Informations générales
Événement : 84e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 200 - Sciences naturelles, mathématiques et génie
Description :La conservation des territoires naturels doit s’appuyer sur des connaissances scientifiques solides. Ceci est une nécessité pour assurer les effets à long terme des cibles de conservation sur les populations humaines, animales et végétales. Pour optimiser les retombées, l’acquisition des connaissances scientifiques doit être réalisée de concert par les acteurs du milieu de la recherche et ceux du milieu de la conservation. Le colloque proposé permettra de rassembler ces acteurs au cours d’une journée de présentations sur des questions de recherche cruciales pour la conservation du territoire (érosion côtière, connectivité terrestre, connectivité aquatique, services écologiques, réseaux de suivi) et sur la détermination des besoins de connaissances par les organismes de conservation. Les acteurs pourront discuter des moyens à mettre en œuvre pour une collaboration optimale, qui favorise à la fois les retombées de la recherche et de la conservation.
Date :- Marie Larocque (UQAM - Université du Québec à Montréal)
- Kateri Monticone (CNC - Conservation de la nature Canada)
Programme
Ouverture du colloque
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Mot de bienvenueJoël Bonin (CNC - Conservation de la nature Canada), Marie Larocque (UQAM - Université du Québec à Montréal), Catherine MOUNIER (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Les enjeux de la science et de la conservation
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Le futur du réseau d'aires protégées au Québec : le plus dur reste à faireLouis Bélanger (Université Laval)
Au cours de la dernière décennie, plus a été fait pour mettre en place un réseau représentatif d'aires protégées au Québec qu'au cours de tout le XXe siècle. Toutefois, malgré cet effort remarquable, certains enjeux de conservation stratégiques restent à résoudre. La conservation des écosystèmes naturels dans la trame habitée du sud du Québec, la création d'aires protégées autochtones et la mise en place des grandes aires protégées « caribou » n'en sont que quelques exemples. Dans un certain sens, ce sont les enjeux de conservation les plus difficiles, soit ceux posant les défis politiques et économiques majeurs, qui domineront l'agenda de la conservation des prochaines années. L'objectif de cette présentation sera de faire un tour rapide de cet agenda.
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Améliorer l'efficacité des collaborations chercheurs-acteurs de la conservationHeather BARNA, Nicolas Lapointe (Fédération canadienne de la faune), Marie A. TREMBLAY
Pour améliorer les collaborations chercheurs-acteurs de la conservation, nous avons examiné les stratégies de plusieurs organismes canadiens voués à la conservation. Ces stratégies comprenaient : établissement des listes de priorités de recherche, identification des partenaires scientifiques, partage des ressources, précision et obtention des produits livrables, utilisation des résultats et mesures de succès des collaborations. Le financement, largement considéré primordial, est souvent une limite pour la plupart des organismes. D'autres ressources peuvent être considérées : accès au territoire et aux données, hébergement, équipement et expertise. La publication d'articles scientifiques est souvent le livrable souhaité par les organismes en conservation. Cependant, d'autres livrables sont généralement acceptés : rapports, base de données, revues de littérature et ateliers ou séminaires dirigés par les chercheurs pour partager leurs connaissances aux acteurs de la conservation. Pour s'assurer de la réception des livrables, des contrats devraient être signés et un suivi entre les collaborateurs devrait être fait au besoin. La participation des acteurs de conservation à la recherche est importante afin de s'assurer de répondre aux priorités de conservation. Les organismes de conservation peuvent développer des systèmes pour utiliser et mettre en pratique les résultats de recherche, comme la documentation des projets et le partage des résultats au-delà de l'équipe du projet.
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La science appliquée à la conservationMarie Larocque (UQAM - Université du Québec à Montréal), Kateri Monticone (CNC - Conservation de la nature Canada)
La recherche scientifique appliquée aux problématiques de conservation du territoire est un domaine en effervescence partout dans le monde. Le Québec ne fait pas exception et de nombreux projets sont menés par les chercheurs, par les organismes de conservation et en collaboration entre les groupes d'acteurs sur un ensemble de problématiques. L'objectif de cette présentation est de faire un état des lieux de la recherche en conservation au Québec. Une revue des grands enjeux de la recherche en conservation au Canada et ailleurs dans le monde sera d'abord réalisée. Des exemples de cas seront ensuite présentés pour le Québec, mettant en évidence les collaborations actuelles et souhaitées entre différents groupes sur des thématiques ciblées.
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Conservation de la biodiversité et adaptation aux changements climatiques : points de rencontre obligés pour la rechercheRobert Siron (Ouranos)
Cette présentation met en parallèle les approches de conservation et d'adaptation aux changements climatiques (CC) en démontrant qu'elles sont complémentaires, voire dans bien des cas indissociables. La biodiversité subit déjà les effets des CC et cela aura des conséquences sur la structure et le fonctionnement des écosystèmes à long terme. D'un autre côté, la biodiversité nous procure des services écologiques dont certains contribuent à réduire nos vulnérabilités face aux CC. Maintenir les services écologiques et les favoriser, doit donc être au centre des stratégies d'adaptation et dans ce contexte la recherche appliquée à la conservation est essentielle. La conservation des milieux naturels doit aussi s'alimenter d'études sur les impacts et l'adaptation aux CC pour rester efficace à long terme. Pour illustrer ces propos, nous présenterons quelques exemples de résultats tirés de projets en R&D réalisés récemment dans le programme Écosystèmes et biodiversité d'Ouranos, consortium scientifique sur la climatologie régionale et l'adaptation aux CC. Ces projets ont porté sur divers aspects de la problématique : les impacts des CC (sur les espèces menacées/vulnérables, envahissantes, vectrices de maladie), la vulnérabilité des habitats (aquatiques, nordiques, milieux humides), le rôle des services écologiques ainsi que sur l'aménagement du territoire et la gestion des milieux naturels (réseau d'aires protégées, corridors écologiques, suivi de la biodiversité).
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Pause
Tandems chercheurs-acteurs de conservation (Partie 1)
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Application de l'espace de liberté des cours d'eau dans un contexte de conservationPascale Biron (Université Concordia), Sébastien RIOUX (Fondation de la faune du Québec)
La gestion des cours d'eau basée sur des concepts hydrogéomorphologiques fait de plus en plus consensus, car elle permet de rendre le système fluvial plus résilient, et procure des habitats fauniques de meilleure qualité. Ces approches de gestion peuvent prendre la forme de la protection d'un espace de liberté, qui inclut l'espace nécessaire à la migration des méandres ou encore d'un espace d'inondabilité. Puisque l'espace de liberté comprend une bande riveraine élargie et les milieux humides riverains, il favorise le mouvement de plusieurs espèces terrestres, mais a aussi des effets bénéfiques pour la faune vertébrée qui bénéficie d'une plus grande hétérogénéité. En milieu agricole, où les cours d'eau sont fortement anthropisés (linéarisation, dragage), il est plus réaliste de viser un mode de gestion intermédiaire qui ne permet pas à l'ensemble des processus naturels d'opérer, mais qui peut réduire la fréquence d'entretien des chenaux. Les chenaux à deux niveaux sont en ce sens prometteurs car ils impliquent un faible élargissement du chenal, et donc une meilleure acceptabilité sociale, et permettent de reconstituer un chenal en équilibre avec les conditions environnementales plutôt qu'une forme trapézoïdale simple très éloignée des dimensions naturelles des cours d'eau. L'applicabilité de l'espace de liberté et des chenaux à deux niveaux sera discutée d'un point de vue théorique et appliqué.
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Valeur écologique et menaces aux milieux naturels côtiers : une approche d'analyse intégrée et complémentairePascal Bernatchez (UQAR - Université du Québec à Rimouski), Marie-Josée CÔTÉ (MDDELCC - Ministère du Développement durable, de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques), Benoit JOBIN (Environnennement Canada), Annie Lebel (Bureau d’écologie appliquée), Kateri Monticone (CNC - Conservation de la nature Canada), Chantal Quintin (UQAR - Université du Québec à Rimouski)
Dans le cadre d'un projet de recherche visant à évaluer les effets du coastal squeeze sur les écosystèmes côtiers de l'estuaire et du golfe du Saint-Laurent, un premier portrait de la superficie des milieux naturels sableux et des marais maritimes a été réalisé par l'UQAR. Les obstacles d'origine naturelle et artificielle susceptibles de freiner la migration naturelle des écosystèmes côtiers vers l'intérieur des terres en contexte de hausse du niveau marin relatif ont également été identifiés. Les principales conclusions indiquent que ces milieux sont fortement affectés par l'urbanisation et l'érosion côtière et que leur potentiel de migration dans une telle situation sera plutôt faible. Or, ces écosystèmes jouent un rôle majeur pour un grand nombre d'espèces végétales et animales dont certaines sont menacées et contribuent au maintien de la qualité de vie des collectivités en offrant des services écologiques variés. Des plans de conservation des habitats côtiers sont d'ailleurs actuellement en production.
Nos organisations collaborent à un projet pilote afin de mieux évaluer les impacts des changements climatiques et des interventions humaines sur les milieux naturels localisés sur la rive sud de l'estuaire maritime, entre Trois-Pistoles et Cap-Chat. Cette collaboration entre scientifiques et organismes œuvrant dans la conservation est un exemple à suivre pour une prise en compte optimale des aléas côtiers dans la réalisation d'un plan de conservation des milieux naturels.
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Protéger la biodiversité et les services écologiques des milieux humides : recherche, applications et cadre légalAndréanne Blais (Conseil régional de l'environnement du Centre-du-Québec), Sophie LAVALLÉE (Université Laval), Monique POULIN (Université Laval)
Malgré leur grande diversité et leur apport important en services écologiques, les milieux humides sont parmi les écosystèmes les plus affectés par les activités anthropiques sur la planète. Au Québec, on estime que 567 km2 de milieux humides ont été perdus ou perturbés au cours des deux dernières décennies. Des approches ont été développées pour élaborer des réseaux de conservation des milieux humides qui tiennent compte à la fois des services écologiques et de la biodiversité. Ces approches se basent notamment sur la complémentarité entre les sites et intègrent des considérations spatiales liées à l'apport et à la demande en services écologiques. Dans un contexte de planification systématique à l'échelle régionale, ces approches optimisent les coûts pour atteindre les cibles de conservation. Qu'en est-il de leur applicabilité par les organismes de conservation locaux et de leur adaptabilité à différentes régions? Comment ces approches peuvent-elles servir les objectifs de compensations qui devraient idéalement être exigés par la nouvelle législation entourant les autorisations environnementales au Québec? Cette présentation dresse un portrait des avancées de la recherche en conservation des milieux humides, de cas concrets pour la région du Centre-du-Québec et du cadre légal qui pourrait faciliter l'opérationnalisation des compensations.
Pause lunch
Tandems chercheurs-acteurs de conservation (Partie 2)
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Comparaison des effets des coupes partielles et totales sur la biodiversité et les écosystèmes forestiers : pourquoi c'est important pour Kenauk Nature et pour les scientifiques?Philippe Nolet (UQO - Université du Québec en Outaouais), Liane Nowell (Institut Kenauk)
Le territoire de Kenauk, situé au nord de Montebello en Outaouais entre Montréal et Ottawa, constitue le plus grand territoire privé d'un seul tenant au Québec. Dominés pas des peuplements forestiers d'érablières, ce territoire est aussi riche en biodiversité qu'en histoire. Dans le cadre de cette présentation, nous dresserons un historique rapide de l'utilisation du territoire au gré des changements de propriétaires. Après avoir brossé un portrait biophysique du territoire, nous insisterons particulièrement sur les coupes par bandes qui ont été le principal outil d'aménagement forestier pendant plus de deux décennies et aussi sur l'importance de la conservation et de la biodiversité pour les nouveaux propriétaires. Nous expliquerons également comment ces nouveaux propriétaires avec des intérêts variés interagissent dans la gestion de Kenauk. D'un point de vue scientifique, le territoire de Kenauk recèle également de nombreux intérêts. Nous approfondirons plus explicitement sur la pertinence scientifique de comprendre les effets à long termes des coupes totales (bandes) et des coupes partielles sur la biodiversité dans son ensemble et expliquerons l'importance de cette comparaison pour Kenauk, bien évidemment, mais aussi pour l'aménagement forestier en général. Enfin, nous conclurons sur les défis et opportunités que représente le montage d'un projet scientifique dans lequel de multiples propriétaires et des chercheurs de multiples institutions sont impliqués.
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Connectivité : relier les paysages, la biodiversité et les services écologiques tout en améliorant la participation et la prise de décision, Geneviève POIRIER-GHYS (Centre de la Nature du mont Saint-Hilaire)
La capacité des écosystèmes et des communautés à s'adapter aux changements climatiques dépendra de notre aptitude à créer des paysages durables, diversifiés et résilients. Des recherches ont été réalisées pour développer un cadre méthodologique et identifier un réseau écologique pour la région de Montréal. Ce projet portait sur trois objectifs : 1) Évaluer comment la connectivité écologique a changé au cours du 20e siècle ; 2) Évaluer comment la connectivité influence la biodiversité et les services écologiques ; 3) Concevoir un réseau écologique résilient qui tient compte de l'utilisation actuelle des terres et des changements climatiques. Le cadre méthodologique se fonde sur des recherches de terrain, des analyses SIG et des entretiens avec les parties prenantes. Des scénarios de modélisation pour l'année 2050 ont identifié les éléments prioritaires devant être protégés et restaurés. Ce projet a créé un partenariat entre le gouvernement, des municipalités, des organismes de conservation et des propriétaires privés. En utilisant ce projet comme exemple, la présentation exposera les avantages pour une université et pour un organisme de conservation de travailler conjointement en valorisant les compétences de chacun. Nous vous présenterons comment des projets de recherche peuvent dépasser l'acquisition et la transmission de connaissances afin d'être utilisés comme des outils de mobilisation dans le but de favoriser des actions concrètes pour la protection de la biodiversité.
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L'évaluation économique de la biodiversité et des écosystèmes : de la théorie à la pratiqueJérôme Dupras (UQO - Université du Québec en Outaouais), Jean-Patrick TOUSSAINT (Fondation David Suzuki)
Les services écosystémiques réfèrent aux bénéfices produits par la biodiversité et les écosystèmes et qui participent à la qualité de vie des communautés. Une tendance relativement récente vise à monétariser ces services et à intégrer aux processus de prise de décision les indicateurs économiques qui en découlent. Toutefois, le passage de la théorie à la pratique s'avère laborieux et l'intégration des services écosystémiques aux politiques publiques et privées ne s'observe que rarement au Québec. Cette conférence vise à illustrer les enjeux académiques et pratiques liés à cette démarche et à les contextualiser à la lumière d'expériences académiques et organisationnelles. Pour ce faire, l'exemple de la trame verte et bleue du Grand Montréal servira de toile de fond à a discussion.
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Pause