Informations générales
Événement : 83e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 600 - Colloques multisectoriels
Description :Ce 8e colloque sur la participation des citoyens a pour thème un enjeu contemporain: la baisse de la participation électorale. Les électeurs québécois, comme ceux du monde occidental, boudent les urnes. Ce phénomène s’observe à tous les paliers d’élection et touche également d’autres lieux décisionnels comme les syndicats et les organismes publics.
Organisé à nouveau en partenariat avec l’INM, ce 8e colloque sur la participation des citoyens n’a pas pour objectif de mesurer avec plus de précision l’ampleur de l’absentéisme électoral. Il propose plutôt d’analyser ce phénomène sous trois principaux angles: ses causes profondes, ses solutions, et ses effets sur la démocratie et la société en général.
La diminution du pouvoir politique au profit de grands acteurs économiques de la mondialisation, l’intervention accrue des tribunaux dans les problèmes politiques et la pression des lobbyistes et des groupes de la société civile contribuent-elles à soutenir l’idée selon laquelle les élus et le vote n’exercent plus l’influence d’avant? D’autres facteurs idéologiques peuvent-ils jouer un rôle et alimenter cette lame de fond qui traverse toutes les démocraties libérales?
Quelles sont les solutions pouvant être mises en place afin d’inciter davantage de citoyens à accomplir l’un des premiers devoirs civiques? Le vote électronique ou le vote obligatoire peuvent-ils réduire la désaffection des citoyens? L’éducation citoyenne, l’abaissement de l’âge du vote et la modification du mode de scrutin peuvent-ils également produire des effets positifs? Les partis politiques, les syndicats et les organismes publics peuvent-ils jouer un rôle plus actif? Pourquoi l’absentéisme électoral est-il néfaste au «vivre ensemble»? Faut-il y voir le signe incontestable du délitement du lien social?
Sous la forme de ces questions, voilà l’orientation générale que le comité organisateur souhaite donner au colloque. Les chercheurs et les praticiens ayant une expérience dans le domaine sont invités à proposer une communication sur ce thème.
Le lancement de L’état du Québec 2015 le 28 mai dès 18 h donnera le coup d’envoi au colloque. L’état du Québec fait peau neuve pour son édition 2015 en proposant 20 clés pour comprendre le Québec. Cet ouvrage annuel propose un éclairage inédit sur le Québec par les meilleurs spécialistes en leur domaine.
Des auteurs de L'état du Québec 2015 seront présents au lancement pour échanger avec les invités. Le directeur général de l'Institut du Nouveau Monde, Michel Venne, prononcera une allocution lors de l'événement.
L’événement aura lieu le 28 mai, de 18 h à 20 h, à la Coop Paradis. Pour information et inscription (gratuit) : http://inm.membogo.com/fr/evenement/detail/lancement-de-letat-du-quebec-a-rimouski/472
Dates :- Ian Parenteau (Collège militaire royal de Saint-Jean)
- Francois P. Robert (UQAM - Université du Québec à Montréal)
- Kathrine Lapalme (Institut du Nouveau Monde)
Programme
Lancement de L'état du Québec 2015 - entrée libre
Ouverture du colloque et mot de bienvenue
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Ouverture du colloque et mot de bienvenueIan Parenteau (Collège militaire royal de Saint-Jean)
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Mot de bienvenue
Conférence d'ouverture
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Délégation de pouvoirs et confianceClaude Béland (MDCQ - Mouvement Démocratie et citoyenneté)
Ma présentation est basée sur l'expérience acquise. J'ai fait carrière (50 ans) dans le monde des coopératives, des entreprises sous contrôle démocratique. J'ai présidé en l'an 2002 et 2003 les États généraux sur la réforme des institutions démocratique du Québec; je suis membre actuellement d'un comité sur la confiance envers les élus créé par l'Institut de la Confiance. Ce comité a reçu récemment les témoignages de ministres québécois ayant occupé le poste de Ministre de la réforme des institutions démocratiques, tout particulièrement sur la question de la confiance. Ce comité devrait remettre un rapport éventuellement.
Ma présentation démontrera que la confiance est essentielle à la délégation de pouvoirs. Que cette confiance est faible chez les électeurs québécois. Que cette méfiance résulte de plusieurs facteurs : le mode de scrutin, les règles de gouvernance des partis politiques, de la politique de «la ligne de parti», de l'impuissance des députés, etc.
Premier thème : quelles sont les causes de l'absentéisme électoral?
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« Ça me tentait pas » : exploration des mots et maux de jeunes abstentionnistes au QuébecJoëlle Steben-Chabot (Conseil du statut de la femme)
De vastes études empruntant une approche quantitative, menées tant au Québec qu'au Canada, ont mesuré l'impact de différents facteurs socio-économiques sur la participation électorale. Si celles-ci nous offrent un portrait clair des profils des abstentionnistes et des tendances l'animant, elles peinent toujours à répondre à certaines interrogations notamment en ce qui a trait au sens donné par ces derniers aux institutions politiques et à la participation politique, ainsi que l'articulation entre l'abstention et les autres formes de participation.
Notre enquête vise à offrir un regard complémentaire sur les résultats déjà produits par ces larges études. Puisqu'il est connu que les facteurs prédisant le plus adéquatement la participation électorale sont l'âge et la scolarité, en ce sens où un individu plus âgé ou plus scolarisé est plus prompt à aller voter, nous avons décidé de nous intéresser à un groupe plus faiblement mobilisé, soit les jeunes électeurs et électrices de 18 à 35 ans n'ayant pas fréquenté l'université.
Inscrit dans une perspective qualitative, nous avons mené quatre groupes de discussion afin de documenter les motivations et perceptions concernant la politique de ces citoyens abstentionnistes. Réalisés dans trois villes du Québec (Québec, Jonquière et Montréal), ces groupes ont réuni un total de trente personnes s'étant abstenu au scrutin du 7 avril 2014.
Cette communication aura pour ambition de présenter les résultats de cette enquête.
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Démocratie représentative et démocratie participative : le cas scolaire au QuébecJean Bernatchez (UQAR - Université du Québec à Rimouski), Odile MARQUIS-GENDRON (UQAR - Université du Québec à Rimouski)
La démocratie représentative se traduit par l'élection de présidents et de commissaires qui exercent le gouvernement scolaire. Cette élection est liée à l'existence d'une taxe scolaire: pas de taxation sans représentation! Cet argument juridique justifie les élections scolaires, considérant le taux anémique de participation qui mine la légitimité de ce gouvernement. Aux élections scolaires de 2014, le taux de participation est de 5,5%. Pourquoi un tel manque d'intérêt? Certes, on observe une baisse de ces taux dans les pays industrialisés, mais on remarque aussi qu'ils augmentent en fonction de l'importance de l'enjeu. Quels sont les enjeux des élections scolaires? Quel intérêt il y a à faire un choix entre deux ou plusieurs personnes dont on ne connait rien des valeurs, des projets et des motivations? La démocratie participative implique par ailleurs que des parents, des élèves et des amis de l'école s'investissent afin de contribuer à sa mission. Cela prend plusieurs formes: participation aux travaux des conseils d'établissement, aux rencontres scolaires, aux activités culturelles, scientifiques, artistiques et sportives. La participation est plus importante là où le capital culturel, le revenu et la scolarité des parents sont élevés, mais ce n'est pas une règle universelle. Ici également, l'importance de l'enjeu conditionne la participation. Une démocratie scolaire participative vigoureuse peut-‐elle suppléer à une démocratie scolaire représentative moribonde?
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Pause
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Le fléau des démocraties : diagnostiquer la dépolitisation au QuébecYves Laberge (Université d’Ottawa)
Cette conférence s'interroge sur la dépolitisation, c'est-à-dire le désengagement apparent du citoyen envers les questions politiques et citoyennes. Notre hypothèse est qu'il s'agit d'un phénomène propre aux des démocraties. Afin de mieux saisir ce problème, nous utiliserons une méthode comparative en opposant notre modèle démocratique aux sociétés totalitaires. Notre espace public est un lieu de débats et d'idées souvent opposées; la pluralité d'idéologies pouvant coexister se veut une garantie de notre démocratie et de la liberté d'expression. En revanche, le modèle totalitaire repose sur un discours unique et univoque, recourant au manichéisme.
La liberté d'expression permet des excès; mais notre régime démocratique limite toute forme de censure.
Le but de cette conférence est d'examiner l'une des causes de l'absentéisme électoral et surtout la dérision dont le monde politique est souvent la cible. Les exemples sont nombreux, ici comme ailleurs.
Notre hypothèse de départ veut démontrer que la dérision sert à la fois de moteur de la image ancienne.
L'approche méthodologique sera qualitative et comparative. Le cadre théorique de cette recherche est interdisciplinaire et emprunte à la sociologie de la culture et des modes, l'histoire des idées, l'analyse des représentations sociales, aux études culturelles, narratives et muséologiques.
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Période de questions
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Dîner
Second thème : quelles solutions pour contrer l'absentéisme électoral?
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L'exercice de la citoyenneté à travers les processus de consultation publique institutionnalisés : quels effets sur la légitimité démocratique?Myriam ARBOUR (UQAM - Université du Québec à Montréal), Stéphanie Yates (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Montréal se dotait en 2002 d'un organisme indépendant – l'Office de consultation publique de Montréal (OCPM). Outil d'aide à la décision, l'OCPM permet aux citoyens d'émettre leurs opinions sur un projet. Dans un contexte de fort absentéisme électoral et une suspicion généralisée des élus, ce mécanisme offre une voie de participation alternative qui peut contribuer à rétablir le lien de confiance entre les citoyens et les institutions démocratiques. Les décisions publiques prises suite à ces consultations sont ainsi susceptibles d'être plus légitimes, notamment parce qu'elles tiennent compte des différents points de vue des parties prenantes. Les processus participatifs mis de l'avant par l'OCPM ne sont toutefois pas exempts de critiques : instrumentalisation des points de vue des citoyens, professionnalisation de la participation, jeux de pouvoir et manque d'authenticité de la démarche ne sont que quelques-unes des récriminations qu'on leur adresse. C'est ainsi que nous nous intéressons, justement, à la perspective qu'ont les participants de ces démarches institutionnalisées, à travers une étude comparative portant sur deux projets ayant fait l'objet d'une consultation publique par l'OCPM, soit le projet de développement du collège Notre-Dame et le projet du Quadrilatère Saint-Laurent. Nous présenterons une analyse préliminaire de ces cas, qui repose sur l'étude documentaire de données secondaires et sur une série d'entretiens avec les principaux acteurs de ces projets.
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Les dynamiques communicationnelles sur les pages Facebook de partis politiques : le cas des élections fédérales en Allemagne en 2013Lena Alexandra Hübner (UQAM - Université du Québec à Montréal)
L'arrivée des partis politiques sur le web participatif a suscité des changements dans la relation « public-information-pouvoir ». Utilisés avant tout comme un canal de distribution supplémentaire, les RSN permettent de cibler des publics nichés et de tester le message politique. D'un autre point de vue, les RSN simplifient la prise de la parole des citoyens « ordinaires ». Même s'il a été montré que l'interaction des partis avec leur public est rarement exploitée, les citoyens discutent entre eux. Cette communication présente les résultats d'une recherche qui met en contraste les stratégies de communication politique avec l'analyse des échanges citoyens sur Facebook pour saisir les dynamiques entre prises de parole citoyenne et usages institutionnels de ce réseau. Les pages de six partis qui se sont affrontés lors des élections fédérales en Allemagne en 2013 ont été analysées. Les résultats montrent la complexité du rapport de force entre tentatives d'émancipation du public et domination de la communication politique top-down. L'ouverture d'un débat avec les citoyens est-elle favorable à la participation politique de ceux-ci? Le cadre théorique est composé de trois volets principaux : il englobe des éléments de la communication électorale (Gerstlé et Berton), de la Théorie critique (Habermas; Manin) et des études sur les usages de Facebook (Bor; Yanoshevsky). Les résultats découlent d'une étude de cas qualitative impliquant une observation et deux analyses de contenu.
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Période de questions
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Pause
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Le rôle et les initiatives du Directeur général des élections du Québec en matière de promotion de la participation électoraleDenis Royer (DGEQ - Directeur général des élections du Québec)
Au Québec, l'action du DGEQ en matière de participation électorale se décline sur différents fronts et se manifeste à différents moments du cycle électoral. Cette action illustre une volonté ferme de se situer au cœur d'un système électoral efficace, intègre et accessible. Cette présentation permettra aux participants de se familiariser avec cette institution et de comprendre comment une organisation responsable de la gestion des élections, comme celle du DGEQ, peut contribuer à l'effort collectif de promotion de la participation électorale. Pour ce faire quatre aspects de sa mission seront abordés :
1 - La recherche et la veille étroitement liées à la planification stratégique de l'institution : des données pour appuyer les actions et les recommandations du DGE
2 - Le DGE près des électeurs : les médias sociaux et les campagnes de publicité
3 - Les programmes d'éducation à la démocratie, une vision à long terme en matière de participation électorale.
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Quand la théorie alimente la pratique : l'expérience des forums jeunesse régionaux lors de campagnes pro-vote auprès des jeunes QuébécoisÉlie Belley-Pelletier (Table de concertation des forums jeunesse régionaux du Québec)
S'inspirant des études faites sur les comportements électoraux des Québécois et Canadiens, les forums jeunesse ont tenté lors des cinq dernières élections de dépasser la simple intuition et de planifier des campagnes pro-vote basées sur la théorie. L'exercice est parfois ardu, notamment à cause de contradictions et incertitudes dans la littérature sur certains points, surtout lorsque vient le temps des les appliquer en prévision d'élections à divers paliers. Nous verrons comment des concepts-clé de la littérature ont pu déterminer les choix et les orientations d'actions concrètes lors de trois élections différentes et quels principes d'action en sont ressortis. Premièrement, la notion d'ancrage du vote (Gélineau, 2009) aura permis d'établir des cibles qualitatives lors de la mobilisation afin d'identifier les « cibles payantes ». Deuxièmement, la notion de « pression sociale » (Gélineau, 2009) a modifié le discours de sollicitation auparavant axé sur le sens du devoir. Troisièmement, la question de l'abstention sélective (Dostie-Goulet et Coll., 2013) a amené une réflexion sur l'appartenance, la mobilité et l'identification de publics cibles plus précis. Si la pratique s'en est retrouvée mieux ancrée au final, faisant en sorte que les interventions s'adressent à un public dont le comportement peut présumément être modifiés à court terme, la preuve reste à être faite au sujet de l'efficacité des interventions.
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Les mesures pour hausser la participation électorale : quels enseignements tirer de l'Estonie, de la Belgique et du Québec?Ian Parenteau (Collège militaire royal de Saint-Jean)
Pour contrer l'absentéisme électoral, les démocraties occidentales ont adopté diverses mesures visant à faciliter le vote. Pour astreindre les électeurs à exercer le premier des devoirs citoyens la Belgique rend obligatoire le vote en 1894. En 2005, l'Estonie modernise le processus électoral et permet le vote en ligne. En 2014, pour mobiliser les jeunes électeurs, le Québec installe des bureaux de vote dans les établissements d'enseignement postsecondaire.
Ces mesures sont-elles efficaces? Oui et non. Elles ont certes peut-être produit des effets positifs particulièrement en Belgique. Toutefois, de manière générale un seul constat s'impose partout : la proportion des électeurs allant voter continue de baisser. En Belgique, le taux de participation aux élections législatives de 1977 est de 95.1 %; il n'atteint plus 90 % en 2014. En 1990, ce taux en Estonie est de 78.2 %. Il chute à 63.5 % en 2011. Au Québec, le taux lors des élections provinciales en 1976 est de 85.3 %. Il baisse à 71.4 % en 2014.
Dans cette communication, je propose une analyse de ces solutions afin d'y tirer des enseignements. Cette réflexion se veut la fois pratique et théorique. Elle s'appuie d'abord sur une série d'entrevues réalisées avec le personnel électoral belge et estonien lors d'un séjour européen à l'hiver 2015. Ensuite, mon étude de la situation québécoise est nourrie de l'expérience acquise dans l'organisation des élections comme directeur du scrutin depuis 2006.
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Le défi démocratique et la question du tirage au sortHugo Bonin (UQAM - Université du Québec à Montréal)
"Le lien entre élection et démocratie est, au regard de la longue histoire de cette dernière, assez récent. De l'Athènes antique à la Florence de la Renaissance, on a longtemps considéré l'élection comme aristocratique. Et c'est une toute autre procédure, celle du tirage au sort, qui était vue comme démocratique.
Après un bref rappel historique, cette communication souhaite faire le tour des expériences contemporaines de l'utilisation du tirage au sort dans le cadre politique. Nous traiterons notamment des avantages d'un tel système pour lutter contre plusieurs maux politiques contemporains.
Plus largement, cet exposé vise à mettre en lumière les enjeux soulevés (égalité, représentation, etc.) par le principe même du tirage au sort et à voir comment celui-ci vient questionner l'association qui nous semble évidente entre démocratie et élection. Cette reconceptualisation amène par ailleurs à élargir la question de la « participation citoyenne » au delà du contexte électoral et à pousser plus loin notre conception de la démocratie. "
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Période de questions
Clôture du colloque
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Synthèse
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Remerciements et prospectives sur la participationMichel Venne (INM - Institut du Nouveau Monde)