Aller au contenu principal
Il y a présentement des items dans votre panier d'achat.

Informations générales

Événement : 84e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 300 - Lettres, arts et sciences humaines

Description :

Loin de se réduire à un simple colloque singulier entre le médecin et son patient, les questions de santé et de maladie impliquent une pluralité d’acteurs engagés dans des relations multiples. Des interactions au sein d’une équipe de soins au dialogue entre un malade et ses proches, en passant par les relations entre un patient et son infirmière, son ostéopathe ou son pharmacien, les rapports entre médecins généralistes et médecins spécialistes ou encore les liens des professionnels de santé à l’administration ou au gouvernement, le monde de la santé est tissé d’une multitude de liens aux formes variées et parfois inattendues. Encore trop rarement traités en tant que tels par l’histoire de la santé, ils en constituent pourtant le cœur vivant puisqu’ils incarnent l’expérience même du soin.

C’est pour combler ce vide historiographique que ce colloque entend se pencher sur l’histoire contemporaine des relations qui traversent, modèlent et déterminent le champ de la santé physique autant que mentale. Tout en explorant leur pluralité et leur diversité dans le monde francophone, cette rencontre se voudra une occasion d’affirmer les relations de santé comme un objet historique à part entière. Du développement des différentes professions de soins à l’émergence et à la prolifération des sciences et technologies médicales, en passant par la médicalisation des consciences et des territoires, la normalisation déontologique et légale des cadres du soin, l’affirmation du patient comme acteur et agent de sa santé ou la transformation des rapports entre santé et société, l’étude historique des relations de santé au cours des 19e et 20e siècles nous offrira l’occasion d’aborder de manière originale l’histoire contemporaine de la santé, tout en participant à l’éclairage, aujourd’hui nécessaire, des fondements historiques et épistémologiques de notre rapport actuel, parfois éminemment conflictuel, à la santé et à ses professionnels.

Date :
Responsable :

Programme

Communications orales

Les relations de santé à l'épreuve de l'espace public

  • Mot de bienvenue
    Alexandre Klein (Université Laval)
  • Aux frontières de l'irresponsabilité médicale : la médecine en procès dans la France du 19e siècle
    Janine Barbot (INSERM - Institut national de la santé et de la recherche médicale)

    En France, tout au long du 19ième siècle, les médecins attaqués devant les tribunaux mettaient en avant, pour leur défense, la thèse de l'irresponsabilité médicale absolue. Selon cette thèse, en dehors des fautes intentionnelles, la conduite d'un médecin dans l'exercice de son art ne pouvait pas être appréciée devant les tribunaux ordinaires. C'est un « mandat illimité » que la société devait lui accorder au lit du malade. Et ce, dans l'intérêt de tous. Cette contribution porte sur les débats qui ont accompagné la remise en cause de cette irresponsabilité médicale, et qui ont abouti, au début du 20ième siècle, à la reconnaissance de l'existence d'un « contrat » entre le médecin et son patient. Ces débats ne sont pas de pure technique juridique, ils opposent différentes conceptions de la relation médecin/malade, différentes manières de penser le statut du patient dans les soins, et le rôle du droit dans la régulation des activités médicales. Cette contribution s'appuie sur l'examen des traités médicaux et juridiques publiés pendant cette période.

  • Quels acteurs derrière la naissance et la diffusion du mouvement communautaire en santé mentale à Montréal? Le cas de la communauté anglophone
    Laurie Kirouac (Université d’Ottawa)

    Depuis le rapport de la Commission d'étude des hôpitaux psychiatriques (Bédard, Lazure et Roberts, 1962), la Politique de santé mentale (1989) et le Plan d'action en santé mentale (2005) dont s'est doté le Québec ont profondément transformé les pratiques institutionnelles et communautaires en matière de santé mentale. Dans la foulée de ces transformations, les organismes communautaires et alternatifs, comme acteurs collaborateurs ou périphériques du réseau de la santé, ont vu leur rôle gagner en importance au cours des dernières décennies. Leur approche de l'intervention et de la relation de soins et de services, souvent ancrée dans une philosophie alternative, a su convaincre et traverser les années. Or qu'en est-il des acteurs derrière la naissance et l'évolution du mouvement communautaire en santé mentale? Qui sont ceux qui, depuis les années 1970-80, se mobilisent dans leur communauté pour assurer la présence du modèle communautaire et alternatif en santé mentale ? Quel(s) modèle(s) de relations de soin et de service défendent-ils et quels moyens utilisent-ils pour se faire entendre ? Quelles évolutions ont connu leurs conceptions et revendications jusqu'à aujourd'hui? C'est à partir de l'étude du cas spécifique des acteurs de la communauté anglophone de Montréal que nous proposons d'offrir des éléments de réponse à ces interrogations.

  • La construction d'un discours de prévention du VIH/sida dans la presse gaie au Québec (1982-1989)
    Gabriel Girard (UdeM - Université de Montréal)

    La socio-histoire de la mobilisation des patients dans le cadre de l'épidémie de VIH/sida a fait l'objet de nombreux travaux. Mais des zones d'ombres subsistent cependant, aux plans géographiques et historiques. En effet, si les mouvements de lutte contre le sida ont été largement étudiés en Europe et aux Etats-Unis, peu d'études ont porté sur les contextes périphériques comme le Québec. Au plan historique, les travaux ont par ailleurs principalement concerné les phases les plus actives et de publicisation, négligeant l'étude des premières années de la mobilisation, pourtant décisives dans la formation des réponses associatives et institutionnelles face au sida. Cette communication propose de contribuer à éclairer les prémisses de la mobilisation des homosexuels contre le VIH au Québec. Pour ce faire, le propos s'appuiera sur une analyse approfondie de la presse gaie québécoise : articles, tribunes et entrevues, publiés entre 1982 (première mention du sida) et 1989 (année de la conférence internationale sur le sida à Montréal).

  • Pause

Communications orales

 Les relations de santé au défi des changements techniques

  • Secours et soins d'urgence : histoire sanitaire d'une relation particulière, le cas de la France du 20e siècle
    Charles-Antoine Wanecq (Sciences Po)

    Cette communication propose d'explorer la question de la constitution de l'urgence à la fois comme méthode d'action sanitaire et comme ensemble de savoirs à appliquer en situation de détresse vitale, à partir du cas de la France du 20e siècle (des années 1920 aux années 1970 notamment). Si le monde militaire et le temps de guerre sont des matrices anciennes de l'élaboration d'une doctrine de l'urgence médicale, il semble intéressant d'étudier les transferts au monde civil, tout en observant les conditions d'émergence de services hospitaliers ou secouristes pour les accidents du temps de paix. A partir de ce cadre, la communication pourra interroger la spécificité de la relation entre le patient, en situation de grande vulnérabilité ou inconscient, et les acteurs que l'urgence fait intervenir (médecin, infirmier, ambulancier, secouriste, pompier, policier). La diversité de ces derniers et la temporalité particulière de l'accident ou du malaise contribuent à créer des discours autour du malade ou blessé ; la relation se trouve alors saturée d'un ensemble de gestes et de protocoles, tendant à transformer le traditionnel colloque singulier en véritable colloque technique. Cette présentation se fondera sur une lecture croisée de travaux médicaux (thèses, articles scientifiques, manuels) et d'archives des institutions prenant en charge les urgences (ministères de la Santé et de l'Intérieur, Assistance Publique-Hôpitaux de Paris, Préfecture de Police de Paris).

  • L'informatisation du système de santé belge : conséquences pour la médecine générale
    Christoph Schweikardt (ULB - Université Libre de Bruxelles)

    Depuis les années 1980, l'informatisation successive du systéme de santé belge s'est imposée à la médecine générale dans les domaines suivantes: (1) la classification de l'information médicale dans le dossier médical informatisé (DSI); (2) la standardisation des logiciels; (3) la recherche et la qualité des soins à partir des données informatisées; et (4) l'échange des données à caractère personnel entre les prestataires des soins.

    Basé sur des documents officiels (notamment eHealth, du gouvernement national et des gouvernements régionaux), sur des rapports sur l'informatisation, et sur les publications des acteurs, cette présentation cible les développements clé de l'informatisation du système de santé et leurs conséquences pour la médecine générale dans le contexte belge.


Assemblée générale

Dîner


Communications orales

Les relations de santé dans l'espace institutionnel

  • Les usages du malade : aspects « utilitaires » des interactions en milieu hospitalier à Bruxelles (1870-1930)
    Valérie Leclercq (ULB - Université Libre de Bruxelles)

    Dans l'hôpital de la fin du 19e et du début du 20e siècle, le corps des malades pauvres est l'objet de nombreuses sollicitations. Objet de la leçon clinique, il est également présenté par les médecins hospitaliers dans les sociétés savantes ; il est matière de recherche, d'expérimentation ; mort, il est disséqué pour le bénéfice des étudiants et autopsié pour celui des pathologistes. L'administration hospitalière, les religieuses, les infirmiers se reposent en outre sur sa capacité laborieuse pour assurer le fonctionnement quotidien de l'institution. La réalité de ces différents usages est au cœur de la relation qui unit soignants et malades au sein de l'hôpital. Les pratiques « utilitaires » hospitalières définissent des espaces, des temps d'interactions, des gestes – souvent non-thérapeutiques – qui leur sont propres ; elles nourrissent les suspicions du public pauvre à l'encontre de ceux qui les soignent ; elles influencent aussi le regard des soignants envers les malades qui deviennent « matériel clinique », matière d'entraînement, etc. Basé sur l'analyse d'un corpus d'archives hospitalières et de publications éthico-juridiques, cet exposé cherchera à montrer comment les pratiques « utilitaires » se déploient dans l'hôpital, comment celles-ci sont encadrées par le discours déontologique de l'époque et sont perçues par les patients.

  • Vivre ensemble l'expérience sanatoriale des années 1910 aux années 1960 : une histoire des émotions dans les relations de santé
    Julien Gaillard (Université de Poitiers)

    Ce propos entend donner des éléments de compréhension sur l'espace et le rôle, complexes, joués par les émotions dans les relations de santé dans un contexte de maladie, ici la tuberculose. Ce contexte de « maladie » est compris, ici, au sens large : il comprend l'évolution dans le temps de la maladie : les temps du soupçon, le doute, la traque du « signe », du « symptôme », de l'annonce de la maladie. Ce « découpage » articule cette étude en étudiant, par le prisme des émotions, les relations de service engageant des professionnels et un public (entourage, personnel soignant, etc.) au sein d'un dispositif hospitalier en l'occurrence, ici, le sanatorium de la période allant des années 1910 (avec les deux lois de 1916 et 1916 qui obligent chaque département à se pourvoir d'un sanatorium) jusqu'aux années 1960 et la découverte des antibiotiques marquant la fin de l'« âge d'or des sanatoriums ». Les émotions sont au cœur des interactions impliquant les relations entre individus. En effet, les situations où un individu se remet – consciemment ou non, temporairement ou non – à un tiers impliquent des émotions plurielles, variables et parfois ambivalentes tant pour la personne recevant le soin ou service, que celle qui le donne. Il s'agira alors d'analyser la manière dont les émotions s'expriment dans les « relations de santé », tant d'un point de vue empirique que normatif, et de nous interroger sur la place qui leur est faite dans nos analyses.

  • Pause
  • Le moment du contact : les entretiens médecin-malade dans un hôpital psychiatrique colonial (Algérie, 1933-1963)
    Paul Marquis (Sciences Po Paris)

    Entre 1933 et 1963, plusieurs milliers de malades « Indigènes » et « Européens » sont hospitalisés au sein de l'établissement psychiatrique de Blida-Joinville [HPB]. Au cours de leur internement, chacun d'entre eux fait l'objet d'un ou plusieurs entretiens individuels avec le médecin-chef dont ils dépendent. Bien que peu fréquents, ces entretiens présentent toutefois un double intérêt : outre qu'ils permettent d'approcher sous un angle original la question du « contact colonial », ils représentent aussi l'un des rares moments où les psychiatres sont en relation directe avec leurs malades. Comment entendre et faire entendre ce qui se dit dans le bureau du médecin-chef ? Pour répondre à cette interrogation, cette enquête s'appuie notamment sur la consultation des dossiers médicaux des malades de l'HPB. Si les échanges entre psychiatres et malades n'y sont jamais intégralement retranscrits, une lecture attentive des dossiers permet toutefois d'approcher ce qui se joue au cours des interrogatoires.

  • Les appels à l'aide des familles et les soins psychiatriques dans un contexte de déhospitalisation (1972-2002)
    Marie-Claude Thifault (Université d’Ottawa)

    La réforme du système de santé mentale en Ontario, basée sur le rapport More for the Mind (1963), visait à transférer les ressources en matière de santé mentale vers la communauté. De telles ambitions allaient de pair avec une réduction du temps d'hospitalisation sur les départements de psychiatrie en faveur d'un suivi en clinique externe. Cette nouvelle façon de traiter les troubles psychiques, dans les faits, s'appuyait fortement sur la collaboration de la famille pour que les patients puissent rapidement réintégrer le milieu familial. L'approche microhistorienne nous a permis de saisir, dans les notes enregistrées dans les dossiers médicaux interne et externe de l'Hôpital Montfort (1972-2002), quelques traces sur l'expérience de la déhospitalisation telle que rapportée aux soignants par les proches de personnes atteintes de troubles mentaux sévères et persistants. Ce colloque sur les relations de santé sera l'occasion pour nous de traiter de la relation entre les soignants et les familles des personnes suivies en psychiatrie.

  • Synthèse et conclusions
    Alexandre Klein (Université Laval)