education (CGHE) financé par l'Economic and Social Research Council (ESRC) à l'Institute of Education, University College London. Elle propose, à partir d'une histoire quantitative, d'examiner les relations entre les cycles économiques longs et les évolutions du niveau et de la structure publique/privée des revenus de l'enseignement supérieur au Royaume-Uni, en France et aux Etats-Unis depuis 1920. L'étude examine les implications de ces relations aux niveaux quantitatif and qualitatif, incluant non seulement leurs effets en termes d'accès et de démocratisation de l'accès, mais également ceux concernant les conditions de participation et de parcours des étudiants. L'analyse s'intéresse aux implications systémiques, mais également aux importantes questions de diversité ou d'inégalité entre institutions. L'exploration historique des sorties de crises précédentes suggère qu'une relance de l'effort public visant à inverser le mécanisme de substitution public-privée du financement de l'enseignement supérieur en cours pourrait conduire à un système soutenable, renforcé par un réalignement des questions de financement, d'équité et de qualité. Un tel changement jouerait un rôle clef dans les transformations socio-économiques contra-cycliques nécessaires à la résolution de la crise actuelle.

  • Mutations récentes des universités québécoises : effet de système de nature financière
    Martin Maltais (UQAR - Université du Québec à Rimouski)

    Pour l'année 2015-16, la majorité des universités prévoient enregistrer un déficit de fonctionnement découlant de la baisse marquée du financement de la fonction enseignement par le gouvernement. Certaines universités sont moins affectées, en particulier celles qui ont une faculté de médecine ou qui œuvrent exclusivement en génie. Pourtant, au cours des années 1990, le développement des activités en médecine, en sciences et en génie était souvent rendu possible par les surplus dégagés par d'autres disciplines. Les prévisions budgétaires actuelles sont donc étonnantes. L'analyse préliminaire de données financières inédites suggère l'existence d'un effet de système causé par deux phénomènes concomitants. Le premier concerne la pression exercée, depuis les années 1990 et au début des années 2000, pour réduire les dépenses des disciplines « molles ». Cette pratique, qui permettait de dégager des surplus pour financer les disciplines plus « dures », a eu pour effet de sous-estimer les « coûts réels observés » des disciplines « molles » et de surestimer les « coûts réels observés » pour les disciplines « dures ». Le second phénomène est la classification comme activités d'enseignement d'une partie des salaires de direction et de gérance de certaines universités. Cette pratique est très fréquente dans les universités avec faculté de médecine, et importantes dans certaines disciplines. Elle accentue la surestimation des « coûts réels observés », en particulier pour les disciplines « dures ».

  • Égalité des chances et politiques des universités : les détours de l'histoire
    Pierre Doray (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    La communication analyse les politiques universitaires du Québec au cours des 50 dernières années, en mettant l'accent sur l'enjeu de la démocratisation des études universitaires. Lesdites politiques ont connu deux moments. Entre 1960 et 1980, la question de l'égalité des chances a été un objectif même de l'action publique en éducation qu'il faut associer à la mise en place d'un État providence. L'éducation est alors considérée comme un outil essentiel du renouvellement de l'État. Le contexte économique et social change dans les années 1980. L'articulation plus étroite entre économie et éducation, la lutte au décrochage scolaire, et la lutte au déficit public deviennent des pôles centraux des politiques éducatives, fortement influencés par la nouvelle gestion publique. Au sein du champ universitaire, l'enjeu des coupes budgétaires devient majeur dans les débats sur l'avenir des universités, au cours desquels les enjeux de démocratisation des études sont revenus à l'avant-plan. Ainsi, globalement, l'enjeu de la démocratisation des études a toujours été présent dans l'action publique récente, avec des formes différentes.


Communications orales

La professionnalisation à l'université

  • La professionnalisation des universités par la formation continue : comparaison France-Québec
    Christelle Manifet (Université de Toulouse)

    La relation formation-emploi est communément abordée sous un angle diachronique : l'orientation vers la formation et l'emploi; la préparation à l'emploi pendant la formation; l'insertion professionnelle des formés. Une autre perspective est celle de la formation continue des travailleurs qui introduit une lecture synchronique de cette relation et de ce partage. Il s'agit alors de savoir si les universités sont favorables à ce registre de professionnalisation, et si elles confirment ou non l'idée plus générale selon laquelle les systèmes de formation occidentaux s'orientent vers un modèle de formation tout au long de la vie. Pour répondre, on s'appuie sur une approche sociohistorique des cadres politico-institutionnels qui ont façonné et (ré-)orientent aujourd'hui l'offre de formation aux adultes dans les universités de part et d'autre de l'Atlantique, au Québec et en France. Le propos s'organise en fonction de trois dimensions transversales qui s'expriment toutefois selon des modalités particulières dans les deux sociétés étudiées: l'échelle politique, puisque cette voie de professionnalisation semble aller de pair avec une "troisième" voie politique entre libéralisme et étatisme; l'échelle institutionnelle et universitaire, puisque cette professionnalisation se réalise de deux façons, dans les contenus de formation ainsi que dans les parcours; l'échelle des publics adultes, puisque leur statut institutionnel oscille entre logique d'indifférenciation et logique de différenciation.

  • Politiques publiques et professionnalisation de l'enseignement supérieur : le cas de la formation sur mesure
    Felix B. Simoneau (UQAM - Université du Québec à Montréal), Laurence SOLAR-PELLETIER (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Depuis quelques années, on assiste à d'importantes modifications de l'offre de formation universitaire au Québec. La création de nombreux programmes courts (certificats et microprogrammes) ou encore la multiplication des programmes professionnels apparaissent, aux yeux de certains, comme les conséquences d'un phénomène de professionnalisation de l'enseignement supérieur, c'est-à-dire d'articulation entre la formation et l'emploi.

    On constate que, depuis les années 1980, l'adéquation entre la formation et les besoins du marché du travail est devenue un enjeu important des politiques éducatives et économiques. Les gouvernements du Québec et du Canada ont adopté plusieurs politiques visant à rapprocher l'économie de l'éducation, ce qui a donné lieu à l'introduction d'un nouveau cadre institutionnel et à la construction de nouvelles relations entre ces deux champs.

    La présente communication s'intéresse à l'un de ces changements institutionnels, l'introduction de la formation sur mesure (FSM) dans les établissements d'enseignement supérieur. Nous retracerons l'évolution des politiques publiques en matière d'adéquation formation-emploi et dresserons un portrait des pratiques de FSM des universités de la région de Montréal.

    Notre objectif est d'ouvrir une réflexion sur l'influence de ces politiques sur les transformations de l'université. Nous souhaitons montrer comment, dans le cas de la FSM, les politiques publiques ont contribué à l'introduction de changements dans l'enseignement supérieur.

  • La professionnalisation des universités québécoises examinée par le biais de la construction et de la planification des programmes d'études
    Émilie Tremblay (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Au Québec, la professionnalisation des études universitaires est une réalité de longue date. L'intégration de disciplines dites professionnelles et le développement de formation en alternance en témoignent. Plus récemment, on note la croissance de programmes d'études plus professionnalisants, comme les maîtrises et les doctorats professionnels, et le développement de programmes de courte durée (certificats, microprogrammes, DESS, etc.). La recherche d'une adéquation formation-emploi est-elle plus présente aujourd'hui dans les processus de planification de l'offre de formation dans les universités québécoises ? Une étude récente (Doray, Tremblay et Groleau, 2015) s'est intéressée à cette question afin de mieux comprendre comment l'enjeu de la professionnalisation était présent dans les cadres intellectuels balisant les processus de construction et de planification des programmes. Dans cette communication, nous poserons, tout d'abord, quelques repères historiques quant au développement de la professionnalisation dans le champ universitaire québécois. Puis, nous présenterons les résultats de notre étude, qui montre que l'enjeu de la professionnalisation est présent dans les cadres de référence qui façonnent la planification et le remaniement des programmes d'études, mais que son influence est somme toute relative. Enfin, nous réfléchirons aux impacts de la professionnalisation des études universitaires sur les parcours et l'expérience des étudiants et des étudiantes.


Communications orales

Des politiques aux étudiants

  • Les parcours d'étudiants universitaires autochtones au Québec : des projets ancrés dans la valorisation de leurs cultures et le développement du mieux-être chez les Autochtones
    Jean-Luc Ratel (Université Laval)

    En lien avec le contexte colonial, les Autochtones doivent composer avec un système d'éducation qui s'est historiquement développé dans une visée assimilatrice. Si l'accès à l'enseignement supérieur est considéré comme un droit par les Autochtones, le gouvernement le traite plutôt comme un programme social, et son accessibilité est devenue un enjeu déterminant (Stonechild, 2006). Au Québec, malgré un décrochage préoccupant au secondaire, on assiste à un accroissement de la fréquentation postsecondaire qui permet de former des professionnels dont ont besoin les gouvernements et organisations autochtones, mais aussi de répondre aux besoins intellectuels, professionnels et culturels des étudiants eux-mêmes.

    Dans le cadre de notre projet de thèse, nous avons rencontré 23 étudiants et diplômés universitaires, issus d'une dizaine de communautés, qui cherchent précisément à dépasser cette vision assimilatrice pour plutôt définir leur passage à l'université comme une manière d'acquérir des connaissances et des compétences qui pourront être mobilisées en milieu autochtone dans le respect des cultures locales. Bien au fait de la nécessité de combiner les apports de l'éducation traditionnelle à ceux de l'enseignement occidental (Battiste, 2013), ils témoignent, chacun à leur façon, de l'ancrage de leurs parcours dans le modèle de l'université comme sphère publique démocratique (Giroux, 2003) en vue de développer le mieux-être chez les Autochtones.

  • La morphologie des parcours scolaires aux études supérieures des étudiants d'origine immigrante au Québec : qui y va et comment?
    Pierre Canisius Kamanzi (UdeM - Université de Montréal), Marie-Odile MAGNAN (UdeM - Université de Montréal), France PILOTE (Université Laval)

    La démocratisation de l'enseignement supérieur amorcée au Québec dans les années 1960 a conduit à l'université de masse marquée par l'hétérogénéité sociale des étudiants et des parcours. Cette massification est issue de la politique d'égalité des chances, mise en place après la Commission Parent, qui devait mettre fin à la discrimination et à la ségrégation selon le genre, l'origine sociale et ethnoculturelle, ou l'âge. L'hétérogénéité sociale dans les universités s'est aussi traduite, à partir des années 1980, par la présence accrue d'étudiants de minorités ethnoculturelles issues de familles immigrantes plus nombreuses et plus diversifiées. Cette hétérogénéité est aussi le résultat de l'assouplissement des conditions d'admission qui a favorisé l'individualisation et l'hétérogénéité des cheminements aux études supérieures, y compris à l'université. Si l'admission à l'université était jadis conditionnelle à un diplôme du collège classique, et que le cheminement du secondaire à l'université était linéaire, ce cheminement prend maintenant plusieurs trajectoires s'appuyant sur diverses formations antérieures. Notre communication vise à décrire la morphologie des parcours conduisant aux études universitaires et à examiner dans quelle mesure elle est liée aux caractéristiques sociodémographiques des étudiants, particulièrement l'origine ethnoculturelle. Pour ce faire, nous nous appuyons sur une analyse de données récentes tirées des fichiers administratifs du ministère de l'Éducation.


Communications orales

L'apport des perspectives longitudinales

  • Entre parcours réel et cheminement prescrit : regard sur l'expérience estudiantine dans l'enseignement supérieur québécois
    Amélie Groleau (Université McGill)

    Selon le Conseil supérieur de l'éducation (2013), la façon dont les étudiants québécois s'engagent désormais dans leurs études supérieures s'est diversifiée. Le rapport « traditionnel » aux études – étudier à temps plein en suivant un cheminement continu et linéaire –, ne constituerait plus la norme dominante. Si le phénomène de singularisation des parcours scolaires n'est pas nouveau, il se serait intensifié au cours des dernières décennies sous l'effet combiné de diverses transformations sociales, dont l'allongement de la scolarité, l'assouplissement des règles d'admission à l'université (Bujold et al., 1997) et le brouillage des cadres normatifs balisant les âges de la vie (Galland, 1996). L'origine sociale ne serait plus un facteur discriminant devant cette tendance qui toucherait une grande fraction des étudiants. Mais concrètement, comment ce rapport « non traditionnel » aux études se traduit-il dans l'expérience estudiantine? Constate-t-on des différences au sein de parcours ayant dévié du cheminement prescrit? Cette communication propose d'approfondir ces questions en présentant les résultats d'une analyse compréhensive réalisée à partir d'entretiens semi-directifs auprès d'une vingtaine d'individus issus de familles scolarisées qui ont connu des parcours hésitants, c.-à-d. marqués par des interruptions d'études avant l'obtention de leur diplôme. Une attention particulière sera portée à l'articulation des expériences scolaires et extrascolaires dans le discours des enquêtés.

  • Les parcours scolaires au Québec : quelles formes prennent-ils, et pour quels étudiants?
    Nicolas Bastien (UQAM - Université du Québec à Montréal), Pierre DORAY (CIRST - Centre interuniversitaire de recherche sur la science et la technologie), Amélie GROLEAU (Université McGill), Benoît LAPLANTE (INRS - UCS - Institut national de la recherche scientifique - Urbanisation Culture Société), Stéphane MOULIN (UdeM - Université de Montréal)

    Dans cette communication, on examine les parcours scolaires de jeunes Québécois sur une période relativement longue afin de dégager une typologie de ces parcours. Nous utilisons des données administratives du ministère de l'Éducation permettant de suivre les jeunes au sein des divers ordres scolaires. Les cohortes de jeunes entrés en première secondaire en 1994 et en 2002 ont été suivies jusqu'en 2012. À l'aide des méthodes d'analyses de séquence, nous construisons une typologie des parcours scolaires tenant compte des niveaux d'études fréquentés (secondaire général, formation professionnelle, cégep préuniversitaire, cégep technique et université) et de l'ordre chronologique de leur fréquentation. Nous identifions dix types de parcours – six linéaires et proches du cheminement prescrit, et quatre non linéaires – représentatifs de la diversité des parcours scolaires des jeunes Québécois. Nous présentons la morphologie de ces parcours à l'aide de graphiques (chronogrammes) et nous identifions les principales caractéristiques des jeunes empruntant chacun des types de parcours (lieu de résidence, origine ethnique et sociale, type d'établissement fréquenté au secondaire, etc.). Cette recherche devrait permettre de dégager un portrait plus réaliste que ce qui est généralement admis de la diversité des parcours scolaires et de leur poids relatif au sein du système d'éducation québécois.


Panel / Atelier

Que retenir des évolutions en cours?


Cocktail

Lancement du livre 50 ans d'éducation au Québec, publié sous la direction de Pierre Doray et Claude Lessard aux Presses de l'Université du Québec et issu d'un colloque du 82e Congrès de l'Acfas en 2014