L’histoire de la vie culturelle montréalaise de la première moitié du 20e siècle est un champ de recherche relativement récent qui s’est construit sur l’analyse de tensions entre les acquis et les changements à partir d’un corpus d’œuvres témoins. L’étude de la réception critique des arts de la scène à la même époque n’a pas été abordée à ce jour, et pour cause : l’étude de cet objet nécessitait des moyens technologiques qui ne sont apparus que récemment. Dès lors que nous avons accès à un certain nombre de données grâce à la numérisation, plusieurs interrogations surgissent : qui étaient les critiques? Quelle était leur formation et quelle position esthétique ont-ils défendue? Jusqu’à quel point leur discours a-t-il influencé le langage des créateurs? Peut-on observer des différences entre les critiques francophones et anglophones?
Autant de questions auxquelles le projet « Regards croisés sur la réception critique francophone et anglophone des arts de la scène à Montréal durant l’entre-deux-guerres : musique, théâtre, danse » mené par l’équipe de recherche Aristarque a tenté de répondre en y insérant la critique anglophone, trop négligée jusqu’à présent, ce qui a eu pour résultat de projeter une vision tronquée de l’activité artistique montréalaise, particulièrement en musique. Par suite d’une collecte de près de dix mille fiches tirées des pages culturelles de la presse montréalaise, l’équipe interuniversitaire a procédé à une analyse par discipline (théâtre, musique et danse). Selon la spécialité de chacun, s’est élaboré un panorama différencié du traitement de la chronique relative aux arts d’interprétation dans les journaux montréalais de la période plus spécifique de 1919 à 1939. Les résultats de cette recherche seront présentés dans le cadre de ce colloque.