Les expressions autochtones contemporaines se caractérisent aujourd’hui par un décloisonnement des catégories artistiques et épistémologiques ainsi que par des expériences d’intermédialité et d’interdisciplinarité, qui reflètent à la fois le remodelage et le désir manifeste d’affirmer la parole autochtone. L’établissement de ponts entre les langages littéraires, artistiques et cinématographiques puise en outre dans la mémoire de certaines expressions traditionnelles telles que la harangue, la narrativité mythologique et l’articulation entre l’oralité et la performativité de certains rituels. Ces reconfigurations artistiques et littéraires, de même que le brouillage de catégories comme l’art et l’artisanat, et l’usage de technologies récentes mènent les créateurs vers de nouveaux points de rencontre disciplinaires et culturels, ouvrant ainsi la voie à des modes d’intervention et à des perceptions, des savoirs et des savoir-faire que l’on voudrait, entre autres, reconnus dans l’espace de la majorité.
Le thème du colloque permettra d'examiner la problématique de ces transferts ou reconfigurations disciplinaires, d’analyser des productions partagées entre différents modes d’expression et de mettre en question les cadres et les transformations des médiums. Il permettra également de s’interroger sur les clivages linguistiques qui ont marqué les cultures autochtones depuis l’adoption de l’écriture et des langues coloniales, ainsi que sur les carences de communication qui caractérisent aujourd’hui les groupes francophones et anglophones.