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Informations générales

Événement : 84e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 300 - Lettres, arts et sciences humaines

Description :

Depuis une quinzaine d’années, on constate un intérêt marqué pour la notion de recueil, considéré par certains comme un genre à part entière. Ce type de production a en effet la particularité de réunir un certain nombre de textes qui, à eux seuls, ne suffiraient pas à constituer un livre, que l’on songe à la nouvelle, au poème ou à l’essai. Plusieurs travaux récents ont porté sur la dynamique particulière de la forme du recueil, entre fragmentation et accumulation, qui amène la lectrice ou le lecteur à osciller entre le caractère unitaire et autosuffisant des textes et les liens qui peuvent s’établir entre eux, du simple fait de leur rassemblement. Comme l’écrit François Dumont à propos de l’essai, l’analyse de recueil nécessite l’examen des « rapports qu’entretiennent la forme colligée et la poétique » (La pensée composée, 1999). Observons enfin que ce mode de composition entraîne des conséquences sur la lecture en raison du phénomène de réticulation « qui conjugue des stratégies textuelles et des stratégies interprétatives » (R. Audet, Des textes à l’œuvre, 2000).

C’est dans un tel esprit que ce colloque invite les participantes et participants à remonter la chaîne des actions, des manipulations textuelles et des étapes éditoriales qui ont mené à la confection d’un recueil destiné à la publication. Il s’agira, en somme, de s’interroger sur l’histoire d’un texte en fonction de sa destination recueillistique. Les chercheuses et chercheurs sont donc invités à choisir un texte : nouvelle, poème ou essai, et à rendre compte de son parcours jusqu’à sa mise en recueil, sous forme de livre, dans une anthologie, voire dans une édition critique. Les communications pourront ainsi s’inscrire dans des travaux en édition critique, en génétique textuelle ou en poétique du recueil. Les présentations s’apparenteront davantage à l’atelier qu’à la conférence afin de favoriser la discussion en toute collégialité autour d’objets ou de questions de recherche en cours.

Date :
Responsables :

Programme

Communications orales

Dans l'atelier

  • Mot de bienvenue
  • Du texte au recueil : éléments d'un parcours
    Louise Dupré (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Dans cette communication, je privilégierai le point de vue de l'écrivain plutôt que celui du théoricien. Je me pencherai sur les réflexions de l'auteur qui, pendant son processus d'écriture, cherche à donner à sa création une cohérence et une unité ‑ ou un sens (une direction) ‑, en tentant d'orienter le lecteur, de favoriser chez ce dernier l'interprétation qu'il souhaiterait. Au stade de la création où il s'agit de rassembler les textes, stade aussi important que l'écriture elle-même, l'auteur a déjà intégré l'image de son lecteur et il poursuit avec ce dernier un dialogue imaginaire.

    Je reviendrai sur deux expériences de création qui ont été les miennes dans le passé: l'assemblage des textes de Tout près (Éditions du Noroît, 1998), un recueil de poésie en prose où sont intercalées des suites poétiques en vers, et l'assemblage des nouvelles de L'été funambule (XYZ éditeur, 2008). Je m'attarderai sur les étapes de ces deux projets, sur les questions que je me posais pendant que je m'efforçais de disposer les textes les uns par rapport aux autres et sur les différences entre la « fabrication » d'un recueil poétique et d'un recueil de nouvelles.

  • L'un et le multiple
    Gilles Pellerin (Cégep Garneau)

    Des forces opposées semblent agir dans le livre de nouvelles : d'une part, chaque texte peut viser à l'autonomie, à la résolution d'une intrigue ; d'autre part, la composition d'un recueil exige, chez de nombreux praticiens du genre dont je fais partie, une vision d'ensemble, l'étalement syntagmatique de ce qui ne serait autrement qu'une somme de paradigmes. À cet égard, il est possible de tracer un parallèle avec les composantes d'une pièce musicale « classique » : ainsi, mon premier recueil, Les sporadiques aventures de Guillaume Untel, était composé sur le modèle de la sonate.

    J'ai eu recours à d'autres stratégies dans les recueils suivants, toutes apparentées à la suite musicale en ceci que les pièces n'y apparaissent pas de manière aléatoire (l'approche est la même quand on monte une anthologie autrement que par ordre alphabétique ou chronologique), avec des exigences particulières pour les textes d'ouverture et de fermeture. Je mettrai en évidence le fait que je travaille plus souvent à partir de constantes que je vois poindre dans la somme des nouvelles en attente de recueil. À l'étape suivante, j'élague puis j'écris de nouveaux textes spécifiquement destinés à répondre à l'état d'esprit du livre en cours d'élaboration.

  • Pause

Communications orales

Dynamiques du recueil (Partie 1)

  • Anne Hébert, du texte au recueil et du recueil à l'œuvre poétique
    Nathalie Watteyne (UdeS - Université de Sherbrooke)

    Les archives d'Anne Hébert regorgent de confidences sur la lecture et l'écriture. Tout au long de la recherche ayant mené à l'édition critique de ses poèmes (PUM, 2013; rééd. 2014), nous avons constitué des dossiers en croisant plusieurs données (textes inédits ou parus dans les périodiques, travail sur les recueils, propos livrés en entrevues, correspondance avec les proches, carnets, manuscrits et dactylographies). Cette imposante documentation éclaire notre compréhension de la genèse et des transformations des textes.

    Des brouillons aux épreuves corrigées, en passant par les listes et les notes éparses, les avant-textes donnent à voir l'écriture ininterrompue de poèmes et l'élaboration progressive de l'œuvre poétique. Les textes, tels que présentés dans l'édition critique, s'offrent à de nouvelles lectures permettant de rétablir une continuité temporelle. Après avoir expliqué comment nous avons tenu compte de la diversité des matériaux qui se trouvent dans le Fonds Anne Hébert[1], nous voudrons offrir une interprétation raisonnée, à partir d'un exemple précis prélevé dans la production des dernières années (1995-1999), pour interpréter le dernier recueil Poèmes pour la main gauche (1997) à la lumière de la production d'ensemble. Si Anne Hébert n'a jamais cessé de lire et d'écrire des vers, et si le dernier texte qu'elle a écrit, quelques mois avant sa mort, est un poème, c'est parce qu'elle se considère d'abord comme une poète, même en prose.

  • Stupeurs et tremblements d'un « sans-nom » dans Arbre-radar de Gatien Lapointe
    Jacques Paquin (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)

    La publication du recueil Arbre-radar, après treize années de silence éditorial, est le résultat d'un intense travail rédactionnel, au cours duquel le poète est passé de l'exaltation à l'angoisse devant l'élaboration d'une poétique qui rompait avec sa première manière. Cette communication va s'attarder sur un poème en particulier, sans titre, mais que nous désignerons par ses premiers mots, « sans nom », et qui constitue la pierre angulaire de l'architecture des poèmes. Point d'orgue de la publication en recueil, ce texte a non seulement été l'objet de diverses hésitations et manipulations sur sa position dans l'ensemble, mais il a aussi suscité un rare commentaire de son auteur en marge de ce poème, un geste qui éclaire la place de ce texte ainsi que la manière dont Lapointe lui-même envisageait son projet de publication.


Assemblée générale

Dîner


Communications orales

Dynamiques du recueil (Partie 1, suite)

  • Entre le pavé et le mille feuilles (J. Brault)
    Jacinthe Martel (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    La composition du recueil Au fond du jardin (1996) est plutôt singulière. À l'exception de trois écrits dont la rédaction est contemporaine du projet, le recueil rassemble des textes issus de 3 séries radiophoniques consacrées à la littérature intime diffusées entre 1978 et 1980. Outre la question du tri, c'est le changement de registre, mis en évidence au moment de la réécriture, qui permet d'identifier divers processus et stratégies qui permettront d'atténuer le caractère descriptif, voire didactique des textes radiophoniques (présentations des auteurs abordés, citations tirées de diverses œuvres, analyses) et de rassembler en recueil un ensemble d'«accompagnements» qui sont autant d'«essais miniatures». Loin d'être la somme linéaire des textes, le recueil reposera sur une structure à l'intérieur de laquelle les textes se font écho de diverses manières.


Communications orales

Dynamiques du recueil (Partie 2)

  • « Os, cartilages, racines » : la désintégration à l'œuvre dans Répertoire des villes disparues
    Sarah Brunet (UdeS - Université de Sherbrooke)
  • Pause
  • Actes de pensée : frontières du recueil d'essais et du collectif savant
    Anne Caumartin (Collège militaire royal de Saint-Jean)

    À une époque où la pensée littéraire se présente de plus en plus en format réduit (Dominic Tardif, Le Devoir, 23 janvier 2016), qu'en est-il de l'essai actuel au Québec? Si le discours essayistique semble favoriser les formes brèves et, corollairement, une pensée par agrégation, une œuvre qui se crée par l'assemblage de textes parfois déjà parus, en quoi cette forme de réflexion sur le monde tel qu'il va diffère des discours qu'offrent les collectifs dits savants? Cette communication s'appuiera sur des textes qui abordent le rôle de l'écrivain et qui accordent à la littérature le pouvoir de « réparer le monde ». À partir du dernier recueil d'essais d'Yvon Rivard, Exercices d'amitié, et du collectif Portrait de l'artiste en intellectuel (David Bélanger et al., dir.), il s'agira de voir comment s'organise différemment la gravitation des textes courts autour d'une même idée.

  • Autobiographie de l'esprit d'Élise Turcotte : étude d'un rassemblement discontinu
    Amélie Aubé Lanctôt (UdeS - Université de Sherbrooke)

    La structure du recueil d'essais Autobiographie de l'esprit est bien particulière. Son auteure, Élise Turcotte, présente l'ouvrage comme une série d'« écrits sauvages et domestiques ». Notre communication aura pour but de cerner ce qui, dans le recueil, présente une unité, par-delà les traits hétérogènes, que nous identifierons aussi. Nous voudrons ainsi montrer que l'essai fait ce qu'il dit lorsqu'il valorise la poétique de la discontinuité. Dans les différentes parties de l'ensemble, il y a la rêverie sur l'écriture qui se déploie tout au long des textes, des propos sur l'esthétique du fragment, sur l'importance du chaos et du désordre à la base de la création, ainsi que sur la résistance et l'empêchement inhérent à l'acte de l'écriture. De plus, l'auteure appuie son dire en tentant une réflexion sur ses propres œuvres. Les thématiques spécifiques à chaque partie du livre : Écrire, Parler et Voir traitent surtout de ce qui inspire l'écriture, l'expérience poétique en tant que telle, et de la mort. Enfin, nous serons attentive à la fonction des illustrations, en plus de faire ressortir l'autonomie des textes présentés dans le recueil.

  • Mot de clôture