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Informations générales

Événement : 83e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 600 - Colloques multisectoriels

Description :

La notion de territoire maritime est multiple : territoire d’usages, territoire habité, territoire juridique, territoire social, territoire symbolique. Ces différentes perceptions sont en cours de transformation suivant les nouvelles visions de l’environnement. Il y a réappropriation du domaine maritime par les collectivités humaines dans un souci de protection et de conservation. Cette réappropriation est parfois forcée, parfois réclamée, menant à des demandes, parfois à des luttes. Des zonages apparaissent. Les usages se modifient. Les utilisateurs de la nature doivent en devenir les protecteurs (pêche responsable, tourisme vert, écocertification). La démarche scientifique se transformet-elle aussi ? Comment conserver s’ajoute à comment utiliser. La notion de développement durable fait place à la « conservation pour l’harmonie homme-nature » (Objectifs d’Aïchi).

Le colloque proposé, d’une durée d’une journée, vise à mettre la question – et l’évolution – de la notion de territoire maritime dans une perspective systémique et interdisciplinaire. Les conférences seront regroupées autour de deux grands thèmes :

1) Le territoire comme relation homme-nature
– Quelle relation homme-nature? Historique et évolution; valeurs et usages;
– Droits humains et droits de la nature : bien commun, intérêt général, intérêts particuliers;
– Organisation du territoire : espace de production et espaces protégés; conservation; l’exclusion territoriale; écolabels et écocertifications;
– La vision des usagers.

2) Les paradigmes de la recherche
– La protection de l’environnement comme nouvelle priorité;
– Quelle gestion écosystémique? Gouvernance, définition et participation des acteurs;
– Droit des affaires, droits humains, droits de la « Terre-Mère » : vers un nouveau cadre juridique;
– Gains et pertes associés à la conservation; bénéfices écosystémiques;
– Inclusion des acteurs dans la création du savoir.

Date :
Responsables :

Programme

Communications orales

Ouverture du colloque

  • Mot de bienvenue
    Jean-Claude Brêthes (UQAR - Université du Québec à Rimouski)
  • Le concept de déterritorialisation appliqué au territoire
    Dominic Desroches (Collège Ahuntsic)

    Cette courte présentation du concept de déterritorialisation expliquera la genèse du concept de déterritorialisation dans l'œuvre de Deleuze et Guattari (L'Anti-Œdipe, 1972 et Mille plateaux, 1980), mais aussi sa possible « application » au territoire physique. Nous partirons d'exemples concrets pour montrer comment ce concept, né dans le cadre d'une analyse de l'œuvre de Freud, permet de repenser notre rapport à notre environnement actuel. Et si le territoire n'avait pas les limites physiques que nous lui octroyons d'ordinaire ou que, par la pensée, il était possible de « décontextualiser » un concept voire un objet de telle manière que nous pourrions ensuite assurer son actualisation dans d'autres contextes ? Les questions sont posées.


Communications orales

Le territoire comme système de relation homme-nature

  • Les sentinelles s'épient
    Pierre Béland (À determiner)

    La rencontre fortuite du cadavre d'un béluga sur la rive du Saint-Laurent a changé ma vie de chercheur scientifique et ma perception de l'avenir du milieu naturel. Notre équipe a démontré que cette espèce mourait de la pollution sous toutes ses formes. En vertu de sa position au sommet des chaines alimentaires, nous l'avons surnommée « sentinelle du Saint-Laurent ». Pour la préserver, je suis devenu vulgarisateur, animateur radio-télé, commissaire au BAPE, Président de la CMI, agent actif dans la protection légale de leur aire de distribution, et activiste parmi des opposants à un projet économique majeur. Aujourd'hui, nous sommes tous devenus des « sentinelles du Saint-Laurent ». Il existe nulle-part de cas plus patent que le béluga illustrant la réalité des deux solitudes que sont le développement économique et la conservation du milieu naturel. Pendant que les sentinelles s'observent, il ne se passe pas une année sans qu'un promoteur ne propose un projet constituant une nouvelle menace. Comment se peut-il que la somme des témoignages répétés et appuyés venant de toutes origines n'ait toujours pas résolu le dossier des bélugas ? La réponse: la multitude des lois et règlementations qui protègent le milieu naturel et une espèce comme le béluga sont inefficaces et que de la poudre aux yeux. Avoir dû faire appel aux tribunaux pour arrêter des travaux dans l'habitat du béluga est le constat d'un échec de toute la démarche qu'ont entreprise nos élus pour protéger le milieu naturel.

  • Les espèces emblématiques : dangers et possibilités de la survalorisation
    Louis-Etienne Pigeon (Université Laval), Jimmy VOISINE (Université Laval)

    Les espèces emblématiques font partie inhérente de notre univers culturel. Nous les retrouvons sur les drapeaux, dans les livres, dans la publicité et au sein des histoires populaires. Nous pouvons identifier trois types de mécanismes par lesquels ces animaux accèdent à un statut privilégié dans leur rapport à l'être humain : des mécanismes psychologiques, écologiques et finalement symboliques. Or, si ces animaux sont en quelque sorte « sur valorisés », la pratique démontre que ce statut ne garantit pas leur survie ou encore qu'elle ne s'inscrit pas toujours dans une stratégie efficace de valorisation équivalente des environnements qui les soutiennent. En réponse à cette problématique, nous avançons l'idée selon laquelle une valorisation des espèces emblématiques devrait se faire sur la base de l'appartenance de celles-ci à des communautés biotiques spécifiques et que cette même appartenance devrait être la source d'une normativité stratégique qui définit les orientation et les limites des stratégies de conservation entourant les espèces emblématiques.

  • L'espace de production des pêcheurs de homard des Îles-de-la-Madeleine : un territoire dynamique
    Stéphanie Labbé-Giguère (UQAR - Université du Québec à Rimouski)

    La gestion écosystémique des espaces maritimes nécessite la prise en compte des processus spatiaux et temporels des pêcheries. L'exploitation du homard aux îles de la Madeleine est ici intéressante. La possibilité de création d'une aire marine protégée nécessite de regarder les interactions entre les impératifs de conservation et le maintien de l'importante activité halieutique. L'approche utilisée consiste à combiner l'expérience des pêcheurs et des données quantitatives sur les débarquements. Ces démarches permettent d'obtenir une vision intégrée de l'utilisation du territoire marin en termes d'espace de production et d'espace propice à la conservation. Les analyses quantitatives montrent que le territoire de pêche n'est pas homogène. Il existe une structure géographique marquée, avec des dynamiques temporelles différentes entre les régions. L'analyse des données d'enquête auprès des pêcheurs indique que l'espace de production n'a pas changé au fil du temps, mais que son utilisation est dynamique et en évolution. La complémentarité des approches a permis d'associer les variations annuelles et saisonnières des rendements de pêches avec des changements de l'abondance de la ressource, des changements sociaux-économiques et des modifications dans la stratégie de quête de la ressource par les pêcheurs. La connaissance de la dynamique de l'exploitation et des facteurs qui la contrôle devrait permettre d'ajuster les décisions de conservation aux contraintes économiques et sociales.

  • Du fleuve au territoire à habiter : notes sur l'œuvre de Pierre Perrault
    Dominic Desroches (Collège Ahuntsic)

    Jacques Cartier est sans aucun doute le premier poète du Saint-Laurent. En 1535, il le décrivait et, cherchant à le mesurer, il composait sur lui un poème. Perrault dira que le fleuve est trop grand et qu'il n'a ni mot ni littérature pour le comprendre. « J'ai fait un petit poème sur un grand fleuve », résumera-t-il, en 1999, peu de temps avant sa mort. Cela doit nous faire réfléchir. Donnant la parole aux habitants de l'Île-aux-Coudres, il aura cherché, à travers ses documentaires de cinéma direct, à comprendre le Québec moderne à partir du fleuve. Le travail de Perrault, de la série Au pays de Neuvfe-France (1956) au cycle abitibien (1980) en passant par Pour la suite du monde (1963) et les Voitures d'eau (1968), le poussera non seulement à remonter tout le fleuve, en le naviguant comme Cartier en partant de Saint-Malo (La grande allure, 1985), mais aussi à étudier le nord du Québec (Mouchouâpini, 1980). Perrault s'est intéressé au territoire et à ses habitants, mais aussi à tout l'écosystème, des racines, aux eaux et aux animaux. Cette communication veut montrer que Perrault est un poète, un cinéaste, un passeur de mémoire, mais aussi un penseur du territoire. L'analyse de son œuvre cinématographique nous plonge dans une remise en question de tout ce que nous pensions savoir sur nous-mêmes et sur notre environnement.

  • L'espace maritime : une gestion sans gestion?
    Marie-Michèle Couture (UQAR - Université du Québec à Rimouski)

    Le mot « gestion » est omniprésent dans l'univers du développement durable maritime. On n'a qu'à penser au concept de gestion intégrée des zones côtières (GIZC) pour s'en convaincre. Pourtant, les chercheurs en sciences de gestion sont quasi absents de ce champ de recherche par ailleurs florissant.

    D'un certain point de vue, on pourrait prétendre que le développement durable ne concerne pas directement les Sciences de gestion. En effet, le développement appartient plutôt aux Sciences économiques et le durable aux Sciences de l'environnement. Le développement s'adresse principalement aux affaires publiques, alors que la gestion s'intéresse davantage aux affaires privées. Enfin, l'aspect durable s'attache particulièrement à la protection/conservation de l'environnement, tandis que la gestion est plus connue pour viser sa mise en valeur.

    D'autre part, une question semble rester toujours entière pour la GIZC : s'agit-il d'une gestion de l'environnement qui tient compte du développement ou d'une gestion du développement qui tient compte de l'environnement? La première approche a clairement dominé jusqu'à présent au Québec, mais la seconde semble actuellement faire une entrée fracassante avec la Stratégie maritime du gouvernement en place. Et il y a fort à parier que les Sciences de gestion seront maintenant interpellées. Pourront-elles participer à l'élaboration d'un langage commun afin d'éviter que le fossé ne se creuse davantage entre les tenants du développement et ceux du durable

  • Dîner

Communications orales

Les questions de la recherche

  • Le territoire en tant que système sociopatrimonial
    Léa Sébastien (Université de Toulouse II - le Mirail)

    Le territoire met en avant la dualité homme-nature en mêlant morphologie de l'espace et subjectivité du regard. Nous proposons d'accepter la mouvance du concept dfe territoireet d'approfondir l'analyse de cette complexité territoriale en tant que nœud interactionnel des relations sociales et des relations au patrimoine. Nous opérationnalisons cette définition par un modèle de diagnostic territorial intitulé l'Acteur en 4 Dimensions qui permet de constituer des empreintes territoriales propres à chaque acteur, une radiographie synchronique des liens sociaux et patrimoniaux sur un territoire. Nous illustrons notre approche par l'étude des Barthes de l'Adour, zones humides situées dans le sud-ouest de la France regroupant une trentaine de communes réparties sur un cordon de 80 km longeant l'Adour allant de Dax à l'embouchure du fleuve. Ces espaces sont en recherche de statut et d'identité fonctionnelle du fait de leur position particulière, entre terre et eau, entre eaux marines et eaux continentales douces. Les Barthes font face à plusieurs enjeux : disparition de l'élevage, urbanisation, assèchement et manque d'attachement par les locaux. Nos résultats montrent que l'étude des liens sociaux ne peut se faire indépendamment du contexte dans lesquels ils sont ancrés et inversement, que les liens homme-nature existent par le biais de relations sociales. La zone humide, emblème des Barthes, fait et défait du lien social sur le territoire.

  • Les acteurs présents et absents dans la gouvernance d'une aire marine protégée : le cas du Cap-Vert
    Raphaëlle Dancette (UQAR - Université du Québec à Rimouski)

    Archipel découvert par les Portugais en 1460, plate-forme pour la traite négrière, indépendant en 1975, le Cap-Vert s'est développé au gré de l'exploitation de ses ressources humaines et naturelles (esclaves, charbon, sel, chasse baleinière, et pêche). Aujourd'hui peuplées de descendants de ces Européens et Africains plus ou moins métissés, ses dix îles présentent des caractéristiques écologiques et socio-économiques variées. À Maio, la gouvernance liée à la création et la mise en oeuvre d'une aire marine protégée reflète ces enjeux historiques, ainsi que les enjeux plus récents du développement économique (essentiellement basé sur les services) du pays qui a quitté le groupe des pays les moins avancés de l'ONU en 2007. Certains acteurs font partie du processus de gouvernance et des résultats visés par celle-ci, alors que d'autres ne sont intégrés que dans l'un de ces deux volets de la gouvernance (processus ou résultats). En fonction de leur pouvoir dans la gouvernance et de leur potentiel d'intervention dans celle-ci, on caractérise ces acteurs comme étant présents - forts ou faibles, ou absents (non humains ou non contemporains). Cet exposé présentera les acteurs de la gouvernance marine à Maio, leur vision de leur territoire maritime et de sa gouvernance. Elle comparera cette gouvernance désirée à la gouvernance officielle (affichée et visible) et proposera des recommandations pour une plus grande intégration de ces acteurs à la gouvernance du territoire maritime.

  • Aménagement des espaces insulaires et diversité : la gestion des aires protégées littorales et marines au Cap-Vert
    Fortes Benchimol Maria Celeste (Université du Cap-Vert)

    La République du Cap-Vert constitue l'espace d'étude de ce travail. Cette présentation analyse le rôle des aires protégées marines et côtières dans l'aménagement du territoire ainsi que divers aspects de la gestion d'un petit état-archipel vulnérable et pauvre.

    L'analyse des modes de gestion montre une évolution de l'utilisation et de la gestion des ressources naturelles et du développement socio-économique: les modes d'utilisation traditionnels et extensifs des ressources terrestres qui caractérisaient la période coloniale sont graduellement remplacés, depuis l'indépendance en 1975, par des modes de gestion fondés sur une utilisation plus intensive des ressources marines et côtières.

    L'actuel état de conservation du patrimoine environnemental, le développement économique et l'aménagement du territoire de l'archipel s'expliquent par l'évolution historique des politiques économiques et environnementales. Deux études de cas, fondées sur deux zones témoins aux problématiques différentes, l'île de Santa Luzia et la baie de Murdeira, analysent les problèmes d'aménagement et de gestion à l'échelle locale. Fondées sur la prise en compte des objectifs, des souhaits et des besoins des populations locales, ces études mettent en évidence la nécessité d'associer mode traditionnel empirique de gestion et modèle de gestion scientifique « occidental ». Des propositions de stratégies de valorisation des espaces marins et côtiers prenant en compte les questions environnementales sont présentées.

  • Biodiversité et exploitation des ressources naturelles : vers une structuration du territoire marin
    Philippe ARCHAMBAULT (UQAR - Université du Québec à Rimouski), David Beauchesne (UQAR - Université du Québec à Rimouski), Jean-Claude Brêthes (UQAR - Université du Québec à Rimouski), Geneviève FAILLE (UQAR - Université du Québec à Rimouski), Cindy Grant (UQAR - Université du Québec à Rimouski)

    Les îles de la Madeleine ont été identifié comme étant un site propice à l'implantation d'une aire marine protégée, assurant un pas supplémentaire vers la protection de 10% des milieux côtiers et marins du Québec d'ici 2020. L'objectif du projet était d'effectuer une étude de faisabilité pour l'implantation d'une aire marine protégée (AMP) et d'identifier des secteurs d'intérêt pour la conservation considérant les réalités environnementales, sociales, économiques et culturelles du milieu. La préservation de l'intégrité écologique et économique du plateau madelinien est apparue comme un enjeu crucial à l'établissement réussi d'une AMP. Nous avons adopté une approche en deux étapes nous permettant 1) d'identifier des sites d'intérêt pour la conservation et 2) de minimiser le chevauchement des sites proposés avec les pêcheries locales. Nos analyses nous ont permis de démontrer qu'il est possible d'atteindre des objectifs de conservation écologiques tout en minimisant les impacts pour les activités humains locales. De plus, notre approche nous a permis d'impliquer des intervenants locaux à divers stades du projet, de déterminer des objectifs écologiques, économiques, sociaux et culturels spécifiques nécessaires à l'implantation d'une AMP madelienne et 3) d'assurer un processus transparent et valorisant les réalités sociales, économiques et culturelles locales.

  • Gestion écosystémique des espaces maritimes : entre réalisme, mythe et utopie
    Jean-Claude Brêthes (UQAR - Université du Québec à Rimouski)

    Le principe de gestion écosystémique fait partie du discours concernant l'utilisation des ressources naturelles. Selon la FAO, il s'agit d'assurer effectivement la conservation, la gestion et le développement des ressources bioaquatiques, dans le respect des écosystèmes et de la biodiversité. Ce principe regroupe deux termes, la gestion et l'écosystème. L'écosystème, comme tout système, est défini par ses éléments et sa frontière. Cette limite est essentiellement un concept intellectuel, et dépend du regard de l'observateur. Elle est donc variable, élastique, poreuse, rhizomique. La gestion ne concerne que l'humain. Prétendre gérer un écosystème peut donc ressembler à un mythe. On gère les activités dans l'espace de production. L'écosystème peut alors se réduire à ces espaces, qui sont multiples : l'écosystème d'un pêcheur n'est pas celui d'un défenseur de l'environnement. De fait, les approches et points de vue seront différents, et parfois difficiles à concilier. Un autre mythe sous-jacent : il existerait un état originel que l'on pourrait retrouver en limitant, éliminant l'activité humaine. Contrairement au domaine de la physique, les systèmes écologiques ne sont pas réversibles. L'humain a créé un autre écosystème, un nouveau se met en place, différent. Dire lequel est le meilleurs relève d'un choix idéologique. Sans savoir quel écosystème est considéré, ce que l'on gère et quel sera le résultat, la gestion écosystémique peut devenir une utopie.


Panel / Atelier

Comment redéfinir le territoire maritime? Que nous apporte la « promesse de Sydney »?