Aller au contenu principal
Il y a présentement des items dans votre panier d'achat.

Informations générales

Événement : 83e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 400 - Sciences sociales

Description :

L’innovation, en tant que processus particulier d’adaptation aux changements sociaux, est définie par Schumpeter (1934 : 65) comme une « nouvelle combinaison » de ressources. Celle-ci peut émerger du développement de nouveaux produits, modes de production ou sources d’approvisionnement, ou encore de l’exploration de nouveaux marchés ou formes d’organisation. Comme les plus grandes formes d’innovation sont souvent le produit d’une succession d’innovations (Kline & Tosenberg, 1986), elles sont davantage perçues comme un processus plutôt qu’une action ponctuelle. Le délinquant, tout comme n’importe quel acteur social, peut avoir recours à cette forme d’adaptation pour évoluer dans son environnement, ainsi que pour surmonter les contraintes liées à celui-ci. L’innovation prend alors la forme d’une modification du script criminel où certaines phases sont omises, permutées ou encore transformées.

Cette évolution de la délinquance amène les chercheurs à faire eux aussi preuve d’innovation à travers le développement de nouvelles connaissances théoriques et méthodologiques. Leur travail vise à améliorer la compréhension des processus de développement de l’innovation, c’est-à-dire l’identification des ressources mobilisées, des mises en application et des principaux vecteurs de diffusion (Carlsson et al., 2002).

L’innovation joue un rôle important dans l’avancement des connaissances en criminologie et nous discuterons, tout au long de ce colloque, du rôle de l’innovation à travers les trois thématiques suivantes : 1) l’actualisation des connaissances sur l’innovation de la délinquance et des délinquants; 2) les approches théoriques innovatrices en criminologie; et 3) les nouvelles méthodologies de recherche en criminologie.

Date :
Responsables :

Programme

Communications orales

Les approches théoriques innovatrices en criminologie

  • Mot de bienvenue
  • L'innovation : état des lieux
    Richard-Marc Lacasse (UQAR - Université du Québec à Rimouski)

    D'entrée de jeu, l'exposé débute par une réflexion de l'économiste émérite P-A Julien : « L'innovation dans le crime est une condition les plus importantes pour ne pas se faire prendre. Les policiers connaissent la plupart sinon toutes les recettes déjà utilisées et peuvent facilement remonter la piste jusqu'aux auteurs qui les emploient ». Les définitions de l'innovation sont multiples selon les objectifs poursuivis par les chercheurs. Certains notent que les innovations les plus profitables ne sont souvent que des transpositions; pour d'autres, est considérée comme innovation tout élément qui contribue à un changement quel que soit son degré de nouveauté. Les chercheurs soulignent la connotation de valeur où l'innovation est la mise en place originale et porteuse de progrès, de découverte, d'invention ou de nouveau concept. Ces innovations peuvent être radicales ou incrémentales. L'on note quatre classes d'innovations : les innovations technologiques, les innovations commerciales, les innovations organisationnelles et les innovations institutionnelles. Le processus est un long cheminement en commençant par la recherche fondamentale jusqu'à la mise en marché d'un produit ou service. Le processus demeure l'adéquation entre trois composantes : un besoin à satisfaire, un concept ou une idée nouvelle et des ingrédients. L'innovation demeure une arme à deux tranchants et peu de chercheurs s'intéressent à l'aspect malicieux de l'innovation.

  • Les communications numériques sécurisées : une introduction thématique à l'innovation en criminologie
    Maxime Bérubé (UdeM - Université de Montréal)

    La sociologie criminelle américaine avait pour objectif initial de comprendre la genèse du comportement criminel ainsi que sa maturation dans le temps. Cette maturation fait référence à l'évolution et l'adaptation des délinquants, mais aussi, dans des cas plus rares, à l'innovation dans les comportements délinquants. Cette présentation aura pour objectif de résumer les connaissances actuelles en criminologie sur le thème de l'innovation en l'abordant sous trois angles différents. D'abord par une approche théorique qui examinera l'usage conceptuel de l'innovation dans le champ de la criminologie. Ensuite, nous adopterons une approche méthodologique centrée sur l'ère numérique. Les données numériques permettent l'accès à de nouveaux types de données empiriquement exploitables et multiplient également la visibilité des matériaux produits par les délinquants eux-mêmes. Ces données sont porteuses de la représentation que les délinquants veulent projeter d'eux-mêmes et définissent souvent bien leurs objectifs et leurs motivations. L'innovation à travers les sources de données numériques promet d'ouvrir la porte à de nouvelles interprétations sur les comportements délinquants et de démontrer le caractère incontournable de la diversification des sources de données pour la prévention de la criminalité. Finalement, nous présenterons quelques cas d'innovations criminelles en matière de communications numériques sécurisées pour les pirates informatiques et chez différents acteurs terroristes.

  • Concevoir les industries criminelles à travers la compétition : théorie et application
    Masarah-Cynthia Paquet-Clouston (UdeM - Université de Montréal)

    Vendre de la cocaïne, effectuer des prêts usuraires ou organiser des soirées illégales de jeux d'argent sont-elles des pratiques profitables pour les délinquants? Le statut d'illégalité du produit ou du service dissémine-t-il la concurrence, permettant aux plus courageux d'effectuer des profits inimaginables? Les études sur les marchés criminels ont tenté d'élucider ces questions en étudiant la structure des marchés ou en prenant une perspective plus individuelle, centrée sur le participant et ses décisions. L'objectif de cette présentation est d'exposer une nouvelle approche théorique pour étudier la profitabilité des marchés criminels, soit celle de la compétition selon Porter (2008). Ce dernier développe un modèle qui permet d'évaluer la situation concurrentielle d'un marché à l'aide de cinq forces : les barrières à l'entrée, le pouvoir des consommateurs, le pouvoir des fournisseurs, les produits substituts et l'intensité de la rivalité entre les participants. Ces forces façonnent la structure et la nature de la concurrence et permettent de prédire la rentabilité d'un marché à long terme. Un exemple de l'opérationnalisation de la théorie sera présenté brièvement sur la vente de drogue en ligne.

  • Période de questions
  • Pause

Communications orales

Les nouvelles méthodologies de recherche en criminologie

  • Enquêter sur le pourriel grâce au forage de données
    Taher AZEB (Université Concordia), Mourad DEBBABI (Université Concordia), Son DINH (Université Concordia), Francis Fortin (UdeM - Université de Montréal), Djedjiga MOUHEB (Université Concordia)

    Le pourriel constitue un vecteur important de cybercriminalité. Pour certains criminels, il constitue la première phase vers une criminalité comme la vente de biens contrefaits ou frauduleux, le vol d'informations personnelles, la diffusion de logiciels malveillants ou encore le piratage informatique. L'utilisation de pourriels comme source de données de recherche pose plusieurs problèmes. Tout d'abord, la quantité astronomique de pourriels envoyé chaque jour rend toute analyse manuelle impossible. De plus, la plupart des techniques d'analyse actuelles sont soit trop complexes pour être appliqué sur une grande quantité de données ou encore ne tiennent pas compte des aspects importants à considérer pour l'attribution de ces types d'attaques. Dans cette présentation, nous exposerons un outil informatique qui effectue une analyse de trois éléments sur de grandes quantités de pourriels : la détection/agrégation de campagnes, l'analyse de contenu et l'évaluation du potentiel d'enquête. Cet outil présente une application innovatrice des outils informatiques et de forage de données afin de présenter une puissante plate-forme pour mener des enquêtes sur des activités criminelles sur internet.

  • La criminalistique ou l'analyse systématique des traces matérielles : méthode précieuse pour construire des connaissances sur les activités criminelles et en suivre les évolutions
    Simon Baechler (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)

    Le principe de Locard nous apprend que toute action criminelle laisse une trace et il est du ressort de la science forensique de détecter, collecter, exploiter et finalement interpréter ces traces. Au-delà de leur apport dans le cadre d'une investigation en particulier, ces traces peuvent être considérées à un niveau plus général comme le reflet fidèle, mais incomplet, des phénomènes et activités criminelles dont elles résultent. Les traces évoluent par conséquent en parallèle avec la criminalité et constituent par hypothèse un objet d'étude pertinent pour percevoir l'innovation en matière de délinquance. Elles représentent ainsi un vecteur d'information et de mise à jour précieux pour les scientifiques et professionnels intéressés par la criminalité. Dans cette perspective, cette présentation expose les fondements et les enjeux d'une méthode de construction de connaissances structurées sur la criminalité qui repose sur l'analyse scientifique et systématique des traces matérielles. Cette approche, dite de renseignement forensique, et son apport sont illustrés à l'aide d'exemples d'analyses issues de travaux de recherche menés notamment sur les faux papiers d'identité, mais aussi sur les produits stupéfiants, l'ADN ou encore les traces de chaussures. Il est exposé en quoi cette approche peut contribuer à percevoir la structure des activités et marchés criminels, à suivre leurs évolutions et à détecter l'émergence de nouveaux phénomènes.

  • L'écologie de la confiance dans une communauté en ligne
    Anne-Marie Côté (UdeM - Université de Montréal), Benoît DUPONT (Ecole de Criminologie - Université de Montréal)

    Cette présentation a pour objectif de comprendre comment la confiance se construit et se distribue dans HackForums.net, une des plus grandes communautés en ligne de pirates informatiques avec plus de 2,5 millions de membres. L'emploi d'une méthodologie mixte permet une considération holistique des processus sous-jacents à l'établissement de la confiance dans cet environnement anonyme. Cette recherche repose sur une méthodologie quantitative, en concordance avec les écrits existants sur la confiance dans les communautés virtuelles (Décary-Hétu & Dupont, 2013 ; Holt et al., 2012 ; Steinmetz, 2015). À travers l'analyse du contenu de près de 450 000 interactions entre les membres ayant donné lieu à l'attribution de points de réputation, nous examinerons les niveaux de confiance entre pirates informatiques, l'évolution de la confiance et de la défiance dans le temps, les liens entre confiance et statut hiérarchique au sein de cette communauté, ainsi que les raisons pour lesquelles les pirates informatiques accumulent ou perdent la confiance de leurs pairs. Les résultats suggèrent que malgré l'importance octroyée aux valeurs de coopération, de partage de connaissances et d'habiletés techniques, les relations personnelles au sein du forum (tant positives que négatives) priment pour déterminer la réputation des membres.

  • Sondage et vendeurs de drogue en ligne : défis et solutions
    Romain Volery (UdeM - Université de Montréal)

    Cette présentation vise à discuter des défis liés à la conception et la diffusion de sondages auprès de populations délinquantes. Les délinquants sont souvent réticents à participer aux recherches et divulguer des informations sur leur personne et leurs pratiques. Avant de participer aux sondages, les délinquants exigent régulièrement des garanties afin de protéger leur anonymat ainsi que des références provenant d'autres pairs délinquants. Il est donc important de pouvoir fournir de telles garanties et de compter sur l'aide de personnes clés qui sont en mesure d'amener les délinquants à répondre aux sondages. Ces personnes clés peuvent, dans le cas de communautés en ligne, être des modérateurs de forums de discussion ou de plate-formes d'échanges qui sont visitées par des délinquants. Un autre aspect important d'un sondage est sa conception et donc le choix des questions et la présentation des questions. Les choix posés ici peuvent avoir un impact sur le désir de participer des délinquants. Bien qu'il n'existe pas de solution miracle, nous verrons qu'il existe cependant certaines solutions qui peuvent permettre de répondre aux besoins et demandes des sujets délinquants. Nos recherches se sont appuyées sur le modèle du International Cannabis Cultivation Questionnaire réalisé par Decorte, Barratt, Nguyen, Bouchard, Malm, & Lenton.

  • Période de questions
  • Dîner

Communications orales

Actualisation des connaissances sur l'innovation de la délinquance et des délinquants

  • Transnationalisation et manipulations de marchés
    Xavier Saint-Pierre (AMF - Autorité des marchés financiers)

    Sur le plan des fraudes en matière de valeurs mobilières, les possibilités et les manifestations concrètes de l'innovation criminelle sont pratiquement infinies. La complexité des marchés et de certains produits financiers rend souvent ces formes d'infraction imperméables à la compréhension du néophyte et à l'attention des chercheurs. Cette présentation permettra non seulement de faire la lumière sur l'une des formes particulières de manipulation de marché, à savoir le «Pump & Dump», mais également de comprendre comment ce stratagème a évolué au fil des années. Une attention toute particulière sera accordée à la transnationalisation comme forme d'innovation et également aux impacts de cette mutation sur la conduite des enquêtes et sur le travail des agences d'applications de la loi.

  • La fraude par carte de paiement
    François Gaudet (Sûreté du Québec)

    Comment les fraudeurs s'adaptent-ils aux dispositifs de sécurité mis en place par les institutions financières? Depuis le début des années 2000, les fraudeurs par carte de paiement ont réussi à déjouer les dispositifs de sécurité mis en place par les institutions financières pour se protéger contre les pertes reliées au clonage de cartes. De cas isolés et sans structure organisationnelle, ces fraudeurs sont devenus des organisations criminelles à l'échelle internationale.

  • L'innovation et la cybercriminalité
    Sébastien Duquette (ESET)

    Le domaine de la cybercriminalité est un monde en constante évolution. Les virus et vers informatiques qui ont fait les manchettes au début des années 2000 (ILOVEYOU, Code Red, Nimda) ont depuis laissé leur place à des logiciels malveillants utilisés pour faciliter divers crimes. Ces « crimewares » sont entre autre utilisés pour le vol d'information bancaires et de numéros de cartes de crédit à grande échelle. Lors du démantèlement du « botnet » GameOver ZeuS en 2014, le FBI estimait les pertes liées à plus de 100 millions de dollars. En février la firme Kaspersky mettait au jour une attaque ciblée contre plus dont une centaine de banques et dont les pertes pourraient atteindre 1 milliard de dollars. De nombreuses innovations sont apparues au fil des années et la nature anarchique de la cybercriminalité et l'impossibilité de faire appliquer des protections légales telles que les brevets font en sorte qu'il y a peu d'obstacles à l'innovation. Les méthodes qui se révèlent efficaces sont rapidement reprises et améliorées par d'autres. Nous présenterons des cas concrets qui ont été rencontrés directement dans le cadre de nos recherches ou qui ont fait l'objet de publications par différents intervenants de l'industrie de la lutte aux menaces informatiques.

  • Période de questions
  • Pause
  • L'industrie de la charité : entre bienfaisance et malveillance
    Catherine LAVERTU (UQAR - Université du Québec à Rimouski), Richard-Marc Lacasse (UQAR - Université du Québec à Rimouski), Berthe Lambert (UQAR - Université du Québec à Rimouski), Valérie LÉVESQUE (UQAR - Université du Québec à Rimouski)

    En Amérique du Nord, plus d'un million d'organismes de charité collectent des dons pour gens atteints de cancer, pour enfants malades, pour vétérans sans-abri, pour banques alimentaires, pour victimes de séismes ainsi de suite. Ce secteur d'activité est même devenu incontournable dans l'économie sociale. À chaque année, c'est la ribambelle des campagnes de financement innovantes pour recueillir des centaines de milliards de dollars. Jusqu'à présent, peu d'études ont analysé la gouvernance, l'opacité, la moralité et les supercheries dans ce secteur d'activité. Nos interrogations portent sur la complexité des structures, sur l'entrelacement des processus et sur les pratiques douteuses de certains organismes de charité. Peu de chercheurs osent étudier les missions nébuleuses, la transparence et la traçabilité des fonds gérés par les agents des organismes de bienfaisance. En 2012 l'Agence du revenu du Canada a admis qu'il y a eu, dans le secteur de la bienfaisance, plus de 5 milliards de dollars en fraudes en sept ans. La législation actuelle ne permet pas une transparence au niveau des salaires des cadres (agents), de la traçabilité des dons et de l'impact social des interventions sur le terrain. Il est pratiquement impossible pour un donateur de connaître les centaines d'organismes trouvées coupables de fraudes fiscales. Cette recherche porte sur la compréhension de la gouvernance des organismes délinquants oeuvrant en Amérique du Nord et étudie l'éthique des organismes de bienfaisance.

  • Potentiel criminalistique de l'étude de la distribution et de la consommation de drogues au Canada à partir des données collectées sur les cryptomarchés
    Julian BROSÉUS (UNIL - Université de Lausanne), Frank Crispino (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières), David Décary-Hétu (Ecole de Criminologie - Université de Montréal), Caroline Mireault (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières), Vincent Ouellette (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)

    Les cryptomarchés représentent une récente innovation du trafic de produits illégaux (drogues, armes, faux documents, etc.). Fonctionnant comme des sites de vente conventionnels (ex : eBay), ils tirent profits d'avancées technologiques tel que la monnaie virtuelle (Bitcoin), le réseau TOR (The Onion Router) et le cryptage de messages pour garantir l'anonymat de leurs participants. L'acheminement des achats s'effectuant par voie postale, les contacts entre acheteurs et vendeurs limitent les possibilités de surveillance et détection pour les services d'application de la loi. Cette étude se concentre sur l'analyse du trafic de drogues sur les cryptomarchés, au Canada, pour en décrire sa structure et son fonctionnement. À l'aide de données collectées durant deux mois sur les huit cryptomarchés principaux, nous présenterons un portrait des différents types de drogues disponibles, la quantité proposée, le prix, la pureté déclarée et les pays desservis. Cela nous permettra d'établir l'importance au Canada de cette activité criminelle. En combinant nos résultats à d'autres sources d'information, des stratégies de surveillance et de répression adaptées seront proposées aux services d'application de la loi.


Panel / Atelier

Table ronde

  • Discussion

Cocktail

Cocktail

  • Mot de clôture