Le 21e siècle s’est ouvert sur un important regain d’intérêt des États et des organisations pour les ressources naturelles. L’essor des économies émergentes, la croissance soutenue de la demande en énergies fossiles et la crise financière de 2008, laquelle a mené les investisseurs à se tourner massivement vers l’acquisition d’« actifs tangibles », font partie des facteurs importants expliquant cet engouement renouvelé pour des ressources naturelles réputées stratégiques.
Les territoires qui, comme le Québec et le Canada, abritent ces ressources voient ainsi d’imposants dispositifs d’extraction se mettre en place et (re)deviennent le support d’une activité économique centrée sur une dynamique extractive (p. ex. : sables bitumineux de l’Ouest, projets miniers du Nord québécois, etc.). En dépit de la grande séduction des retombées économiques anticipées, nombre de projets sont contestés par divers groupes et acteurs sociaux qui portent une autre vision du développement de leurs milieux de vie. Dans le cas du Québec, pensons au projet d’exploitation du pétrole et du gaz de schiste (Gaspé, Restigouche et vallée du Saint-Laurent), à la filière de l’uranium (Nord du Québec, Côte-Nord), aux projets de transport d’hydrocarbures par oléoduc (Est-du-Québec) et au port de Cacouna. Notons que cette résistance s’est récemment étendue aux régions centrales ainsi qu’à certaines « régions-ressources », dont l’histoire était pourtant chevillée à l’extraction des ressources naturelles.
Face à ce problème général se dessinant autour de l’exploitation des ressources, lequel pourrait exprimer une nouvelle phase du capitalisme, le colloque propose d’en creuser les contours en insistant sur cette dialectique entre grands projets et territoires.