414 - L'importance des stages dans la formation universitaire en travail social : diversité, complexité et perspectives

Dans le contexte de l'internationalisation de la formation universitaire, plusieurs programmes offrent à leurs étudiants la possibilité d'inclure un stage international dans leur formation initiale. Mon projet de doctorat en psychopédagogie avait pour but d'analyser les compétences professionnelles pouvant être développées dans ce contexte interculturel et de comprendre comment se construit le répertoire professionnel de l'étudiant engagé dans un stage international. Tenant compte des difficultés particulières présentes dans ce type de stage, un dispositif de recherche-action muni d'un accompagnement pédagogique fut proposé pour soutenir le travail cognitif entourant les apprentissages construits tout au long de la démarche. 

La conférence abordera la particularité du stage international, le choc culturel et ses défis au plan de l'apprentissage, puis proposera un accompagnement pédagogique pour composer avec les réalités du terrain à l'étranger. Les résultats de ma thèse illustrent comment les participantes mobilisent leur répertoire par un mouvement d'observation-adaptation constamment sollicité par les situations. La recherche nous permet de comprendre le processus d'apprentissage qui s'effectue d'abord sur le plan des prises de conscience. Ces compétences éthiques permettent d'aborder différemment les situations complexes, tout en adoptant un regard critique tenant compte de la diversité des visions du monde pour analyser les systèmes dispensateurs de services.

Agissant à titre de professeure en formation pratique auprès de stagiaires en travail social au niveau du baccalauréat, j'ai développé une démarche pédagogique dans le cadre de la tenue des séminaires mensuels qui invite les étudiant/e/s à être leur propre matériau mis à la discussion collective lors de ces rencontres en travaillant à partir de mises en situation concrètes vécues dans le cadre du stage en cours.

Sous la forme d'un « récit d'expérience de formation » et de manière narrative, interactive et réflexive, (Bertaux; 2001, Dubet; 1994, Haicault; 2000, Goffman; 1973, 1991), je compte, dans le cadre de la présente communication, interroger cette démarche autour des aspects suivants : Quel accueil et quelle participation les étudiant/e/s réservent à cette proposition? Quels contenus sont soumis aux échanges collectifs? Que penser de la pédagogie proposée et plus spécifiquement du « projet photos » mis en place dans les deux dernières années? Et finalement quelles sont les questions et les réflexions que cette expérience soulève? Si, pour Henri Cartier-Bresson, « photographier, c'est mettre sur la même ligne de mire, la tête, l'œil et le cœur », le présent récit, lui, se construira autour de voix multiples, celles de la professeure, des stagiaires, et de leurs photos. Cette articulation singulière fournira un éclairage quant à la place donnée à la parole dans le cadre des stages, aux représentations symboliques et aux identités professionnelles qui sont à se construire.

L'expérience de la responsabilité de la formation pratique et l'organisation de cette fonction et de ce mandat dans la formation de premier cycle en travail social sont diversifiées d'une université à l'autre et selon les périodes de temps. En particulier, la coordination simultanée des activités de stage sur plusieurs sites demande des adaptations. Nous faisons l'hypothèse que les formes d'organisation de la responsabilité de la formation pratique peuvent influencer la continuité, mais aussi la cohérence des suivis des étudiants-stagiaires en plus d'influencer les représentations sociales des programmes de formation auprès des établissements et des organismes qui accueillent des stages.

Le but de cet atelier est de susciter une réflexion collective sur la coordination de la formation pratique à partir des expériences présentées par des équipes en région. Le partage d'expériences, d'outils de travail et de réflexions permettra des échanges entre les universités et en particulier sur la place des stages dans la formation en travail social. Les objectifs de l'atelier sont de : 1) partager une expérience de coordination originale qui répond à des critères de cohérence et de continuité; 2) fournir des exemples d'échanges entre les comités de formation pratique de deux Universités du Québec (UQAR et UQAT); 3) connaître les expériences de d'autres universités et; 4) discuter de la place des stages dans les programmes de formation en travail social. 

Dans le programme de travail social de l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue, tout un système d'acteurs, aux fonctions complémentaires, se voit impliqué dans les stages et la particularité de notre contexte en région soulève le défi d'orchestrer, et d'encadrer ces divers acteurs qui soutiennent le processus d'évaluation. L'encadrement pédagogique qui se présente sous plusieurs formes en cours de stage est partagé entre plusieurs intervenants. Cette réalité est encore plus présente en région moins densément peuplée, car très souvent les milieux de stage ne peuvent fournir un superviseur de stage assurant toutes les fonctions habituelles de cette tâche. Le processus d'organisation des stages, la relation que tous les acteurs entretiennent ensemble,  la compréhension collective des objectifs de stages, du plan d'apprentissage, et des critères d'évaluation constitue un ensemble de variables qui influenceront la stratégie évaluative et la qualité de l'évaluation du stagiaire. Mais qu'est-ce qu'une bonne évaluation? Comment faire équipe avec les co-évaluateurs?

Nous proposons un survol de l'organisation des stages dans notre programme, le rôle des acteurs dans l'encadrement de ceux-ci, les outils soutenant le processus d'évaluation et les moyens mis en place pour faciliter le travail de coopération entre les acteurs impliqués. En tant que professeures en formation pratique, un questionnement continu existe sur les stratégies d'évaluation mises en œuvre.