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Informations générales

Événement : 84e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 400 - Sciences sociales

Description :

La politique québécoise de l’emploi fait référence à l’ensemble des interventions déployées par les administrations publiques pour favoriser la création d’emploi et l’insertion en emploi des individus vivant avec des incapacités au travail. Elle se déploie à travers divers programmes et mesures de soutien aux entreprises et aux individus ayant des incapacités. Ainsi, des donneurs d’emploi (employeurs) et des demandeurs d’emploi (individus sans emploi ayant des incapacités) utilisent des instruments d’emploi (programmes, mesures et dispositifs publics) voués à faciliter la rencontre des seconds avec les premiers.

Parce que la politique québécoise de l’emploi est mise en œuvre grâce à l’action de plusieurs types d’acteurs, partenaires et instances, les savoirs sont diffus, produits et véhiculés au sein d’organisations diversifiées et porteuses d’intérêts spécifiques. Or, on en sait peu sur la capacité des instruments d’emploi à favoriser l’insertion durable des populations ayant des incapacités au travail et à renforcer les liens avec les employeurs locaux.

Par ailleurs, on reconnaît largement que la présence de stigmas relatifs aux individus ayant des incapacités limite leur insertion en emploi, contribuant de ce fait à réduire leur capacité à exercer leurs rôles sociaux et de personnes autosuffisantes. Toutefois, on en sait moins sur les processus par lesquels ces stigmas sont véhiculés, produits et maintenus, notamment dans la sphère de l’emploi. Quelles sont les représentations sociales des demandeurs d’emploi et des donneurs d’emploi à cet égard? Comment ces représentations influencent-elles leur rapport avec l’emploi?

Articulés exclusivement au départ en fonction de la démonstration d’une incapacité de travail, les régimes de prestations d’invalidité des pays industrialisés se sont graduellement transformés au cours des vingt dernières années et sont désormais centrés sur la stimulation des capacités résiduelles de travail. Au Québec, ce principe d’activation se retrouve autant dans les programmes de prestations d’invalidité de type assurantiel que dans les programmes d’assistance sociale de dernier recours. Par ailleurs, plusieurs régimes de prestations d’invalidité offrent une allocation de ressources et des services d’aide à l’emploi aux individus avec des incapacités. Ces différents régimes mettent en place des programmes, mesures et procédures associés à l’insertion/réinsertion en emploi de leurs clientèles respectives, sans qu’il existe de pratiques systématisées de partage des savoir-faire.

En somme, ce colloque a pour objectif d’établir des constats sur les difficultés vécues par des personnes à travers différents régimes de prestation d’invalidité au Québec, en plus d’approfondir les différentes facettes de la stigmatisation au regard de l’invalidité professionnelle et de la réintégration au travail.

Date :
Responsables :

Programme

Communications orales

Donneurs, demandeurs et instruments d'emploi : interaction ou juxtaposition?

  • Mot de bienvenue
  • Les politiques d'aide à l'insertion en emploi dans les pays de l'OCDE : état des connaissances et des enjeux
    Alain Noël (UdeM - Université de Montréal)

    Sous l'influence des travaux de l'Organisation de Coopération et Développement Économique (OCDE) des deux dernières décennies, les pays membres de l'Union européenne et les provinces du Canada ont entrepris de réformer leur politique d'emploi et de soutien du revenu. Ils sont guidés par la volonté de renforcer leur stratégie de lutte à la pauvreté en visant l'inclusion sociale de catégories de populations exclues du marché du travail. Quelles sont les grandes caractéristiques de ces politiques nationales? Quels acteurs mettent-ils en mouvement pour que ces réformes se traduisent en mesures et services aux individus? Que sait-on des retombées des instruments et des processus mis en œuvre dans le cadre de ces politiques nationales? Comment peut-on se servir de ces connaissances pour renforcer la portée des instruments de la politique publique de l'emploi au Québec destinés aux individus dont les capacités au travail sont partiellement réduites? Ce sont autant de questions que nous mettrons en lumière au cours de la présentation.

  • L'insertion durable en emploi : quels outils?
    Richard Gravel (Comité consultatif de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale)

    Le Comité consultatif de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale a récemment produit un avis sur l'intégration durable en emploi. Cette étude laisse voir, d'une part, la diversité des barrières relatives à l'accès au marché du travail pour des groupes de population considérés vulnérables et, d'autre part, des difficultés d'accès aux mesures d'aide à l'intégration à l'emploi. L'avis du Comité insiste sur le travail en tant que droit, au même titre que le droit à la santé et le droit à l'éducation, tel que reconnu par divers traités internationaux, dont le Québec est signataire. Pour le Comité, l'application effective du droit au travail nécessite l'accès à des mesures et à des programmes adaptés aux besoins, flexibles et en nombre suffisant pour répondre aux besoins. Le Comité se demande par ailleurs s'Il n'y aurait pas lieu de consentir plus d'efforts pour adapter le marché du travail aux caractéristiques des personnes disponibles, plutôt que de concentrer la majorité des interventions sur l'adaptation des personnes sans emploi aux besoins du marché du travail. Dans cette optique, ne devrait-on pas aussi envisager une création d'emplois orientée en fonction des profils des populations, notamment dans les territoires à forte concentration de pauvreté?

  • Pause
  • Travailleur autonome et aide sociale : le casse-tête
    Sylvain Lacroix (Regroupement des assistées sociales et assistés sociaux du Témiscouata)

    L'application de l'exclusion réglementaire aux revenus gagnés permet à une personne assistée sociale ayant des incapacités de tirer des revenus d'une activité de travail sans limiter son droit à l'assistance. Or la mise en application de ce dispositif, qui s'inscrit à l'intérieur d'un parcours individualisé vers l'emploi, semble entraîner un certain nombre de difficultés, telles que l'impossibilité de capitaliser pour investir dans l'achat d'équipement. Par ailleurs, la complexité administrative liée à la déclaration mensuelle des revenus semble limiter la portée du dispositif en regard de l'insertion durable en emploi chez une personne assistée sociale ayant des incapacités et exerçant des activités de travail autonome. Le Regroupement des assistées sociales et assistés sociaux du Témiscouata (RASST) accompagne depuis plusieurs années des individus à ce chapitre et témoigne de la nature des problèmes qu'entraîne le règlement et qui limite sa portée.

  • La mesure de l'incapacité : un état des lieux
    Ysabel Provencher (Université Laval)

    Si l'on s'entend pour dire que le handicap réfère à la situation dans laquelle est placé un individu vivant avec des déficiences, les termes incapacité et limitation d'activités, couramment utilisés dans les programmes, services et politiques publiques, renvoient pour leur part à des cadres conceptuels et opérationnels multiples associés à autant de champs d'application (réadaptation, insertion socio-professionnelle, sécurité sociale, etc.). Nous nous attarderons à décrire quelques processus, modalités et outils de mesure des incapacités dans les régimes d'assistance. Nous serons particulièrement interpellés par les enjeux d'insertion socioprofessionnelle auprès de cette population. Plus concrètement, nous présenterons quelques processus et instruments d'évaluation des capacités de travail mis en application dans des régimes d'assistance en Australie, aux États-Unis et au Canada.


Assemblée générale

Dîner libre


Communications orales

Invalidité, travail et stigmatisation

  • La reprise du travail, souvent un contresens des acteurs
    Marie-José Durand (UdeS - Université de Sherbrooke)

    Actuellement, au Québec, c'est au médecin traitant de porter un jugement sur l'aptitude à reprendre le travail pour de nombreuses maladies comme les maux de dos, la dépression et le cancer. Or les écrits actuels suggèrent l'importance de revenir rapidement au travail, afin d'éviter les effets négatifs de l'exclusion au travail, tels que le déconditionnement physique et psychologique, la perte d'estime de soi ou encore l'isolement. Bien qu'un rapide retour au travail soit de plus en plus préconisé, justifié notamment par les contraintes de main-d'œuvre et les pressions financières des assurances, cela suppose que les employeurs devraient adapter leurs attentes lorsque les employés reviennent au travail. Est-ce vraiment la réalité? Les employeurs adaptent-ils leurs attentes? Cette présentation sera donc l'occasion d'aborder cette question du rapide retour au travail, en discutant également du point de vue de l'employeur.

  • Stigmatisation, stéréotypes et discrimination en emploi
    Normand Boucher (Université Laval), Véronique GARCIA (Université Laval)

    Dans la sociologie durkheimienne, le travail est le facteur structurant de l'intégration à l'ensemble social. Encore aujourd'hui, il demeure un facteur important de redistribution de la richesse, en dépit des transformations économiques qui contribuent à en redessiner les frontières et les pratiques. Mais le travail est aussi porteur d'une charge normative importante dans la mesure où, par exemple, l'importance que l'on lui accorde va bien au-delà de la dimension financière. Il est une source d'identité, de valorisation et d'appartenance pour les individus, notamment pour les personnes ayant des incapacités. Malgré l'ensemble des difficultés rencontrées et les échecs vécus lorsqu'elles cherchent à intégrer le marché du travail, bon nombre de ces personnes souhaitent toujours le faire. Par ailleurs, on observe aussi que des facteurs comme les valeurs, les représentations sociales à l'égard du handicap, influencent, à différents moments, le processus d'intégration. L'importance et les valeurs seront discutées dans à travers deux présentations.

  • Pause
  • Comprendre un déterminant de la stigmatisation à travers la représentation de l'incapacité au travail de travailleurs ayant un trouble musculosquelettique
    Marie-France Coutu (UdeS - Université de Sherbrooke)

    Pour un certain nombre de personnes ayant un trouble musculosquelettique (TMS), il s'agira d'une douleur qui persistera malheureusement dans le temps et pourra contribuer à une incapacité à retourner ou se maintenir au travail. Paradoxalement, selon une perspective médicale, la lésion initiale sera considérée guérie. Ainsi, ces travailleurs n'auront pas de justification, aux yeux de l'entourage, pour légitimer le maintien de l'arrêt de travail. Pour les travailleurs ayant une absence moyenne d'une année à la suite d'un TMS, quelles sont les caractéristiques qui amèneront cette perception de non-légitimité et quels sont les impacts sur le processus de réadaptation au travail? C'est ce que nous aborderons dans cette présentation.

  • Diversité ethnoculturelle comme déterminant de la stigmatisation
    Daniel Côté (IRSST - Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail)

    En plus de difficultés liées à leur insertion socioprofessionnelle (chômage, discrimination à l'embauche, etc.), les personnes issues de l'immigration se heurtent souvent à de multiples obstacles : concentration dans des secteurs à hauts risques en matière de santé-sécurité, précarité du lien d'emploi, surqualification, absence d'initiation à la tâche, faible connaissance de leurs droits, etc. De plus, il existe souvent des barrières linguistiques et culturelles qui peuvent rendre la relation thérapeutique plus difficile et retarder considérablement le retour au travail de ces travailleurs québécois. Il se peut que les intervenants développent, bien malgré eux, des filtres ethnoculturels qui les amènent à classer les immigrants comme une catégorie à risque de chronicité. Ceci a un impact sur la communication thérapeute-patient et sur les conditions de l'alliance thérapeutique, car ces «filtres» ont pour effet de surdéterminer l'issue d'un traitement. Au final, nous proposons une réflexion sur la double stigmatisation que peuvent vivre les immigrants en proie aux préjugés ethnoculturels et relatifs à leur situation de handicap ou d'incapacité au travail.


Cocktail

Échange entre les participants