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Informations générales

Événement : 83e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 400 - Sciences sociales

Description :

Ce colloque propose un espace de réflexion visant à rendre compte des multiples angles d’analyses, de conceptualisations, de régulations et de représentations des problèmes sociaux contemporains. Champ en perpétuel renouvellement dont les grammaires sociales, thérapeutiques, scientifiques et politiques expriment autant de manières différentes d’aborder la consistance et les frontières du social.

Nous cherchons à mettre l’accent sur les espaces et les moments où, insaisissable, ce qui pose problème ne peut se résumer simplement. Jamais vraiment fou, jamais vraiment toxicomane ou en aucun cas jamais vraiment déviant, l’individu reste au final toujours garant de sa trajectoire propre évoluant dans les limites du social. C’est ainsi que l’épreuve de la normativité sociale, hybride entre souffrance et déviance, constitue le point d’ancrage entre l’individu et la cité.

En se questionnant sur les zones grises de ce qui pose problème, ce colloque vise à :
1) interroger les représentations de la déviance et de la normativité au carrefour du mental, du social et du judicaire;
2) réfléchir au renouvellement des institutions de prise en charge et d’intervention;
3) définir dans quelle mesure un changement des pratiques peut amener un changement des concepts et réciproquement;
4) déterminer les conditions de singularisation et de subjectivisation des trajectoires individuelles mise à l’épreuve.

Dates :
Responsables :

Programme

Communications orales

Mot de bienvienue


Communications orales

Déterminer les conditions de singularisation et de subjectivisation des trajectoires individuelles mises à l'épreuve

  • L'épreuve du mal-être existentiel à l'aller-mieux : les groupes de sens et de parole
    Marie-Chantal Doucet (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    À partird'entretiens réalisés au Centre St-Pierre de Montréal et les témoignages de formateurs et étudiants du programme sens et projet de vie de la TELUQ, deux endroits où se pratique une forme particulière du travail sur soi : les groupes de sens et de parole, nous interrogerons les manières dont cette activité intervient dans le mal-être existentiel qui semble en grande partie caractériser le sujet contemporain. Nous nous intéresserons à ce que Ehrenberg a appelé « le malheur ordinaire » à travers l'épreuve de soi et des autres. Ces lieux de l'entre-deux, caractéristique de la modernité réflexive - entre adaptation et émancipation - se constituent comme espaces de configuration des subjectivités. Notre interrogation portera sur la question suivante : d'une part, d'après les récits, quelles seraient les catégories cognitives de ce sentiment de mal-être? Et d'autre part, le travail sur soi à travers ces groupes a-t-il conduit les sujets, du mal-être existentiel à l'aller-mieux? Qu'est-ce qui permet d'aller mieux?

  • Les femmes sans-abris à l'épreuve de l'assistance
    Marine Maurin (Université Jean Monnet Saint-Étienne)

    Le recours aux services de l'assistance ne relève pas a priori d'un choix volontaire, d'autant plus que le fait d'être assisté dans nos sociétés actuelles suscite de nombreuses désapprobations. Pour autant, pour assurer leur survie : se nourrir, se vêtir, trouver un toit, se laver, les femmes investissent les services de l'assistance. Leur quotidien est alors marqué par la fréquentation de ces lieux, une fréquentation contrainte d'être répétée au vue de leurs conditions de vie. L'expérience de ce rapport à l'assistance est au cœur de notre propos. Dans cette perspective ce qui nous intéresse c'est donc ce qui se passe dans ces lieux : De quelles manières ces femmes prennent-elles place dans le monde de l'assistance ? Face à quels paradoxes sont-elles confrontées dans leurs interactions avec les acteurs de ces services ? Symétriquement, comment l'assistance, dans sa complexité, leur offre des possibilités d'agir ?

  • Pause
  • L'expérience de la substitution : une reconstruction identitaire conflictuelle entre déviance et normativité
    Marie Dos Santos (Université de Strasbourg France)

    Cette proposition de communication s'inscrit dans le cadre d'une thèse en sociologie portant sur le sens accordé aux traitements de substitution aux opiacés et sur une étude de terrain réalisée dans diverses structures de soin en France, en Suisse et au Québec. Se sortir de la dépendance a pris un sens pluriel et rajoute de la complexité à la délimitation des frontières, déjà poreuses, entre « le normal et le pathologique » (Canguilhem 1966) : la stabilisation du traitement ou la prise de psychotropes de manière occasionnelle sont aujourd'hui perçues comme des alternatives à l'abstinence et comme d'autres formes de rétablissement. Dans cette communication, nous tâcherons d'analyser les tentatives de « réajustements biographiques » (Strauss 1992), ainsi que les diverses compétences mises en place par les personnes en traitement de substitution. Nous verrons comment les différentes formes de détournement de l'usage prescrit (injection du produit, revente sur le marché noir, sous-dosage ou sur-dosage, etc.) signent parfois un échec de la thérapie, mais peuvent aussi être perçues comme des formes d'appropriation du produit comme drogue, ou comme des tentatives souvent maladroites afin de donner du sens à un traitement que les personnes peinent à définir comme médicament.

  • L'épreuve de la stabilisation résidentielle : le registre des soutiens ou supports de l'individualité sociale de femmes en situation d'itinérance
    Geneviève Desjardins (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    . Au cours des récits recueillis auprès de femmes vivant cette réalité, je me suis concentrée sur les conditions objectives et subjectives de la tension constatée entre stabilité et instabilité résidentielle. L'épreuve vécue par les femmes rencontrées se matérialise dans le rapport aux aides demandées et reçues concernant la stabilisation résidentielle. Trois formes de soutiens qui mènent à supporter d'une manière différente le vécu «de» ou «dans» l'espace à soi se dégagent : celle des conditions objectives de vie qui renforcent l'instabilité ; celle du lieu habité qui comporte à la fois des «difficultés» et des pistes de solutions ; et celle des aides adaptées aux exigences sociales et normatives de l'«habiter» qui régulent les distances et les attachements envers les ressources en favorisant la stabilité. J'aborderai ainsi le registre des soutiens/supports concrets de l'individualité sociale des femmes rencontrées, en ce qu'ils modulent les conditions de possibilité de l'action des femmes en situation d'itinérance. Les soutiens/supports sont variées, complexes, singuliers : dans leur présence, absence ou amalgame, ils activent ou empêchent des interventions concrètes ayant pour visée la stabilisation résidentielle. Je m'interrogerai plus largement sur ce que signifie la «sortie» d'une situation d'itinérance en explorant les dimensions fondamentales des trois formes de soutiens ou supports énoncés et en ouvrant sur les potentialités et les lacunes de la lecture proposée.

  • Dîner

Communications orales

Représentation de la déviance et de la normativité au carrefour du mental, du social et du judiciaire

Présidence : Marie-Chantal Doucet (UQAM - Université du Québec à Montréal)
  • Les représentations sociales de l'itinérance
    Geneviève DESJARDIN (UQAM - Université du Québec à Montréal), Étienne GUAY (UQAM - Université du Québec à Montréal), Shirley Roy (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Les représentations sociales de l'itinérance amènent généralement à penser ce phénomène comme étant à la marge voire qu'elle constitue une forme d'exclusion sociale. Et principalement comme exclusion du monde de l'économie et de l'argent. Or, objet central du rapport au monde capitaliste dans lequel nous visons, l'argent s'inscrit tout autant dans la vie des personnes à la rue; il s'agit d'une dimension incontournable. Dans le cadre de notre propos nous chercherons à illustrer les épreuves de la normativité sociale vécues par ceux et celles qui doivent composer au quotidien à la limite de la débrouille entre le juridiquement acceptable et le socialement désirable. Nous explorerons les contours de l'acceptable et de l'inacceptable, les clivages entre deux univers normatifs dans un contexte où la privation économique est centrale. Nous nous demanderons en quoi cela permet-il de revisiter le sens, la place et la matérialité de ce que l'on nomme la normativité sociale. Entre un idéal imposé et un environnement objectivement structurant, nous tenterons de réfléchir sur la place et le sens de l'argent en tant qu'élément central de notre rapport au monde... chez qui n'en ont pas.

  • La jurisprudence thérapeutique : entre régulation et utopie
    Audrey-Anne Dumais Michaud (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    En 2012, la Commission de la santé mentale du Canada fait un constat alarmant concernant les personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale: elles sont surreprésentées dans le système de justice et cette tendance qu'on croyait avoir maitrisée semble être en hausse (CSMC, 2012). Une des suggestions de la Commission a été d'augmenter le nombre de tribunaux de santé mentale (TSM) qui sont une alternative aux cadres traditionnels punitifs dont l'inefficacité a été maintes fois dénoncée et démontrée (Schneider, 2009). Brièvement, les TSM combinent des notions de jurisprudence thérapeutique de même que de justice restaurative proposant une approche différente des cours traditionnelles par un travail de collaboration entre les professionnels(les) et par une singularisation des dossiers (Slinger et Roesch, 2010). Or, depuis la mise en œuvre de ces TSM, nous détenons peu d'information concernant l'expérience concrète des individus qui y sont interpellés. Ces expériences certes spécifiques ont lieu neamoins dans un contexte sociétal général qui a redéfini, élargi et hybridé les domaines des problèmes sociaux comme jamais auparavant. Le mouvement de la jurisprudence thérapeutique représente tantôt un idéal d'une prise en charge singulière des individus ayant un problème de santé mental dans le champ pénal, tantôt un nouveau dispostif de régulation sociale.

  • Pause
  • Le site d'injection supervisé Insite : entre philosophie d'intervention « révolutionnaire » et technique disciplinaire « classique »
    Jonathan Glendenning (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Insite est un site d'injection supervisée permettant à ses usagers de s'injecter légalement leurs drogues dans un espace sécuritaire et hygiénique sous la supervision et le soutient d'intervenants et de pairs aidants. Se réclamant de la philosophie de réduction des méfaits ce site ne vise pas l'abstinence de ses usagers, mais bien que ceux-ci puissent développer des moyens et des techniques afin de réduire par eux-mêmes les méfaits associés à leur consommation. En intervenant sur les pratiques de l'usage et en reconnaissant la capacité de l'usager à être l'acteur principal de l'intervention, Insite constitue un dispositif d'avant-garde dans la régulation de la pratique psychotrope.

    Cette communication analyse comment Insite, par le déploiement d'un espace disciplinaire, relaie la normativité sociale associée à la réduction des méfaits dans les conduites concrètes de ses usagers. Considérant sa faculté à produire des sujets dans le cadre d'identités dans lesquelles ils sont censés se reconnaître et fonctionner ainsi que par sa capacité à aménager les probabilités que surviennent certaines conduites jugées plus adaptées que d'autres, un dispositif comme Insite rend manifeste le fonctionnement de l'ordre normatif par l'entremise des techniques disciplinaires. Le « tour de force » qu'effectue Insite est de réussir à marier une vieille technique de pouvoir, telle que la discipline, avec un modèle d'individu tel que façonné par la normativité contemporaine.

  • Normes et tabou : normativité sexuelle dans une communauté de praticiens de BDSM
    Caroline Déry (Université Laval)

    Le 20e siècle est marqué par une reconfiguration des logiques normatives, passées de dynamiques externes à l'individu dont les référents tenaient lieu d'absolus, à des logiques internes régies par la subjectivité individuelle pour lesquelles les critères - (pas moins coercitifs) - se sont relativisés devant la diversification des trajectoires de vie en contexte d'individualisation contemporaine. Des pratiques comme le BDSM qui étaient moralement condamnées et considérées comme pathologiques ont depuis investi la culture populaire, comme en témoigne le succès de la trilogie 50 nuances de Grey et de la production cinématographique éponyme. Il n'en demeure pas moins que le caractère tabou de ces pratiques et leur réception sociale incertaine font en sorte que les praticien(ne)s du BDSM choisissent à qui et comment, sera révélé leur intérêt pour ce jeu érotique, tantôt source d'exaltation, tantôt de gêne, dont l'expression ancrée dans la vie privée prend la forme du secret. Je propose de saisir les contours de la norme contemporaine en matière de comportement sexuels à partir des perceptions qu'en ont les adeptes de BDSM, en m'intéressant notamment à une distinction générationnelle révélatrice apparaissant entre les praticien(ne)s de la « vieille école » protocolaire, attachée à l'immuabilité des statuts hiérarchiques binaires; et les praticien(ne)s issu(e)s du récent courant, plus jeunes, axé(e)s sur l'épanouissement individuel et influencé(e)s par les idées constructivistes.

  • Stigmatisation et normalisation : un essai d'interprétation par la trisomie et l'autisme
    Benoît Pigé (Université de Franche-Comté)

    Pour Erving Goffman, le stigmate est ce qui empêche l'individu d'accéder à sa pleine identité sociale. L'écart à la norme est perçu comme un amoindrissement. La personne autiste comme la personne trisomique témoignent du caractère contraignant, et parfois violent, de cette identification à la norme sociale. Une société qui idéalise la maximisation du bien-être économique, et qui néglige la dimension psychique, conduit insensiblement à rejeter les personnes malhabiles dans la mise en œuvre de l'efficience économique. S'il existe un déséquilibre entre le domaine matériel (ou corporel) et le domaine spirituel (ou psychique), comme cela semble avéré dans nos sociétés occidentales, l'unilatéralité des modes de représentation et de normalisation de l'individu au sein de la société ne peut que générer des phénomènes de stigmatisation et d‘exclusion. Au lieu d'envisager la différence des personnes autistes et trisomiques uniquement sous l'angle médical de la déficience, cet article suggère que la société pourrait se rééquilibrer en acceptant une conception de la normalité qui intègre des équilibres différents entre les domaines matériels et spirituels. Les conséquences d'un tel changement de paradigme ne se limitent pas aux phénomènes d'exclusion ou de normalisation, ils touchent aussi à la gouvernance de nos sociétés et de nos Organisations.


Communications orales

Clôture de la première journée

Communications orales

Définir dans quelle mesure un changement des pratiques peut amener un changement des concepts et réciproquement 

  • « NEET » et « grands exclus » : catégorisation et normes de l'action publique à l'épreuve du non-recours
    Julien Lévy (Laboratoire PACTE), Benjamin VIAL (Équipe PACTE)

    Cette communication propose un questionnement croisé de la normativité portée par les politiques publiques à destination de deux catégories d'intervention sociale, les « grands exclus » et les « neets1 ». Par l'interrogation des personnes ciblées par les catégories des « neets » et de la « grande exclusion », nous verrons dans quelle mesure leurs parcours sociaux, leurs « carrières », leurs comportements, leurs points de vue témoignent d'une critique de l'action publique qui leur est adressée et d'une possible mise en cause des normes qui la sous-tendent. Au fond, il s'agira de sortir d'une logique déficitaire imputant le non-recours à l'individu pour démontrer comment le refus plus ou moins choisi/subi d'une offre publique relève d'un conflit de normes

  • De la prise en charge à l'accompagnement : tensions, hybridation et contradiction dans la régulation
    Guillaume Ouellet (Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux du Centre-Sud-de-l'Île-de-Montréal)

    Avec la volonté de dépasser l'approche centrée sur la gestion des populations dysfonctionnelles pour adopter une approche centrée sur l'accompagnement d'individus composant avec des difficultés, les dispositifs de régulation pénale, psychiatrique et psychosociale s'actualisent sous un nouveau jour. Ces dispositifs, anciennement dédiés à la gestion des indigents, des criminels ou des aliénés, appréhendent désormais l'individu à partir de ses statuts multiples, de ses besoins complexes, de ses problématiques singulières. Dès lors, l'institut psychiatrique, la prison ou le refuge d'hébergement, ne sont plus présentés comme autant des lieux de mise à l'écart de catégories sociales problématiques, mais bien comme des mécanismes d'accompagnement dédiés à des individus en quête d'autonomie. Dans le cadre de cette présentation, à partir du discours d'intervenants impliqués dans la régulation de personnes présentant une déficience intellectuelle, nous mettrons en lumière les points de convergences et de divergences qui s'exercent entre les dispositifs de régulation déployés autour d'individus dits problématiques. Au gré des tensions, des tentatives d'hybridation et des contradictions dans la régulation, nous verrons en quoi les pratiques d'intervention se développent à travers une synthèse incomplète entre « l'ancienne » et la « nouvelle » conception de l'individu.

  • Pause
  • Enjeux et paradoxes de l'intégration des services en toxicomanie
    Romain Paumier (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Volonté de mise en relation efficiente et systématique de structures, d'acteurs et d'institutions sociales et sanitaires, l'intégration des services en toxicomanie cherche à combler certains manques des interventions de premières et de secondes lignes par la pluralisation des techniques, des savoir-faire et des expertises.

    Elle possède des enjeux et objectifs définis: rationnaliser l'offre de soins et de services, fluidifier les trajectoires individuelles dans le continuum de soin, limiter le non-recours et l'invisibilité partielle des publics cibles. Mais aussi quelques paradoxes: d'une part les équipes et les structures d'intervention sont déjà pluridisciplinaires et offrent déjà accès à une pluralité de services (en interne ou à l'externe par le référencement et l'accompagnement). D'autre part, cela soulève la compatibilité concrète entre un meilleur suivi des usagers et l'approche globale de la réduction des méfaits, basée sur une personnalisation du contenu et des temporalités de l'intervention aux volontés des individus.

    Si faire état d'un besoin d'intégration des services revient à reconnaitre leur complémentarité, c'est aussi un positionnement sur la finitude de l'intervention sociale et de ses mandats. À ce titre, elle renseigne sur les limites de l'intervention (soit ce à quoi elle ne peut répondre), et permet un angle d'analyse pertinent de la tension entre réponse sociael et réponse médicale dans le champ de la toxicomanie.

  • Problèmes sociaux et conflits de normativité : le cas de la pratique de l'excision en Afrique de l'Ouest
    Fatoumata Lamarana Baldé (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    À partir de l'objet de recherche : la pratique de l'excision en contexte africain; poser un regard critique sur la coexistence possible de différentes formes de normativités sociales. Chercher à rendre compte des processus de transformation et de diversification à la fois des perceptions des acteurs, des référents normatifs et des référents théoriques. Qu'est-ce qui motive cette pratique de l'excision? Qu'est ce qui pose problème dans ce phénomène? Quelle est l'influence de l'adoption de cette pratique sur la reconfiguration des représentations des acteurs, des intervenants et des décideurs politiques et inversement?

  • La question trans : entre possibilité d'être soi et individualité empêchée
    Dominic Dubois (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Le phénomène trans tend aujourd'hui à faire l'objet d'une lecture en termes de diversité sexuelle (comme on parlerait par exemple de diversité sexuelle) et de minorité sexuelle (comme on parlerait par exemple de minorité linguistique). On se trouve ainsi devant des identifications, qui, comme le suggère l'idée de minorité, sont peut-être moins communes ou quantitativement plus marginales, mais qui, comme le suggère cette fois l'idée de diversité, représentent des occurrences normales, légitimes, d'une société faite de différences et d'identités plurielles. Cette lecture du PT, en rupture avec ses conceptions historiques en termes de déviance et de pathologie, interroge de manière générale les conceptions des problèmes sociaux mobilisées par la sociologie. Alors que la distanciation aux normes, à la morale, aux institutions, ou encore aux modèles identitaires permettait hier d'identifier clairement les frontières du « socialement problématique », la tâche semble aujourd'hui complexifiée par l'émergence d'une nouvelle représentation de la relégation sociale, qui fait porter davantage l'emphase sur les atteintes à l'individualité qu'elle peut occasionner. C'est à cette nouvelle représentation de la relégation sociale que l'on entend s'intéresser dans le cadre de cette communication, à partir de certains évènements de l'actualité récente du phénomène trans.

  • Dîner

Communications orales

Réfléchir au renouvellement des institutions de prise en charge et d'intervention

  • Des événements de l'interculturalité
    Sophie Hamisultane (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Du lieu de sa naissance à l'espace social de sa vie d'adulte, le sujet se construit continument en confrontant son monde interne, les modalités de sa culture familiale, avec la réalité sociale qui donne contexte à son développement. Etre issus de parents migrants, être socialisé dans un pays d'accueil, complexifie ce rapport. Les éléments de transmissions générationnelles sont en effet à comprendre dans un autre agencement des exigences sociales dans leur rapport à une intériorité. Dans cette confrontation interculturelle (sociale et intersubjective), les désirs de reconnaissance et de subjectivation du sujet deviennent des enjeux dans sa trajectoire individuelle. Dans cette communication, il s'agit de regarder en quoi des évènements, personnels articulés au contexte socio-historique, dans l'histoire de personnes issues de l'immigration donnent sens à des désirs de reconnaissance et de subjectivation comme lieu de réparation de souffrances pour s'inscrire dans une socialité du pays d'accueil. Les données présentées sont issues d'une recherche post-doctorale portant sur la trajectoire socio-professionnelle et le roman familial de travailleurs sociaux issus de l'immigration.

  • À l'endos de la norme : réflexions inspirées du travail clinique auprès de personnes souffrant de psychose
    Élise Bourgeois-Guérin (UdeM - Université de Montréal), Alexandre L'archevêque (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Notre présentation se situe dans l'horizon d'une pratique clinique, celle de notre intervention en milieu communautaire auprès de personnes aux prises avec des symptômes psychotiques. Nous aborderons d'abord la question des décalages opérés par la psychose tant dans l'expérience d'étrangeté qu'elle induit chez ceux qui en souffrent que dans la rupture qu'elle opère avec le consensus social. Puis, nous examinerons comment l'expérience singulière de la psychose met à l'épreuve la notion de réinsertion sociale et ses visées normatives. Finalement, nous dégagerons des pistes d'intervention qui non seulement respectent mais soutiennent la diversité des aménagements possibles face au social.

  • Pause
  • L'éducation sous contrainte : nouveaux défis et vieilles recettes dans la justice des mineurs français
    Nicolas Sallée (UdeM - Université de Montréal)

    Cette analyse offre une socio-histoire de l'institution chargée, en France, de l'application des décisions de justice prises à l'endroit de la jeunesse délinquante : l'ancienne Éducation surveillée, devenue en 1990 la Protection judiciaire de la jeunesse. Nous présenterons, en particulier, certaines contradictions auxquelles l'institution fut confrontée, au tournant des années 1980 et 1990, dans le sillage desquelles se sont cristallisés de nouveaux savoirs – juridiques, psychanalytiques et pédagogiques –, socle philosophique de ce modèle « d'éducation sous contrainte ». Nous montrerons comment, in fine, l'émergence de ces « nouveaux » savoirs est intimement liée à la revitalisation de « vieilles » recettes disciplinaires, symbole des inquiétudes croissantes qui entourent, en France à tout le moins, les conditions institutionnelles de la fabrique d'individus socialisés. Ouverture. Au fil de cette conférence, nous proposerons quelques pistes de réflexion comparative sur la situation de l'encadrement de la jeunesse délinquante au Québec, que nous étudions actuellement dans le cadre d'une recherche financée par le FRQSC.

  • Entre souffrance et performance : redéfinir la déviance et la normativité à travers les usages des médicaments psychotropes
    Johanne Collin (UdeM - Université de Montréal)

    On constate un accroissement considérable des recours au médicament dans les sociétés occidentales avancées, mais plus encore, un élargissement remarquable de ses usages. Si cet accroissement et cet élargissement ont traditionnellement été interprétés comme partie d'un processus de médicalisation de la société, on parle désormais de pharmaceuticalisation pour qualifier l'ampleur nouvelle du phénomène. À travers ce recours au médicament, les déviations à la norme sont repérées et «réparées» et le tracé des rôles sociaux réaffirmé plus nettement. La tension entre deux pôles, celui de conformité aux attentes sociales et celui de résistance face à cette standardisation, caractérise la construction des identités sociales et les processus de biosocialisation. C'est ce qu''illustre de manière particulièrement éloquente le recours à des amplificateurs cognitifs (smart drugs) pour améliorer les performance académiques chez les étudiants universitaires. Ces pratiques d'optimisation de soi, à travers un usage non médical de médicaments de prescription, mettent en exergue la tension entre normes et déviance, mais également entre souffrance et performance. Le rapport au médicament des jeunes adultes (18-30 ans) étudiant à l'université dévoile également «l'envers de la performance» ie de la souffrance qui semble se matérialiser à travers un recours croissant aux antidépresseurs.


Communications orales

Mot de clôture

  • Les épreuves de la normativité sociale : une tentative de se libérer à la fois du fétichisme des institutions normalisantes et du fétichisme des populations problématiques
    Marcelo Otero (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Si les épreuves sociales sont à la fois 1) des défis historiques concrets, socialement produits et inégalement distribués auxquels les individus doivent se confronter de manière singulière et/ou collective et 2) des opérateurs analytiques nous permettant de relier l'histoire et les places sociales aux les itinéraires personnels (Martuccelli, 2012), il est clair qu'on fait essentiellement allusion à des jeux relations (actions, réactions, résistances interactions, etc.) modulées et différentiés en fonction de conditions de possibilité largement sociétales (cadres de l'expérience). Les épreuves de la normativité sociale sont autant un niveau de la réalité qu'un analyseur de «ce qui pose problème» à nous-mêmes et aux autres en termes de souffrance, déviance, inconfort, dysfonctionnement, insuffisance, etc. Nul besoin, à notre avis, d'avoir recours à des argumentaires substantialistes concernant tant des populations ou des individus problématiques qu'aux institutions normalisantes qui incarnent tous les maux de la normativité sociale. Est-ce possible de se délivrer de ces deux fétichismes sociologiques qui hantent l'analyse de l'univers du «social problématique» sans en créer à notre tour des nouveaux ?