Informations générales
Événement : 83e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 500 - Éducation
Description :Ce colloque portera sur l’influence persistante de l’origine sociale sur l’accès aux études supérieures et sur les cheminements scolaires d’étudiants issus de certains groupes de la population. On y abordera notamment la question des étudiants d’origine autochtone, du groupe sociolinguistique d’appartenance ainsi que des étudiants issus de familles à faible capital scolaire. En effet, de nombreuses études au Québec comme ailleurs au Canada et dans le monde (Bourdieu, 1986; Bui, 2002; McCarron et Inkelas, 2006; Kamanzi, Doray, Bonin, Groleau, Murdoch, 2010; Finnie, Childs et Wismer, 2011; Turcotte, 2011) montrent que le niveau de scolarité des parents est l’un des facteurs les plus déterminants de l’accès et de la réussite aux études supérieures. Or, s’il est utile de connaître le profil et les raisons qui limitent les aspirations pour un projet d’études supérieures d’une forte proportion d’étudiants issus de familles à faible capital scolaire, qu’en est-il de ceux qui persévèrent et qui, malgré les obstacles supplémentaires auxquels ils doivent faire face, se rendent jusqu’à l’université?
Ce colloque réunira des chercheurs qui se sont penchés sur les déterminants de l’accès, de la persévérance et de l’adaptation des étudiants issus de groupes sous-représentés aux études supérieures. Certains d’entre eux viendront présenter des résultats de recherche axés sur le profil et le cheminement de ces étudiants, du secondaire jusqu’à l’université. D’autres viendront présenter des résultats préliminaires issus de l’expérimentation d’interventions qui tiennent compte des profils établis par la recherche. Les discussions porteront sur les formes de soutien qui pourraient être les plus profitables à ces étudiants.
Date :- Shanoussa Aubin-Horth (UQAR - Université du Québec à Rimouski)
- Marco Gaudreault (Cégep de Jonquière)
- Sophie Duchaine (UQ - Université du Québec)
Programme
Accueil et ouverture du colloque
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Mot de bienvenue
Déterminants de l'accès, du cheminement et de l'adaptation des étudiants issus de groupes sous-représentés aux études supérieures
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Analyse de l'effet des droits de scolarité sur l'accès aux études universitaires au Québec et en Ontario en fonction de l'origine socialeNicolas Bastien (UQAM - Université du Québec à Montréal), Pierre CHENARD (UdeM - Université de Montréal), Pierre DORAY (UQAM - Université du Québec à Montréal), Benoît LAPLANTE (Centre - Urbanisation Culture Société de l'INRS)
Dans cette communication, nous nous intéressons à l'impact des droits de scolarité sur l'accès aux études universitaires au Québec et en Ontario. Dans un premier temps, nous aborderons les éléments méthodologiques à considérer pour mener une analyse rigoureuse de l'évolution de la participation à l'université et des droits de scolarité au Québec et Ontario. Nous montrons comment la période retenue pour évaluer l'effet des frais de scolarité, l'intervalle d'âge considéré, les particularités de chaque système d'éducation et la massification des études universitaires, tendance de fond qu'ont connue les sociétés occidentales au cours de soixante dernières années, sont susceptibles de biaiser les résultats d'une telle analyse.
Dans un second temps, nous présenterons une analyse statistique originale portant sur l'impact des droits de scolarité sur l'accès aux études universitaires au Québec et en Ontario qui intègre les précautions méthodologiques précédemment identifiées. Précisément, nous appliquons les techniques d'analyse de survie (modèle de Cox) aux données de quatre vagues de l'Enquête Sociale Générale de Statistique Canada afin d'étudier comment les droits de scolarité ont affecté l'accès aux études universitaires dans ces deux provinces de 1946 à 2011. En outre, cette analyse permet de déterminer si l'effet des droits de scolarité varie en fonction l'origine sociale basée (sur le niveau d'éducation des parents), du groupe sociolinguistique d'appartenance et de l'âge des individus.
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Quelles sont les difficultés d'adaptation vécues par les étudiants de première génération au cégep et à l'université?Thérèse BOUFFARD (UQAM - Université du Québec à Montréal), Pascal PANSU (UPMF- Université Pierre Mendès), Carole Vezeau (Cégep régional de Lanaudière)
Ici comme ailleurs, des travaux ont montré que la scolarisation parentale prédit mieux la participation à des études postsecondaires (EPS) que le revenu familial. Par ailleurs, d'autres travaux ont montré que les étudiants de première génération (EPG) qui accèdent aux EPS vivent plus de difficultés d'adaptation que les étudiants de parents plus scolarisés (NEPG). Cette présentation vise à comparer la situation des EPG qui débutent le cégep ou l'université à celle des NEPG. L'échantillon comprend 969 étudiants de cégep (52,6% de filles, 19% d'EPG) et 1958 étudiants universitaires (73,3% de filles, 44,5% d'EPG). Les résultats montrent que les EPG collégiaux et universitaires rapportent plus de difficultés d'adaptation personnelle et sociale que leurs pairs et moins de soutien et d'encouragement de leurs parents. Ceux du collégial ont des perceptions de compétence plus faibles et sont moins attachés à leur institution que les NEPG. Sur ce dernier point, l'inverse est observé chez les EPG universitaires. Ces derniers rapportent cependant plus d'anxiété scolaire et d'insécurité dans leur milieu d'étude, un choc culturel plus élevé (manque de bagage, sentiment de déloyauté envers leur famille), et un rapport coûts/bénéfices des études moins positif que les NEPG. Il ressort de ces constats que l'adaptation des EPG aux EPS est moins aisée et exige plus d'énergie et une détermination plus ferme pour affronter des défis supérieurs à ceux vécus par leurs collègues NEPG.
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Pause
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Incidence des inégalités sociales sur la trajectoire des étudiants de l'Université de GenèvePiera DELL’AMBROGIO (UNIGE - Université de Genève), Jean-Marc RINALDI (UNIGE - Université de Genève), Jean-François Stassen (UNIGE - Université de Genève)
La démocratisation de l'enseignement supérieur peut être mesurée à plusieurs moments de la trajectoire étudiante :
- lors de l'accès à l'université
- au moment du choix du domaine d'études, voire de la réorientation
- pendant les études
- lors de la transition entre l'université et le marché de l'emploi.
Nos résultats d'enquête montrent qu'à ces quatre moments, les inégalités sociales (mesurées par l'écart entre les niveaux d'instruction des parents des étudiants) jouent un rôle sur le choix des études universitaires (temps 1), sur la filière d'étude choisie (temps 2), sur la persévérance après un échec, sur la gestion des contraintes matérielles et financières, sur les éléments facilitateurs de la réussite (temps 3), ou sur les chances d'insertion professionnelle après l'obtention d'un diplôme (temps 4).
Nous verrons ainsi que, même si la Suisse est un des pays européens où les inégalités sociales dans l'enseignement tertiaire sont les moins fortes (Eurostudent, 2009), le chemin reste long pour des universités qui souhaitent voir se réaliser en leur sein la démocratisation.
Nos résultats ne s'arrêteront pas à des constatations déterministes, qui imposeraient aux institutions de formation de rester des outils de reproduction des inégalités. Ils montreront aussi qu'il existe des voies possibles pour ceux qui souhaiteraient se retrousser les manches dans le but de mettre en place des processus de réduction de l'impact de ces inégalités.
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Les étudiantes autochtones à l'université : étude critique des inégalités scolaires dans une perspective théorique de justice socialeJo-Anni Joncas (Université Laval)
Cette communication expose les premières étapes d'une recherche s'intéressant aux inégalités aux études universitaires d'étudiantes autochtones. Après un survol historique de l'éducation autochtone au Canada, nous verrons que malgré une amélioration, la scolarité des Autochtones est faible, et ce, notamment à l'université. Nous aborderons particulièrement la situation des étudiantes autochtones et les enjeux auxquels elles font face. Nous présenterons des données empiriques sur les 3 grands vecteurs d'inégalité (genre, origine ethnoculturelle et statut socioéconomique) dont elles sont sujettes. Ces inégalités conditionnent leurs aspirations scolaires, car les possibilités de poursuivre des études sont inégalement distribuées par leurs effets différenciés. Or, nous savons que l'éducation est un vecteur de l'augmentation des possibilités réelles, car elle renforce l'autonomie et l'émancipation. Nous présenterons une analyse critique des approches explicatives de cette problématique. Nous croyons que pour bien comprendre cet enjeu de justice sociale, il est essentiel de considérer les inégalités scolaires à travers les relations de pouvoir négociées non seulement au niveau individuel, mais également au niveau du système. Nous décrirons notre posture théorique basée sous l'angle novateur de l'approche par les capabilités. Nous articulerons l'ancrage théorique de notre recherche avec celui méthodologique qui est inspiré par le paradigme autochtone et la recherche participative.
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Dîner
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Le concept d'étudiant de première génération peut-il permettre de mieux comprendre les phénomènes d'échec et d'abandon dans l'enseignement supérieur français?Alain FERNEX (Université de Grenoble), Laurent Lima (Université de Grenoble)
Depuis les années 80, la France a mené une politique d'accroissement du niveau de formation de sa population. Le concept d'étudiant de première génération (EPG) pourrait permettre de mieux comprendre les phénomènes d'échec ou d'abandon à l'université liés à cette.
Une enquête menée en 2011-2012 dans les trois types d'institutions (licences, IUT, IEP) de l'université Grenoble2, auprès de 1222 étudiants (520 EPG) s'inscrivant en 1ère année, permet de tester si le concept d'EPG apporte un éclairage sur l'accès à l'enseignement supérieur et sur l'échec ou l'abandon en première année.
Une analyse de régression logistique multinomiale indique, à série et mention du baccalauréat contrôlées, que les non-EPG ont la même probabilité que les EPG d'accéder à un IUT plutôt qu'à une licence mais que les non-EPG ont 6 fois plus de chances de s'inscrire en IEP (exp(B)=5.793 ; p<.001).
Lorsqu'on contrôle seulement la filière d'étude, un modèle logistique indique que les EPG ont les mêmes chances d'abandon que les non-EPG mais ont plus de chances d'être ajournés (Exp(B)=1.653 ; p=.040). Une fois contrôlés le baccalauréat et la mention, les chances d'abandon et d'ajournement sont équivalentes chez les EPG et les non EPG.
On assiste à un phénomène de démocratisation ségrégative au moment de l'intégration aux études supérieures mais des différences scolaires préexistantes à l'entrée à l'université expliquent les différences de réussite entre EPG et non EPG en première année.
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Plusieurs groupes d'étudiants sont désavantagés relativement à la diversification des choix d'options scolairesMarco GAUDREAULT (Cégep de Jonquière), Julie Labrosse (ÉCOBES - Groupe d’Étude des Conditions de vie et des Besoins de la population), France PICARD (Université Laval)
La sélection des séquences mathématiques à caractère scientifique durant le secondaire est une pratique plus fréquemment adoptée par les élèves issus de milieu aisé. Avec la massification de la scolarisation, les inégalités scolaires se sont déplacées sur un autre terrain : les inégalités interfilières (Duru-Bellat, 2002). D'après nos résultats, certains groupes d'étudiants sont désavantagés face à la diversification de l'offre des cours mathématiques au secondaire, notamment les étudiants de première génération (EPG), puisqu'ils sont plus susceptibles d'opter pour la séquence qui limite les perspectives futures.
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Pause
Démarche de collaboration interordres pour comprendre et intervenir auprès des étudiants de première génération
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Présentation du projet interordres sur l'accès et la persévérance aux études des étudiants de première générationSophie Duchaine (UQ - Université du Québec)
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Analyser les enquêtes réalisées auprès des élèves du secondaire, des collégiens et des universitaires pour décrire les étudiants de première générationSylvie Bonin (UQ - Université du Québec), Marco GAUDREAULT (Cégep de Jonquière)
Le terme étudiants de première génération (ÉPG) désigne les jeunes dont les parents ne sont allés ni au collège ni à l'université. Plusieurs auteurs (Bui, 2002; Fann, McClafferty Jarsky et McDonough, 2009) ont avancé que les parents n'ayant aucune expérience de scolarisation postsecondaire ignorent généralement les caractéristiques, les pratiques et les ressources propres à ces environnements scolaires.
Dans le cadre du Programme de collaboration universités-collèges, trois établissements de l'Université du Québec (UQAR, UQAT et UQAC) et six collèges situés en Abitibi-Témiscamingue, à Rimouski et au Saguenay-Lac-Saint-Jean (Chicoutimi, Jonquière, Alma et St-Félicien) ont obtenu un financement de deux ans pour élaborer des mesures de soutien adressées aux ÉPG. Pour choisir les priorités d'intervention des trois régions, la direction de la recherche institutionnelle de l'Université du Québec et ÉCOBES ont eu le mandat d'exploiter les données d'enquêtes au secondaire, au collégial et à l'université. L'analyse a permis de dresser un portrait socioéducationnel des ÉPG qui affine les connaissances sur leurs caractéristiques, sur leurs conditions d'accès aux études supérieures, sur leur cheminement scolaire, de même que sur leurs besoins de soutien.
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Des interventions interordres visant à favoriser l'accès et la persévérance des étudiants de première génération : quelques résultats préliminairesShanoussa Aubin-Horth (UQAR - Université du Québec à Rimouski)
Dans le cadre du Projet interordres sur l'accès et la persévérance aux études des étudiants de première génération (ÉPG), neuf établissements collégiaux et universitaires des régions du Bas-Saint-Laurent, du Saguenay-Lac-St-Jean et de l'Abitibi-Témiscamingue, accompagnés par l'Université du Québec, mettent en commun leurs connaissances afin de développer des interventions interordres associées à des moments charnières du cheminement scolaire des ÉPG. Les connaissances issues de ces expérimentations régionales serviront à alimenter les travaux de conception d'un modèle d'intervention en faveur de l'accès aux études et de la persévérance des ÉPG.
Nous ferons état de l'avancement de l'expérimentation régionale du Saguenay-Lac-St-Jean qui regroupe l'UQAC, les quatre cégeps de la région de même que les quatre commissions scolaires. Le projet consiste à développer de nouveaux outils de communication et d'information sur les parcours scolaires destinés aux parents d'élèves qui fréquentent le secondaire (potentiels ÉPG). Ces outils visent à permettre aux parents de mieux accompagner leur jeune vers des études supérieures. Les résultats préliminaires de l'évaluation de la mise en œuvre d'un programme interordres de mentorat étudiant développé par l'UQAR et le Cégep de Rimouski et orienté vers l'accompagnement des ÉPG seront également présentés. Des interventions interordres réalisées de concert avec le milieu auprès d'élèves du primaire et du secondaire de la région seront aussi décrites.
Discussion et mot de clôture
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Discussion
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Mot de clôture